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NEWS
Netflix porte à l’écran le comic IRREDEEMABLE
Jeymes Samuel, le réalisateur des westerns They Die by Dawn et The Harder they Fell va diriger l’adaptation cinématographique de «Irredeemable», série de bandes dessinées des Boom! Studios ainsi que son spin-off «Incorruptible». Le plan est de combiner les deux titres de bandes dessinées distincts en un seul long métrage qui sera écrit par le co-scénariste et co-réalisateur de Soul, Kemp Powers. Mark Waid est l’auteur de "Irredeemable" qui déconstruit les tropes de super-héros en suivant le plus grand héros du monde - The Plutonian - qui a craqué sous la pression de ses responsabilités et a tracé un chemin sombre pour devenir un super-villain, tuant des millions de personnes dans le processus. "Incorruptible" a renversé ce paradigme alors que le super-villain Max Damage y répond en se transformant progressivement en super-héros dans le but d'arrêter The Plutonian avant que ses propres pouvoirs dégénératifs ne lui fassent perdre la raison. Samuel, Jay-Z, James Lassiter, Stephen Christy et Ross Richie produiront pour Netflix.
COMICS : UN POIDS LOURD
GRENDEL (Volume 1 : Hunter Rose)
Matt Wagner
Attention : poids lourd ! Voici un album de plus 700 pages, où s’étale le destin d’un certain Hunter Rose, écrivain qui, dans l’ombre, prend la personnalité de Grendel, un assassin sans pitié qui pourchasse la pègre avec des manières des plus expéditives, caché sous un masque qui ressemble à un test de Rorschach en négatif, et dont la seule arme est une sorte de lance à deux lames coupantes comme des rasoirs. Ses actions débordant largement le cadre de la justice, Grendel a naturellement toutes les polices à ses trousses – ce qui l’apparente peu ou prou à Batman, et New-York à Gotham – mais aussi son ennemi mortel, nommé Argent, un homme-loup qui n’est lui non plus pas très regardant sur ses victimes. Cette série au long cours a été créée par Matt Wagner en 1982 chez un éditeur de comics indépendant qui fit faillite en 1990, l’auteur reprenant plus tard, dans Mage, un récit qu’il n’abandonnera plus. Mais, n’ayant pas toujours le temps de dessiner, il en confiera parfois la partie graphique à une succession de dessinateurs les plus divers, sans souci de cohérence esthétique : ainsi, dans le présent volume, en compte-t-on une bonne quarantaine, autant que d’épisodes. Une seule obligation : le noir et blanc, soutenu par des placages de rouge ne figurant pas obligatoirement le sang, mains aussi bien une robe ou des gants (d’assassin). On trouve donc ici un puzzle de styles dont la seule modalité est de faire mal aux yeux, qui vont d’une rigueur Art déco (Wagner lui-même) à un classique très comics (Tim Sale), d’un fouillis expressionniste (Michael Zulli) au minimalisme d’Andi Watson. Irritant ou passionnant, comme on voudra, l’essentiel étant de prendre son temps pour absorber ce monstre. Et ce n’est pas fini puisque la série comprendre trois autres volumes ! (Urban Cult).
UNE NOUVELLE BOUTIQUE MANGA À PARIS
Après le succès d'Original Comics, saluons l’ouverture de Original Manga Store, nouvelle boutique Manga à Paris. Sur 70m2, on peut y découvrir une sélection infinie de Mangas, de Dragon Ball à Leviathan, de One Piece à Frieren, de Naruto à Kaiju Numéro 8 : Plus de 4000 références pour tous les amateurs de Mangas. On y retrouvez également de magnifiques toys, des pop, des artbooks, et une large sélection de cartes Pokemon. Donc :
ORIGINAL MANGA
49 RUE LACEPEDE
75005 PARIS
Du lundi au samedi de 11h à 19h.
