"Malorie" nous ramène dans le monde de "Birdbox"
Les créatures maritimes se révoltent dans "Abyssses"
LE DANGER VIENT DE LA MER
Abysses (Der Schwarm en v. o. - 2008), traduit en 26 langues et vendu à 4, 5 millions d’exemplaire, s’ouvre avec la disparition mystérieuse d’un pêcheur péruvien. Ce n’est que le début d’une série d’événements qui, tous, ont lieu dans les mers ou les océans: une société pétrolière est la proie de vers monstrueux venus des fonds marins de la Norvège; des bancs de méduses très toxiques envahissent les plages d’Europe; au large de Vancouver, dauphins et baleines deviennent agressifs et attaquent les bateaux; un tsunami dévaste l’Europe du Nord, des millions de crabes envahissent New York, tandis que les naufrages en haute mer se multiplient... Y aurait- il une attaque concertée de quelque mystérieuse puissance cachée dans les abîmes? Plusieurs personnages-clefs, dont un spécialiste des baleines et un biologiste norvégien, vont finir par découvrir la vérité, sur laquelle on passera pour ne pas déflorer un suspense plus que bien mené. Écrit comme un blockbuster (1340 pages en traduction pour l’édition poche) par Frank Schätzing, né à Cologne le 28 mai 1955, l’ouvrage tient à cœur de dénoncer la surexploitation de la planète (avec une dent particulièrement dure contre les États-Unis). Impressionnante, cette apocalypse écologique a été portée au petit écran en 2023 dans une série de 8 épisodes produite par ZDF, toujours visible sur Netflix, alors qu’est déjà envisagée la possibilité d’une saison 2 (Pocket).
LES MALÉFICES D’UN ÂGE SOMBRE
Cet âge n’est pas si lointain, puisque nous sommes au XIXe siècle, dans un petit village isolé de tout, haut-perché dans les Pyrénées. Ici la vie est rude, surtout pour la vieille Mara, guérisseuse qu’on traite volontiers pour une sorcière, mais à qui ses voisins sont heureux de lui acheter des plantes qu’elle récolte à longueur de journée et qu’elle est seule à connaître et dont elle fait des remèdes, comme l’huile de genévrier pour soigner les blessures du bétail, ou le champignon tue-mouche, aux effets récréatifs assurés. Mais voilà qu’elle accueille une jeune fille aussi belle que muette, Serena, recherchée par la gendarmerie. Est-elle une simple d’esprit, une meurtrière accusée d’avoir tué son enfant ? D’autant qu’elle a pour protecteur un loup étrange qui est peut-être autre chose qu’on croit. Avec Un Sombre manteau, l’Espagnol Jaime Martin, auteur complet, prend tout son temps pour détailler la vie quotidienne de ce petit morceau de terre aride où se développent la méfiance, la jalousie, l’intolérance, le refus de tout progrès (pas question d’envoyer les enfants à l’école…) qui va déboucher sur la violence. Ceci sur 100 pages où l’attention est portée sur les geste quotidiens couper du bois pour l’hiver, écorcher un lapin, construire un tumulus de grosses pierres pour y garder les pommes de terre et éventuellement y cacher un cadavre. Le dessin simple mais très évocateur de cette vie de plein air mais en vase clos sur un monde en train de mourir, laisse sourdre une poésie prenante empreinte d’inquiétude. Un album qui n’est pas sans attirer la comparaison avec l’œuvre de Servais et méritant bien de ce seul adjectif : magnifique ! (Dupuis, “Air libre”).
SUS AUX CAUCHEMARS !
La Brigade des cauchemars, adaptation de la bande dessinée de Franck Thilliez, Yomgui Dumont, Drac, sera disponible en une sous la forme d’une série de 15 épisodes à retrouver tout l’été, du 27 juin au 14 août, en ligne chaque jeudi en exclusivité sur la plateforme Nextory ( https://nextory.com/fr), composés d'épisodes courts accompagnés d'illustrations sonores immersives. Les héros de La Brigade des cauchemars sont des adolescents plongés dans un univers fantastico-horrifique, à la façon de Stranger Things. Ce sont deux adolescents de 14 ans,Tristan et Esteban, qui forment la brigade, dont le but est de débarrasser les enfants traumatisés par de terribles cauchemars en découvrant leur source grâce à une expérience scientifique inventée par le professeur Albert Angus, le père de Tristan. Ils peuvent ainsi littéralement entrer dans le cauchemar afin d’en découvrir la source et de la détruire… Les 5 tomes de la série, ainsi que son intégrale sortiront à la rentrée le 5 septembre 2024 chez l’éditeur Lizzie.
