Un joyeux Noël à tous nos lecteurs fidèles
Science-fiction, horreur, fantastique, que les lutins vous comblent une fois encore cette année.
L’ÉCRAN FANTASTIQUE VOUS SOUHAITE À TOUS UN JOYEUX NOËL
N’OUBLIEZ PAS NOS PETITS SOULIERS:
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TOUTES LES IMAGES D’AVATAR
La sortie du second film de James Cameron s’accompagne, comme on s’en doute, de la production de nombreux livres et albums sur le réalisateur et son œuvre, et gageons que ce n’est pas fini. Plus bel ouvrage pour l’instant, celui de Tara Bennett, Tout l’art de Avatar : la voie de l’eau, 250 pages solidement cartonnées sur un format semi à l’italienne, est avant tout un recueil d’illustrations, plus de 500, photos du film bien sûr, concepts art et croquis préparatoires de Cameron lui-même. L’album s’ouvre sur pas moins de 10 doubles pages nous présentant en autant de panoramiques les principaux décors du film, la plage, mes habitats du peuple Omatikaya, une vue sous-marine avec la baleine Tulkun. L’ouvrage est ainsi conçu pour nous faire revivre, séquence après séquence, les 3 h 12 du métrage, sans oublier l’univers d’acier de la RDA avec ses machines tant aériennes que maritimes. Le texte de Tara Bennett, rédactrice en chef de SFX Magazine, qui suit le réalisateur depuis ses premières idées jusqu’au moindre problème de la réalisation, éclaire chaque phase de sa conception, jusqu’à sa conclusion : « Le cinéaste espère que la beauté de Pandora inspirera les spectateurs au point de les pousser à s’intéresser à notre propre planète, à ce qui la rend extraordinaire et vulnérable ». Cette fête pour les yeux est accompagnée de Avatar l’Encyclopédie illustrée, ouvrage collectif qui s’attarde sur le moindre personnage, le moindre vêtement, le moindre objet, les armes, les animaux, avec là encore une multitude d’illustrations précisément détaillées et commentées. Un double et somptueux cadeau qui vous pousserait à voir une seconde fois le film – si ce n’est déjà fait (Huginn & Muninn).
LA BD DE LA SEMAINE
Une nuit neigeuse, une petite ville, Kings Hill, «un lieu figé dans le temps et débordant de mystères», pris en plongée avec ses rues illuminées et, tout autour, les bois de Kingswood où, jadis, les femmes abandonnaient leur bébé pour célébrer la venue du printemps. C’est dans ces bois que l’intrépide Friday Fitzugh, 18 ans («plutôt maigre mais grande et musclée»), est partie, en compagnie de Lancelot Jones, son ami d’enfance et Young Sherlock Holmes, à la recherche de Fouinard Waldsworth, qui a dérobé une dague antique sur un site de fouille, et finit par être retrouvé gravant un message sur un tronc d’arbre et ne cessant de répéter quelque chose au sujet d’une «Dame Blanche». Pour en savoir plus, il faudra attendre septembre et la parution d’un second tome de Friday, le présent album, épais pourtant de 105 planches sans compter de nombreux croquis de recherche sur les personnages et les ambiances, prenant son temps, à la faveur d’un long flashback, pour revenir sur la façon dont Friday et Lancelot ont fait connaissance et les rapports difficiles qui ont suivi. Cette attention portée aux petits faits de la vie, baignant dans un mystère encore à dévoiler, rapproche le scénariste Ed Brubaker de Stephen King, dans un récit prenant traduit de façon stylisée mais très évocatrice par le dessin de Marcos Martin, avec aux couleurs délicates Muntsa Vicente, et qui sait s’attarder des détails pleine page, comme la présence pensive d’une chouette perchée sur une branche ou la lueur d’un feu aperçue entre les arbres. Une vraie réussite (Glénat).
POUR AVOIR PEUR LA NUIT
Screaming Boys, tel est le dixième titre de la collection Karnage, signé Violaine de Charnage, ce qui ne s’invente pas, à moins qu’il s’agisse d’un pseudo. Une petite idée du texte ? « Sous la pression écrasante du sable, sa poitrine peine de plus en plus à se soulever. Le peu d’air qu’il aspire est chargé de sang, de salive et de morve.Il étouffe. Tchac ! Oreille droite. Tchac ! Oreille gauche. Il défaille, mais la douleur le ranime ! Ce n’est pas possible, c’est un cauchemar. Il va se réveiller, baignant dans sa sueur, mais intègre. Il boira à même le goulot du robinet de la salle de bain extérieure, la nuit bruissera de vie, et des moucherons voleront autour de lui, attirés par la lumière. Et, demain, il en rira ». Slasher sanglant, tueur masqué, humour noir, whodunit étonnant, nous dit l’autrice. Ne reste qu’à entrer
Précommande et tous renseignements sur la boutique en ligne de Zone 52 Éditions.
