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"The Batman": l'intrigue officielle du film
Si rien ne l'empêche, le 4 mars prochain arrivera sur les écrans The Batman, le nouveau titre DC dans lequel Robert Pattinson devient le héros masqué de Gotham City prenant le relais d’acteurs tels Michael Keaton, Christian Bale ou Ben Affleck.
La Warner a publié un scénario officiel pour le film : « The Batman est un thriller bourré d'action qui raconte l'histoire des premières années de Batman enquêtant sur un mystère qui terrorise Gotham alors qu'il essaie de contrôler sa colère. Robert Pattinson offre un portrait austère de Batman comme un justicier désespéré qui découvre que la colère qui le consume ne le rend pas meilleur que le tueur en série qu'il recherche ».
Aux côtés de Robert Pattinson figurent dans le film Paul Duno dans le rôle d’Edward Nashton (alias Enigma), Zoe Kravitz en tant que Selina Kyle (alias Catwoman), Andy Serkis campant Alfred, Jeffrey Wright James Gordon, John Turturro Carmine Falcone et Colin Farrell en tant que Oswald Cobblepot (alias Le Pingouin).
FILMS SORTIS
LES ÉTERNELS ****
(The Eternals). USA. 2021. Réal.: Chloé Zhao.
Avec Les Éternels, Marvel Studios remporte un double pari d’audace : porter à l’écran une des équipes de super-héros les plus méconnues de la fameuse Maison des Idées fondée par Stan Lee et apporter une véritable bouffée de fraîcheur et d’humanité dans un blockbuster de grande ampleur. La concrétisation d’une telle réussite est ici en partie due à l’implication de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao (oscarisée cette année pour le drame No Man’s Land), autrice à part entière qui dresse avec ce troisième film de la Phase 4 du MCU une fresque épique à travers les âges de l’humanité, mâtinée de science fiction dramatique et de combats titanesques. Suivant un groupe d’une dizaine de demi-dieux (les Éternels du titre) envoyés sur Terre au temps jadis par la race des Célestes – créateurs de l’univers dans son entier – afin de protéger les humains de redoutables adversaires nommés les Déviants, ce vingt-sixième métrage de la saga ici inspiré des héros inventés en 1976 par le dessinateur Jack Kirby se démarque de ses prédécesseurs par un usage des scopes bien plus intimiste et une photographie quasiment naturelle embellissant les vastes paysages et décors d’époque où les Éternels traîneront sans relâche leur immortalité jusqu’à nos jours et non sans questionnements.
Chloé Zhao maîtrise tout à fait les grands thèmes relatifs aux surhumains, et à la manière de Zack Snyder avec son Superman dans Man of Steel (2013), les grands pouvoirs et responsabilités de nos héros sont ici largement questionnés et remis en perspective dans un contexte humain, très largement porté sur l’émotion. Peu de films traitent d’immortalité avec autant de finesse que Les Éternels qui, sur deux heures et trente cinq minutes de récit, offre aux spectateurs un véritable voyage, visuel et moral, empruntant aussi bien au péplum qu’au space-opera, en passant par le blockbuster super-héroïque, la comédie musicale bollywoodienne, le feel good movie et la romance dramatique. Pour maintenir cet équilibre précaire sur le papier et ramener les grands desseins divins des personnages à des raisonnements humains, voire profondément humanistes, la distribution du film est absolument essentielle et accomplit de véritables miracles. Aux solides Richard Madden et Kit Harrington (Game of Thrones) s’ajoutent l’espièglerie de la jeune Lia McHugh, la bluffante Lauren Ridloff (comédienne sourde-muette vue dans «The Walking Dead»), les attachants Kumai Nanijani et Bryan Tyree Henry et les valeurs sûres d’autorité bienveillante que sont Salma Hayek et Angelina Jolie, un ensemble de comédiennes et comédiens varié, de toutes origines et orientations, représentatifs du panel humain dans son entier, aussi complets ensemble que leurs pouvoirs, personnels à chacun, sont complémentaires, se déchaînant dans des séquences de combat parmi les plus réjouissantes et énergiques vues dans un divertissement. Toutefois, ce récit profondément mythologique se veut avant tout émouvant, impliqué émotionnellement auprès de ses personnages et généreux en rebondissements de toute sorte, parfois au détriment des événements des comics et en délaissant volontiers la continuité parfois trop envahissante de son immense saga, permettant ainsi au film d’être vu et apprécié même par les néophytes. Après Avengers, Les Éternels détient – littéralement – entre ses mains l’avenir de l’humanité, de la saga (les traditionnelles scènes cachées dessinent les contours d’un avenir plein de mystères) et, si nous sommes chanceux, d’un divertissement à grand spectacle toujours plus humain. Longue vie aux Éternels.
