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KNOCK AT THE CABIN ***
U.S.A. 2023. Réal.: M. Night Shyamalan.
Assise à même le sol, au milieu d’une forêt, une petite fille joue à capturer des insectes dans un bocal et à noter leurs caractéristiques dans un carnet. Au loin, un homme surgit soudain d’entre les arbres. On reconnait bien vite la silhouette et la puissance physique de Dave Bautista. Voilà qu’il s’approche de la fillette, et entame la discussion. La caméra penche. Le monde vacille. Cette entrée en matière, au naturalisme cru et terrifiant, hantera Knock at the Cabin durant chacune de ses 105 minutes, autant comme une des meilleures ouvertures qu’ait jamais filmées Shyamalan que comme, hélas, une promesse pas entièrement tenue. Car s’il ne manque ni de l’honnêteté ni du savoir-faire du cinéaste d’Incassable en matière de mise en scène, le long-métrage que ce prologue initie semble tout aussi ligoté à son postulat de départ que ses personnages à leur chaise. Postulat fondé, comme souvent chez le réalisateur, sur l’opposition entre croire et ne pas croire. nous apprenons en effet que cet homme, nommé Léonard, est venu avec trois compagnons annoncer à une famille homoparentale qu’elle est le dernier rempart entre l’humanité et l’Apocalypse.
À l’instar de son travail dans Split, le dispositif en huis-clos lui permet de mettre les personnages et les spectateurs sur un pied d’égalité face à la venue progressive de l’extraordinaire (la naissance de la Bête dans le film porté par James McAvoy, la fin du monde dans celui-ci), enfermés comme dans une dimension parallèle, sans autre lien avec le monde extérieur qu’un écran de télévision. Ce dernier nous dévoile en direct les catastrophes en cours, dans un habile jeu de mise en scène entre champ et hors champ, entre le dedans et l’au-dehors (les séquences apocalyptiques telles que ce tsunami ou ces crashs d’avions sont à ce titre spectaculaires). Mais malgré cela, le film demeure paradoxalement moins immersif que les précédents opus du maître du thriller. Très théorique, il ne parvient pas à dépasser son concept initial pour nous emmener ailleurs, et n’atteint donc pas le vertige et la virtuosité de Signs ou Phenomens pour ne citer qu’eux. Peut-être Night n'est-il jamais meilleur que lorsque ses scripts sont adaptés de son seul esprit (celui-ci est inspiré du roman de Paul G. Tremblay «The Cabin at the End of the World»). Sa plus grande réussite ici est de donner à voir ce qui ressemble à la meilleure performance de la carrière cinématographique de Dave Bautista. Si ses quelques beaux moments en Drax et ses apparitions physiques, animales, chez Denis Villeneuve dans Blade Runner 2049 et Dune ont confirmé depuis longtemps qu’il est le meilleur acteur-catcheur depuis Ventura, ce quinzième geste de Shyamalan fait de lui un grand comédien dramatique tout court. Une prestation pleine de nuances entre douceur et monstruosité, qui vaut à elle seule le déplacement.
Jérémie ORO
FILMS EN VOD
MAD HEIDI ***
Suisse. 2022. Réal.: Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein. (Shadowz).
Dans une Suisse dystopique gouvernée par un dictateur producteur de fromage, Heidi vit seule avec son grand-père dans une maison isolée au beau milieu de la montagne. La jeune fille fréquente un certain Pierre, un chevrier dont elle est éperdument amoureuse. Mais quand ce dernier, pris en flagrant délit de trafic de produits laitiers, est assassiné par les forces de l’ordre, Heidi voit rouge et décide de venger son bien-aimé.
La petite fille des Montagnes née de l’imagination de l’écrivaine Johanna Spyri n’est plus ce qu’elle était. Comme en témoigne Mad Heidi, production déjantée réalisée par Johannes Hartmann et Sandro Klopfstein, qui malmène la célèbre héroïne pour en faire une femme revancharde et sanguinaire. Et le résultat, pour les amateurs de gore, est tout simplement enthousiasmant. Les deux cinéastes, dont c’est le premier long-métrage de fiction, n’y vont pas avec le dos de la cuillère et clament haut et fort leur amour du cinéma de genre et d’exploitation en particulier. Dès les premières images, les références aux films Grindhouse sont affichées et le décor, celui d’une Suisse sous l’emprise d’un tyran qui traque les citoyens allergiques au lactose, est rapidement planté. Dès lors, le tandem de réalisateur se lâche littéralement et développe avec gourmandise son penchant pour le gore et le mauvais goût. Qu’ils déclarent leur amour pour les films de femmes en prison et de Nazisploitation ou qu’ils explosent des crânes, qu’ils assument le côté ouvertement outrancier de leur humour ou qu’ils lorgnent vers le cinéma d’action, Hartrmann et Klopfstein témoignent d’une bonne humeur et d’une passion contagieuses et n’hésitent pas à tourner en dérision le folklore helvétique. La galerie de personnages qui peuplent cette série B est, en outre, savoureuse, à commencer par le président de la Suisse, campé par un Casper Van Dien, en claquettes/chaussettes et tout de rouge vêtu, en roue libre. Portée par des effets visuels de bonne facture, Mad Heidi, petite production née du financement participatif et récompensée dans différents festivals (dont celui de Bruxelles), réjouira à coup sûr les amoureux d’œuvres sanglantes et hors circuit, comme seul le cinéma indépendant sait en produire.
