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BD : UN CHEF-D’ŒUVRE DE LA DÉGLINGUE
Dans un décor apocalyptique fait de cadavres de voitures éparpillés dans un désert de boue, de troncs d’arbres arasés, d’un amoncellement d’ordures plastiques (« Tout homme commence le monde et tout homme le finit »), Alex, une blonde mercenaire dire à cuire doit prendre la tête d’un convoi devant transporter, du Havre à Marseille, une cargaison d’antibiotiques fabriqués par Péninsula, multinationale européenne dernière capable d’en produire. Tel est le point de départ de Convoi où, après la « bonne grosse guerre civile » de 2028 où est arrivée au pouvoir les Radicaux de gauche, la France de 2074 est livrée aux bandes et aux pirates de toutes sortes. Alex, toujours en jupette et restant aussi lisse qu’impeccable dans toutes les situations, à l’image d’une héroïne de film hollywoodiens des années (19)50, réunit une belle équipe d’aventuriers de toutes espèces, de tous genres et souvent de tous sexes et d’orientation sexuelle incertaine, comme Corbenicio Bala, son amant aux cheveux verts et excellent tireur, le colossal Black Jihem, barbe blonde et poitrine surdimensionnée, la taoiste Louve, la franco-israélienne hétéronormative Steph de Monaque, on en passe et des pires, tous et toutes aussi défoncés les un.e.s que les autres. Ah oui, n’oublions pas les frères Bogdonaff, qui sont trois au lieu d’être deux, et Noirs au lieu d’être Blancs… Et voilà partie la troupe dans un long convoi qui laisse Le salaire de la peur loin derrière lui, et condense toute la matière des Mad Max 2 et 4, la colonne subissant bien entendu maintes attaques par tous véhicules et toutes armes, jusqu’à un canidus 3435, méga-chien douanier doté d’une mine nucléaire, laissant sur le terrain autant de cadavres déchiquetés qu’elle compte de membres. Ce récit furieux, où le langage n’est pas à mettre dans toutes les oreilles et qui fait penser aux romans de feu Maurice Dantec, s’étale sur 132 pages où le scénariste Kevan Stevens enchaîne à plaisir les péripéties, que Jef (qui rend hommage à « Temps X » et aux véritables frères Bogdanoff, décédés dans les circonstances qu’on sait) enlumine d’un trait certes caricatural concernant les personnages, mais extrêmement précis et réaliste pour les décors et véhicules, témoins une annexe où il montre comment il a pu les dessiner en petrspective grâce à des maquettes de voitures et camions bricolées. Une gamme de couleurs grisées achève de parfaire ce vrai chef-d’œuvre de la déglingue, dont les derniers mots en guise d’épitaphe sortent de la bouche ensevelie d’Alex : « Le pire dans la mort, c’est de penser qu’on en réchappe » (Soleil).
UN ALIEN QUE PERSONNE NE CONNAISSAIT !
Qu’est-ce qu’Alien 3 ? Un film pirate resté dans sa boîte ? Hélas non, seulement un de ces mille projets qui ne voient jamais le jour, seulement un scénario que William Gibson, le fameux auteur de Neuromancien avait contacté pour être la suite de l’Aliens de James Cameron. On lui préféra le métrage de David Fincher et il fallut que bien longtemps après, Pat Cadigan, une spécialiste des novellisations, s’en empare pour un roman sorti en 2021 et fidèle à l’esprit de la saga : peu après les événements survenu sur la planète LV-426, le vaisseau Sulaco entame son voyage de retour, avec en capsules biostases Ripley, Newt et Hicks. Mais, pénétrant dans une zone de guerre stellaire, le vaisseau est arraisonné par un bâtiment militaire. Que va-t-il advenir de Ripley ? On le saura en lisant ce récit exhumé du temps qu’on sidérera comme une curiosité… (Bragelonne).
D’EXCELLENTES NOUVELLES DE BRUNO POCHESCI
De qui, ces textes « … toujours surprenants, mêlant avec une truculence matinée de nombreux italianismes – et pour cause – passé, présent, uchronique, dischronique, utopie, dystopie, morts-vivants bien vivants, le tout avec une évidente gourmandise, un plaisir manifeste de création et une jubilation d’écriture » ? De Bruno Pochesci bien sûr, les lignes ci-dessus piochées dans la préface que Pierre Galaxies Gévart a écrites pour le nouveau recueil de notre auteur, Des lendemains qui shuntent, un titre qui dénote dès l’entrée la facétieuse façon qu’a ce franco-italien de jouer avec les mots, qui bien sûr font sens. Ici 18 nouvelles, dont une bonne part parues dans Galaxies, dont un inédit en bonus, et qu’on serait bien en peine de classer en fantastique plutôt qu’en SF, tant ce très sérieux farceur a une méthode bien à lui de mélanger les genres, façon aussi de dire qu’il n’en utilise qu’un, multiforme : le pochescien. Car comment peut-classer Perdre la face, où deux anciens de la guerre de 14, un Français et un Allemand, sont jugés et punis – et de quelle façon – par des gueules cassées ? Ou C’est pour demain, qui utilise un personnage réel, Louis Darquier de Pellepoix, commissaire générale aux questions juives en 1943/44, à qui une envoyée du futur va rappeler son peu glorieux passé ? Ces deux exemples pour montrer que l’auteur fait son jus de l’actualité, même quand elle est au passé, pour creuser là où ça fait mal en ne se départissant jamais de son engagement (à gauche toutes !), qui n'ignore bien entendu pas le futur, ainsi de Orwell m’a tu… avec cette France aux mains de la Renaissance Nationale aux relents nazifiés. Même lorsqu’il s’éloigne dans l’espace, il s’arrange pour brouiller les pistes – voir S.P.Q.R. où ce qu’on croit être une légion romaine exporte l’ordre sur une lointaine planète, une autre expédition étant traitée façon western dans Le Monde entier est un cactus, encore une de ces références dont il parsème ses textes comme auteur de grains de riz. On ne peut quitter le recueil sans s’attarder sur son seul inédit où Pochesci, qui a dû faire face à une grave maladie, s’en empare avec une rage et un humour noir qui vous prend aux tripes pour un codicille (« Eh oui… ça n’arrive pas qu’aux autres ») titré Un tunnel au bout de la lumière où, dernier pied de nez, il inverse une nouvelle fois les facteurs porteurs de mauvaises nouvelles. On l’aura compris, que de l’excellentissime pour le meilleur recueil de l’année (Flatland).
