Pour le weekend, un guide pour apprendre à communiquer avec un extraterrestre.
Et puis, il faut penser à participer à la campagne de soutien pour Alain Schlockoff et son équipe !
LA CAMPAGNE DE SOUTIEN AVANCE BIEN MAIS VOUS DEVEZ NOUS AIDER A FAIRE MIEUX !
CINÉMA À LIRE :
HOMMAGE À SATOSHI KON
Bounthavy Suvilay
Quel réalisateur japonais est capable de créer des chefs-d’œuvre en animation limitée. De faire du cinéma, et pas seulement du dessin animé. D’avoir influencé nombre de réalisateurs japonais comme occidentaux, tout en étant lui-même proche de cinéastes live comme Terry Gilliam. D’avoir été un perfectionniste mort (trop tôt) au travail ? Satoshi Kon, bien sûr, né en 1963, qui fut assistant de Katsuhiro Otomô sur son manga-fleuve Akira, en créa lui-même certains, comme Kaikisen en 1990 qui, avec son pacte entre sirènes et pêcheurs, fonctionne déjà sur l’alliance entre le quotidien et le fantastique qui caractérisera toute œuvre, jusqu’à Dreaming Machine, sur l’existence des robots et demeurera à jamais inachevé à la mort de son auteur en 2010, terrassé par un cancer fulgurant. C’est cette histoire que raconte Bounthavy Suvilay dans un album de 130 seulement mais qui, avec son flot d’illustration et un texte serré, n’omet rien de la fabrication comme du sens des quatre chefs-d’œuvre que sont Perfect Blue (tout à la fois thriller horrifique, critique des relations entre fans et idols et récit de formation), Mellenium Actress, Tokyo Godfathers et Paprika enfin, sans oublier sa série policière Paranoia Agent. Aussi complet que passionnant (Ynnis).
DU CÔTÉ DES COMICS
Red Sonja Rides Again !
On ne se lasse pas des aventures dessinées de Red Sonja, cette intrépide guerrière ferraillante issue de l’imagination de Robert E. Howard qui nous offre une plastique de rêve à peine voilée d’un bustier et d’un pagne en cotte de mailles. Voilà déjà un troisième album, qui regroupes six aventures publiées à l’origine chez Marvel en 1978 et 79. En introduction à ces 152 pages, le scénariste Roy Thomas raconte avec humour comment, débordé par le travail, il demanda à sa rousse assistante, Clair Noto, de travailler aux scénarios, ce que fit la jeune femme en créant un alter ego masculin de Sonja, le costaud Suumaro, mi Tarzan, mi Conan, qui va désormais l’accompagner, dans une suite d’aventures débridées dessinées ici par Frank Thorne et, pour quelques épisodes, par John Buscema en personne. Un monstre vert à double-face et de multiples membres, un oiseau-roc, une horde de mastodontes et même une palourde géante prête à engloutir notre héroïne, sont au menu de cet album palpitant, qui ne demande qu’à être suivi de bien d’autres … (Graff Zeppelin).
Multiplication des super-héros
Qui sont Alan scott dit Green Lantern, Jay Garrick ou Flash, le premier homme le plus rapide du monde, Wild Cat ancien champion poids lourds, Kara-Zot dite Power Girl, Mr Terrific, troisième homme le plus intelligent du monde, Hourman, dont la super-force est limitée à une heure, liberty Belle, un « char d’assaut 100 % américain », Dr Mid-Nite super chirurgien, Stargirl, ado aux pouvoirs cosmiques, Damage la bombe humaine, Starman cow-boy cosmique déséquilibré, Maxine Hunkel, sorcière du vent… et quelques autres ? Les membre de la société de justice d’Amérique, bien sûr, qui vont avoir fort à faire quand le Marchand de sable vient les prévenir que « le général de Gloire a été démembré le jours de son mariage avec toute son assistance, ou que l’ancien Minute-Man a eu la gorge tranchée avec toute sa famille ». Qui en veut aux super-héros anciens et nouveaux ? Et quel rôle joue Reichsmark, une des membres du quatrième Reich, qui transforme en métal tout ce qu’il touche ? Impossible de résumer le contenu des 480 pages que compte Justice Society of America – le Nouvel Âge, signé Geoff Johns et Brad Meltzer au scénario et Dale Eagleshman (avec de nombreux collaborateurs) au dessin, dans cet album survolté, blockbuster à l’action étourdissante où ils sont tous là, même Superman. Un délice… de poids (Urban Comics).
