Mon meilleur pote est une K7 VHS !
Attention, accrochez-vous à vos pass sanitaires, à 14h00, ce Mercredi, James Bond réveille enfin le box office de torpeur post-pandémie.
FILMS EN VOD
RENT-A-PAL ***
USA. 2020. Réal. et scén.: Jon Stevenson. (Shadowz)
David, qui vit seul avec sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, mène une existence de reclus dans le sous-sol de la maison. Ses uniques "sorties" sont les rendez-vous virtuels à travers des VHS de femmes célibataires fournies par un service spécialisé. Un jour, se rendant dans la boutique, il y trouve une étrange cassette intitulée "Rent-a-Pal" qu’il achète sur une impulsion. Il découvre un programme préenregistré dans lequel un certain Andy fait la conversation, comme s’il était son meilleur ami. Sa solitude s’en trouve quelque peu soulagée, et il pense que sa vie va prendre un tournant plus joyeux quand, enfin, Lisa, une prétendante souhaite le rencontrer. Mais sa folie, entretenue par le programme vidéo qu’il regarde en boucle, ne semble guère compatible avec une vie à deux… Pour son premier long-métrage derrière la caméra, Jon Stevenson nous propose une étude de personnage glaçante, et une plongée au plus profond d’une âme damnée. Dans le rôle principal, Brian Landis Folkins est excellent, sans cesse à la lisière de la folie. Il est aidé dans ce difficile exercice par Will Wheaton, impeccable dans son monologue enregistré, et par Amy Rutledge, qui apporte cette douche de fraicheur dans ce monde qui empeste le renfermé. Le choix de situer l’intrigue au début des années 90 renforce le charme de l’ensemble, et masque parfaitement les limitations budgétaires d’un tel projet indépendant. Rent-A-Pal, jouant avec le montage des phrases répétées par l’ami virtuel, modifiant leur sens en fonction du contexte, nous prouve une fois encore qu’une excellente idée suffit à faire un bon film et que le suspense se passe tout à fait de jump scares ou d’enjeux surnaturels.
Yann Lebecque
THE GUILTY ***
USA. 2021. Réal.: Antoine Fuqua. (Netflix)
Joe Baylor travaille au service d’appel d’urgence, le 911, et traite de nombreux coups de fils alors qu’un incendie fait rage à Los Angeles. Ce soir, la tension est palpable, et l’agent a les nerfs à vif : harcelé par une journaliste qui cherche à obtenir une déclaration de sa part et ignoré par son ex-épouse qui refuse de lui laisser parler à sa fille, il est sur le point de craquer. Mais parmi les nombreux appels, un retient toute son attention : une jeune femme, Emily, l’appelle épouvantée du véhicule de son ravisseur. Uniquement armé de son téléphone et d’un lien direct avec les différents services de police, il sait qu’il ne dispose que de peu de temps pour la localiser et éviter le pire. Mais aura-t-il les nerfs assez solides pour relever cette mission extrême ?
Adaptant le film danois Den skyldige de Gustav Möller, Antoine Fuqua accepte pleinement de respecter les lois du huis clos que l’exercice impose. Il fait naître la tension entre les murs du centre d’appel du 911, nous faisant vivre l’action par procuration, à travers les communications de Joe à ses différents collègues. Il peut pour cela compter sur une excellente prestation de plus de Jake Gyllenhaal, épaulé par les voix d’acteurs de haut vol comme Peter Sarsgaard ou Ethan Hawke. Le scénario est maîtrisé de bout en bout, réservant son lot de surprises, et sait maintenir le suspense comme le meilleur spectacle radiophonique. On imagine le sang, la mort, l’angoisse que ressent chacun, et l’on ne s’ennuie jamais. Cette course-poursuite quasiment virtuelle est un véritable tour de force, allant encore plus loin que The Call de Brad Anderson en confinant l’action dans un unique lieu. On retiendra de l’ensemble l’impressionnant numéro de l’acteur principal, pour ainsi dire seul en scène, et capable de révéler un personnage sans même avoir besoin de mots.
