Monstres éternels et merveilles sublimées
De Batman à Frankestein, de grands corps malades nous fascinent toujours autant
LE FANTASTIQUE S’EXPOSE !
Georges Bess : FRANKENSTEIN.
Acclamé lors de sa première exposition en octobre 2019 à la galerie Glénat à l'occasion de la parution de Bram Stoker Dracula, le génial dessinateur Georges Bess est de retour avec une autre figure mythique de la littérature gothique : Frankenstein. La galerie Glénat se réjouit d'exposer pour la première fois les planches de son roman graphique paru en novembre 2021.Dans ce XIXe siècle d’innovations techniques et de révolution industrielle, la littérature anglaise a produit des figures fantastiques iconiques qui sont toujours vivantes aujourd’hui. C’est le cas du Frankenstein de Mary Shelley et de son héros au destin tragique. Un proscrit rejeté de tous et en premier lieu par celui qui le façonna. De son délire narcissique est né un être colossal et effrayant qui témoigne de sa capacité à aimer, de son besoin de se relier et qui est condamné à la solitude, à la souffrance, à l’incompréhension et au rejet. Car cette « chose » innommable, cette monstruosité, à qui la postérité donnera le nom de son créateur, est un agglomérat de cadavres auquel Victor Frankenstein a donné la vie.
Dans la lignée de son magistral Dracula, Georges Bess signe une adaptation somptueuse du Frankenstein de Mary Shelley. A travers la quarantaine de planches exposées, on retrouve le trait acéré et l’encrage puissant de Bess, la magie de son noir et blanc profond et élégant qui sublime la dramaturgie du récit. Une œuvre grandiose, traversée par le souffle romantique de l'histoire de la folie d’un homme et de sa créature prométhéenne.
Galerie Glénat, au Carreau du Temple,22 rue de Picardie, 75003 à Paris. Ouvert du mardi au samedi de 11 h à 19 h.
Vernissage mercredi 12 janvier de 19h à 21h en présence de l'auteur.
Elene Usdin : René.e aux bois dormants
René n’est à sa place nulle part. Hypersensible, sauvage, il est sujet aux évanouissements durant lesquels il voyage dans des mondes fantastiques. Au cours de l’un d’eux, René bascule alors dans un monde peuplé de créatures étranges, et se métamorphose au gré des rencontres. À mi chemin entre le rêve et la réalité, son aventure va l’aider à comprendre ses origines...
L’exposition réunira près de cinquante planches originales réalisées à l’aquarelle et à la gouache en couleurs directes ainsi qu’une sélection de crayonnés préparatoires.
Elene Usdin est une artiste française protéiforme. Diplômée des Arts Décoratifs de Paris en 1998, elle débute comme peintre pour le cinéma, illustratrice de presse et de livres jeunesse. Elle obtient le Prix Picto de la photographie de mode en 2006. René.e aux bois dormants, publié aux éditions Sarbacane en 2021, est son premier roman graphique. Il remporte le prix de la critique ACBD 2022.
Exposition visible du 3 janvier - 12 février 2022
Vernissage jeudi 13 janvier de 19h à 21h en présence de l’artiste et en collaboration avec les éditions Sarbacane.
Séance de dédicaces samedi 15 janvier de 15h à 17h30.
Christophe Blain : Le monde sans fin
À la façon de En cuisine avec Alain Passard, Christophe Blain raconte dans Le Monde sans fin sa rencontre avec Jean-Marc Jancovici, spécialiste des questions énergétiques. Ils explorent les changements profonds que notre planète vit, en plaçant la question de l’énergie et du changement climatique au cœur de leur réflexion.
L’exposition réunira près de cinquante planches originales réalisées à l’encre de Chine ainsi que les couvertures originales des différentes éditions de l’album.
Christophe Blain est né en 1970. Son premier album La Révolte d’Hop-Frog est remarqué en 1997 mais il obtient la reconnaissance publique et critique avec les séries "Isaac le Pirate", "Gus" et "Quai d’Orsay". Il reçoit le prix du meilleur album du festival d’Angoulême, pour le premier tome de "Isaac le pirate" en 2002 et pour le second tome de "Quai d’Orsay" en 2013.
Exposition visible du 20 janvier - 19 février 2022
Vernissage jeudi 20 janvier de 19h à 21h en présence de l’artiste et en collaboration avec les éditions Dargaud.
Séance de dédicaces samedi 22 janvier de 15h à 18h.