Fluide Glacial en grande forme
Pie 3, 14 est, fraîchement élu, le plus petit pape que la papauté ait connu. Problème donc pour lui d’apparaître au balcon de la place Saint-Pierre. Heureusement Gontrand, son fidèle évêque, lui gigantesque et qui ne le lâche pas d’une semelle, veille au grain. Comme lorsque sa sainteté doit recevoir les “grands” de ce monde. Ce qui n’empêche pas notre pape de s’envoler à la suite de Superhyperman lorsque celui-ci doit intercepter un missile de croisière. Mais si le pape en vient à être entrainé par son ombre qui n’en fait qu’à sa tête ? Le Petit Pape PIE III, XIV, en 53 pages délicieuses autant qu’hilarantes, surréalistes mais poétique aussi, nous permet de goûter au talent inimitable de François Boucq, qu’on avait un peu perdu de vue et nous revient ici en forme olympique, dans l’ombre de son maître Gotlib (Fluide Glacial).
UN PEU DE LECTURE
Les Imparfaits, par Ewoud Kieft
2060. Cas est un jeune homme qui a grandi dans une société où l’intelligence artificielle s’est immiscée dans toutes les facettes de la vie : elle est à la fois guide pratique, oreille attentive, coach mental et entremetteuse. Autrefois simple application pratique, elle s’est élevée au rang de fidèle partenaire sous le nom de Gena, qui assiste Cas dans toutes ses décisions et connaît mieux que quiconque les événements majeurs de sa vie.
Dans cette société hypercontrôlée, une caste dissidente, les “Imparfaits”, refuse l’assujettissement aux algorithmes. Lorsque Cas disparaît sans laisser de traces, c’est à Gena que l’on demande des comptes. Comment a-t-elle pu le perdre de vue, malgré son accompagnement attentif ? Et pourquoi n’a-t-elle pas réussi à dissiper son malaise qui s'était peu à peu emparé de lui ?
Dans Les Imparfaits, Ewoud Kieft (écrivain, historien et musicien néerlandais, auteur de deux de ses essais non traduits sur la fascination qu’exercent la guerre et le nazisme) dépeint un futur d’un réalisme stupéfiant et montre de façon captivante combien la relation homme-machine peut devenir intime. La fusion complète est-elle possible ? Souhaitable ? Et que reste-t-il de notre humanité, une fois nos défauts abolis ? (Actes Sud).
Adlivun, par Vincenzo Balzano
1847, Angleterre. Le Mary Céleste, navire du capitaine Briggs, est accosté au port de Douvres. Les autorités britanniques sont à la recherche d’hommes assez téméraires pour retrouver l'Erebus et le Terror (1), deux vaisseaux d'exploration commandé par le capitaine Franklin disparus un peu plus d’un an auparavant lors d’une expédition en Arctique destiné à trouver un passage de l’est à l’ouest patmi les glaces. Motivés par une belle récompense, Briggs et son équipage décident d’entreprendre la mission de sauvetage. Mais une fois arrivés en terre inuit, ils tombent sur un navire fantôme, trop petit pour être l’un des deux vaisseaux perdus. Leur périple prend alors une tournure inattendue... Après Clinton Road, Vincenzo Balzano étend son exploration de l'imaginaire fantastique, avec un récit d'aventures haletantes en terre arctique (Ankama).
(1) La tragique odyssée de l’Erebus et du Terror sont à retrouver dans le bel album BD Franklin, chez Glénat.
