Spawn revient de l'enfer grâce au nouveau maître de l'horreur
Free Guy vaut son pesant de popcorn et Netflix ouvre une fenêtre sur le fantastique à l'italienne.
NEWS
UN HÉROS POUR JASON BLUM
Le producteur confirme le prochain retour de Spawn sur les écrans.
Le remake de Spawn, envisagé depuis 2013, est toujours d’actualité, le scénariste Brian Tucker (Broken City) ayant été embauché pour réécrire le script. "Cela a pris plus de temps que je ne l’espérais pour que l’histoire soit correcte", révèle producteur, Jason Blum, "mais nous y travaillons toujours. Ça va être très différent. Ce qui m’a excité, c’est que Spawn est en quelque sorte la dernière grande bande dessinée inexploitée. Cela semblait donc être une opportunité incroyable.".
SORTIES EN SALLES
FREE GUY (USA, 2021) ****
Réal.: Shawn Levy.
Guy est un employé de banque pour qui tout est super, même quand son lieu de travail est braqué par des bandits très caricaturaux. Ce qui arrive chaque martin à la même heure, car Guy revit chaque jour exactement les mêmes événements, à commence par la bise à son poisson rouge. C’est qu’en réalité il n’existe pas, n’étant qu’un PNJ (personnage Non Joueur), à savoir une créature informatique, un des multiples figurants du jeu Free City, où chaque joueur s’incarne dans un avatar de son choix. Seulement la rencontre avec l’avatar d’une joueuse, Millie, qui se trouve être une des deux créatrices du jeu avec son copain Keyes, va peu à peu le doter d’une conscience, donc d’une véritable autonomie. Au premier degré, le film de Shawn Levy s’appuie sur nombre de références obligées et toutes excellentes : Un jour sans fin pour la répétition en boucle d’une seule et même journée, The Truman Shaw pour ce personnage qui ne sait pas qu’il n’est qu’un pion manipulé, Ready Player One pour cet aller et venue entre l’univers réel et un monde factice qui, pour ses participants, a toutes les apparences de la réalité. Parfaitement intégrées, ces références fonctionnent d’une part àcause de leur traitement, une fantaisie débridée où s’enchaînent des séquences souvent très drôles (attaqué par une brute nommé Duke – allusion à John Wayne ? – Guy se défend avec le bouclier de capitaine America et le poing de Hulk) et le décor transformiste de Free City qui, suivant qu’on porte ou non des lunettes de réalité augmentée, change de forme, le plus spectaculaire étant l’écroulement en paillettes scintillantes des buildings-décors à mesure qu’Antwan, le méchant qui a piraté le jeu, détruit les logiciels qui à coups de hache. Ryan Reynold, ahuri à souhait, et Jodie Comer, aussi à l’aise en blonde informaticienne du réel qu’en brune avatar du nom de " Molotovgirl ", portent avec aisance ce récit cyberpunk en rose qui contient quand même une critique sous-jacente de l’univers des jeux, de leurs participants et la société américaine tout entière, car que cherchent en fait les joueurs à travers leur avatar ? Accumuler les meurtres sans danger au fusil d’assaut et au bazooka. Ce à quoi Millie et Guy mettront bon ordre en recréant une ville paisible, écologique avec leurs bâtiments végétalisés, et où rôdent, rêve de tout un chacun, de pacifiques dinosaures. Mais pour fois qu’un film de SF se permet d’opter pour une fin optimiste, on ne va pas s’en plaindre…
Jean-Pierre Andrevon
ESCAPE GAME 2 : LE MONDE EST UN PIÈGE (USA, 2021) *
Réal. : Adam Robitel.
Le film démarre sur un montage de séquences du précédent (2019), issues des cauchemars que fait Zoe, une des deux rescapés du jeu mortel qui, avec le second survivant, Ben, est bien décidée à débusquer son responsable, connu seulement sous le nom de Minos. Fatale erreur. Surveillés à leur insu, Zoe et Ben se voient précipités dans une nouvelle phase du jeu alors qu’ils se trouvent dans un métro supposé être normal, alors que c’est la première pièce des pièges auxquels ils devront échapper, en compagnie de quatre autres personnes, deux hommes et deux femmes, qui eux-mêmes sont les survivants de parties antérieures. À part l’espoir d’un succès renouvelant l’accueil fait à la première mouture, on peut se demander le pourquoi de cette suite, qui reprend les mêmes éléments (le feu, l’eau, la terre) en beaucoup moins convaincants – qu’on pense à cette longue séquence dans une fausse banque où les joueurs malgré eux doivent trouver un code chiffré pour échapper à des rayons laser croisés ou, sur une plage, ces sables mouvants qui engloutissent un joueur mais sont bien mal réalisés. Le suspense (qui va mourir, qui va provisoirement se tirer d’affaire ?) ne fonctionne pas tant les participants restent des silhouettes, et on n’échappe pas à la traditionnelle séquence de clôture ou la dernière survivante, dont on a bien entendu deviné l’identité depuis le début, croit avoir retrouvé la sécurité, sauf qu’un troisième film l’attend au tournant. Si on ne s’ennuie pas, et c’est bien le moins, on pense constamment à Méandres, de Mathieu Turi, qui réussissait ce qui ici échappe à peu près complètement aux quatre scénaristes employés.