Galerie Barbier
10 rue Choron 75009 Paris
Du mardi au samedi de 14h à 19h30
info@galeriebarbier.com - 06 80 06 29 95
UN PEU DE LECTURE
À l’assaut du ciel, «anthologie de l’imaginaire communal», regroupe vingt nouvelles, toutes inédites, de divers auteurs français, jeunes et peu connus souvent – mais, comme on dit, la valeur n’attend pas le nombre des années, ni le nombre de publications ! Pourquoi alors la Commune, date et expérience essentielles de l’Histoire du peuple français (à ne pas confondre avec l’Histoire de France) ? Comme le note Jean Guillaume Lanuque, maître d’œuvre de cet imposant ouvrage de 370 pages, « le bicentenaire de la morte de Napoléon a clairement éclipsé le cent-cinquantième anniversaire de la Commune de Paris », 72 jours de convulsions sociales écrasés par les Versaillais de monsieur Adolphe Thiers un triste 28 mai 1871. Si, ainsi que je précise le préfacier Philippe Videlier, cette anthologie est faite au départ pour célébrer l’ouvrage de Tony Mooilin, Paris en l’an 2000, l’auteur ayant précisément été fusillé ce 28 mai, les auteurs présentés dans ces pages ont eu à cœur de reprendre le thème, bien souvent sous l’angle de l’uchronie et du voyages temporel (Hussard rouge de Louis-Xavier Pérez), alors que d’autres nous plonge dans l’action rétrospective avec, plusieurs fois en lice, la grande figure de Louise Michel, par exemple sous la plume acérée de Jérémie Perrin, avec un titre pesant son poids d’humour, Adolphe mon amour, tandis que Céline Maltère opte pour la poésie coup de poing avec sa Pipistrelle commune. Tous les textes devraient être cités, alors contentons-nous de cette recommandation : à lire absolument, ne serait-ce que pour nous rafraîchir la mémoire (La Clef d’Argent)
Soleil Blanc, de Lise Muscat Verceil
Roman en deux tomes qui fait écho à l’actualité la plus récente, Soleil blanc se déroule dans un monde où les changements climatiques ont décimé une grande partie de l’humanité. Les survivants se sont réfugiés aux pôles de la planète pour échapper à un soleil brûlant qui tue, comme çà l’obscurité qui s’abat pendant trois mois, sans parler de brusques tsunami. Le monde nouveau, appelé Pangée en mémoire du premier continent, a fait retour au XVIIIe siècle, tandis que l’existance
est régie par un système de castes et où toutes les minorités ont perdu leurs droits. Au-delà de cette frontière, c’est l’inconnu... C’est dans ce monde difficile et rigoureux que les personnages de Lise Muscat Verceil vont devoir vivre et se battre pour avoir le droit de s’affirmer et de s’aimer. Car «Soleil Blanc» est avant tout une histoire d’amour, amour fraternel au cœur des rancunes familiales, amour interdit par les liens du sang ou des lois d’une société inégalitaire qui ne reconnaît que l’union des êtres de même naissance et qui interdit l’homosexualité Une saga comme le devine classique, mais racontée d’un style simple et clair et dont la lecture peut aussi être conseillé aux adolescents, même si le total est épais de pas loin de 1200 pages.
Née en 1973, Lise Muscat Verceil est passionnée de lecture et de musique depuis son plus jeune âge. Elle a suivi des études d’Histoire à l’université de La Sorbonne et de Piano à l’école Normale de Musique de Paris (Le Lys bleu).
Nous mourrons de nous être tant haïs d’Aymeric Caron
14 février 2054. La planète est plongée dans le chaos. Le réchauffement climatique a engendré de nombreux fléaux, parmi lesquels l'afflux massif de réfugiés climatiques qui a provoqué La Guerre des Murs, laquelle oppose des groupes de migrants et des puissances qui refusent de les accueillir. Les écologistes, comme les communistes au temps du maccarthisme, sont désormais chassés, emprisonnés et éliminés, et pour se défendre ils ont pris les armes. Auriline, près de 80 ans, apprend qu'elle va mourir dans les heures qui viennent, en raison d'un événement qui détruira une partie de l'humanité. Le roman retrace sa vie, de sa naissance en 1980 jusqu'à ces derniers instants. A travers une saga familiale mettant en scène des militants de l'écologie, nous revivons les moments historiques où tout a basculé. Se croisent Thatcher, Khomeini, Sartre, Giscard, Brigitte Bardot, mais aussi les boat people, Greenpeace, les amis de la Terre, EELV... Réchauffement climatique, marées noires, nucléaire, destruction des espèces, néolibéralisme, montée du terrorisme islamiste : cette fiction passionnante et originale, écrite d'une plume rare, raconte comment nous avons laissé faire, comment nous avons dérivé pendant des décennies et comment nous avons condamné le vivant.
