Une belle moisson de films indépendants pour ce Mercredi !
Et puis Z0rr0, le nouveau justicier masqué en version hacker 2.0
NEWS
Zorro 2.0 réinvente le héros en tant que pirate informatique.
Récipiendaire de la bourse MacArthur Genius, Alex Rivera (Sleep Dealer, The Infiltrators) est sur le point d’écrire et de réaliser Zorro 2.0, qui réimagine le vengeur masqué dans un contexte de SF pour Sobini Films. Dans cette version, le personnage emblématique est un jeune hacker sans papiers nommé Oscar de la Vega – mieux connu sous le nom de «z0rr0». Se battant contre une unité gouvernementale secrète qui a attaqué sa mère, il découvre un complot de haute technologie qui menace non seulement sa famille mais le monde. Rivera déclare que le projet est «une opportunité de connecter la licence aux guerres frontalières d'aujourd'hui». Mark Amin, Cami Winikoff et Tyler Boehm produiront le film.
FILMS EN VOD
CHHORII ***
Inde. 2021. Réal.: Vishal Furia. (Amazon)
Poursuivis par des collecteurs de dette, Hemant et sa femme Sakshi décident de quitter la ville pour aller s’installer dans une petite ferme perdue au milieu des champs de cannes à sucre, qui appartient à leur chauffeur, Kajla. L’ennui qui nait de cet isolement total est cependant gage de sécurité pour eux, et Sakshi accepte que Hemant la laisse sous la supervision de Bhanno Devi, l’épouse de Kajla, qui couve la future maman, enceinte de 8 mois, comme s’il s’agissait de sa propre fille. Hélas, bientôt Sakshi est la proie de visions étranges : elle voit trois enfants et une femme avec laquelle ils jouent à cache-cache. Elle apprend qu’il s’agit d’une sorcière, Suneni, à l’origine de la mort de trois des fils de Bhanno Devi et des accidents qui ont frappé toutes ses épouses, lesquelles ont perdu le bébé qu’elles portaient. Sakshi va devoir faire face à un véritable cauchemar pour survivre et surtout garder l’enfant qui grandit dans son ventre…
Vishal Furia signe ici le remake de son propre film de 2016 tourné en marathi, cette fois-ci proposé en hindi (proposé en version originale sous-titrée en anglais). Il aborde un sujet très douloureux, enrobé dans une histoire de fantôme à l’ambiance sombre. Le long-métrage de plus de deux heures aurait sans doute gagné à être raccourci d’une demi-heure, l’intrigue étant très linéaire et les personnages peu nombreux. D’ailleurs, Chhorii se réduit à un face-à-face entre Sakshi et Bhanno Devi, sous la houlette du fantôme de Suneni. Fort heureusement, le dernier tiers tient ses promesses, et s’avère éprouvant d’un point de vue humain, la vision d’une Suneni suppliciée a de quoi faire mal au ventre. La conclusion est implacable, et si elle est avant tout destinée à un public indien, nul doute que son discours mérite d’être entendu.
THE DEEPER YOU DIG **
USA. 2019. Réal. scén. : John Adams, Toby Poser. (Freaks On)
Alors qu’il rentre un soir de neige, Kurt renverse accidentellement Ivy, une adolescente et, terrorisé par ce que cela implique, décide de faire disparaître le corps. Mais le sol gelé est trop dur, et il doit le cacher chez lui. Quand Ivy reprend finalement conscience, il la tue sans réfléchir, déjà coupable à ses propres yeux. Ivy, la mère d’Echo, médium de son état, ne tarde pas à partir à sa recherche et s’intéresse tout particulièrement à Kurt, son nouveau voisin. Ce dernier est de son côté hanté par une radio qui passe sans cesse la même chanson et entend des voix… Bientôt, Echo lui apparaît, le poussant peu à peu dans la folie. Entre ces deux être brisés pour des raisons bien différentes se noue bientôt une étrange relation…
Malgré l’économie de moyens flagrante, la petite équipe derrière The Deeper You Dig s’occupant de tous les postes nous offre un vrai film d’horreur psychologique et surnaturel qui nous plonge dans la peur des revenants et les affres de la culpabilité. Il nous propose des personnages intéressants, réalistes, loin de la caricature et qui portent leurs propres traumas. Les effets spéciaux sont plutôt réussis, ce qui n’est pas le cas des quelques recours au numérique, et l’on pourra trouver les séquences dans "l’au-delà" tape-à-l’œil et trop théâtrales. Il en résulte un film inquiétant et poignant auquel ne manquent peut-être que des effets numériques de meilleure qualité et une photographie moins lisse pour totalement convaincre.
