"The Medium", le film qui fait trop peur.
De "Black Widow" à "Blood Conscious", le fantastique explore la réalité contemporaine.
BOX-OFFICE
UNE VEUVE TRÈS JOYEUSE
Black Widow, sorti le 7 juillet dernier en France, a obtenu d’excellents résultat au box-office international. Le film atteindra un montant brut de près de 220 millions de dollars dans le monde lors de son week-end d'ouverture. Il a déjà rapporté 80 millions de dollars au box-office national américain, 78 millions de dollars au box-office international et plus de 60 millions de dollars sur la plateforme Disney + aux USA. Ce coup d'envoi de 80 millions de dollars marque le plus gros box-office national du week-end d'ouverture depuis Star Wars : The Rise of Skywalker en décembre 2019.
FILMS SORTIS
BLACK WIDOW ***
USA. 2019. Réal.: Cate Shortland. SORTIE: 7 JUILLET 2021
Voilà un film en de nombreux points paradoxal, qui est en même temps un rebirth tout en ayant le goût du neuf, récit de transition tout en y mettant le point final, et permettant de retrouver un personnage qu’on croyait bien connaître qui, restait pourtant bien mystérieux, et lève ici un coin du voile. Doit-on rappeler que Natasha Romanoff est née en 1964 sous la plume de Stan Lee et que son apparition au cinéma, interprétée par Scarlett Johansson, s’est faite en 2010 dans Iron Man 2 de John Favreau. Sept films au total, où, toujours remarquable et remarquée, elle n’en était pas moins reléguée à un second rôle. Avec Black Widow, elle accède enfin au premier, permettant de mieux cerner son parcours et sa personnalité.
Pour mettre en piste au premier plan cette héroïne ambigüe, un projet qui remonte pour le moins à 2014, c’est une réalisatrice australienne n’ayant jamais abordé le genre qui a été promue, laquelle s’est tirée du challenge au mieux, aussi à l’aise dans les passages de liaison plus apaisés que dans une action où, cascadeurs et effets spéciaux ayant la part belle, nous avons droit à des séquences étourdissantes, comme la bataille finale dans la “Chambre rouge” du méchant. Film de femmes, Black Widow leur donne bien évidemment la place d’honneur, le duo antagoniste Natasha/Yelena fonctionnant particulièrement bien, cette dernière, interprétée par la nouvelle venue Florence Pugh allant jusqu’à voler la vedette à Scarlett Johansson, d’autant qu’elle est destinée à prendre sa place. On notera enfin que même les ennemies sont des femmes, cf. la horde des Veuves au cerveau possédé par l’infâme Dreykov, l’indestructible robot humain Taskmaster lui-même révélant un visage féminin une fois démasqué. Certes, il est possible de chipoter sur quelques manques ou flous laissant trop d’éléments dans l’ombre (quid des Veuves, qui n’apparaissent que pour être délivrées de leur possession ?), de même que la ligne de récit, délibérément classique et sans vraie surprise, peut faire regretter de plus grandes orgues, ainsi des précédents Avengers. Il n’en est pas moins vrai que ce 24e film de l’univers cinématographique Marvel tient joliment la route.
Jean-Pierre Andrevon
NEWS
PEUR EN PLEINE LUMIÈRE
En Corée, The Medium est projetée lumières allumées pour ceux qui ont peur !
En 2004, de Thaïlande est venu le terrifiant Shutter, la bande réalisée par Banjong Pisanthanakun qui a eu plus tard droit à un remake américain. À présent, Pisanthanakun signe une nouvelle œuvre, The Medium, qui sera projeté cet automne au Festival de Sitges. Le film raconte l’histoire de l’héritage d’un chaman dans la région de l’Isan en Thaïlande. La déesse qui prend possession d’un membre de la famille s’avère n’être pas aussi bienveillante qu’elle en a l’air…
Apparemment, le film fait peur... beaucoup. À tel point qu'en Corée du Sud certaines projections de The Medium se feront vues lumières allumées pour les moins courageux. Plusieurs journalistes qui ont vu le film ont déclaré qu'il était en effet si terrifiant que certaines scènes continuaient de les hanter même à la maison. D'autres prétendent avoir pleuré de peur !
