"Métal Hurlant" fait des gros câlins aux félins
La Volte fête ses 20 ans avec un livre objet collector époustouflant
Rejoignez les Héros du Metal aux portes de l'Enfer
LYON : LA SF EN FÊTE !
C’est du 18 au 24 avril que les Intergalactiques de Lyon ouvre ses portes aux amateurs, et pas que. Au programme de cette manifestation tous azimuts qui en sera à sa 12e édition : des rencontres et tables rondes (sur les jeux, les éditions du Bélial’, etc), des ateliers d’écriture (la narration avec Francis Berthelot), des films (Les Chasses du comte Zaroff, Le Prix du danger) avec des courts-métrages, une brocante, des floppées d’invités (Roland Lehoucq, Joëlle Wintrebert, Léo Henry) et plus encore. Une adresse : MJC Monplaisir, 25 avenue des Frères Lumières, 69008 Lyon), et pour plus de détails, c‘est ici :
JEAN-PIERRE DIONNET ET LES CHATS
On se souvient que c’est en 2021 que renaît le magazine culte de la SF, Métal Hurlant, après un premier essai infructueux au début des années 2000. Un projet aujourd'hui porté par le patron des éditions Humanoïdes Associés, Fabrice Giger, et le directeur de la rédaction Jerry Frissen. Ces derniers ont convaincu le rédacteur en chef historique, Jean-Pierre Dionnet, de reprendre les rênes, à l'occasion des (presque) 50 ans de l'illustré, pour un numéro hors-série spécial, consacré à l'animal totem de l'époque, le Chat. Dionnet : « Pour la première fois depuis presque 50 ans, je reviens à la barre d'un bateau, désormais sous la houlette de Jerry Frissen, en tant que rédac' chef sur un Métal Hurlant "spécial chat" ». J'ai d'abord dû imposer l'idée d'un hors-série dédié aux chats et lorsque Jerry m'a demandé "Pourquoi ?", j'ai répondu "Pourquoi pas ?". Puis il m'a finalement avoué qu'il en avait lui-même un ».
Il confie tout de même avoir voulu ici transmettre sa passion de ses matous, mais non à la manière des réseaux sociaux qui les travestissent en animaux mignons, « …ne sachant toujours pas s'ils sont bons ou mauvais. Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont amoraux. C'est ce que j'aime chez eux : ils ne se posent pas les problèmes de conscience des humains. Dans le monde des chats, on est prédateur ou prédaté, et on a toujours raison. » Ce numéro de 260 pages accueille, entre les 30 histoires de ce numéro (très) spécial, Florence Cestac (la plus drôle avec son matou bagarreur), Jean-Claude Denis (le plus vécu… car qui n’a pas perdu son chat ?), Miriam Kim et Daria Schmidt pour l’esthétique, Peter Snejbjerg & Ole Comoli pour une des rares fables de SF ( n’emmenez jamais un chat dans votre astronef !), sans oublier les délicats croquis noir et blanc de Chabouté et, concernant les chroniques, les chats au cinéma par Vincent Delorme et, dans la littérature, par l’indispensable Claude Ecken. Donc tout le monde à son poste pour cette sortie en librairie ce mois d’avril de l'an « 2924 ».
LOVECRAFT ÉCRIT À LA MAIN
Les Saints Pères, éditeur spécialisé dans la publication de fac-similés de manuscrits des grands classiques de la littérature mondiale, propose At the Mountains of Madness (Les Montagnes hallucinées) de H.P Lovecraft, dans une édition limitée et numérotée de 1000 exemplaires. Les Montagnes hallucinées raconte l'histoire de la découverte, lors d'une expédition scientifique en Antarctique, de ruines d'une cité colossale de l'ancien temps. En parallèle, un éminent professeur d'université est hanté par d'étranges visions. En quête de réponses sur ce qui semble l'avoir « possédé », il trouve en Australie des vestiges d'une époque lointaine, dissimulés aux yeux du monde. En explorant les labyrinthes et cachettes de ces endroits damnés, tous vont découvrir des fresques dépeignant l'arrivée sur Terre de créatures venues d'ailleurs. Ils réalisent alors que le risque que ces entités reprennent le contrôle de notre planète est toujours d'actualité... Lovecraft étant contraint d'économiser son papier, le manuscrit est rédigé au dos de correspondances diverses, ainsi que de publicités qu'il recevait à l'époque. Cette édition permet alors de découvrir à la fois le manuscrit original des Montagnes hallucinées et des lettres de James F. Morton, J. Morris Robinson, Maurice W. Moe... La présente édition est agrémentée d'une introduction de S.T. Joshi, spécialiste de l'auteur et d'une préface de David Camus, qui est, entre autres, traducteur de l'œuvre de H.P Lovecraft (Les Saints Pères).
