DRUILLET S’EXPOSE
C’est sous le titre L’Île des morts que Philippe Druillet expose des travaux réalisés en compagnie de François Avril. « ll n’y a pas de fautes. On peut parfois s’associer avec quelqu’un pour une exposition et puis on voit qu’il y a des erreurs ou – comment dire – une incompréhension. Mais, ici, chaque fois que je vois le travail terminé, je me dis «mais c’est l’évidence même». La première association entre les deux artistes, née de leur admiration mutuelle, les avait menés à créer à quatre mains des peintures monumentales où leurs univers, pourtant si éloignés, dialoguaient en harmonie. Les silhouettes minuscules de François Avril déambulaient dans des architectures immenses, forteresses humanoïdes aux gueules béantes, ou au milieu de paysages désolés. Après le succès d’Apocalypses, présentée à la galerie Barbier en 2020, Philippe Druillet et François Avril se sont confrontés au thème de l’Île des morts, en réalisant deux peintures et une dizaine de dessins inspirés des tableaux du peintre Arnold Böcklin (1827-1901).
Si l’on ne va pas présente Philippe Druillet, François Avril, lui, est né à Paris en 1961. Après avoir étudié le dessin à l’académie Roederer, puis à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts appliqués et des métiers d’Arts, il réalise plusieurs bandes dessinées chez Futuropolis et aux Humanoïdes Associés. Aujourd’hui, il dessine pour l’édition, la publicité et la presse. Il expose régulièrement ses dessins et ses peintures à travers le monde.
Exposition ouverte jusqu’ au 21 mai 2022.
Galerie Barbier, 10 rue Chron, 75009 Paris de 14 h à 19 h30 du mardi au samedi
info@galeriebarbier.com
LES CENT MILLE IMAGES DE GÉRARD ESCOLANO
Nous avons souvent ici le travail exemplaire de Gérard Esconalo qui, seul dans son coin, en parfait bénédictin, nous offre depuis une dizaine d’années le produit de sa considérable érudition, sous la forme de luxueux albums sur tous les aspects du cinéma de genre américain. Derniers en date, les 9 volume de sa Fabuleuse histoire des Serials, 903 séries, 3400 pages, 23 000 illustrations. Ce fou de l’édition nous propose aujourd’hui la ressortie de trois de ses précédentes productions remises à neuf : Fantastique cinéma mythologique et science 150 thèmes du fantastique cinéma mythologique et science-fictionnel-fictionnel, Le cinéma en 39 fantastiques thèmes… de plus, trois volumes initialement publiés en 2015 et sont, inutile de le préciser, une mine de nostalgie accompagnée comme toujours par un puzzle de centaine d’illustrations. À ne pas manquer… si on les a manqués ! Pour contacter le maître d’œuvre : Gérard Escolano, 70 chemin de David, 13270 Fos-sur-Mer, E-Mail : gerard.escolano1@numericables.com
CROWDFUNDING POUR UNE BD D’HORREUR
Seule l’ombre, bande dessinée de Rurik Sallé, Corbeyran et Paskal Millet s’inscrit dans la grande tradition des anthologies telles que Les Contes de la Crypte, La Quatrième Dimension, Black Mirror, Kwaïdan ou Au-Delà du Réel. À travers une douzaine d’histoires et plus de cent vingt pages, l’album explore les différents spectres de la peur comme l’inquiétante étrangeté, le décalage, la mal-aisance, l’atmosphère ou la terreur brute, libre et folle. L’obscurité est la porte vers la peur. L’obscurité est partout... En la traversant, elle dévore ou s’insère délicatement dans la vie des personnages, jusqu’à disloquer leur quotidien.
Pour soutenir ce projet, la campagne ulule va commencer mardi 26 Avril, tout renseignement ici :
https://www.facebook.com/komicsinitiative/posts/2971346439829382
UN POLAR BIEN NOIR
Hommage aux polars noirs scénarisé par Stéphane Desberg et mis en images par Futaki, Movie Ghost a pour vedette Jerry Fifth, qui connaît tous les péchés de la cité des Anges, des prostituées de Sunset Boulevard aux divas de Hollywood, des producteurs sur le retour aux jeunes acteurs sur le chemin de la gloire. On le paie pour trouver des amants, des enfants illégitimes, des assassins, des assassinés. Les nuits de L.A. en sont peuplées à l’infini. Mais Jerry a un problème. Il entend des voix des fantômes d’étoiles passées. Mais pourquoi lui ? Pourquoi a-t-il accès à ces voix, à ces visages en quête de vérités perdues ? Au cœur d’un siècle de cinéma, des salles à deux sous aux machines à rêve des grands studios, Jerry va découvrir les ruines d’une ville dans la ville, des secrets à l’intérieur d’autres secrets et résoudre la plus incroyable des enquêtes, le mystère de son propre pouvoir (Grand Angle).