DARBY AND THE DEAD ***
(Darby Harper Wants You to Know). USA. 2022. Réal.: Silas Howard. (Disney+).
Ayant échappée à la mort étant enfant et possédant depuis le don de communiquer avec les défunts, Darby, une lycéenne introvertie et solitaire, met son pouvoir au service des fantômes ayant encore des affaires à régler sur Terre avant de disparaitre à jamais. Mais quand Capri, la fille la plus populaire de l’école, meurt bêtement électrocutée et demande à Darby de l’aider à convaincre ses amies d’organiser une fête en son honneur, les ennuis de la jeune médium ne font alors que commencer…
Produite par la Fox et diffusée sur Disney+, Darby and the Dead est une comédie romantico-fantastique qui atteint sans mal son but, à savoir divertir le public adolescent auquel elle est destinée. Réalisé par Silas Howard, qui jusqu’ici a principalement œuvré dans le domaine des séries TV, ce métrage remplit en effet le cahier des charges et, mariant les genres avec entrain, génère la sympathie. En quelques minutes, le réalisateur plante le décor et donne le ton : la protagoniste principale s’adresse face caméra au spectateur et explique son quotidien mais aussi ses pensées et son ressenti. La vision qu’elle a de ses congénères et de la vie lycéenne en générale est assez drôle tout comme la galerie de personnages, volontairement stéréotypés, qui donnent vie à cette histoire. Une histoire qui, parfaitement rythmée, donne lieu à quelques scènes réellement amusantes notamment quand le fantôme de Capri que seule Darby peut voir évidemment, intervient (cf. la séquence avec les chaises dans le self du lycée). L’humour n’est jamais lourd ou vulgaire et pose un regard assez juste sur les jeunes et leurs relations aux réseaux sociaux. L’interprétation s’avère, en outre, de qualité à commencer par Riele Downs, qui campe une héroïne attachante. Si le scénario, dans sa partie romantique, est cousu de fil blanc, l’ensemble reste suffisamment bien exécuté pour faire de Darby and the Dead, un teen movie aussi agréable que dénué de prétention.
VIKING WOLF ***
(Vikingulven). Norvège. 2022. Réal.: Stig Svendsen. (Netflix).
Thale, une adolescente de 17 ans, emménage avec ses parents dans une petite ville de Norvège où sa mère est embauchée par la police locale. Lors d’une fête à laquelle elle assiste, la jeune fille est témoin d’un meurtre sauvage. Elle devient dès lors la proie d’étranges visions et sent peu à peu son corps se transformer…
Netflix aime le fantastique norvégien. Et on ne peut que s’en féliciter. Après Troll, qui revisitait les films de Kaiju à la mode scandinave, voici que débarque sur la plateforme Viking Wolf, une série B réjouissante réalisée par Stig Svendsen et qui, pour sa part, offre une relecture du mythe du loup garou. Si l’histoire de cette ado, prête à passer dans l’âge adulte et mordue par un lycanthrope, est très classique dans son déroulement, le métrage est parfaitement exécuté et s’avère à l’arrivée très divertissant. À la croisée des chemins entre Teen Wolf et Ginger Snaps, Viking Wolf aborde, à sa façon, le sujet de la fin de l’adolescence et ce, tout en respectant les codes du genre. Nuits de pleine lune, balles en argent, morsures, contamination…Tous les ingrédients sont bien présents, comme la classique séquence de transformation qui, s’avère, ici, assez réussie. Démarrant sur les chapeaux de roue avec une séquence d’ouverture se situant à l’époque des Vikings (d’où le titre), le film plonge directement le spectateur au cœur de l’action. Tirant profit des paysages norvégiens, le réalisateur parvient à instaurer une atmosphère sombre et quasi onirique qui colle parfaitement au sujet. Si certaines scènes sanglantes à souhait ponctuent le récit, l’ensemble n’est pas dénué d’humour loin de là, comme en témoignent quelques personnages décalés (cf. le vétérinaire), tous interprétés par des comédiens convaincants. S’appuyant sur des effets spéciaux (physiques et numériques) de très belle facture et sur une mise en scène aussi solide que rythmée, Viking Wolf, avec son dénouement surprenant, est une œuvre qui, à défaut de renouveler le thème, le sert de fort belle manière, avec respect et passion.
Erwan BARGAIN