TOUT SUR PANDORA
Pour qui a vu la version remastérisée de l’Avatar de James Cameron, pour qui se souvient de l’émerveillement ressenti à la sortie de 2009 et trouve que treize ans d’attente avant le second épisode, sur nos écrans le 14 décembre, c’est tout de même un peu long, voilà pour prendre patience Avatar, le guide de Pandora, bel album de Josuha Izzo préfacé par Zoe Saldana. Épais de 128 pages, classique dans sa conception comme dans sa présentation, l’ouvrage se présente comme un véritable parcours commenté d’EYwa’eveng, nom na’vi de la planète aux montagnes suspendues dans le ciel grâce aux forces magnétiques unissant Pandora à la géante gazeuse Polyphémus autour de laquelle elle orbite. La flore, la faune, les Na’vi et leurs divers clans, les sites sacrés, les engins destructeur de la RDA : autant de chapitres plus que richement illustrés par des pages et doubles pages couleur, incluant des notices sur le moindre animal, la moindre arme rencontrés dans l’œuvre cinématographique font de cet parution une fête pour les yeux (Qilinn).
LOVECRAFT ET HOWARD EN IMAGES
Reconnait-on cette tête de chapitre ? «L’horreur à Dunwich proprement dite se manifesta entre la fête de la Moisson et l’équinoxe de 1028 ? Le docteur Armitage fut l’un des témoins de son abominable prologue…» On la trouve dans L’Abomination de Dunwich, bien sûr, une des nouvelles les plus célèbres du solitaire de Providence. On peut s’y précipiter à nouveau à l’occasion de la sortie d’un magnifique album grand format (36 x 27), 62 pages illustrées par François Baranger qui, dans la même collection, s’était déjà attaqué à L’Appel de Cthulhu et aux Montagne hallucinées. Comme l’écrit Joann Sfar dans sa préface : « Lovecraft est indessinable. Comme faire lorsqu’on est dessinateur ? (Baranger) construit un château, une bibliothèque ou une chambre avec une rigueur d’architecte. Puis dans un coin, il laisse entrevoir. On ne soulèvera pas le drap. On ne verra pas ce qui grouille derrière la tempête ou dans l’’ombre d’une porte… » Ce qui n’est tout à fait vrai, témoins cette masse tentaculaire rugissant au milieu de la tempête – mais tout aussi inquiétantes sont ces autres pleines pages délicatement enluminées de toutes une gamme de gris et à la précision cinématographique : un chien hurlant dans une pièce déserte, ce ciel orageux surplombant un toit qui se désagrège dans un vent tempétueux, cette silhouette dansant contre un feu près des mégalithes de Stonehenge. Baranger n’est pas seulement un illustrateur de talent, c’est un grand artiste…
À l’identique (même format, même nombre de pages entièrement illustrées, le texte s’inscrivant dans le dessin), Conan, La tour de l’éléphant, passe de Lovecraft à Robert Howard et à son héros le plus fameux, avec une de ses nouvelles les plus frappantes : ayant eu vent qu’au sommet de la tour de l’Éléphant est caché le Cœur de l’Éléphant, un joyau qui donne richesse et pouvoir, le Cimérien en entreprend l’ascension, rencontrant sur son chemin tous les dangers qu’on imagine, dont une gigantesque araignée qui permet au graphiste Valentin Sécher de sculpter une de ses plus impressionnantes réussites, dans la lignée colorée de Frazetta, dont il est juste de dire qu’il n’en possède pas la finesse, mais tout de même un bon coup de pinceau (Bragelonne).
UNE PERFORMANCE À LA GALERIE GLÉNAT
A l’occasion du festival Quai des Bulles, la galerie Glénat ( 24 av. du Maréchal de Lattre de Tassigny, 92100, Boulogne) nous convie à choisir notre dessin personnalisé et pouvoir l’encadrer.
Il suffit de se connecter dès vendredi 7 octobre 8h00 sur le site www.galerie-glénat.com ! Chaque dessin original est réalisé sur papier Canson A4, signé par l’auteur et certifié par un cachet à sec Galerie Glénat. L’intégralité des sommes, hors frais de traitement, est directement versée aux artistes, les frais de port sont inclus au prix du dessin. Avec la participation de Virginie Augustin, Olivier Balez, Jim Bishop, Guénael Grabowski, Dominique Hé, Elizabeth Holleville, Gyula Németh, Alexis Nesme et Ronan Toulhoat.
JEAN-PIERRE ANDREVON