SUR LE TERRITOIRE DES COMICS
Leurs astronefs pareillement crashés sur une planète inconnue, deux guerriers doivent unir leurs efforts pour bricoler un appareil de secours avec les débris de leur enfin. Problème, ils appartiennent à deux peuples en guerre totale depuis deux siècles, les Zertoniens et les Agorriens. Mais qui sont ces deux naufragés en réalité ? Leur apparence métallique pourrait faire croire à des robots, avant que l’on ne s’aperçoive qu’il s’agit d’armures spatiales. Et, casque enlevé, d’un homme, Darak, et d’une femme, Solila, l’un étant plus favorable que l’autre à une coopération, sans parler de leurs supérieurs. Void Rivals (tome 1 : Au-delà des apparences) est signé au scénario par rien moins que Robert Kirkman (The Walking Dead), pour des dessins et de Lorenzo de Felici, couleur de Matheus Lopes. Un space-opera classique aussi bien par le fond que par la forme qui, sur ses 140 pages ménage aussi bien l’action et le suspense à la psychologie (qui trahira qui ?), et fait partie d’une revisitation de trois séries, Void Rivals, G.I. Joe et Transformers, que Kirkman a décidé de reprendre en main même s’il n’est pas le scénariste de chaque album. Ce qui est le cas de Transformers (tome 1 : Plein Gaz !), où Daniel Warren Johnson est ici auteur complet, seule la couleur étant aux mains de Mike Spencer. Deux adolescents, Spike et Carly, après une chute dans une crevasse lors d’une excursion en montagne, tombent des carcasses de machines géantes, qui reprennent vie, l’une d’elle étant Optimus prime, l’autobot bien connu des amateurs de la série filmique, toujours en guerre contre les Decepticons. Ce qui nous vaut, sur 160 pages, d’incessants combats de nos géants que la plume de Johnson, lequel, usant de plongées et contre-plongées, passant des petites cases aux doubles pages, dope d’un dynamisme digne d’images en mouvement. Une seule conclusion : vite, la suite ! (Urban Comics).
LA MORT INVISIBLE
On se souvient de Bird Box, roman signé Josh Malerman, roman où une brusque invasion de créatures invisibles provoquant la folie meurtrière quand un regard se tourne involontairement vers elles. Sur ce thème qu’on pourrait résumer par «voir l’invisible» est porté par jeune femme, Malorie qui, comme tous les survivants, doit porter en permanence un bandeau sur les yeux, donc vivre en aveugle et dont on suit la longue descente d’un fleuve avec son petit garçon et la fillette d’une victime qu’elle a recueillie, parce qu’elle a entendu sur la radio qu’il existerait un hâvre où elle trouverait protection, et qui se révèle en fait une école pour aveugles. L’auteur retrouve son personnage 13 ans plus tard, avec Malorie, alors que les deux enfants sont maintenant adolescents et que la menace des créatures est toujours présente dans un monde totalement désorganisé. Parce que Malorie a appris que ses parents sont toujours en vie à l’autre bout du pays, elle décide les rejoindre, à bord du seul train qui roule encore et peut par nature circuler en aveugle. Si certaines séquences sont toujours aussi prenantes, comme celle où la jeune femme aux yeux bandés explore une maison sans savoir si elle est occupée par des monstres ou des contaminés, cette suite a peu à donner point de vue information, donc originalité, le voyage en barque du précédent étant seulement remplacé par un voyage en train et le mystère concertant ces créatures d’un nouveau genre (d’où viennent-elles, que sont-elles, que veulent-elles ?) n’est toujours pas résolu. Profitons donc de l’occasion pour signaler que Bird Box a été porté à l’écran en 2018, par Susanne Bier (avec Sandra Bullock), dans un très bon film où la réalisatrice a résolu le problème de l’invisibilité des monstres en signalant leur présence par un vent violent et grondant qui soulève les feuilles. Un second film, tout aussi excellent, avec de nouveaux personnages et qui donc n' est pas l’adaptation de Malorie, lui titré Bird Box Barcelona a été réalisé en 2023 par Alex et David Pastor. Une bonne nouvelle pour les abonnés à Netflix : ces deux métrages y sont toujours disponibles.
UN DIALOGUE FERTILE ENTRE L’HOMME ET LA MACHINE
Durant les vingt dernières années, Manu Cossu a joué un rôle déterminant dans la transformation de la pop culture, notamment par ses vidéoclips iconiques et ses films publicitaires mémorables.
Enfant prodige de la French Touch, il a su projeter sa vision radicale et singulière du monde à travers un prisme esthétique unique.
Des artistes de renom tels que Gesaffelstein, Dua Lipa et M83 ont bénéficié de cette perspective innovante pour magnifier leur musique.
Aujourd’hui, en collaboration avec Afif Baroudi et soutenu par Colette Universe, Manu Cossu présente Souvenir du futur, exposition qui, mettant en scène la fin d’un monde et la naissance d’un autre, symbolise un bouleversement visuel et conceptuel, fruit d’un dialogue fertile
entre l’homme et la machine. Ouverte depuis hier au 24 place des Vosges.
Jean-Piere ANDREVON