Nouveau Cronenberg, nouveau chef d'oeuvre
Un film de Zombies en ouverture du Festival de Cannes.
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NEWS
Faudra-t-il attendre 53 ans pour voir un nouveau film Vendredi 13 ?
Les problèmes sur les droits du film ne sont pas terminés... et cela pourrait signifier la fin de la franchise Bien que beaucoup d’amateurs veuillent voir un nouveau film Vendredi 13, cela semble chaque jour plus improbable. Comme nous le savons, la franchise a été "gelée" en raison d'une série de problèmes juridiques qu'elle a rencontrés. Et c'est que le droit d'auteur aux États-Unis permet aux scénaristes de revendiquer les droits sur leur travail lorsque 35 ans se sont écoulés.
Cela a conduit Victor Miller, scénariste du film original Friday the 13th, à revendiquer les droits du film à l'occasion de son 35e anniversaire. Un juge a tranché en sa faveur mais Sean Cunningham, réalisateur du film original et qui jouissait des droits, a fait appel du jugement. Malgré tout, le juge a de nouveau statué en faveur du scénariste.
Victor Miller a donc récupéré les droits sur le scénario du premier volet et uniquement pour les États-Unis. Mais les droits de Jason Voorhees tel que nous le connaissons (en masque de hockey) appartiennent toujours à Cunningham car cette image emblématique du personnage n'est apparue que Vendredi 13, partie 3.
Par conséquent, pour faire un nouveau film, les deux parties devraient se mettre d'accord : Miller devrait abandonner les personnages ou des lieux comme Crystal Lake et Cunningham devrait faire de même avec le "look officiel" de Jason Voorhees.
Cependant, Cunningham a déclaré qu'il n'aurait aucun problème à renvoyer Miller devant les tribunaux s'il essayait de faire quelque chose à la franchise sans sa permission. Il croit également que ce serait un échec s'ils faisaient un titre avec un Jason adulte qui ne portait pas le masque de hockey.
Sur les chances de revoir un jour Jason Voorhees dans un film, Cunningham est convaincu qu'il pourrait le faire, même s'il ne voit que 50% de chances d'y parvenir. Ce à quoi l’avocat de Miller a répondu : "Dans le pire des cas, il faudrait attendre 53 ans, pendant lesquels la saga sera dans le domaine public, et n'importe qui pourra faire un film" .
FILMS SORTIS
COUPEZ ! ****
France 2022. Réal.: Michel Hazanavicius.
Les films d’agents secrets via les deux premiers volets de OSS 117, le cinéma muet avec l’oscarisé The Artist, le mythe de Jean-Luc Godard revu et corrigé dans Le Redoutable puis les œuvres de Pixar au travers du Prince Oublié. Au fil de sa filmographie, Michel Hazanavicius a toujours pris un malin plaisir à revisiter les genres. Quoi de plus logique donc, de le voir s’essayer désormais à la série B zombiesque lors de ce Coupez !, habile remake d’un long-métrage japonais, qui eut l’honneur d’ouvrir le Festival de Cannes. Tout commence par un moyen-métrage, un plan-séquence d’une trentaine de minutes volontairement déstabilisateur et aux couleurs criardes où toute l’équipe de tournage, chargée de réaliser un film de morts-vivants… se retrouve elle-même contaminée suite à une malédiction. Amusante, cette mise en bouche déconcertante prend tout sens par la suite, lorsque le réalisateur du Grand détournement nous fait ensuite découvrir la préparation de ce petit film avant de s’intéresser lors du dernier acte aux coulisses, où l’on découvre le hors champ, en l’occurrence l’envers du décor et ce qui se déroule sur le plateau pendant les prises de vues. Un parti pris qui pousse à découvrir une succession d’aléas vécus en temps réels par les comédiens et les techniciens et à analyser les scènes vues plus tôt d’une autre façon… encore plus propice à faire travailler les zygomatiques ! Dans ce trip, les acteurs s’en donnent à cœur joie. De Romain Duris en cinéaste «qui reste dans la moyenne» désireux de retrouver l’admiration de sa fille à Finnegan Oldfield en acteur montant capricieux qui souligne toutes les incohérences, à Bérénice Béjo dont le personnage confond fiction et réalité, quitte à dépasser les limites, les portraits sont drôlement croqués. Qui plus est, Michel Hazanavicius fait une jolie mise en abime du cinéma, pointe quelques-uns de ses travers, avec des producteurs qui ont parfois tendance à chercher la rentabilité au détriment du résultat mais fait surtout surgir l’esprit d’équipe et la solidarité nécessaire pour mener à bien un projet. Davantage que le résultat, il s’agit donc de montrer l’importance de l’aventure humaine et le simple plaisir d’arriver au bout de quelque chose, ensemble, en franchissant les obstacles. Habile, même si quelques blagues faciles ternissent ce tableau très haut en couleur.