Arnold Petit
FIMS EN VOD
SEANCE ***
USA. 2021. Réal. et scén.: Simon Barrett. (Amazon)
Un soir, des amies font une séance de spiritisme pour appeler le fantôme d’Edelvine, une lycéenne qui se serait suicidée dans les murs de leur établissement trente ans plus tôt. S’il s’agit en réalité d’une plaisanterie, l’une d’entre elles meurt d’une chute de sa chambre après avoir vu une inquiétante apparition. Et si le fantôme vengeur était revenu pour les hanter tous ? C’est au milieu de cette panique qu’arrive Camille, acceptée dans ce lycée très sélectif pour prendre la place de la morte et qui va découvrir que les élèves subissent le harcèlement de la bande d’amies peu recommandables…
On connait les talents de scénariste de Simon Barrett qui a accompagné une longue partie de la carrière d’Adam Winguard (A Horrible Way to Die, You’re Next, The Guest) et réalisé un chapitre de V/H/S/2, mais cette fois-ci, il passe pour de bon derrière la caméra afin de nous raconter une histoire sanglante de fantôme vengeur. Il fait preuve de son amour du cinéma des années 70/80, à travers un scénario entre ghost-story et slasher teinté de giallo (le décor du lycée de jeunes filles où l’on pratique la danse classique évoque évidemment celui de Suspiria), une musique reposant sur des nappes de synthé signé du jeune compositeur allemand Tovis Vethake, et des meurtres reprenant les grands classiques du genre. C’est un peu la limite de l’exercice qui ne parvient pas toujours à surprendre – le scénario fait feu de tout bois, mais la conclusion peut se deviner si l’on est rompu à ce type de films –, et sa caméra en constant déplacement peine parfois à installer un réel climat d’angoisse. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble fonctionne, et l’intrigue bien construite s’avère intéressante à suivre jusqu’à sa conclusion, portée par un casting de jeunes femmes à la hauteur de la tâche, à commencer par Suki Waterhouse qui s’était déjà fait remarquer par The Bad Batch d’Ana Lily Amirpour sur Netflix. Simon Barrett se montre ici aussi à l’aise derrière la caméra que devant son clavier, et l’on espère que ce coup d’essai l’amènera prochainement à un coup de maître.
VIOLATION **
Canada. 2021. Réal. et scén.: Dusty Mancinelli, Madeleine Sims-Fewer (Shadowz)
Miriam, une jeune femme instable, sur le point de divorcer, revient après une longue absence dans la maison familiale où elle retrouve sa petite sœur Greta et son beau-frère Dylan. La tension entre les deux femmes est palpable, Greta reprochant à Miriam d’avoir toujours voulu la protéger sans s’inquiéter des répercussions de ses choix sur sa vie. De son côté, Miriam s’interroge sur sa relation avec son mari pour lequel elle n’éprouve plus de désir. Un soir très alcoolisé, elle s’ouvre à Dylan, mais ce dernier interprète mal ses paroles. Le matin, au réveil, il la viole et refuse plus tard de reconnaître la gravité de ses actes. Miriam décide de se faire justice.
Très loin de suivre la piste sulfureuse du rape and revenge, Violation adopte une construction sinueuse censée nous plonger dans les méandres de la psychologie de son personnage principal, mais cet artifice ne porte pas tous ses fruits ici. Certes, la volonté de ne pas sombrer dans la facilité de la violence gratuite et de s’éloigner de toute tentative de voyeurisme lors de la scène du viol est à saluer, cet instant reposant sur l’expérience du spectateur qui sait ce qui se produit devant ses yeux. En revanche, une fois reconstitué, le fil narratif paraît bien fragile, et la petite pelote ne mène guère loin au final. Violation reste un film intéressant et intense, porté par une actrice coscénariste et coréalisatrice de talent, mais la conclusion aurait mérité d’aller plus loin et de souligner plus fortement l’intention du duo de cinéastes.
Voir entretien avec les réalisateur & scénariste dans notre numéro de novembre.
NOBODY SLEEPS IN THE WOODS TONIGHT : PARTIE 2
Eux, moches et méchants
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(W lesie dzis nie zasnie nikt 2) Pologne. 2021. Réal.: Bartosz M. Kowalski. (Netflix)
Alors que Zosia a survécu à des événements épouvantables, elle est en prison, dans une cellule à côté de celle des deux mutants qu’elle accuse d’avoir tué tous ses amis. Le sergent décide de l’emmener sur les lieux du crime pour tenter d’élucider l’affaire, mais là, Zosia est à son tour contaminée par la météorite maudite et se transforme en mutant sanguinaire. Ne reste bientôt plus que deux jeunes policiers et des chasseurs pour essayer de mettre fin à cette menace sur l’humanité…
Après le très passable Nobody Sleeps in the Woods Tonight, Bartosz M. Kowalski signe une suite qui s’éloigne rapidement du splatter pour s’orienter vers une étrange comédie romantique mutante. Si l’humour et la violence graphique sont bien plus présents dans ce deuxième volet, ce dont on ne se plaindra pas, force est de constater qu’une fois de plus, le scénario a bien du mal à convaincre, faute à des personnages sans épaisseurs et une deuxième partie qui manque réellement d’intensité. Quelques retournements et morts étonnantes laissent supposer que l’on va avoir droit à bien des surprises, mais le soufflé retombe à peine sorti du four. Cette suite gagne donc en originalité ce qu’elle perd en tension et suspense, mais le tout manque à nouveau d’équilibre pour convaincre.
Yann Lebecque