Jean-Pierre Andrevon
FILMS EN VOD
A CLASSIC HORROR STORY***
Italie. 2021. Réal.: Roberto De Feo, Paolo Strippoli. (Netflix)
Cinq personnes se retrouvent dans un camping-car pour un voyage en covoiturage, le conducteur animant un road trip vidéo s’avérant chaleureux et amical. Mais en cours de route, en pleine nuit, ils ont un accident et percutent un arbre sur le bord de la chaussée. Lorsqu’ils reprennent conscience, cependant, ils se trouvent dans une immense clairière au milieu d’une forêt, leur véhicule s’étant déplacé sans aucune explication logique. Devant eux se dresse une étrange maison de bois décorée autour de la légende de trois démons promettant l’abondance en échange de sacrifices humains. Les cinq inconnus vont alors devoir tenter de s’entendre s’ils espèrent survivre au cauchemar qui s’annonce…
Si Paolo Strippoli effectue ses premiers pas dans le long-métrage, on connait déjà Roberto De Feo pour le film d’horreur Le Domaine (également disponible sur Netflix). Il s’y entend pour créer une atmosphère d’épouvante et apprécie les effets gore insoutenables (chevilles brisées à coup de maillet, yeux crevés dans une machine infernale, oreilles coupées…), mais fait reposer le film sur le mystère entourant les étranges bourreaux et le lieu infernal où se retrouvent les proies. La conclusion ne comblera sans doute pas tout le monde du fait qu’elle manque d’un peu de crédibilité d’une part, et ne représente pas une surprise à la hauteur de la promesse, même si le regard critique posé sur le public du cinéma de genre et les aléas des productions actuelles ont un certain intérêt. Cependant, le chemin qui y mène satisfait à toutes les exigences de ce type de films – et notamment celles imposées par le titre – et les acteurs sont irréprochables dans leur registre, à commencer par Matilda Lutz, dont on avait déjà vu le talent dans Revenge de Coralie Fargeat. Le tout remplit donc son office et saura rassasier les amateurs de sensations fortes et d’effets sanglants efficaces.
AFTERMATH**
USA. 2021. Réal.: Peter Winther. (Netflix)
Pour repartir sur de nouvelles bases, Nathalie et Kevin, un jeune couple, s’installent dans une maison qu’il a repérée. Il travaille en effet comme nettoyeur sur les lieux de crime, et cette maison a été le théâtre d’un meurtre et d’un suicide, et est donc proposée à un prix défiant toute concurrence. Hélas, une installée, Nathalie est témoin d’événements étranges : des objets disparaissent, d’autres changent de place, et elle est persuadée que quelqu’un rôde dans les pièces, sans que le système de sécurité ne parvienne à le surprendre… Tout le monde, à commencer par Kevin, commence à douter de son état de santé mentale, mais elle est certaine que sa vie est en danger.
Jouant sans cesse entre le film d’intrusion et l’histoire de fantôme, Aftermath, «inspiré de faits réels»,a cependant du mal à convaincre, la faute à une fausse bonne idée de départ. En effet, les scénaristes peinent terriblement à rester cohérents sur la durée, et beaucoup de faits se contredisent. Ces incohérences et grosses ficelles finissent par gâcher ce thriller horrifique. Aftermath ne peut guère compte que sur la présence d’acteurs plutôt compétents.
RUST CREEK**
USA. 2018. Réal.: Jen McGowan.(Netflix)
Devant passer un entretien, Sawyer, une étudiante, prend la voiture et apprend que l’autoroute est totalement embouteillée à cause du trafic exceptionnel de Thanksgiving. Qu’à cela ne tienne, elle emprunte les petites routes et s’en remet à son GPS. Bientôt perdue au milieu de nulle part, elle rencontre deux frères qui lui offrent tout d’abord de l’aider avant de lui sauter dessus. Mais la jeune fille n’est pas sans ressources, et elle parvient à s’enfuir, blessée à la cuisse. S’ensuit une partie de chasse dans la forêt… Suivant à la lettre la recette éprouvée du survival avec une jeune femme fragile mais courageuse et une bande de rednecks violents, Rust Creek fait montre d’un certain savoir-faire. Les acteurs sont convaincants, et l’on ne s’ennuie jamais. L’ensemble tient debout grâce à une réalisation maîtrisée et une interprétation solide, mais cela ne permet pas au long-métrage de se distinguer des innombrables titres du genre que l’on a pu croiser ces dernières années.
Yann Lebecque