Aymeric Caron est né en 1971. Il est journaliste, écrivain et militant écologiste. Après avoir été grand reporter pour Canal+ et avoir couvert de nombreux conflits dont la guerre en Irak, il a présenté des émissions sur Europe 1 avant de participer pendant trois ans à l'émission On n'est pas couché sur France 2. Il devient également un militant des droits des animaux, du végétarisme puis du véganisme Robert Laffont).
BANDES DESSINÉES
LOVECRAT ET FRANKENSTEIN
Arkham Mystery. En 1919, le professeur Seth Armitage part en Mongolie, répondant à un message mystérieux de son ami Tanner, expert an civilisations disparues, et qui le presse de le rejoindre. Ce qui se produit au sein d’un temple perdu. Mais Tanner se donne la mort devant Armitage, qui se retrouve 6 mois plus tard dans un hôpital psychiatre, sans mémoire, et le dos orné d’un étrange tatouage représentant une sorte de pieuvre. Voulant reprendre ses activités dans l’enseignement, le professeur, à cause de son passé peu clair se voir refusé de partout… sauf de la petit université d’Arkham, où il débarque par une nuit glaciale de l’hiver 1921, pour remplacer un enseignant qui vient de mourir dans des circonstances mal élucidées. Prenant contact avec la feuille de chou local, l’Arkham Sentinel, où travail un certain Howard Lovecraft, spécialiste des faits étranges, qui ne vont pas tarder à se produire. Ce premier tome d’une série à suivre (Le Ciel des Grands anciens), et qui brode sur l’univers familier du Maître de Providence, a pour scénariste Richard D. Nolane, qui fut jadis partie de la rédaction de l’Écran, et connait bien son affaire, mené avec le dessin évocateur de Manuel Garcia (Soleil).
Maudit sois-tu est le tome 3 de l’adaptation du Frankenstein de Mary Shelley, par Philippe Pelaez et Carlos Puerta. Ayant déjà présenté ici même les deux premiers volumes, pour noter une grande fidélité au texte originel soutenu par le très beau dessin de Puerta, nous n’en dirons pas plus, sinon en conseiller vivement la lecture (Ankama).
EN ATTENDA NT BATMAN
Pour patienter jusqu'à la sortie de The Batman, de Matt Reeves au cinéma le 2 mars, les lecteurs pourront découvrir les albums qui ont accompagné la réalisation du film. Parmi eux, trois nouveautés. La première,
Batman Ego, est signée Darwyn Cooke. Au lendemain de la dernière vague de crimes du Joker, Batman se lance à la poursuite d’un de ses sous-fifres, Buster Snibbs, dans l’espoir d’obtenir des informations sur la position de son plus fidèle ennemi. Paniqué à l’idée-même des représailles de son patron, le vaurien met fin à ses jours. Un traumatisme qui poussera Bruce Wayne dans ses derniers retranchements, aux frontières de la folie pure. Remarquable plongée dans la psyché du Chevalier Noir, Batman Ego offre à voir tout le talent de Darwyn Cooke, mettant en lumière la part sombre d’un justicier dont l’existence a été entièrement sacrifiée à sa croisade contre le crime.
Seconde nouveauté, Catwoman - À Rome... de Jeff Loeb & Tim Sale.
Rome. Une destination de rêve, dont le simple nom évoque autant la grandeur de l’Histoire et ses secrets que la légendaire mafia italienne. Remontant la piste du Romain - Carmine Falcone - depuis Gotham, les pas de Selina Kyle la mènent jusqu’à la ville éternelle. Un voyage à double usage pour Catwoman qui voit un moyen de suivre la quête personnelle de ses origines tout en cherchant à fuir Batman, qui prend de plus en plus de place dans ses pensées... Un récit complet sur le personnage de Selina Kyle, et la recherche de ses origines
Catwoman - Le Dernier braquage de Darwyn Cooke
Cela fait longtemps que les larcins de la mystérieuse Catwoman n’ont pas fait la une des journaux de Gotham. Et pour cause, la rumeur court : la célèbre voleuse serait morte. Pourtant, bien loin de raccrocher les gants, une silhouette continue de parcourir discrètement les toits de la ville en quête de trésors, voire du gros coup qui lui permettrait de changer définitivement de vie. Catwoman - Le Dernier braquage, met en évidence, si besoin était, le talent incontournable de Darwyn Cooke dans la mise en scène de ses planches et les atmosphères qu’il développe. Un précieux savoir-faire qu’il met ici au service d’un pur récit de braquage haletant, truffé de suspens et de dialogues ciselés. Ces trois albums chez Urban Comics.
JEAN-PIERRE ANDREVON