Un fantôme hante l'opéra de la Nouvelle Orléans
Et aussi, un homme et une femme cousus dans un lit alors qu'ils ne connaissent pas
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Universal prépare une nouvelle adaptation du "Fantôme de l'Opéra" qui se déroule dans l'actuelle Nouvelle-Orléans
Après avoir battu le rappel de ses monstres classiques dans des versions actualisées : L’Homme Invisible puis les annoncés Dracula, Frankenstein et Le Loup-garou, Universal Pictures a également donné son feu vert à une nouvelle adaptation, contemporaine cette fois, du Fantôme de l'Opéra. Le script, intitulé Phantom, a été écrit par John Fusco. Selon ce dernier, ce nouvel opus se déroulera dans "la scène sensuelle et nocturne de la Nouvelle-Orléans moderne, le monde du jazz, du R&B, de la néo-soul et du funk". Il a également ajouté que "la musique, la culture créole française, le mysticisme vaudou, le spectacle costumé de Mardi Grass se prêtaient à une adaptation naturelle de la scène parisienne... Un récit qui recèle de la vengeance, de l'amour non partagé et du mystère". Le film racontera l'histoire d'une chanteuse naïve qui est aidée à triompher sur les planches par un homme mystérieux alors qu'une série d'événements étranges se déroulent dans un célèbre club de la Nouvelle-Orléans.
FILMS EN VOD
THE EVIL WITHIN **
USA. 2017. Réal. et scén.: Andrew Getty. (Insomnia)
Dennis, un jeune handicapé mental, vit avec son frère ainé qui s’occupe de lui au quotidien. Depuis toujours, il souffre de cauchemars qui paraissent tellement réels qu’il a du mal à faire la différence entre rêves et réalité. Un jour, il voit apparaître dans son esprit une entité terrifiante qui prend peu à peu contrôle de son corps, en utilisant un miroir maudit, le poussant toujours plus loin sur le sentier de la violence…
Premier – et unique – film d’Andrew Getty (petit-fils du milliardaire J. Paul Getty), The Evil Within dispose d’un principe de départ intéressant, mariage réussi entre la possession, le tueur en série et la folie. Il repose en grande partie sur les épaules de l’excellent Frederick Koehler, qui excelle dans son double rôle d’adulte attardé et de personnage froid et calculateur. À ses côtés, Sean Patrick Flanery et Dina Meyer font office de faire-valoir, tant leur arc narratif manque d’ampleur. Michael Berryman est pour sa part réduit à une image démoniaque, n’ayant presque aucun dialogue et n’apparaissant que sporadiquement (mais toujours de façon efficace). Le film est censé avoir disposé d’un budget de plusieurs millions, lubie d’un homme fortuné, dont on cherche partout la trace à l’écran. Certes, le réalisateur fait preuve d’imagination dans certaines séquences, mais l’ensemble lorgne trop du côté du grand-guignol pour convaincre.
TERRIFIER ***
USA. 2016. Réal. et scén.: Damien Leone. (Insomnia)(sur Amazon)
Alors qu’elles reviennent passablement éméchées d’une soirée d’Halloween, Dawn et Tara croisent la route d’un étrange clown qui le suit jusque dans une pizzeria où elles ont trouvé refuge avant de prendre le volant pour rentrer chez elles. C’est le début d’une épouvantable soirée pour les deux jeunes femmes qui vont être poursuivies par un maniaque particulièrement sadique et inventif.