M.F.A. ***
USA. 2017. Réal.: Natalia Leite. (Shadowz)
Noelle, étudiante en beaux-arts, a du mal à trouver son style et à convaincre son professeur. Cependant, charmante, elle attire l’attention d’un camarade qui l’invite à une soirée. Là, elle se laisse séduire, mais quand les choses sont censées aller plus loin, elle refuse. L’étudiant ne l’écoute pas et la viole. Ravagée, elle découvre que les victimes de viol sur son campus sont souvent désignées comme des folles ou des dépravées, et elle ne trouve aucune aide auprès de l’encadrement. Elle décide de se confronter à son violeur, mais lors de leur altercation chez lui, elle le tue accidentellement. Ce nouveau drame déclenche un changement majeur chez elle. Elle trouve sa voie artistique, et décide par ailleurs de rendre justice à celles qui ont été maltraitées…
M.F.A. aurait pu être un rape and revenge de plus, mais il prend bientôt les atours d’une critique de notre société, où les prédateurs sont présentés comme des gamins turbulents et leurs victimes comme consentantes ou affabulatrices. Le film lorgne alors du côté de Sudden Impact, ce qui est amusant quand on sait que l’actrice principale n’est autre que l’une des filles de Clint Eastwood. Tout aussi implacable, le film de Natalia Leite s’interroge sur ce qu’il est possible de faire au nom de la justice, et si cette démarche, aussi justifiée puisse-t-elle paraître aux yeux des victimes, peut s’étendre aux autres injustices. La violence engendre, comme toujours, la violence, et Noelle semble bientôt éprouver une vraie soif de meurtre, et plus seulement de justice. Francesca Eastwood est impériale dans le rôle principal, entre souffrance et extase, dépassée par l’ampleur de la tâche qu’elle s’est elle-même assignée pour tenter de dépasser son traumatisme, où que cela puisse la mener. Un film puissant, jamais voyeur, et qui pose des questions intéressantes sur un sujet plus d’actualité que jamais.
MY HEART CAN’T BEAT UNLESS YOU TELL IT TO ***
USA. 2020. Réal. et scén.: Jonathan Cuartas. Prod.: Patrick Fugit, Anthony Pedone. Mus.: Andrew Reaser Shaw. Photo : Michael Cuartas. Mont.: T.J. Nelson. 1h30. Avec : Patrick Fugit, Ingrid Sophie Schram, Owen Campbell. (Shadowz)
Dwigth et Jessie sont frère et sœur, mais ils cachent un terrible secret dans leur maison isolée en bordure de ville : leur frère Thomas est gravement malade, et sa malade est incurable. Et pour cause : c’est un vampire. Ils doivent donc errer dans la ville à la nuit tombée à la recherche de proies qui pourront offrir à Thomas ce dont il a besoin, sans intéresser les forces de police. Les sans-abri et les immigrés illégaux sont leurs cibles de choix, personnages sans réelle existence dans la société moderne. Mais il y a une différence entre décider de tuer des inconnus et parvenir à le faire, surtout depuis tant d’années. Dwight, épuisé, écœuré par ce qu’il en est réduit à faire, commence peu à peu à se demander si tout cela a réellement de sens. De son côté, Thomas souffre chaque jour un peu plus de la solitude, de cette vie de reclus où il n’a pour seule compagnie que sa fratrie, certes aimante, mais qui ne peut pas remplacer de vrais amis…
Avec My Heart Can’t Beat Unless You Tell It To, Jonathan Cuartas signe un premier long-métrage où l’horreur, comme souvent, sert à parler de thèmes difficiles, en l’occurrence ces vies passées à prendre en charge un proche dont l’état n’a aucune chance de s’améliorer. Il questionne sur ce que les proches sont prêts à sacrifier (en allant ici bien entendu à l’extrême !) de leur confort de vie et de leur morale. Il innove quelque peu en nous montrant un vampire qui n’est ni un monstre tout puissant, ni une créature séduisante, mais un malade qui souffre de sa condition au quotidien. Il est en ce sens plus proche de la vision de Tomas Alfredson et son Morse que du Dracula tel qu’on a l’habitude de le dépeindre. S’il réussit à toucher, il pâtit en revanche de son traitement "réaliste" et anti-spectaculaire qui handicape son long-métrage sur la durée. Heureusement, les acteurs incarnent des personnages intéressants, pleins de doutes et de souffrance, contraints d’assumer chaque jour les conséquences de leurs choix difficiles.