Métal Hurlant revient dans les kiosques.
Et aussi Marc Caro, Shirley Jackson & de nouvelles péripéties pour Blake et Mortimer.
B D
Métal hurlant revient
Ça y est, il arrive, comme annoncé par Vincent Bernière qui a relancé le projet au sein des Humanoïdes associés. Le prestigieux magazine, créé en 1975, était devenu aussitôt un monument de la pop culture. Après une longue absence, le voilà de retour, et cette fois pour de bon. Avec un numéro dont la sortie, prévue pour le 29 septembre, sera riche de ses 288 pages couleur (60 pages d'articles et d'interviews pour 250 pages de BD) dédiées à l’anticipation toute proche, le near near future comme aiment le dire les fans de science-fiction à la pointe. Format 17,9 x 23,4 cm soir un mook, à mi-chemin entre le magazine et le livre, ce Métal Hurlant nouvelle version sera vendu 19,95 €. On y trouvera au sommaire, outre Bilal qui le parraine, 28 histoires et 50 auteurs parmi lesquels Mathieu Bablet, Ugo Bienvenu, Brian Michael Bendis, Fabien Vehlmann et bien d’autres... À vos marques !
Des nouvelles de Bob Morane
Les albums des aventures de Bob Morane avaient cessé leur cours en 2012, et tout laissait croire que s’en était fini, avec la retraite de leur nonagénaire créateur. Eh bien pas du tout car cette semaine aura vu leur résurrection, dans une nouvelle série confiés à Bec et Corbeyran au scénario et à Paolo Grella au dessin ( dynamique à souhait), avec un premier titre, Les 100 démons de l’ombre jaune, qui donne à la saga un incontestable coup de jeune : des histoires originales mais « dans l’esprit de », ce premier titre situé pendant la guerre d’Indochine, mais avec en guest star l’ennemi de toujours de Bob, l’ombre jaune en personne, qui a mis la main sur l’épave d’un vaisseau extraterrestre crashé dans la jungle 3000 ans auparavant …L’album recèle en outre une surprise de taille : quelques lignes de bienvenue d’Henri Vernes en personnes, écrites très peu de temps avant son décès (Soleil).
Au royaume de la BD, Dargaud frappe fort
Tremen s’ouvre dans un environnement désertique grisâtre aux allures de fin du monde, où un cavalier nommé Rumpert avance, juché sur une drôle de monture. Soudain, une explosion. Le cavalier est projeté au sol. À côté de lui, il découvre une créature étrange enveloppée dans un container de métal. C’est un enfant, BombKid. Tous deux vont cheminer ensemble et seront les témoins d’un conflit entre des gamins sauvages en révolte et une armée de robots. Dans le même temps, des scientifiques se livrent à des manipulations génétiques mystérieuses...
Le premier tome de Tremen – un mot breton qui signifie « passage » – avait surpris par son ambiance étonnante, à mi-chemin entre Stalker, le film d’Andreï Tarkovski, et Arzach, la bande dessinée de Mœbius. Alors que cet album inaugural était volontiers porté sur la contemplation, ce deuxième volet, toujours aussi intrigant, est plutôt tourné vers l’action. Pim Bos, le créateur de Tremen, dont c’est le premier scénario de BD, s’est adjoint les services de Marc Caro, auteur de bandes dessinées depuis les années 1970 dans des revues comme Métal hurlant, Fluide glacial ou Charlie Mensuel et coréalisateur, avec Jean-Pierre Jeunet, des films Delicatessen et La Cité des enfants perdus.
La Part merveilleuse (tome 1 – Les Mains d’Orsay), signé par Florent Ruppert et Jérôme Mulot, qui se partagent écriture et dessin, débute dans un petit village champenois... Le jeune Orsay vient de renoncer à un job d’été avec des amis pour rester près de sa mère malade. Le soir, ils peuvent admirer par la fenêtre de la chambre les « Toutes » – étranges et magnifiques créatures apparues quelques années plus tôt. Elles ont d’abord suscité curiosité et émerveillement, puis leur présence inoffensive est devenue banale. Un jour pourtant, un de ces Toutes se retourne contre Orsay et l’agresse. Le jeune homme, blessé aux mains, doit se rendre à Paris pour y consulter un spécialiste. C’est alors que on quotidien va basculer...
