Un Mercredi sous l'emprise du diable
Notre critique du carton du moment et plein d'autres bonnes choses fantastiques.
BACON TOXIQUE
Le casting du reboot annoncé de Toxic Avenger rejoint par Kevin Bacon.
Kevin Bacon a rejoint le casting du reboot de The Toxic Avenger, tourné en Bulgarie. Il joue un méchant, aux côtés de Peter Dinklage ("Game of Thrones"), Jacob Tremblay et Taylour Paige, sous la direction du comédien devenu réalisateur Macon Blair (I Don’t Feel at Home in this World Anymore).
DE NOUVELLES PROIES POUR LE PREDATOR
Le cinquième volet de la saga devrait se déroule dans le monde des Commanches.
En préproduction, Predator 5, de Dan Trachrenberg (10 Cloverfield Lane), annoncé sous le titre de Skulls, pourrait ne pas sortir en salles, mais être simplement diffusé sur la plateforme Hulu, entreprise commune de The Walt Disney Company et 21st Century Fox. Bien qu’aucun scénario officiel n’ait été communiqué, la trame du film s’intéresserait à Kee, une Comanche qui va à l’encontre des normes et traditions pour devenir une guerrière. Il y a de nombreuses années – à une époque avant que les Européens n’empiètent sur leurs terres – les Comanches avaient une société bien définie. Kee est très proche de son jeune frère, Taabe, qui est en train de devenir un leader. Aussi capable que n’importe quel jeune homme de la tribu, Kee a toujours été un professeur et une source d’inspiration pour Taabe. À la manière des Comanches, c’est Patsi, la sœur aînée, qui l’a aidé à le façonner. Kee est une diseuse de vérité et possède une perspicacité que les autres n’ont pas. Garçon manqué, elle veut faire ses preuves dans le monde masculin des Comanches. Lorsque le danger les menace tous, Kee s’efforce de prouver qu’elle est aussi capable que n’importe quel jeune guerrier…
FILMS SORTIS EN SALLE
CONJURING : SOUS L’EMPRISE DU DIABLE **
(The Conjuring : The Devil Made Me Do it). USA. 2021.Réal. : Michael Chaves
Cinq après Conjuring 2: le cas Enfield, James Wan, tout en restant producteur, en ayant confié la réalisation à Michael Chaves (La Malédiction de la Dame Blanche), cette troisième enquête d’Ed et Lorraine Warren se différencie quelque peu des deux premiers volets. D’une part échappant au thème de la maison hantée, de l’autre en se basant au départ sur un cas juridique véritable : celui d’Arne Cheyenne Johnson qui, en février 1981, assassine au couteau Alan Bono lors d’une crise incontrôlable. Lors de son procès, il clamera : «Le Diable m’a forcé à le faire !». Il s’agit donc de la première affaire judiciaire, dans l’Histoire des États-Unis, où un présumé coupable plaide la possession démoniaque comme ligne de défense. Résultat, il échappera à la condamnation à mort et ne fera que cinq ans de prison. Le film de Chaves, s’attaque donc à la notion de culpabilité, les principaux personnages ayant gardé à l’écran leur nom véritable, fonctionnant sur le mode de l’enquête policière, Lorraine en particulier remontant psychiquement le temps pour retrouver la trace d’un meurtre plus ancien et ce qui l’a motivé. Ce changement d’axe rend le métrage, échappant aux traditionnels jump scares moins effrayant que les deux qui l’ont précédé, même si certaines séquences frappent. Ainsi de l’ouverture, ou le jeune David, Glatzel, 8 ans, est possédé, la séance d’exorcisme qui suit étant particulièrement éprouvante, précédé de l’arrivée, par une nuit brumeuse, du prêtre dont la silhouette chapeautée se dessine devant la maison et où l’on croit revoir Max Von Sydow. Grâce à l’excellent travail sur le son dû au système Dolby Atmos, les contorsions hallucinées du gamin dont on entend littéralement les os craquer ébranlent le cœur le mieux accroché, comme ces coups à la porte censément donnés par l’exorciste et qui l’ébranlent avec l’intensité de coups de canon. Notons aussi la longue séquence finale où Lorraine poignarde vide, refaisant, en état second, les gestes du premier assassinat. Reste le fait que le spectateur se sentira ou non concerné, suivant qu’il croie ou pas à la réalité des cas donnés pour authentiques étudiés par le vrai couple Warren.