Cédric COPPOLA
À SORTIR EN SALLES
LES CRIMES DU FUTUR *****
(Crimes of the Future). Canada/France/G-B/Grèce 2022. Réal. et scén: David Cronenberg.
SORTIE : 25 MAI 2022
La nouvelle variation organique de David Cronenberg arrive à faire le pont entre l’ensemble de sa filmographie tout en trouvant sa propre identité… en abordant notamment quelques thématiques contemporaines comme l’écologie, le transhumanisme ou encore la course à la technologie. Bouleversante, cette œuvre sur la fin de vie qui prend place dans un monde dystopique et dans le milieu de l’art contemporain est servie par une mise en scène glaciale, référencée années 1980, qui plutôt que de miser sur les effets gratuits, privilégie les corps et les trouvailles visuelles. La démarche lente, les yeux perforants, la silhouette tremblante dans son habit noir, la capuche sur la tête, un col montant jusqu’à ses yeux pour se cacher du monde extérieur, Viggo Mortensen excelle dans la peau de Saul, performeur malade, mais capable de créer ses propres organes et de les tatouer. Constamment, la mort rôde, alors que la médecine s’invite dans la danse. Film sensoriel et érotique dans sa conception, Les Crimes du futur montre des êtres en quête de désir, de vie, de plaisir, de jouissance mais qui cherchent aussi une manière d’arriver à assurer l’avenir de notre espèce. Tout en glissant des références à ses travaux comme Chromosome III, Crash ou eXistenZ, et en évitant soigneusement de tomber dans la surenchère gore, le cinéaste canadien livre une analyse profonde et sociologique de notre société et des risques qu’elle court si certaines dérives continuent. Au passage, il interroge sa pratique en se demandant si une œuvre doit sortir des entrailles d’un créateur et où se situent les limites. Complexe, maitrisé et servi par une interprétation sans faille – aux côtés de Viggo Mortensen on retrouve en effet Léa Seydoux, Scott Speedman mais aussi Kristen Stewart, dont un corps à corps avec Saul donne lieu à une scène étourdissante - ce 22e opus respire l’esprit de son auteur jusqu’à la moëlle, pour le plus grand plaisir de tous les cinéphiles. Incontournable.
Cédric COPPOLA
Voir dossier sur David Cronenberg dans notre avant-dernier numéro.
FILMS EN VOD
SHARK BAY ***
(Jetski) G.-B. 2022. Réal.: James Nunn. (VOD)
Cinq étudiants passent du bon temps sur la côte sud-américaine durant le spring break, s’adonnant aux joies de l’alcool, de la musique et de la fête. Le matin du dernier jour, ils décident de dérober deux jet-skis pour une balade en pleine mer. Hélas, leur insouciance les pousse à s’amuser plus que de raison, et malgré les appels à la raison de l’une des filles du groupe, l’inévitable se produit : les deux appareils se percutent au large. Immobilisés au milieu de l’océan, les naufragés n’ont qu’un scooter des mers comme radeau, qui plus est en panne. La situation est critique, d’autant plus qu’il n’y a pas de réseau téléphonique si loin de la côte. Et leurs chances de survie s’amenuisent encore quand la blessure d’un jeune homme attise l’appétit d’un grand requin.
Déclinaison, certes peu subtile mais diablement efficace d’Open Water ou Instinct de survie, Shark Bay (un temps baptisé Shark Bait en vo avant d’être renommé Jetski) tient parfaitement sa promesse d’angoisse et de gore. Fractures ouvertes, larges cicatrices béantes, corps sectionnés, morts atroces et subites, les figures de style sont présentes tout au long du métrage réalisé sans grande originalité par un spécialiste du film d’action musclé (on doit à James Nunn des titres comme Eliminators ou The Marine 5). On aurait pu espérer trouver un peu plus que le minimum syndical, mais le scénario de Nick Saltrese (habitué des séries télé) s’en tient aux personnages clichés et aux situations convenues, n’hésitant pas à user parfois de grosses ficelles pour maintenir le suspense intact. Pur film de genre qui ne cherche pas à dépasser l’exercice de style, Shark Bay se montre nerveux et divertissant à défaut d’être innovant.
Yann LEBECQUE