"The Northman" va hacher menu le box office
"Morbius", le paradoxe du méchant qui est quand même un peu gentil
FILMS SORTIS
MORBIUS **
U.S.A. 2022. Réal.: Daniel Espinosa.
Initialement adversaire de Spider-Man apparut dans les comics Marvel en 1971, Morbius est l'un des premiers personnages d'horreur de la célèbre maison d'édition ayant donné vie aux X-Men, Hulk et autres Avengers. Il a cela de particulier d'être un antagoniste complexe, avant tout victime de ses instincts et non un méchant cruel et sans cœur comme on en croise parfois dans les pages de ces récits. Incarné par un Jared Leto très impliqué, et semblant parfois tout droit sorti d'une case de bande dessinée, Morbius paraît toutefois ici privé d'une grande partie de ce qui faisait sa substantielle moelle sur papier, devenant un anti-héros plus lisse et prévisible, promené dans un récit aux enjeux et rebondissements qui ne le sont malheureusement pas moins. Cousue de fil blanc, l'intrigue du film de Daniel Espinosa (Life : origine inconnue) fait, en revanche, parfaitement son office de divertissement, avec des effets spéciaux dans la moyenne du genre et des archétypes de personnages très peu fouillés et aux motivations vues et revues. Tout cabotin et agréable soit son jeu, Matt Smith se cantonne au rôle du méchant envieux ; Adria Arjona à celui de la dulcinée capable et rongée d’inquiétude ; et Jared Harris de jouer un mentor bienveillant ne disposant que d'à peine quinze minutes de temps d'écran. Un personnage gâché, à l'image d'un duo d'enquêteurs, formé par Tyrese Gibson et Al Madrigal, dont la présence est parfaitement anecdotique. Et que dire de Michael Keaton, transfuge des films Spider-Man du Marvel Cinematic Universe, ici cantonné à des scènes post-génériques qui laisseront davantage de questions irrésolues que de réponses claires quant à l'avenir potentiel de Morbius dans un univers partagé, où il pourrait affronter l'homme-araignée. En termes d'affrontement, les séquences de combat sont aussi rares qu'intéressantes, tel ce face à face voltigeant entre créatures de la nuit au cœur du métro new-yorkais et une timide mais efficace bataille finale. Pas de quoi rattraper une mise en scène purement fonctionnelle et des raccourcis transparents. Une paresse d'écriture très dommageable au vu du ton général du film qui a pour lui de prendre son sujet au sérieux, contrairement aux films Venom, reposant sur l'exacte même dynamique visant à faire des méchants de Spider-Man des protagonistes n'ayant, au final, rien de dangereux. Une pertinence hautement questionnable.
Arnold Petit
À SORTIR EN SALLES
JUNK HEAD ****
Japon. 2021. Réal. et scén.: Takahide Hori.
SORTIE : 11 MAI 2022.
Il y a plusieurs siècles déjà que les humains sont devenus immortels, ont abandonné la reproduction naturelle, et délégué tout ce qui est dangereux à des clones. Malheureusement, au début très dociles, ces derniers se sont rebellés contre leurs créateurs et se sont réfugiés dans les profondeurs de la Terre où ils ont muté pour devenir des monstres effrayants. Mais les humains, dont l’existence est désormais menacée, décident d’envoyer une expédition à travers les souterrains dans l’espoir de trouver une solution et ainsi sauver leur espèce.
Inutile d’y aller par quatre chemins : Junk Head est un film hors norme qui ne ressemble à aucun autre. Difficile, en effet, de rester de marbre devant ce métrage de science-fiction entièrement réalisé en stop-motion et qui se caractérise par sa radicalité et sa singularité. À l’origine de ce projet complétement fou, il y a un seul homme, à savoir Takahide Hori, jeune cinéaste totalement indépendant qui, après avoir réalisé, en 2013, un court-métrage intitulé Junk Head 1, où il posait les bases de son univers, décide de reprendre son idée pour la transformer en long-métrage. Ainsi, en 2017, après quatre ans de travail en solitaire, il présente une première version dans quelques festivals (dont Fantasia où le réalisateur sera primé), avant de revoir sa copie et de travailler sur un nouveau montage qui sort enfin dans les salles. Et cela valait le coup d’attendre tant le résultat est époustouflant. Débutant dans des décors tout en verticalité, l’action se met en place assez rapidement et nous conduit sur les traces de cet androïde à conscience humaine qui, lors de sa mission, va vivre moult péripéties et sera confronté à différents dangers, à commencer par des créatures mutantes sanguinaires. Et c’est là l’un de nombreux points forts du film qui nous présente un bestiaire cauchemardesque et qui ne lésine pas sur le gore. En témoigne les attaques du milles pattes monstrueux ou encore celle de la créature arachnide. Façonnant, avec les moyens du bord, un univers rétrofuturiste, Takahide Hori embarque le spectateur dans une œuvre hybride où se mêle SF, horreur, humour déjanté (voir un peu trash), action, suspense, voir même, par moment, un certain onirisme (quand le héros se souvient de son quotidien à la surface de la Terre). Certes, l’intrigue qui n’a pas vraiment de résolution, est un prétexte pour mettre en scène cet univers incroyable, mais pénétrer dans ce monde conçu par ce cinéaste à la personnalité affirmée et qui, outre la mise en scène et le scénario, se charge de la photographie, de l’animation, de la musique, du montage, des décors et même des voix représente une telle expérience cinématographique qu’il serait dommage de s’en priver. Voilà en tout cas une œuvre destinée à devenir culte auprès des amateurs d’objets filmiques non identifiés.