PERSONNE NE SORT D’ICI VIVANT ***
(No One Gets Out Alive) G.-B. 2021. Réal.: Santiago Menghini. (Netflix)
Ambar est une jeune Mexicaine arrivée illégalement en Amérique après le décès de sa mère. N’ayant pas de papiers, elle est réduite à accepter un travail dans un atelier de couture et ne trouve à se loger que dans une pension vétuste tenue par un homme peu amène. Très vite, elle entend des bruits étranges dans la maison et souffre de cauchemars récurrents où une créature sort d’une étrange boîte en pierre…
Pour son premier long-métrage, Santiago Menghini, réalisateur et spécialiste des effets visuels d’origine canadienne dont les courts ont été primés dans plusieurs festivals (Sundance, Strasbourg, Palm Springs, Austin, Chicago et Fantasia) s’appuie sur un scénario coécrit par Jon Croker (La Dame en noir 2, Witchfinder General) d’après un roman du romancier anglais Adam Nevill (Appartement 16, Le Rituel) pour nous offrir un film d’horreur surnaturel reposant avant tout sur une ambiance sombre entre cauchemar et réalité. On y découvre une créature monstrueuse, inspirée du folklore mexicain et des visions infernales d’H.P. Lovecraft, apportant la touche d’originalité bienvenue dans un récit par ailleurs très classique dans son déroulement. On salue également le sous-texte social qui dépeint le quotidien terrible des immigrés illégaux, contraints de vivre de cacher et d’accepter l’exploitation, se trouvant trahis à la première occasion. Dans le rôle principal, Cristina Rodlo ("The Terror") se montre très crédible, portant la quasi-totalité du film sur ses frêles épaules. Le propriétaire de l’immeuble interprété par Marc Menchaca ("Ozark") se montre plus complexe qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Aidé par une très belle photographie et des effets spéciaux réussis, Personne ne sort d’ici vivant révèle un réalisateur à suivre, à défaut de durablement marquer les esprits.
12 HOUR SHIFT ***
USA. 2020. Réal. et scén.: Brea Gran .(Shadowz)
Mandy, infirmière toxico, s’apprête à entamer une longue garde de nuit quand sa cousine arrive à l’hôpital pour récupérer un butin inhabituel : un rein prélevé sur un cadavre anonyme. En effet, Mandy trempe malgré elle dans un trafic d’organes, et la soirée s’annonce bien longue quand la cousine égare ledit rein et se voit menacée de devenir la donneuse involontaire si elle n’en trouve pas un autre rapidement. Si les infortunés candidats ne manquent pas, se pose cependant la question de la faisabilité de l’opération, d’autant plus qu’un dangereux tueur de policiers est à son tour amené sous bonne garde. Brea Grant, actrice habituée au genre (Lucky, After Midnight, Beyond the Gates, Dead Night…) signe ici son premier long-métrage horrifique en y ajoutant une bonne rasade de comédie noire. Elle est aidée par le casting, notamment Angela Bettis toujours excellente dans ce registre, ici dans la peau d’une infirmière usée par la vie, ne trouvant de soutien que dans l’usage de médicaments qu’elle dérobe régulièrement, et contrainte de supporter une cousine aussi maladroite que stupide. L’ensemble donne une sorte de vaudeville gore, où les personnages entrent et sortent du cadre en tempêtant, et où chacun court après des reins introuvables ou des tueurs insaisissables. La bonne humeur s’avère contagieuse, et la violence, si elle tarde à venir, fait basculer le film dans la comédie gore à mi-parcours, faisant feu de tout bois pour envoyer le plus de personnages ad patres et plonger sans cesse Mandy plus profondément dans son cauchemar éveillé. 12 Hour Shift ne restera pas forcément gravé dans les mémoires, mais ce mélange de grand-guignol et de vaudeville fonctionne à plein. Brea Grant tourne actuellement un thriller horrifique, Tattered Hearts, qu’il nous tarde de découvrir tant ce premier essai est prometteur.
NEWS
LA VIE TIENT À UN FIL
John Lee Hancock (Dans l’ombre de Mary : La Promesse de Walt Disney) prépare pour Blumhouse et Netflix l’adaptation de Mr. Harrigan’s Phone, de Stephen King, une des quatre nouvelles qui composent son dernier recueil, «Si ça saigne», paru en 2020 aux USA er en février 2021 en France. Ce sera la 4e adaptation par Netflix de King, après Jessie, 1922 et Dans les hautes herbes (coécrit avec son fils, Joe Hill). Cette histoire suit un jeune garçon nommé Craig, vivant dans une petite ville, qui se lie d'amitié avec un milliardaire âgé et reclus, Mr. Harrigan. Les deux forment un lien autour de livres et d'un iPhone, mais lorsque l'homme décède, le garçon découvre que la mort de son ami ne signifie pas nécessairement sa disparition, puisqu’il est capable de communiquer avec lui depuis la tombe grâce à l'iPhone qui a été enterré avec le vieil homme. Jaeden Martell, vu dans Ca 1 & 2, incarne le jeune héros du film aux côtés de Donald Sutherland.
BOX-OFFICE
Aux USA, Venom 2 devient la meilleure sortie depuis 2019 ! Le film a en effet remporté plus de 90 millions de dollars au cours de ses trois premiers jours d’exploitation sur le sol américain. Autre bonne nouvelle : le nouvel opus de 007, Mourir peu attendre, dernier de la franchise mettant en vedette Daniel Craig a rapporté 119 millions de dollars au box-office international lors de sa première et n'a pas encore atteint des pays comme la Chine, la France ou les États-Unis.