Sam Raimi revient en force avec "Dr Strange"
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NEWS
Doctor Strange in the Multiverse of Madness déferle sur les box-offices du monde entier !
Le film réalisé par Sam Raimi a récolté 450 millions de dollars dans le monde lors de son week-end d'ouverture au box-office. Parmi ceux-ci, 185 millions ont été réalisés aux États-Unis et le reste au box-office international.
Vous trouverez un dossier complet sur le film dans le nouveau Reboot de L’Ecran Fantastique en vente ces jours-ci…
FILMS SORTIS
DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS *****
USA. 2022. Réal.: Sam Raimi.
Pour nous résumer : c’est le 28e film tiré de l’écurie Marvel, et le sixième où apparaît le Docteur Strange, créé en 1963 par Stan Lee, avec Benedict Cumberbatch dans le rôle, mais le second seulement où il tient la vedette. Puisque, dès le titre, il est question de multivers, cet enchevêtrement d’univers parallèles dissemblables, dont la science commence sérieusement à croire en leur existence, on y plonge dès l’entrée à la suite du bon docteur qui, en compagnie d’America Chavez, gamine seule capable de passer d’une dimension à l’autre, tente désespérément de mettre la main sur un livre sacré, clé de la survie de notre monde. Cette entrée en matière, où l’impression est d’avoir été projeté dans plusieurs toiles de Dali en mouvement, et que suit le réveil en sueur de Strange (eh oui, ce n’était qu’un rêve !) synthétise la méthode du métrage où Sam Raimi, qui avait su si bien, dans ses trois Spider-Man, humaniser l’homme-araignée, applique le même traitement au magicien. On ne va donc pas s’étendre sur les multiples multivers traversés, souvent trop rapidement alors qu’on aimerait s’y attarder, comme cette brève vision d’une Terre-bis fracassée prise dans les rets d’une ère glaciaire, ni sur les combats féroces où s’affrontent bons contre méchants, bons contre monstres (le gigantesque Octopus cyclope qui ouvre le film en ravageant tout un quartier vaut le coup d’œil), ou bons contre bons, ce qui est le tout-venant des comics usant, et souvent abusant, d’éclairs et de foudre en boule projetés à tout va. Loin d’être une succession sans âme de morceaux de bravoure – et pourtant ils sont légion ! – le film s’attarde à traquer les douleurs et les failles de Strange, lequel a perdu sa jeune sœur dans sa jeunesse et ne se le pardonne pas et, au présent, a été repoussé par Christine, la femme qu’il aime et se marie sous ses yeux. Pas étonnant alors que la question «Est-tu heureux ?» revienne si souvent, prolongeant la fameuse doctrine énoncée dans Spider Man, «de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités», où il faut ajouter : sauver le monde ne suffit pas. Et il n’est pas jusqu’à la super-méchante, Wanda la Sorcière Rouge, aux pouvoirs plus étendus encore que ceux de Strange, qui a toute ses raisons de poursuivre America Chavez d’univers en univers car… la suite à l’écran. Les drames humains, complexifiés par le fait qu’il est possible d’être mort dans un univers et vivant dans un autre donnent ici un poids rarement atteint dans un comic, Benedict Cumberbatch étant parfait de profondeur comme de sobriété dans un rôle qui ne se limite pas à faire des tours de magie, parfaitement entouré qu’il est de la terrible sorcière (Elizabeth Olsen) et de la douce Christine Palmer (Rachel McAdams), qui rivalisent de charme, la nouvelle venue Xochitl Gomes en America ajoutant un peu de pilent à ce trio.
Si l’on ajoute que les trouvailles esthétiques regorgent (les notes d’une portée de musique s’envolant en flammèches, le pentagramme lumineux que Strange assemble autour de lui en s’entourant de toutes les bougies d’une cathédrale), que les clins d’œil à l’actualité ne sont pas oubliés (la Sorcière rouge qui, d’un geste, transforme un verger fleuri en une plaine de cendre pour rappeler les dommages de l’environnement, ou la petite America présentant «ses deux mères»), le rappel qu’on est bien dans la grande famille Marcel avec l’apparition-surprise du professeur Xavier dans sa chaise roulante (Patrick Stewart bien sûr) et sans oublier la double chute finale de tradition introduisant un nouveau personnage, voilà ce qu’il est convenu d’appeler un sans-faute.
JEAN-PIERRE ANDREVON
FILMS EN VOD
BEYOND THE INFINITE TWO MINUTES ***
(Droste no hate de bokura) Japon. 2020. Réal.: Junta Yamaguchi. (Shadowz)
Alors qu’il rentre dans son appartement au-dessus de son restaurant, Kato se rend compte que l’écran situé dans l’établissement au rez-de-chaussée et celui de sa chambre sont décalés de deux minutes dans le temps. Après un moment de stupeur après avoir discuté avec son "lui" du futur, il entre dans une sorte de boucle temporelle. Les choses se compliquent à mesure que ses amis et connaissances arrivent et découvrent cette merveille de science-fiction. Au point d’apprendre qu’il n’est pas toujours bon de jouer avec le continuum espace-temps !
