Une plongée dans le plus métaverse de l'histoire de l'Anime
Et "Let the right one in" devient une série sur Showtime.
BELLE
La difficulté d’être soi-même
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(Ryu to Sobakasu no Hime) Japon. 2021. Réal. et scén.: Mamoru Hosoda. Prod.: Yuichiro Saito. Mus.: Yuta Bandoh, Ludvig Forssell, Taisei Iwasaki. 2h01. Avec les voix de : Kaho Nakamura, Takeru Satoh, Koji Yakusho ; Lilas Ikuta, Ryo Narita ; Shota Somenati, Tina Tamashiro. Toshiyuki Morikawa. SORTIE : 29 DÉCEMBRE
U est le plus grand métaverse au monde, avec plus de cinq milliards d’utilisateurs. Là, on vit une existence parallèle à travers un avatar généré automatiquement par le système à partir de ses données corporelles. On y interagit avec les autres à travers des jeux, des concerts ou des combats. Belle y devient du jour au lendemain la plus grande star grâce à de magnifiques chansons, mais derrière elle se cache la très sage Suzu, une adolescente timide et renfermée, ayant du mal à surmonter la mort de sa mère. Aidée par son amie, elle gère au mieux son profil et parvient à fidéliser une horde de followers. Un jour, son concert est interrompu par l’irruption de Dragon, un avatar ultraviolent ayant enchaîné des centaines de victoires en combat. Il est poursuivi par Justin et sa légion de justiciers qui veulent faire respecter à tout prix la paix dans U. Mais qui se cache derrière Dragon, et surtout, que cachent les blessures sur son corps ? C’est la question que tous les utilisateurs de U se posent, mais seule Suzu sent que Dragon n’est pas le monstre que chacun voit.
Internet et les réseaux ont toujours intéressé Mamoru Hosoda, ce qui s’est traduit notamment par Summer Wars et il nous plonge de nouveau dans la folie visuelle d’un monde virtuel, retranscrite avec une rare maestria évoquant parfois les délires graphiques de Satoshi Kon dans Paprika. Mais la technologie et son utilisation ne sont qu’une nouvelle façon d’aborder le thème qui est le plus cher depuis toujours : l’humain, la famille et la transmission des valeurs. Une fois encore, la mère est au centre du récit, même si c’est son absence qui est ici montrée. À travers le parcours de la délicate Suzu, Mamoru Hosoda nous touche une fois de plus droit au cœur, même si ses fans pourront être étonnés de voir la place accordée aux chansons qui le rapproche d’autant plus de La Belle et la Bête version Walt Disney. Mais que l’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas d’une énième adaptation du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, mais bien d’une réinterprétation de cette figure éternelle pour délivrer un message intelligent sur la famille et les réseaux sociaux, message positif qui cherche à montrer ce qu’il y a de plus beau dans l’humanité. Carton plein.
Yann Lebecque
NEWS
LES DENTS LONGUES
Présenté le 8 octobre au Festival de Sitges, Bloodthirsty est le premier long-métrage de la jeune Amelia Moses, un werewolf-movie canadien avec Michael Ironside, Lauren Beatty et Katharine King So. Gray, une chanteuse indépendante, dont le premier album a été un succès retentissant, reçoit une invitation à travailler avec le célèbre producteur de musique Vaughn Daniels dans son studio isolé dans les bois. Avec sa petite amie Charlie, elle arrive dans son manoir et le travail commence. Mais Gray a des visions de sa compagne sous forme de loup, et tandis que son travail avec Vaughn, exigeant émotionnellement, s'approfondit, la chanteuse végétalienne commence à avoir faim de viande et de chasse. Alors que Gray commence à se transformer en loup-garou, elle découvre qui elle est vraiment et commence à rencontrer sa famille qu'elle n'a jamais connue. Que faudra-t-il pour devenir une grande artiste et à quel prix pour son humanité ? Alors que Gray termine son nouvel album, Charlie essaie de l'avertir à propos de Vaughn, mais Gray n'abandonnera pas l'album…
TERREUR VIDÉO
La première européenne du quatrième volet endiablé de la saga V/H/S ouvrira le festival ibérique du film d’horreur 2021 de Molins de Rei, qui se déroulera du 5 au 14 novembre, avec la projection de V/H/ S94. Timo Tjahjanto, Simon Barrett, Chloe Okino, Ryan Prows et Jennifer Reeder ont dirigé les segments de cette anthologie.