Demain le silence, signé Kate Wilhelm est une courte nouvelle de 40 pages, comme en publie régulièrement la collection “Dyschronique”. On connait son autrice, décédée en 2018, grâce aux traductions de la quasi-totalité de son œuvre SF dans les années 80 et 90, où cette militante féministe et ardente écologiste œuvrait pour la justice, la protection de la nature et la défense des peuples premiers. Dans ce texte de 1970, il est question d’une planète (serait-ce la Terre du futur ?) entièrement dépourvue de vie suite à une lointaine guerre nucléaire. Pour le couple en visite, y rester en dépit des lois, ou retourner dans leur monde surpeuplé et pollué ? Poignant et poétique, et accompagné, comme il est d’usage dans la collection, par une précieuse remise en situation (Le Passager clandestin).
SOS Antarctica de Kim Stanley Robinson, auteur de la célèbre trilogie martienne, se penche ici sur le sort de l’Antarctique, dernière étendue inviolée de la Terre. Car est-ce que cela va durer devant la pression des riches touristes, des multinationales cherchant à dévaster ce continent pour y pour en extraire des matières premières ?
Usant comme toujours chez lui d’un rigoureux réalisme scientifique, Robison nous lance un cri d’alerte qui n’exclut pas la souffle de la grande aventure. Une réédition bien venue à l’heure des bouleversements politiques et climatiques (Pocket).
L’Ours du mois
Les éditions de l’Ours , «maisonnette d’édition à Puéchabon » sortent déjà de leur sommeil hivernal pour nous présenter sa dernière parution, Adaptons les gestes barrières de Michèle Pedinelli. On doit savoir maintenant que ces petits opuscules-maison, se présente comme une feuille de journal pliée et à redécouper, pour avoir en main un minuscule livre comptant 22 222 signes, équivalent moyen d’une nouvelle.
Ici, pour leur première publication de l’année l’Ours ouvre sa tanière à Michèle Pedinielli qui nous explique comment éradiquer les virus, TOUS les virus.
Gestes barrières, économie de moyens, efficacité... tous les gestionnaires de crises devraient en faire leur manuel de chevet.
L’autrice, née à Nice d’une rencontre entre Corse et Italie, a été journaliste pendant une quinzaine d’années à Paris puis est retournée dans sa ville natale où elle a décidé de se consacrer à l’écriture.
Elle a obtenu le Prix France Bleue du Polar en 2021 pour La patience de l’immortelle.
Il n’en coûte que 2 €, commandes à protonmail.com@replies.sendingservice.net
Comment parler à un extraterrestre ?
C’est la grave question que pose Arik Kershnenbaum, docteur en biologie évolutive à l’université de Cambridge, dans son ouvrage La Vie extraterrestre – Un guide à l’usage du voyageur galactique. L’auteur y répond-il ? Certes, mais en posant bien d’autres questions, dont la possibilité d’en rencontre un, ce qui hélas parait autrement improbable, à cause des distances aussi bien physiques que temporelles qui nous séparent de nos hypothétiques voisins, puisqu’on sait bien, après Valéry, que les civilisations sont mortelles. De plus, pour communiquer encore faudrait-il que l’E.T. de rencontre soit intelligent. D’où la question suivante : à quoi reconnait-on l’intelligence ? Et comment se manifeste-t-elle ? Les fourmis comme les abeilles possèdent une organisation sociale complexe et efficace, mais est-ce pour autant que nous pourrions communiquer avec elles ? On le constate, un nombre incalculable de barrières se dressent entre nous et les autres, que l’auteur, dans les quelques 400 pages de son ouvrage, délimite avec autant de bon sens que d’humour. Une lecture passionnante dont on sort avec au moins cette certitude : si nous ne rencontrons jamais d’E.T. «en vrai», il reste un moyen pour le faire : la science-fiction (Flammarion).
JEAN-PIERRE ANDREVON