Le thème du paradoxe temporel est central au cinéma, bien évidemment, mais Junta Yamaguchi et son scénariste Makoto Ueda parviennent à renouveler le genre avec une belle énergie. Tourné en un seul plan-séquence que l’on imagine être un casse-tête logistique pour régler les dialogues entre les différentes temporalités, Beyond the Infinite Two Minutes est un véritable exercice de style des plus réjouissant, poussant au bout son excellente idée de départ. Car que représentent deux malheureuses minutes dans une existence ? Ils exploitent ce point au maximum, s’amusant visiblement beaucoup à imaginer les conséquences qu’aurait une telle "invention". La mise en scène, minimaliste, tient plus du théâtre filmé (avec un smartphone) qu’à du "vrai" cinéma, mais colle parfaitement au concept minimaliste de l’entreprise. Pas d’effets spéciaux, pas de technologie d’avant-garde, on est plus proche d’une plaisanterie élaborée que d’un morceau d’anthologie de hard science. Cependant, il se dégage de l’ensemble suffisamment d’amour du genre et d’honnêteté pour que l’on salue ce projet comme il se doit.
BUBBLE **
Japon. 2022. Réal.: Testuro Araki. (Netflix)
Dans un futur indéterminé, une catastrophe inexpliquée a frappé Tokyo, coupant la ville du reste du monde : après une étrange pluie de bulles, la ville a été enfermée dans un dôme ou les lois de la gravité ne s’appliquent plus réellement. Vidée de ses habitants, elle n’est plus occupée que par des adolescents fans de parkour qui s’affrontent entre équipes dans des courses folles de toit en toit, pour gagner de quoi subsister. L’un d’eux, Hibiki, jeune solitaire qui souffre des bruits, champion de la catégorie, a un accident et rencontre une jeune fille, véritable sirène, qu’il prénomme Uta. Mais cette dernière est rappelée par le monde d’où elle vient, et Hibiki va tout faire pour la garder avec lui…
Improbable croisement entre Akira de Katsuhiro Otomo, La petite sirène d’Andersen, Ponyo sur la falaise d’Hayao Miyazaki et le sport extrême, Bubble est plutôt inclassable, jouant sur plusieurs tableaux au point de perdre le spectateur. Certes, l’animation est réussie – on doit à son réalisateur des épisodes de L’Attaque des titans ou de Death Note –, mais on reste quelque peu perplexe devant ce grand vide mélangeant SF, fantastique et comédie romantique. Pas désagréable et ne méritant certainement pas une bulle, il n’en demeure pas moins un peu creux au final.
THEY LIVE IN THE GREY **
USA. 2022. Réal. et scén.: Abel Vang, Burlee Vang. (Shadowz)
Claire, chargée d’enquêter sur des affaires de maltraitances d’enfant, fait la connaissance d’une famille dont la fille semble être victime de mauvais traitements chez elle. Très vite, cependant, Claire a des doutes sur les conclusions de l’école. En effet, elle est capable de voir les morts, et sent dans la maison une présence hostile… Comme la mère de l’enfant la supplie de l’aider, Claire accepte d’essayer de contacter l’esprit, alors qu’elle souffre elle-même de la mort de son fils qui a mis un terme à son couple.
Après Bedeviled, les frères Vang signent un nouveau film d’horreur, troquant leur thème technophile (une appli maudite téléchargée sur téléphone) pour le genre bien plus classique de la maison hantée. Si la photographie et l’interprétation des acteurs sont dignes d’un long-métrage de cinéma, le scénario peine pour sa part à passionner. Le rythme très lent aboutit à une durée inutilement longue, l’impression de langueur étant encore renforcée par l’absence de terreur. Quant à la "surprise" finale, elle ne parvient pas à justifier la longueur du film, tout comme les flashbacks sur la mort du fils qui n’apportent rien à l’ensemble. Un film aussi beau qu’ennuyeux.
CAMA-CRUSO **
France. 2021. Réal.: Dando. 1h29. (Shadowz)
Marie, une journaliste indépendante, s’intéresse au gîte de la Came-Cruse qui fait sa promotion à travers des affiches dans Paris, à première vue idylliques, mais qui cachent des détails inquiétants : sourires crispés, pupilles dilatées, poignets portant des traces de liens… À travers le site internet du gîte et de vidéos postées sur TikTok, elle commence à penser qu’il s’agit d’un "ARG", Alternate Reality Game, jeu vidéo qui intègre une narration à la réalité et pousse les joueurs à mener leur propre enquête. Mais si tout cela était réel ? L’originalité de Cama-Cruso est d’utiliser un véritable ARG ayant réuni des centaines de participants en France durant l’année 2021 pour produire un film mêlant fiction et éléments de la réalité (à travers les interactions via TikTok et le site internet du gîte qui existe bel et bien) pour nous proposer un found-footage plus immersif que la plupart des productions du genre. Hélas, avec un budget des plus restreints, il ne faut pas s’attendre à des miracles, et au-delà de la performance indéniable de la démarche, d’un strict point de vue cinématographique, on se retrouve face à un long-métrage classique à la trame qui manque d’originalité et ne tient pas totalement ses promesses, même si l’actrice principale se montre pleine d’énergie et très attachante. Il faut saluer en tout cas cette démarche qui traduit l’envie d’essayer de nouvelles choses.
Yann LEBECQUE