Avec La Part merveilleuse, Florent Ruppert et Jérôme Mulot ancrent leur histoire dans un genre où on ne les attendait pas. Le duo reconnu pour ses ouvrages de science-fiction, nous entraîne ici dans une aventure fantastique «classique », avec des créatures fabuleuses et des mutations organiques, mais où il est aussi question de minorité opprimée, d’engagement et de militantisme radical. Le dessin réaliste et épuré rend l’extraordinaire presque banal, ménageant toutefois des scènes d’affrontement violentes.
Jérôme Mulot et Florent Ruppert se sont rencontrés en 1999 à l’école des beaux-arts de Dijon. Leur collaboration artistique débute en 2005 avec Safari Monseigneur. Panier de singe (2006), reçoit le prix Révélation au festival d’Angoulême. S’ensuivent La Grande Odalisque (2012), avec Bastien Vivès, et La Technique du périnée (2014). En 2014, ils commencent, pour Le Monde, une série de strips hebdomadaires réunis dans Les Week-ends de Ruppert et Mulot (2016). Ils retrouvent Bastien Vivès pour Olympia (2015) et enchaînent avec Soirée d’un faune (2018), Portrait d’un buveur (2019) et Les Petits Boloss (2020). Du 8 septembre au 2 octobre, la galerie Martel, 17 rue Martel dans le 10e expose les planches de La Part merveilleuse, les deux auteurs étant présents le mardi 7 septembre pour une séance de dédicaces.
Blake et Mortimer Rides Again
À Londres, Philip Mortimer et Richard Murray, le neveu de Francis Blake, dînent avec le réalisateur James Whale, qui prépare une adaptation d’une des aventures du duo, La Marque jaune. Mais, quelques plus tard, Mortimer et Murray manquent de peu se faire écraser par une voiture sans conducteur, tandis que Whale est menacée par une voix féminine sortie de sa radio. Y aurait-t-il derrière ces événements étranges une collaboratrice du docteur Septimus, une biologiste nommée Ursula Phelps, qui a écrit un article prétendant que l’électricité peut déplace les objets à distance ? La vérité ne pourra se faire jour qu’au prix d’une visite dans le cottage soi-disant abandonné du sinistre savant… Non, il ne s’agit par d’un nouvel album de BD par les continuateurs de Jacobs, mais d’un petit livre illustré que François Rivière, déjà habitué à ce genre de pastiche (respectueux) a écrit, illustré par des dessins pleine page de Jean Haramblat mis en couleur par Isabelle Merlet. La Fiancée du DrSeptimus, qui se présente sous un format à l’italienne de 56 pages, moitié texte, moitié dessin, qu’on peut considérer comme un petit entracte pouvant donner l’occasion d’un cadeau aux amateurs de la série (Dargaud).
L'Encyclopédie des peurs, parBenoît Broyart - Ewen Blain
Dans son manoir gothique, Clara Baldamore met le point final à son œuvre, L’Encyclopédie des peurs. Toutes les peurs humaines y sont répertoriées et leurs essences analysées. C’est un grand pas pour la science ! Malheureusement, le chien Raspoutine se jette sur le livre dès que Clara a le dos tourné. Toute une vie de travail est réduite à néant…Compte tenu de son âge, elle ne pourra jamais rattraper les pertes. À moins… À moins que l’arrivée impromptue de sa petite-fille ne lui offre une solution ? Oui, mais Lili sera-t-elle à la hauteur des épreuves terrifiantes qui l’attendent? Ces deux albums chez Jungle.