Après la découverte d'une mystérieuse cassette VHS, une équipe de policiers lance un raid de haute intensité sur un entrepôt éloigné, seulement pour découvrir un culte sinistre dont la collection de matériel enregistré cache une conspiration cauchemardesque. De l'horreur pure et sans compromis de la part des réalisateurs de films tels que Ready or not, The Night House, You're next, The Night Comes For Us et Knives and Skin.
Le festival clôturera sa 40e édition avec l'un des titres les plus populaires et les plus attendus : The Innocents, d’Eskil Vogt, qui a réalisé l'un des films les plus discutés à Cannes cette année (au point de le qualifier d'un des meilleurs films d'horreur de la décennie) sur un groupe d'enfants en Norvège qui, au cours d'un été radieux, décident de se rebeller contre les adultes.
SÉRIE TV
LAISSEZ-LA ENTRER
Le roman de John Ajvide Lindqvist devenu le film à succès suédois Let the Right One In en 2008, qui a donné naissance au remake américain Let Me In quelques années plus tard va devenir une série télé diffusée sur Showtime.
La série a reçu une commande de 10 épisodes. Le casting comprend Demian Bichir (The Nun), Anika Noni Rose, Grace Gummer, Madison Taylor Baez, Kevin Carroll, Ian Foreman et Jacob Buster.
La version de la série est centrée sur Mark (Bichir) et sa fille Eleanor (Baez), dont la vie a changé à jamais 10 ans plus tôt lorsqu'elle a été transformée en vampire. Enfermée à l'âge de 12 ans, peut-être pour toujours, Eleanor vit une existence de recluse, ne pouvant sortir que la nuit, tandis que son père fait de son mieux pour lui fournir le sang humain dont elle a besoin pour rester en vie.
Andrew Hinderaker (Away) est le showrunner, avec Seith Mann (Homeland) à la réalisation.
THE BOYS VERSION ADO
Amazon Studios a commandé une nouvelle série dérivée de "The Boys", le drame de super-héros subversif nominé aux Emmy de Sony Pictures Television qui se déroule dans le seul collège américain exclusivement pour les super-héros jeunes adultes (dirigé par Vought International). Amazon promet que le spin-off sans titre sera "une série irrévérencieuse et classée R". "The Boys" a récemment terminé la production de la saison trois – une date de première sera annoncée ultérieurement.
FILMS EN VOD
LES PAGES DE L’ANGOISSE ***
(Nightbooks) USA/Canada. 2021. Réal.: David Yarovesky (Netflix)
Alex est un garçon peu ordinaire. Féru d’histoires d’horreur, il passe ses journées à imaginer des nouvelles horrifiques, et ses soirées à les écrire dans de grands cahiers. Mais un soir d’Halloween, désespéré, il est prêt à tout jeter au feu. Il prend l’ascenseur pour la chaufferie quand ce dernier s’arrête. Il est attiré dans un appartement et se retrouve prisonnier d’une sorcière qui lui impose d’écrire une nouvelle histoire chaque soir sous peine de mort. Surveillé de près par un étrange chat nu et invisible et ne pouvant compter que sur le soutien de l’autre prisonnière, Yasmin, il doit trouver au plus vite un moyen de s’évader de cet appartement maudit…
On connaissait David Yarovesky notamment pour le très sombre Brightburn, et on ne l’attendait certainement pas aux commandes d’un film familial comme Les Pages de l’angoisse. Il parvient cependant à imposer sa vision par moments, faisant attaquer les enfants par des créatures aussi monstrueuses que vicieuses, et installant un vrai climat d’angoisse (pour les plus jeunes). On s’étonne d’ailleurs de ce choix "entre deux", qui ferait déconseiller le film à un public trop enfantin, lequel pourrait le trouver trop terrifiant, de même qu’à des spectateurs adultes qui, pour leur part, n’y verront qu’un côté bon enfant comme une soirée à faire du porte-à-porte un 31 octobre. Heureusement, les acteurs mettent tout leur cœur à l’ouvrage, qu’il s’agisse des deux enfants (Winslow Fedley vu dans Come Play et Lidya Jewett) ou de la sorcière interprétée par Krysten Ritter ("Jessica Jones"). Efficacement réalisé et bénéficiant de décors et d’effets spéciaux réussis, Les Pages de l’angoisse, improbable rencontre entre Les Goonies et Mister Babadook ne souffre donc au final que d’un ton qui ne s’adresse qu’à une frange limitée de la population.
Yann Lebecque