MARGARET ATWOOD OÙ ON NE L’ATTENDAIT PAS
L'Odyssée de Pénélope (en anglais The Penelopiad), originellement publié en est une réécriture de l’Odyssée relatée du point de vue de Pénélope et des douze servantes d'Ulysse exécutées au retour de leur maître. Le roman fait alterner des chapitres en prose narrées par l'ombre de l’Ombre de Pénélope (« Depuis toujours nous étions tous deux des menteurs émérites et éhontés ! ») et d'autres où intervient un chœur composé de douze servantes du palais d'Ulysse exécutées par ce dernier à son retour de Troie pour s'être montrées complices des prétendant de son épouse. Dans les chapitres en prose, Pénélope parle depuis les Enfers où son ombre réside toujours de nos jours. Elle souhaite, selon son autrices, rectifier les nombreux mensonges et déformations racontées à son sujet à l'époque. Les chapitres faisant intervenir le chœur des douze servantes adoptent des formes littéraires variées, allant de la chanson à la scène de théâtre en passant par la comptine comique ou un chant choral proche des tragé&ries grecques. Ce court récit de 190 pages, présenté par Christophe Ono-dit-Biot, est l’occasion de rappeler que l’autrice de La Servante écarlate posséde un talent dont l’étendue n’est pas toujours connue des lecteurs de son ouvrage le plus célèbre. Et que, en bonne féministe, elle dresse de Pénélope un portrait bien éloigné de ce qu’en avait chanté Homère :
Et maintenant, chère nourrice, ça va barder :
Pour avoir assouvi mes désirs il va me trucider !
Lui-même a fait la noce du matin au soir.
Pensait-il que je n’allais faire que mon devoir ?
Lui troussait filles et déesses, blondes et brunes,
Fallait-il donc que le ratatine comme une prune ? (Robert Laffont – “Pavillons Poche”).
LA VOIX D’ISAAC ASIMOV
Le bon docteur Asimov nous a quittés en 1992 à l'âge de soixante-douze ans, laissant en héritage près de quatre cent cinquante ouvrages de science-fiction, de vulgarisation scientifique, d'analyse littéraire et de guides en tous genres. Auteur d'une première autobiographie en deux volumes (inédite en France), In Memory Yet Green (1979) et In Joy Still Felt (1980), Asimov avait décidé, sur les conseils de sa femme Janet, de récidiver au crépuscule de sa vie avec ce Moi, Asimov, un titre expéditif et fort bien adapté au personnage, initialement traduit chez nous une première fois en 1996, et que voici réédité en poche à l’occasion du trentième anniversaire de sa mort. En 166 courts chapitres, l’auteur nous y dévoile les moments importants de sa vie de jeune immigré russe dans l'Amérique des années 20, de professeur de biochimie atypique et d'écrivain talentueux et boulimique. Mieux, il réécrit l'histoire de la science-fiction américaine (des Futurians aux pulps, de l'Âge d'or aux années 80), brosse des portraits savoureux de nombreux grands noms (Kornbluth, Campbell, Heinlein, Sturgeon, Clarke, Ellison, Silverberg...), , égratignant volontiers le fandom US et certains de ses membres.
Moi, Asimov, plus qu'une autobiographie réussie, est le témoignage d'une époque, de l'Histoire d'un genre, d'un voyage au cœur de l'intimité d'un créateur, que prolonge l’émouvant témoignage de l'épilogue signé par Janet Asimov. Sans doute est-ce une banalité, mais nous le clamons bien fort : 600 pages à ne pas manquer ! (FolioSF).
UN PEU DE FANTASY POUR CONCLURE
Toujours beaucoup de parutions dans ce qu’on appelle au sens large la Fantasy. Nous allons donc en passer quelques-uns en revue, à commencer par Sherlock Holmes et la Bête des Stapleton qui, comme on s’en doute, est un “à la manière de” Conan Doyle concernant son plus célèbre personnage, célébré par James Lovegrove, spécialiste du genre et auteur des Dossiers Cthulhu. Ici, cela fait cinq ans que le chien des Baskerville est mort. Mais, sur la lande de Dartmoor, un nouveau corps horriblement mutilé est découvert. Un autre monstre a-t-il fait son apparition ? (Bragelonne).
Avec Djin, Jean-Louis Fetjaine, grand spécialiste hexagonal de la fantasy historique, s’est plongé avec Djinn, dans le royaume d’Antioche (l’actuel Syrie) en 1130, alors que la princesse Alix, fille du roi Baudoin de Jérusalem, va accoucher de l’enfant illégitime qu’elle a eu du connétable Renaud de Manzor. L’enfant, enlevé, va grandir auprès de Saïf Ibn-Ammar, chef de la secte chiite des Assassins, alors que sa mère, maudite, devient la proie d’un djin ? Créatures surnaturelles et bataille sanglantes orchestrent la réédition en poche des deux volumes originels de la saga : La Maudite et Mélisende (Pocket).
Première phrase ouvrant le tome 1 (Les Sources de l’ombre) de Sorciers, de Maxime Fontaine et Romain Watson : « Sous la voûte céleste d’un singulier soir d’ocotobre, en 1875, aux abords de Verdun, se découpait un vaste chapiteau rayé, rongé par le feu ». Si le cirque Palazzi brûle ainsi sous le regard d’une enfant de 5 ans qui n’a pas pu se payer l’entrée, c’est que l’armada des clowns invisibles n’y est pas rien. Ainsi débute une fantasmagorie au ton très feuilleton de l’époque et où le tarot des sorciers, ici reproduit avec de belles cartes en couleur, a son mot à dire.
JEAN-PIERRE ANDREVON