Erwan Bargain
THE NORTHMAN ****
U.S.A. 2022. Réal.: Robert Eggers.
SORTIE : 11 MAI 2022
L’histoire de The Northman, tout le monde la connaît peu ou prou. Le scénario du film est inspiré de la légende d’Amleth, un prince nordique chassé de son royaume après l’assassinat de son père, le roi, par son oncle. Si ces quelques lignes vous semblent familières, c’est normal, cette légende a ensuite inspiré Shakespeare, qui en a tiré la tragédie d’Hamlet.
Le hic, c’est que cette pièce de théâtre publiée en 1603 a maintes fois été adaptée au cinéma. Même quand elles s’éloignent de l'œuvre originale (Le Roi Lion), le principe reste le même : raconter le dilemme d’un prince déchu qui doit tuer son oncle pour retrouver son royaume. Ainsi, même si l’intrigue est transposée dans un cadre nordique, Robert Eggers doit relever un défi de taille : réussir à transcender le propos par sa mise en scène pour arriver à un résultat assez original pour sembler être du jamais vu. Précisément le résultat que Joel Coen avait échoué à atteindre avec son film, The Tragedy of Macbeth.
Défi relevé, le troisième film de Robert Eggers est une immense réussite. Le cinéaste américain délaisse l’horreur graphique et psychologique pour un drame ultra-violent, sans pour autant mettre de côté son style très désaturé et empli d’ésotérisme. Après les huis-clos The Witch et The Lighthouse, l’ambition de sa mise en scène prend du galon. Dès les premières minutes du film, la caméra voltige avec grâce au son d’un rock celtique signé Vessel. La variété des lieux dénote des deux premières œuvres du réalisateur, et bien que celle-ci soit plus grand public, Robert Eggers maintient une posture «arty» savoureuse dans sa manière de diriger ses acteurs.
Justement, le casting cinq étoiles du film se donne à fond pour apporter une atmosphère glauque qui traverse le métrage, Nicole Kidman en tête, qui s’illustre dans un beau contre-emploi. Alexander Skarsgård, armé de sa hache, tout en muscles et surentraîné pour l’occasion, effraie autant qu’il touche, lors de ses scènes avec Anya Taylor-Joy, la muse de Robert Eggers depuis The Witch, qu’on retrouvera dans son prochain film, un remake du Nosferatu de Murnau.
Nathanaël Bentura
NEWS
Jeffrey Dean Morgan affrontera un redoutable mannequin ventriloque dans Felix.
L'acteur de "The Walking Dead" et "Supernatural" continue de miser sur le fantastique. La carrière de Jeffrey Dean Morgan a toujours été étroitement liée à la fantasy avec son apparition dans des titres comme Watchmen ou des séries comme «Supernatural» et «The Walking Dead». Aujourd’hui, Morgan continue de miser sur le genre avec Félix, son nouveau projet, dans lequel il affronte une redoutable poupée ventriloque. Réalisé par John Kissack (Everfall) et produit par Joe Carnahan (Boss Level), le métrage, en préparation, voit Charlie et son ami Jimmy tourner un film avec le rêve de devenir réalisateurs hollywoodiens. Lorsque le père du premier trouve un mannequin ventriloque nommé Felix parmi les affaires de sa défunte mère, Charlie et Jimmy choisissent immédiatement Felix comme le méchant effrayant de leur film. Cependant, à travers une chaîne d'événements de plus en plus sinistres et troublants, la famille découvre que Felix a sa propre volonté et dépend de Charlie et Jimmy pour protéger son peuple de la force sinistre qu'ils ont réveillée.
Sierra McCormick et Jade Pettyjohn seront les co-vedettes du thriller surnaturel Burnouts du scénariste-réalisateur Tim Donner.
Sierra McCormick («American Horror Stories»), Jade Pettyjohn («Big Sky»), Brenna D'Amico (Night Night), Gianni DeCenzo («Cobra Kai») et Bentley Green («61st Street») ont signé pour jouer dans Burnouts, un thriller surnaturel du scénariste-réalisateur Tim Donner, dont le tournage aura lieu à Atlanta cet été. Le film voit un groupe d'adolescents traumatisés sortir d’une affligeante quarantaine, partir pour une retraite bien nécessaire afin de se reconnecter et panser leurs blessures. Une séance va déboucher ensuite sur une soirée où tout peut arriver et arrive…
VOD
SCREAM WEEK *
(Sneekweek) Hollande. 2016. Réal.: Martijn Heijne. (Netflix)
Durant une séance de bizutage pour savoir quel candidat deviendra le nouveau colocataire d’un appartement très convoité, un étudiant décède après être resté trop longtemps dans un jacuzzi rempli d’eau glacée, et les amis décident de cacher les preuves contre eux. Un an plus tard, après la remise des diplômes, les amis partent en vacances pour profiter de la "Sneekweek", sorte de Spring Break à la sauce hollandaise, mais se retrouvent poursuivis par un tueur en série masqué qui les tue à l’aide de divers outils…
Le scénario de ce Scream Week n’a absolument rien de nouveau à proposer, et se contente de réchauffer une recette insipide sans ajouter le moindre ingrédient nouveau. Comme les personnages sont globalement détestables et les meurtres servis sans aucune originalité ni réel savoir-faire, ce film de Martijn Heijne semble bien plus long qu’il ne l’est réellement, d’autant plus que la révélation du whodunit à la Souviens-toi.. l’été dernier manque de saveur et de surprise.
Yann Lebecque