PIÉGÉS DANS LES BOIS
Le film d’horreur italien A Classic Horror Story distribué par Netflix convoque des modèles du genre.
Diffusé sur Netflix depuis le 14 juillet, A Classic Horror Story, de Roberto De Feo et Paolo Strippoli, est un long-métrage d’horreur italien décrit comme la rencontre de Midsommar et Massacre à la tronçonneuse. Dans ce film à suspense macabre, des étrangers voyageant dans le sud de l'Italie se retrouvent bloqués dans les bois, où ils doivent se battre désespérément pour en sortir vivants.
FIGURE D’ESPOIR
Dans un lointain futur, un enfant devient le centre d’intérêt de l’humanité.
Le tournage de The Last Boy on Earth, un nouveau film de science-fiction du réalisateur argentin Nic Onetti (What the Waters Left Behind, Abrakadabra, A Night of Horror : Nightmare Radio, The 100 Candles Game), s’est terminé récemment. Cette coproduction entre l’Argentine et la Nouvelle-Zélande se déroule dans un futur lointain, où un garçon énigmatique devient la figure centrale de la recherche d’un nouvel espoir. Qui est ce gamin ? Pourquoi tout le monde le cherche ? Parfois, il vaut mieux ne pas connaître certaines réponses…
APRÈS LA MORT
Un film d’horreur dévoilant les lendemains d’un massacre en série.
Premier long-métrage de Timothy Covell, auteur et scénariste de plusieurs courts fantastiques depuis 2010, Blood Conscious, décrit comme "une histoire choquante reflétant les tensions raciales et sociales de notre temps" sera diffusé le 20 aout en VOD.
Kevin, sa sœur aînée Britney, et le fiancé de cette dernière, Tony, se rendent dans leur chalet au bord du lac de leurs parents pour une escapade d’un week-end. Mais leurs vacances se transforment en un voyage cauchemardesque alors qu’ils assistent à une scène de meurtres où leurs parents et leurs voisins sont atrocement assassinés. La terreur s’intensifie lorsque le tueur s’en prend à eux, prétendant combattre les forces démoniaques qui les ont possédés. Ils le bloquent et l’enferment dans la cave, mais bientôt il prétend ne pas être seul là-bas. Alors que des événements inattendus et traumatisants continuent de se dérouler, Kevin, Brittney et Tony doivent trouver un moyen de survivre à la nuit sans se retourner les uns contre les autres ou être possédés à leur tour. "J’ai conçu Blood Conscious comme un film qui se déroule le lendemain d’un slasher movie. Mais au lieu d’ouvrir sur le seul survivant d’un massacre sur un terrain de camping, nous nous concentrons sur la famille qui le trouve, mettant en mouvement une chaîne de paranoïa qui conduit à encore plus d’effusion de sang au cours de la nuit qui suit. Bien qu’il serait inexact de dire que Blood Conscious concerne une race en particulier, le racisme est très présent tout au long du film".
VOD
BAD DREAMS***
(Come True) Canada. 2020. Réal. et scén.: Anthony Scott Burns. (Google Play, Orange, Microsoft, YouTube, Rakuten TV, Apple TV, Amazon)
Sarah, une lycéenne ayant de gros problèmes se sommeil décide de s’inscrire pour une étude scientifique. Mais plus que le repos, ce sont les cauchemars qui semblent intéresser les chercheurs qui ont réussi à mettre au point une machine capable de retranscrire les images depuis le cerveau des cobayes. Très vite, Sarah est sujette à des effets secondaires inquiétants qui la poussent à quitter le programme, mais il est peut-être déjà trop tard…
Après un segment de l’anthologie Holidays et le long-métrage pour Amazon Notre maison, Anthony Scott Burns trousse un nouveau film d’horreur qui prend le temps d’installer l’épouvante et l’angoisse, en s’appuyant sur l’image classique du cauchemar. Cependant, loin d’abuser des jump scares et des démons revenant hanter les vivants en passant par un canal onirique, il imagine la peur d’être plongé dans ses terreurs nocturnes ou de les vivre par procuration. Il parvient surtout à proposer une vision très personnelle de ce sujet, créant une ambiance unique, évoquant certes l’univers de Cronenberg à travers cette technologie qui semble issue des années 80 et la paranoïa de Philip K. Dick cité ouvertement, mais il en tire un résultat très original. Peu à peu, il brouille la frontière entre réalité et fantasme, faisant entrer d’horribles rêves dans le quotidien et plongeant les personnages dans un monde irréel. Il s’appuie également sur le visage étrange et le talent de son actrice principale, Julia Sarah Stone (The Unseen), qui apporte beaucoup à l’ensemble. Si toutes les réponses ne sont pas données, nul doute que la mise en image des questions vaut réellement le détour.