Jean-Pierre Andrevon
LIVRES
Pour les amateurs de fantasy qui n’hésitent pas à se plonger dans la lecture de pavés rien moins que costauds, recommandons Le Cycle de Syffe, dont le premier tome, L’Enfant de poussière, avait été publié en 2018. Syffe est un enfant des rues qui, vivant dans la cité de Corne-Brune, se voit enrôlé de force dans la garde qui doit veiller sur la frontière sauvage. Mais il va contre son gré se trouver mêlé à de sombres machinations. L’auteur, Patrick K. Dewdney, Britannique vivant en France depuis l’âge de 7 ans, s’est fait connaître en 2007 par un premier roman, Les Contrebandiers. Passionné d’écologie et de zététique (l’art du doute, où œuvrent les pourfendeurs de fake news), il nous livre là une saga haute en couleur dont le second tome, La Peste et la vigne, a été publié en 2019, le cycle s’achevant avec Les chiens et la charrue, sorti ce mois-ci au Diable Vauvert.
Un grande dame du fantastique
Natalie a 17 ans et s’apprête à entrer à l’université. Adolescente solitaire, elle tente de survivre à son étouffant milieu familial, entre un père écrivain frustré, dominateur et égocentrique, et une mère effacée, perpétuellement au bord de la dépression. Elle s’invente alors une vie parallèle dans laquelle elle mène une existence criminelle, traquée par un policier opiniâtre. La veille de son départ pour l’université, lors d’une réception donnée par ses parents, elle se lance dans un jeu dangereux…
Ce roman inquiétant, Hangsaman (chez Rivage), resté jusqu’ici inédit en français, est signé Shirley Jackson (1916-1965), bien trop tôt disparue, et dont la publication dans le New-Yorker de sa nouvelle La Loterie qui la fait connaître, en partie à cause du scandale qu’elle suscite. Fondatrice du «gothique noir moderne» et reine
de l’horreur psychologique, inspirant de nombreux auteurs, de Stephen King à Stephenie Meyer, en passant par JK Rowling, Shirley Jackson est l’autrice de plusieurs romans marquants : Nous avons toujours vécu au château, La Maison hantée (qui a inspiré la série Netflix The Haunting of Hill House) ainsi que de nombreuses nouvelles, genre où elle excelle.
Pour les plus jeunes
La Brigade des cauchemars, tome 5 : c'est le moment, la Brigade des cauchemars ne peut plus reculer. Elle doit affronter l’ultime épreuve : entrer dans la tête de Léonard. Tristan est déterminé, il fera tout pour sauver sa mère, même s’il a le cœur serré à cause du rapprochement entre Sarah et Esteban. Mais si l’exploration de la tête de Léonard peut permettre de secourir Alice, ce ne sera pas sans affronter le passé de Léonard, son histoire et ses pires cauchemars…
La Brigade des cauchemars est le premier scénario BD du maître du thriller Franck Thilliez. C'est le dessin audacieux de Yomgui et l'incroyable travail d'ambiance de Drac. La Brigade des cauchemars c'est aussi plus de 100 000 exemplaires vendus, un prix des collèges (Séries) au FIBD 2019, une nomination pour le grand Prix des lecteurs du Journal de Mickey 2019 et une exposition autour de la série disponible pour les bibliothèques et salons du livre. Enfin c'est une série live en préparation développée par France Télévisions. Elle devrait arriver sur nos écrans en 2023 !
Dune en lecture
L’étude Dune, un chef d’œuvre de la science-fiction, par Nicolas Allard, était sortie des presses en 2020, et nous en avions bien sûr salué la publication dans notre édition papier. Avec l’incessante colonisation de nos écrans par la première partie de la saga de Denis Villeneuve, le livre bénéficie d’une ressortie. Tout pour tout savoir sur ce monument, politique, philosophique, psychologique, poétique…
Un événement « Batman »
Pour célébrer le Batman Day et la sortie de Batman The World, dont nous avons parlé la semaine dernière ici même, Urban Comics organise deux rencontres avec Thierry Martin et Mathieu Gabella, les auteurs français de Batman The World, et un événement exceptionnel au Carrousel du Louvre samedi 18 septembre : la réalisation d’une fresque Batman monumentale, en public, aura lieu de 14h à 18h au Carrousel du Louvre, associée à la présentation de Batman The World, en présence des auteurs Thierry Martin et Mathieu Gabella qui dédicaceront Batman The World à Paris, le samedi 18 septembre :
- de 10h à 12h à la Fnac Bercy,
- de 15h30 à 17h30 au Carrousel du Louvre.
Jean-Pierre Andrevon