SCIENCE-FICTION FRANÇAISE, ANNÉES (19)70
En 1975, Michel Jeury et une jeune autrice, Katia Alexandre, publient dans la revue Fiction les bases d’un univers fascinant, régi par la figure tutélaire de la Ville, omnisciente et omnipotente, servie par ses émissaires aux pouvoirs sans limites. Les Serviteurs de la Ville, de son titre, inspirera bien vite toute une série des meilleurs auteurs de l’époque, qui apporteront leur pierre à l’édification de cette création littéraire collective hors du commun. 47 ans ont passé, avec maints projets d’édition de la série, mais qui toutes ont avorté avant concrétisation. C’est donc pour la première fois que 9 de ces nouvelles (sur un total d’une quinzaine écrites, dont certaines perdues), parmi les plus représentatives, sont rassemblées dans le recueil, dont la substance est ainsi décrite par Jeury :
« Il y avait la Ville et cent villes ou plus. Plus. Mille peut-être.
La Ville s’étendait sur des millions et des millions de kilomètres carrés. Elle couvrait une bonne moitié de l’ancien continent et imposait sa domination à la presque totalité de la Terre.Elle était constituée par l’union de toutes les villes. Mais elle ne se bornait pas à une simple fédération de districts indépendants. Elle avait son existence propre. Elle était une entité consciente, douée de pensée et de volonté. […]La Ville était un dieu très puissant qui se manifestait peu dans la vie de ses créatures. Parfois, cependant, elle était obligée d’intervenir de façon plus directe. Tout le monde savait qu’elle en avait le pouvoir et qu’elle le faisait quand cela lui semblait nécessaire. C’est pourquoi elle était un dieu redouté. Et redoutés ses Serviteurs. »
On trouve donc ici, suite à un avant-propos historique très documenté de Richard Comballot et la préface de Michel Jeury, sa nouvelle co-écrite avec Katia Alexandre, le texte de Joëlle Wintrebert, jusqu’ici restée inédit et qui lui fait suite, et les nouvelles de George W. Barlow, René Durand, Jean-Pierre Vernay, Jan de Fast, Pierre Marlson, Joël Houssin & Christian Léourier (autre inédit), plus certain
Jean-Pierre Andrevon. Un total qui nous permet de retrouver la force, l’originalité et la virulence de notre SF nationale dans ce qui fut sa grande époque (Flatland).
Lien pour accéder à la page du livre :
https://novelliste.redux.online/produit/serviteurs-de-la-ville/
LE COMIC DE LA SEMAINE
Nombre d’albums de bd présentent un récit éculé, des personnages sans consistance, des tournures maladroites, des enchaînements remplis de clichés… On ne les trouvera pas dans ces pages, bien sûr. Et pourquoi ? Parce qu’une équipe de héros fictifs, les Inco-Érrants, recrutés dans divers univers de fiction et dirigé par l’Éditrice, volent d’ouvrage en ouvrage, corrigeant ce qui ne va pas… « J’imagine qu’on existe dans une sorte de matrice digitale, qu’on fait partie d’un logiciel utilisé pour éditer des livres ? » The Plot Holes, écrit par Sean Murphy, auteur complet ayant déjà œuvré dans différents Batman, n’hésite pas, dans le tourbillon de 152 pages qu’il nous offre aujourd’hui, à se moquer aussi bien des auteurs, de leurs héros, des éditeurs, des critiques, et même des lecteurs, dans un récit bourré de références et de dialogues signifiants. « Si on est des êtres numériques dans un programme, pourquoi a-t-on besoin de dormir ? – Parce qu’on a été écrits comme ça ». Aussi ludique qu’astucieux (Urban Comics).
PETITS CADEAUX POUR NOËL
Il existe des textes inclassables, ce genre de textes qu’on ne saurait dans quelle case de lectures les mettre. Et, à l’évidence, des éditeurs qui s’y risquent. C’est le cas de Réalistes, qui produits des objets qui n’ont rien de réalistes, puisqu’il s’agit de tout petits formats, 10, 5 x 14, 8, soit des petits briques, souvent épaisses, comme Bettica Batenica, signé Roman Granger où, sur 255 pages, et à raison d’une, ou deux cases par feuillet, l’autrice raconte ce qui arrive à un inspecteur et une inspectrice venue enquêter sur une secte, l’Institut du Radèze, où plusieurs personnes ont disparu. Avec un trait épuré et des aplats de couleur réduit à une quinzaine de nuances, Granger réussit à la fois un thriller prenant et micro livre d’art. Plus classique, plus mince, Horizons magnétiques de Valentin Giuili, 23 ans, en noir et blanc et sur 126 pages, nous entraine dans un autre paysage à explorer, lui plus proche de la fantasy. Des cadeaux à faire… ou à se faire, d’autant que Réalistes, né en 2019, a déjà une douzaine de « briquettes » à son catalogue.
JEAN-PIERRE ANDREVON