Yann Lebecque
FEAR STREET – PARTIE 1 : 1994 ***
(Fear Street) USA. 2021. Réal.: Leigh Janiak. (Netflix)
La petite ville de Shadyside dans l’Ohio vit dans l’ombre de son opulente voisine Sunnyval et subit depuis le XVIIe siècle l’influence d’une sorcière, Sarah Fier, ayant juré de se venger après avoir été pendue. Alors que trente ans se sont écoulés sans le moindre crime de sang dans la ville, un massacre a lieu dans un centre commercial, annonçant le retour des heures sombres. Cinq lycéens se retrouvent alors sans le vouloir au cœur de la malédiction, poursuivis par les tueurs des décennies précédentes.
S’inspirant des slashers des années 90 et notamment du fleuron du genre que reste Scream à travers son premier tueur déguisé en squelette d’Halloween, le visage caché par un masque en forme de crâne, Fear Street 1994 nous replonge dans l’ambiance de cette époque à travers les décors, costumes et musiques, et s’avère une parfaite madeleine de Proust. En adaptant à l’écran les écrits de R.L. Stine (Chair de poule), la réalisatrice Leigh Janiak (Honeymoon) signe un bon film d’horreur pour adolescents, souffrant certes d’une entrée en matière un peu longue, mais sachant s’appuyer sur des personnages intéressants. La dernière partie du métrage s’avère de plus très sanglante, avec d’efficaces effets spéciaux et quelques morts originales. Cependant, ce film n’en est pas vraiment un, puisqu’il se termine sur une chute appelant à enchaîner directement avec la suite qui nous enverra en 1978…
Yann Lebecque
FEAR STREET – PARTIE 2 : 1978***
(Fear Street 1978) USA. 2021. Réal.: Leigh Janiak. (Netflix)
On retrouve dans ce deuxième volet les survivants là où on les avait laissés, en compagnie de celle qui a réussi à échapper à la malédiction de la sorcière depuis le massacre du camp de vacances de 1978. Après avoir refusé de leur venir en aide, elle accepte de leur raconter les événements sanglants qui se déroulèrent là-bas. Et quels événements !
On se retrouve plongé dans un slasher des plus classique, inspiré directement par Vendredi 13 et autres films de l’époque, costume et musique en prime, avec, il faut le souligner, des effets spéciaux dignes du XXIe siècle et des mises à mort extrêmement spectaculaires. On s’étonne du fait de voir autant d’enfants mourir, un tabou qui n’est en rien respecté avec ce film ! Le suspense fonctionne de bout en bout, et même si le secret de sorcière est révélé de façon un peu trop évidente – il aurait été difficile de mener une enquête complexe alors qu’un tueur armé d’une hache expédie ad patres tous ceux qui se mettent sur sa route ! –, mais permet d’étoffer la mythologie de cet univers. Si tous les ingrédients d’un bon slasher son réunis, on ne peut s’empêcher de regretter malgré tout le manque d’originalité de l’ensemble, avec une fin de nouveau ouverte sur l’ultime volet, qui nous fera vivre les derniers instants de la sorcière Sarah Fier.
Yann Lebecque