BD : TOUTE L’ŒUVRE DE LIU CIXIN
Écrivain chinois né en 1963, Liu Cixin a publié plus de 40 récits de SF, romans et nouvelles, régulièrement traduits en français et pour la plupart critiqués dans l’Écran Fantastique sous la plume de Jean-Pierre Fontana. Ingénieur dans le nucléaire et passionné de sciences quantiques, Liu Cixin a vendu à raison de plus de 35 millions chacun les trois tomes de Le problème à trois corps, qui a permis de le découvrir chez nous, et dont une adaptation ambitieuse, confiée aux producteurs de Games of Thrones est en cours de réalisation, tandis qu’un autre de ses textes, The Wandering Earth a été adapté au cinéma et visible sur Netflix. C’est ce récit, traduit sous le titre La Terre vagabonde, qui ouvre un projet qui lui est dédié et prendra la forme de 15 albums BD adaptant autant de ses nouvelles, chacun traité par un scénaristes et un graphiste différent, et qui courra jusqu’à la fin 2023. Confié pour l’écriture à l’infatigable Christophe Bec, l’auteur aux cent albums et plus, et au dessin à Stefano Raffaele (avec les couleurs de Marcelo Maiolo), ce premier récit voit la Terre condamnée à très brève échéance, le soleil n’allant pas tarder (dans vingt ans) à se transformer en nova, projetant vers notre planète un “flash de l’hélium” qui carbonisera tout ce qui se trouve à sa surface. Solution : projeter la Terre vers Alpha du Centaure (un voyage de 2500 ans), autour de laquelle elle se mettra en orbite. Pour cela, comme rien n’est impossible en Chine, on a construit de gigantesques réacteurs à plasma situé sur une des faces de la planète, dont la rotation a été interrompue pour que la poussée ne soit pas contrariée. En attendant, pour échapper à la face torride (80 °) comme au froid de la face obscure, les villes ont été enterrées à 500 m de profondeur…
On aura compris, à ce résumé qui fleure bon la SF des années 30 où tout était possible, même le plus absurde, qu’il était bien difficile de concentrer cette histoire en un album, fut-il comme celui-ci épais de 130 planches. Ce que Bec a tenté de résoudre avec force dialogues techniques qui font sourire tant le postulat de base est difficile à faire avaler à un lecteur de 2022, tandis que le dessin de Raffaele doit le plus souvent se résoudre à d’interminables face à face où prends place une bien mièvre histoire d’amour, se rattrapant il est vrai pour quelques vastes panoramas, dont l’un doit se regarder en panoramique sur quatre pages dépliables. Pour intéressant que soit le projet, il sent tout de même un peu trop le concept purement commercial fabriqués sans réel visée artistique – un challenge dont avait fait les frais il y a une vingtaine d’années l’adaptation de La Compagnie des glaces de J. G. Arnaud, interrompue en cours de route. Reste à savoir, après cet échec patent, comment se portera la suite, avec déjà, en mai, deux nouveaux albums : Pour que respire le désert (Valérie Mangin et Steven Dupré) et Les trois lois du monde (Zhang Xiaoyu). Nous y reviendrons (Delcourt).
DU CÔTÉ DE LA FANTASY
Si la figure du dragon est un passage quasi obligé de toute ouvrage (ou film) d’heroic fantasy, il peut aussi prendre de multiples formes. C’est le cas pour Dans le ventre du dragon (tome 1 : Udo) signé Mathieu Gabella au scénario, Christophe Walls pour le dessin, avec de magnifiques couleurs de Simon Champelovier. Ceux présents ici ont la particularité, au moment de la mue de voir leurs écailles tombées se transformer en or. Ce qui excite la convoitise d’un trio de chasseurs pittoresques formé de Phylogène D’Esquamate, fils d’un draconologue disparu, Wei, pirate chinois capable de dresser les dragons, et Udo Von Winkelried, qui n’est autre que le descendant du Siegfried de la légende, qu’on voit à l’œuvre dans un flashback d’ouverture qui rappellera aux cinéphiles la séquence fameuse du film de Fritz Lang. Si l’on voit ici nombre de dragon de toutes espèces, dont un redoutable dragon-garou hybride, la seconde partie de l’album voit notre trio se faire avaler par une immense créature marine capable d’engloutir des bateaux entiers, car le seul moyen de tuer la Bête et de l’attaquer par l’intérieur. Des planches somptueuses, dont nous donnons une idée ici, illustrent cette épopée… dont on attend la conclusion, qu’on trouvera dans le second tome de ce qui est une trilogie qui ravira les yeux (Glénat).
DANS L’UNIVERS QUANTIQUE
Place à la hard-SF avec Le Jardin quantique, du canadien anglophone Derek Künsken, second tome de son cycle de l’Évolution quantique, après Le Magicien quantique. Dès les premières pages on est dans le bain, avec la capitainerie du vaisseau de la Congrégation Les Rapides de Lachine décidant d’annihiler le planétoïde « la Décharge » à l’aide d’un casse la face, projectile nucléaire qui la réduira en poussière. Pourquoi ? parce que ce satellite est une base de l’Homo quantus, espèce d’humains conçus par bio-ingénierie, et dont le milliardaire (par escroquerie) Belissarius Arjona se sert pour sa révolte contre les Banques. C’est son aventure personnelle, avec sa maîtresse Cassie, qui fait l’objet de ce copieux second tome, qui se déroule dans « l’immensité d’une galaxie où une antique espèce qu’on appelait les précurseurs avaient construit une série de trous de ver stable afin de relier les étoiles ». Ce qui n’a certes rien d’original après la série des Portes de Frederick Pohl, mais permet ici à l’auteur de nous faire faire des sauts de puce, y compris temporels, à travers l’univers. Certes le total est un peu dur à lire, comme la plupart des livres de la collection mais, si l’on accepte d’avaler cinq ou six fois par page (il y en a 400) le terme « quantique », on peut se lancer dans un space-opera pas comme les autres, qui possède l’originalité de se baser sur une guerre économique, le capitalisme semblant toujours à l’ouvrage dans le futur des années 5000 (Albin Michel – Imaginaire).
JEAN-PIERRE ANDREVON
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