Jean-Pierre Andrevon
FILMS EN VOD
GHOST LAB***
Thaïlande. 2021. Réal.: Paween Purijitpanya. (Netflix)
Wee et Gla, deux jeunes médecins travaillant dans un hôpital thaïlandais assistent un soir à l’apparition d’un fantôme. Si Wee est terrorisé, Gla lui apprend en revanche que cette expérience paranormale est ce qu’il attendait depuis toujours et qu’il étudie dans le plus grand secret ces phénomènes décriés. Ils se décident alors à faire équipe pour tenter de comprendre la nature de ces apparitions et ce qu’elles pourraient révéler d’un point de vue scientifique. Quitte à franchir les limites de la morale.
Déjà auteur d’un long-métrage et ayant participé à trois anthologies entre horreur, comédie et romance, Paween Purijitpanya signe ici un étonnant mélange d’épouvante classique, d’humour et de drame humain en abordant sous un angle nouveau le thème des plus rebattu dans le cinéma asiatique des revenants. Prenant le concept à rebrousse-poil en adoptant un point de vue purement scientifique et balayant d’un revers de la main toutes les théories abondant sur Internet, il se pose la question de ce qui pourrait pousser une âme à rester parmi les vivants et à manifester sa présence. Mais s’il élabore quelques théories tenant la route dans la première partie de son film, il décide en fin de métrage de basculer dans un plus grand classicisme de bon aloi où le suspense et la terreur reprennent pleinement leurs droits. L’ensemble fonctionne donc à plein – même s’il fera forcément sourire tout lecteur de La Recherche… – et nous réserve quelques séquences douloureuses et quelques maquillages fort réussis. Renouvelant un genre usé jusqu’à la corde, il nous permet de passer deux heures des plus divertissantes.
Yann Lebecque
JE SUIS TOUTES LES FILLES***
Afrique du Sud. 2021. Réal.: Donovan Marsh (Netflix)
Jodie Snyman est une enquêtrice chargée des affaires de trafic d’enfants, de jeunes filles enlevées en Afrique du Sud pour être expédiées au Moyen-Orient. Dans les années 90, un tueur en série avec été arrêté et aurait confié qu’un ministre nationaliste était impliqué, mais l’enregistrement a été perdu, et le prisonnier assassiné dans sa geôle. Aujourd’hui, cet immonde business prospère toujours dans un pays qui souffre encore des séquelles de l’apartheid. Cependant, on retrouve le corps d’hommes froidement abattus, la poitrine tailladée d’initiales correspondant à celles de petites filles disparues. Jodie fait équipe avec sa meilleure ami Ntombi pour arrêter le tueur, et essayer de mettre à bas le réseau de traite d’enfants.
Sur un sujet difficile et douloureux, Donovan Marsh (iNumber Number, Hunter Killer) nous propose un thriller violent redoutablement efficace, avec des personnages archétypaux – Jodie est le pendant féminin de l’inspecteur Harry et sa collègue une vigilante implacable sortie d’un film de Ferrara – qui fait froid dans le dos en s’appuyant sur des faits réels, comme le rappellent l’encart au début du long-métrage et l’état de la situation lors des crédits de fin. Dur et cruel, le film l’est de bout en bout, ne ménageant pas le spectateur en le plongeant dans un univers qui n’a rien d’angélique et va au bout de sa terrible logique. Corruption, perversion, précarité et vengeance se télescopent dans une ambiance étouffante d’Afrique du Sud surchauffée. Cela permet à Je suis toutes les filles de dépasser le cadre du thriller de série qu’il aurait pu être, en osant aborder de front un vrai problème de société, pointant du doigt les inexcusables liens entre responsables politiques et trafiquants. Il profite de l’interprétation irréprochable des acteurs, visiblement investis dans ce réquisitoire nécessaire.