Ayant déjà fait appel à l’ignoble visage d’Art le clown dans les courts-métrages The 9th Circle et Terrifier avant d’être inclus dans le film à sketches All Hallow’s Eve, Damien Leone lui donne ici le rôle principal au cœur de son premier long-métrage, un slasher qui n’hésite pas à bousculer les règles bien établies dans le seul but de nous offrir un spectacle extrême s’approchant du torture porn. Lui-même spécialiste des effets spéciaux, il prend en charge ce domaine et propose des trucages à la limite du répugnant où les femmes sont vite réduites à des poupées de chair dont Art fait ce qu’il veut, piochant dans l’imaginaire de l’épouvante de Maniac à Bone Tomahawk (l’espace d’une séquence de sciage d’un corps particulièrement violent). Le tout baigne dans une sorte de second degré assumé véhiculé par les mimes grotesques de David Howard Thornton qui adopte un ton proche de celui de Robert Englund quand il incarnait le mémorable Freddy Krueger. Cette "folie douce" transpire dans le film, avec notamment la présence d’une folle promenant une poupée qu’elle traite comme un enfant, transportant par moment le métrage dans une ambiance de pur cauchemar. Le scénario reste le point le plus faible de l’ensemble, son but n’étant que de se montrer le plus cruel possible (ce qu’il réussit à faire haut la main), n’hésitant pas pour cela à s’affranchir parfois des règles de la logique, Art le clown devenant un véritable croquemitaine surnaturel appelé à revenir frapper sans cesse. Financé en partie via le crowdfunding et tourné dans un décor unique, il parvient à faire oublier ses limites budgétaires grâce à son gore des plus généreux. D’ailleurs, bénéficiant de sa réputation (le film n’est pas sorti en salles en dehors des USA, du Royaume-Uni, et du circuit des festivals), il va donner lieu à une suite qui devrait sortir en 2022.
TWO ***
(Dos) Espagne. 2021. Réal.: Mar Targarona. (Netflix)
Un homme et une femme qui ne se connaissent pas se réveillent dans un lit et découvrent qu’ils sont cousus l’un à l’autre au niveau de l’abdomen. Affolés, ils essaient de comprendre ce qui les amenés là et ce que l’on attend d’eux. Ils semblent n’avoir aucun lien, mais très vite, les soupçons se portent sur le mari jaloux de la femme qui la soupçonnait d’avoir une relation avec un homme. Mais pourquoi leur infliger un tel traitement, et où se trouvent-ils réellement ?
Avec un point de départ simple et terrifiant, Two évoque certains romans horrifiques de Stephen King comme "Jessie". Mar Targarona, productrice de très bons films de genre espagnols (L’Orphelinat, Les Yeux de Julia) et réalisatrice de deux longs-métrages efficaces pour Netflix (Secuestro, Le Photographe de Mauthausen) nous propose un concentré de body horror où l’on n’a pas fini de grincer des dents en voyant ces peaux distendues rappelant l’épouvante ressentie dans The Human Centipede, la gratuité en moins. Tout le suspense repose sur la question de savoir ce qui explique cette situation saugrenue, et si ce couple d’infortune va réussir à se sortir de ce cauchemar. La réalisatrice joue parfaitement de ce duo, entre douleur physique et intimité forcée, mariant dans le même plan la torture et la séduction. Enfermés dans une pièce aveugle pleine de faux semblants et de pistes censées les aider à comprendre la raison de tout cela, ils vivent l’enfer que traverse Min-sik Choi dans Old Boy, sur une durée bien plus courte. Ce qui aurait pu devenir un classique souffre cependant d’une résolution moins étonnante que toutes les hypothèses que l’on peut échafauder en même temps que les personnages, et l’on peut être un peu déçu devant ce qui ressemble à un soufflé qui retombe. Fort heureusement, Pablo Derqui (Les Yeux de Julia) et Marina Gatell forment un couple soudé à l’écran, et parviennent à rendre attachants (en toute logique!) en dépit de leurs failles et de leurs secrets honteux qui sont révélés petit à petit. À défaut d’offrir une mise en scène flamboyante (ce qui n’est pas l’habitude de la réalisatrice) ou un scénario totalement satisfaisant, Two est un film coup de poing que l’on reçoit en plein ventre et nous tient en haleine pendant une bonne heure.
LE SANG DU DRAGON
Retrouvailles infernales**
(Matar al dragon) Argentine. 2019. Réal.: Jimena Monteoliva.. (Amazon)
Quand Facundo, un docteur, retrouve sa sœur Elena dans la forêt après qu’ils ont été séparés pendant vingt-cinq ans, il n’a qu’une hâte : la faire venir dans sa maison – celle de leurs parents – pour qu’elle vive avec sa femme et ses deux filles. Mais Elena vient d’un monde de ténèbres dominé par une sorcière qui se sert de jeunes filles pour renforcer son pouvoir…
Le Sang du dragon est un film des plus étranges, sorte de conte de fées métaphorique sur la situation cauchemardesque des femmes en Amérique du Sud qui risquent d’être enlevées à tout moment. Le scénario est difficilement interprétable au premier abord, mélangeant Enfer et Paradis, sorcière moyenâgeuse en quête de vengeance et chronologie désordonnée. Il ressort de tout cela un résultat indigeste, où l’irréalité éloigne des personnages, sentiment encore renforcé par une mythologie à peine décrite. La mise en image manque cruellement de moyens, l’Enfer étant représenté par deux pièces, un couloir et deux personnages. Et le pire est qu’Amazon a fait le choix discutable de ne proposer qu’une version doublée en français aux voix – notamment d’enfants – qui n’aident en rien à prendre le tout au sérieux.