LE ROI ET L’OISEAU EN CONSTRUCTION
« Comme les temps n’ont pas changé, j’ai regardé Le Roi et l’oiseau avec ma fille, comme faisaient ma mère et moi lorsque j’étais petite. Et là, je me suis dit que si Jacques Prévert faisait son film aujourd’hui, il ne changerait rien au roi si petit bet si hargneux, qu’il ne changerait rien à l’oiseau si hâbleur, qu’il ne changerait rien au robot massacreur, qu’il ne fallait rien changer et que rien n’a changé… » Si Jean-Pierre Pagliano, dont le livre de 2012 est aujourd’hui réédité en un magnifique album de 192 pages, a tenu à faire figurer cet extrait d’une lettre de spectatrice ayant vu le film à sa sortie en 1980, c’est pour bien montrer ce que cette œuvre d’exception a sa place unique dans l’histoire du cinéma d’animation, mieux, du cinéma dans son ensemble. D’où un parcours qui fait parler les collaborateurs de la première heure de Grimault, s’attarde sur les aléas d’un film qui dut subir en 1953 une première sortie mutilée par son producteur sous le titre La Bergère et le ramoneur, et surtout s’illustre par les dessins et fusains du maître d’œuvre, revenu cent fois sur son travail. Donnant ainsi l’impression, non de revoir le film, mais de suivre pas à pas sa patiente fabrication. À ne pas manquer, et pas seulement par les amateurs d’animation (Capricci).
DES POCHES EN VRAC
La SF a le vent en poupe avec un débordement de rééditions que nous allons très rapidement passer en revue… En commencement par Une colonie , d’Hugh Hovey (Silo) où l’espèce humaine expédie dans l’univers, à la recherche d’exoplanètes habitables, des vaisseaux contenant des blastocystes qu’une I.A. sera chargée de faire évoluer en adultes éduqués aux diverses disciplines utiles à la colonisation. Mais le vaisseau Colony ne lâche sur un monde hostile et glacial que 60 adolescents perdus, pour un planet opera traité en survival (Le Livre de poche). Aux mêmes éditions, Le Jardin quantique, de Derek Künsken (Les profondeurs de Vénus), second tome de la série L’Évolution quantique se fonde sur une guerre économique, le capitalisme semblant toujours à l’œuvre dans les années 5000 pour un s. o. assez andersonien. Enfin, de Becky Chambers, Archives de l’Exode fait partie de la série Les Voyageurs, space-opera féministe relatant la vie quotidienne à bord d'un vaisseau spatial remarquable par la diversité des êtres humains et extraterrestres qui l'habitent. Quatrième Livre de poche du lot, La Loi du désert, que suit Retour à Silence est signé du Français Franck Ferric (Trois oboles pour Charon) fait retour au post-apo climatique plus qu’en vogue ces temps où, dans un monde désertifié où ne subsistent que quelques cités-États, on suit le destins de certains survivants errant dans le désert de tous les dangers. On passe à l’édition concurrente, Pocket avec un autre Français, Pierre Raufast, auteur déjà d’une dizaine de romans dont La Baleine thébaïde et qui, avec La Tragédie de l’orque, premier tome de La Trilogie Baryonique, nous projette en 2173 où c’est dans l’espace qu’il faut aller chercher l’anti-matière qui permettrait à la Terre dévastée de survivre. On en termine avec cette recension sans quitter Pocket avec Lord Cochrane et les montagnes hallucinées où le Chilien Gilberto Villaroel n’abandonne ni son héros favori ni ses hommages à Lovecraft, encore lui, avec cette descente dans le monde souterrain que Cthulhu n’a peut-être pas abandonné.
UN CADEAU DES ÉDITIONS LA VOLTE
À l'occasion de son vingtième anniversaire, La Volte publie V. VINGT ANS DE VOLTE, livre-objet unique retraçant vingt ans de publications, avec vingt univers voltés (Un Souvenir de Loti, Sous la Colline, Sirène Debout, Le Premier Souper, Pollen, Paideia, Mondocane, Mater Terribilis, La Horde du Contrevent, etc) illustrés par vingt artistes (Nicolas Fructus, Chrystel Laporte-Roy, Levalet, Mad Moisie, Mandy, Peggy Ann Mourot, Anna Parraguette, Stéphane Perger, etc). Du 9 avril au 9 mai, il est possible de participer à la prévente en faisant l'acquisition de l'une des 250 éditions Collectors de l’ouvrage dans son coffret réalisé par Aniuck Faure avec un ex-libris numéroté et signé par Mathieu Bablet.
Jean-Pierre Andrevon
UN ENFANT QUI MORD, HISTOIRE DE VAMPIRE ALPESTRE
Vingt-cinquième opus d’une collection fleurant bon le pulp d’antan et l’air pur des sommets alpins soudain vicié par quelque malédiction locale, cet Enfant qui mord signé de notre cher Jean-Pierre Andrevon se glisse en bonne place dans cette belle anthologie du lugubre et de la terreur à la mode d’un terroir fertile en la matière. Variation sur la thématique éternelle du vampirisme, ce récit de 130 pages nous relate par le menu la descente aux enfers d’un assistant-réalisateur expédié en plein Vercors en compagnie d’une équipe de tournage des actualités régionales l’abandonnant incidemment un dimanche soir en rase campagne. Livré à lui-même, le jeune Yann Flandrin trouve refuge au cœur d’un village à la Brigadoon, dans un hôtel hors d’âge où il reçoit nuitamment la visite d’une demoiselle aux allures de goule qui non contente de se glisser nue dans son lit lui affirme plus de neuf mois après qu’il est le père de son étrange bébé. Un enfant de l’amour ou plutôt de la mort évoquant le terrible rejeton du Monstre est vivant de Larry Cohen, prêt à tout pour croître en se repaissant de sang humain, quitte à saigner à blanc son propre géniteur ou ses relations passant à sa portée. Avec le talent narratif qu’on lui connait, le père du Furet travaille au corps ses personnages comme le lecteur horrifié par ce conte aussi sensuel que glaçant en forme de cauchemar sans fin (Gore des Alpes).
Sébastien Socias