Yann Lebecque
THE FOREST OF THE LOST SOULS***
(A Floresta das Almas Perdidas). Portugal/Émirats arabes/Russie/Espagne. 2017. Réal.: José Pedro Lopes. (Freaks On)
La forêt des âmes perdues est un lieu où, chaque année, de dizaines de personnes se rendent pour mettre fin à leur vie. C’est là que se rencontrent par hasard deux étrangers, un vieil homme, Ricardo et une jeune fille, Carolina. Ils commencent à discuter et se chamailler autour des raisons qui les poussent à se suicider. Mais l’instant décisif semble être passé pour chacun d’eux, perturbé par l’arrivée de l’autre, et ils décident de se promener dans les bois, sur un ton de comédie douce-amère. Caroline finit par l’accompagner dans la mort, mais alors qu’il agonise, elle le poignarde et quitte les lieux en prenant sa voiture, visiblement décidée à se rendre dans la maison de Ricardo où l’attendent sa fille et sa femme…
Débutant comme une balade funéraire, The Forest of the Lost Souls prend alors un tournant totalement imprévisible, lorgnant du côté du slasher… Pour son premier long-métrage, José Pedro Lopes choisit un thème fort, celui de la pulsion de mort, et l’illustre magnifiquement avec une photographie en noir et blanc. Il va droit au but avec une grande économie de moyens, limitant les dialogues et la durée du film (qui dépasse à peine l’heure dix), préférant traduire les émotions grâce à une musique réussie. Si Daniel Love sait passer du statut de jeune fille perdue à quelque chose de bien plus sombre, elle est épaulée par son partenaire Jorge Mota qui apporte beaucoup d’humanité à son personnage au début du film, donnant l’impulsion nécessaire pour que l’on se plonge dans ce conte dramatique.
Yann Lebecque
LE DRAGON-GÉNIE**
(Wish Dragon) Chine/USA/Canada. 2021. Réal. et scén.: Chris Appelhans (Netflix)
Lorsqu’il avait neuf ans, Din avait pour meilleure amie la petite Li Na, et tous deux vivaient dans un quartier populaire. Mais un jour, elle dut partir avec son père, et dix ans plus tard, il ne rêve que d’une chose : la retrouver. Et quand il trouve une étrange théière de jade qui renferme un dragon-génie lui proposant d’exaucer trois souhaits, il pense que ses problèmes vont se résoudre rapidement. Mais c’était sans compter avec une bande de malfrats qui sont à la poursuite de l’objet magique et qui seront prêts à tout pour mettre la main dessus. Bientôt doté d’une technique de combat spectaculaire, obtenue par son premier vœu, Din est bien décidé à reconquérir l’amitié de Li Na et à échapper aux bandits, ce qui ne sera pas simple, car le dragon Long a beaucoup de choses à apprendre sur notre monde moderne…
Après Raya et le dernier dragon, voici donc une nouvelle histoire animée autour de cette créature mythique, bien que celle-ci fasse le choix de l’humour bon enfant et d’une morale des plus classiques. Mené tambour battant à la manière d’un cartoon de Tex Avery, ce premier long-métrage de Chris Appelhans (qui a auparavant collaboré à de prestigieux projets comme Coraline, Les Cinq Légendes ou encore La Princesse et la Grenouille) s’avère des plus divertissant à défaut d’être original ou surprenant. Une petite production de série issue des studios Sony qui promet un sympathique moment de cinéma en famille.
Yann Lebecque