JAKOB’S WIFE ***
USA. 2021. Réal.: Travis Stevens. (Shadowz)
Anne a une vie rangée et déprimée auprès de son mari, le révérend Jakob Fedder qui, s’il prépare des sermons pleins de passion pour le couple, n’en demeure pas moins une figure patriarcale écrasante. Anne croise le chemin d’un amour de jeunesse, Tom, à l’occasion d’un projet de rénovation d’une usine abandonnée, mais assiste à sa mort brutale et grotesque, dévoré par une horde de rats. Peu à peu, des personnes disparaissent et la police s’inquiète. Anne, de son côté, voit son comportement changer du tout au tout après cet événement traumatisant…
Après avoir produit nombre de films d’horreur à petit ou moyen budget (A Horrible Way to Die, Big Ass Spider !, Cheap Thrills, Starry Eyes, We Are Stil Here, XX), Travis Stevens est passé derrière la caméra, déjà en 2019 avec Girl on the Third Floor et en 2021 avec Jakob’s Wife, très divertissante réflexion sur la place de la femme au sein du couple dans notre société moderne déchirée entre la tradition patriarcale et les envies légitimes d’émancipation annoncée depuis des années sans être jamais totalement entrée en vigueur. Il s’appuie sur un duo d’acteurs chevronnés, Barbara Crampton (Re-Animator, From Beyond, The Lords of Salem, You’re Next) et Larry Fessenden (The House of the Devil, I Sell the Dead, We Are Still Here) pour donner corps à ce film qui parvient à marier harmonieusement le détachement amusé, le gore réjouissant et un suspense certain. Il sait jouer sur la construction narrative pour ne pas dévoiler le fond du mystère trop vite, et renoue avec de grands classiques du jour qu’il réinvente en partie pour nous emmener dans un voyage sanglant sans perdre de vue son sujet principal, jusqu’à une conclusion en forme de clin d’œil percutante. Il est aidé par des effets spéciaux de plateau efficaces évoquant les productions des années 80, et une musique soulignant parfois avec ironie l’action en cours. Une vraie petite réussite.
HERE COMES THE DEVIL**
(Ahí va el diablo). Mexique 2012. Réa et scén.: Adrian Garcia Bogliano (Freaks On)
À la suite d’une après-midi de repos, Sol et Félix laissent leurs deux enfants aller se promener sur une colline, préférant les attendre dans leur voiture. Ne les voyant pas revenir alors que la soirée s’installe, ils s’inquiètent et préviennent la police. Après une nuit terrible, cependant, ils retrouvent leur fils et leur fille, a priori indemnes. Mais lorsque Sol décide d’emmener sa fille consulter une gynécologue, le doute s’installe : les enfants auraient-ils été victimes d’abus sexuels pendant leur nuit d’errance ? Et le coupable ne serait-il pas un étrange ermite qui regardait sa fille avec insistance ?
Réalisateur espagnol des plus productif, Adrian Garcia Bogliano a signé depuis 2004 une quinzaine de longs-métrages horrifiques en tous genres et participé notamment à l’anthologie The ABCs of Death. Ici, il s’intéresse à la présence du démon parmi nous, et à sa façon de prendre possession des plus faibles pour en faire ses instruments. Finalement peu violent, en dehors d’une scène d’introduction plutôt gore durant laquelle un tueur en série s’en prend à deux jeunes femmes, le film préfère instiller un sentiment d’angoisse à travers le regard d’une mère pour ses enfants. La réalisation ne suit pas le même chemin, usant régulièrement d’effets excessifs de caméra, notamment à travers des zooms rappelant le cinéma d’exploitation des années 60/70. Le scénario n’est pas non plus exempt de passages oubliant toute crédibilité, et sacrifie la logique à la mise en place de son univers horrifique.
Yann LEBECQUE