"Les Gardiens de la Galaxie 3"-la meilleure compil de l'univers !
Excès d'horreur au BIFF 2023-Un délice.
L’heure tourne pour la campagne Tarantino !
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FILMS SORTIS
LES GARDIENS DE LA GALAXIE 3 *****
(Gardians of the Galaxy volume 3). USA/Canada/Nouvelle-Zélande. 2023. Réal.: James Gunn.
Une des premières séquences de ce troisième opus précise son optique. Une porte grillagée s’ouvre, une ombre noire vient couvrir une assemblée de bébés ratons-laveurs qui, apeurés, se serrent les uns contre les autres. Un zoom avant permet de mieux voir les museaux qui frétillent, les pupilles embuées, le poil hérissé, jusqu’à ce qu’une main géante vienne cueillir ce qu’on devine être une future victimes des Hommes. Film anti-spéciste, alors ? Sans aucun doute, qui tombe à pic à l’heure de l’effondrement de la biodiversité, et qu’une des dernières séquences confirme : alors qu’un vaisseau-prison embrasé va se disloquer dans l’espace, une voix crie : «Les enfants d’abord !», une autre lui répondant : «Non, les autres !». Déboule alors une foule d’autres à plumes et à poils, du monstre le plus colossal au plus minuscule raton. La bataille engagée par nos Sept Mercenaire moins un ne sera pas de sauver la galaxie mais seulement le septième larron, le rusé, drôle et adorable Rocket the Racoon, retombé aux mains du créateur-démiurge qui l’avait autrefois formaté et doué de la parole, le Maître de l’Évolution, lequel déclare qu’il ne veut pas conquérir l’univers, mais simplement en perfectionner ses habitants. Ce qu’il fait en créant, suite à des manipulations dignes des pires expériences nazies, de pitoyables humanimaux devant peupler une «contre-Terre» qui se voudrait paradisiaque mais dont la ville ressemble à celle de Truman Show, thème introduisant la seconde visée du métrage : on ne fait pas le bonheur d’autrui contre sa volonté. Visuellement, on en aura comme prévu plein la vue, avec des séquences d’abordages et combats spatiaux avec des engins si gigantesques que ceux de la Guerre des étoiles pourraient passer pour des moustiques (cf. le vaisseau pyramidal du Maître de l’Évolution ne finissant pas de s’arracher du sol de la contre-Terre), tandis que l’humour est toujours présent (Groot se met enfin à parler), de même que les nombreuses références, parmi lesquels ce chien russe en combinaison spatiale ciclée CCCP en hommage à Laïka asphyxiée en orbite, ou ce plan reprenant le détail d’une peinture célèbre de Michel-Ange. Mais l’essentiel tient à l’émotion sourdant des rapports entre Rockett et ses frères animaux martyrisés, ainsi de cette séquence où, au seuil de la mort, il croit revoir au paradis ses frères mutilés qu’il n’a pas su sauver, une loutre amputé des deux bras, un petit chien qui n’est plus qu’un torse soutenu par des pattes d’araignée, un morse encagé dans un exosquelette métallique. Derrière la cruauté, le total bonheur d’une réussite exemplaire. Qu’il faut considérer comme une porte refermée ? Pas si sûr, nous souffle un ultime plan post-générique.
Jean-Pierre Andrevon
FESTIVAL
LE BIFFF 2023
Le rouge et le noir se sont à nouveau réunis cette année à Bruxelles, pour inonder de rires et de frissons la 41e édition du Brussels International Fantastic Film Festival. Une foule de festivaliers a rempli les deux salles de projection du Palais Heysel pour douze jours de pure exaltation décomplexée et pas moins de 73 films sélectionnés. Encore une fois, le BIFFF a repoussé les limites de son art pour prouver aux yeux du grand public que le cinéma de genre a toujours de talentueux serviteurs de par le monde - avec cette année un regard spécial porté au cinéma espagnol.
Est-ce une coïncidence que la question pandémique fasse irruption dans bon nombre de productions actuelles ? Ce sujet a au moins le pouvoir de tourmenter et/ou de faire rire le public contemporain en le prenant pour complice. Ainsi dans Wintertide de John Barnard, une petite ville canadienne plongée dans une obscurité permanente, voit sa population gangrenée par une dépression générale, avant d’être progressivement ravagée par une épidémie de zombies. Pour continuer sur le même thème, It Came from the Water, film polonais de Xawery Zulawski, n’ergote pas sur la question en s’inscrivant dans un contexte de pandémie mondiale et de réchauffement climatique : ne serait-ce pas le meilleur moment pour organiser la fiesta du siècle ? Le leader d’un groupe d’ami.es, le type-même du dandy débauché et outrecuidant, emprunte secrètement l’hôtel particulier de ses parents en bord de mer, et y invite tous ses ami.es en quête d’adrénaline, de d’alcool et de techno. Soit l’individu a vraiment beaucoup d’ami.es, soit quelques persona non grata se sont faufilées au cœur de cette bamboche titanesque... Quoi qu’il en soit, les eaux ne sont plus praticables, chargées d’algues verdâtres, et le moindre plongeon vous transforme en zombie carnassier. Ainsi la drogue ne serait pas le problème principal de cette jeunesse...
Dans un tout autre registre où la grandiloquence cède la place à une gravité de nature catastrophique, le coréen Emergency Declaration est l'un des seuls films à avoir vu son public penaud, les ongles plantés dans les cuisses. Là encore, le thème de l’épidémie virale revient, accompagné cette fois de celui du terrorisme. Un jeune homme menace d’attaquer un avion et d’éliminer ses passagers. La menace n’est pas prise au sérieux, mais lorsque les voyageurs commencent à tousser et à souffrir de migraine, il est déjà trop tard pour réagir. Une seule directive est imposée à l’équipage : interdiction d’atterrir. Jae-Rim Han signe ici un thriller politique tout simplement spectaculaire et brillamment interprété. Une course contre la montre endiablée qui au passage invite à redéfinir ce concept rebattu qu’est l’héroïsme. C’est également le cas pour Hunt, de Jung-Jae Lee (autre film sud-coréen), qui développe une intrigue politique complexe, entre espionnage et contre-espionnage. Un film rigoureux, fait de robustes combats armés et de négociations sous tension continue, dans le sillage de Michael Mann avec Heat.
Cette année encore, la majorité des films sélectionnés pourtant d’une grande diversité était aspergée de litres de sang et de morceaux de chair par grappes entières. Le BIFFF, comme ses confrères européens d’Italie et d’Espagne, rappelle aussi que les genres cinématographiques peuvent être fusionnés, donnant parfois des rencontres surprenantes. C’est ainsi que Sisu, de Jalmari Helanderlors s’est vu attribuer le prix du public avec une mention spéciale en Compétition Internationale. Au cours des sinistres dernières heures de la Seconde Guerre mondiale, un vieil homme finlandais et son petit chien blanc se lancent dans la plus suicidaire et la plus épique traque aux nazis. N’ayant rien à envier de la ruse et de l’habileté d’un Clint Eastwood, l’homme se lance dans des combats aussi sanglants que les Spartiates de 300. Le sang devient très vite élément de spectacle, dès lors que la crédibilité quitte définitivement l’intrigue. Satanic Hispanics en cela a surpassé les limites de la comédie d’horreur - le titre y est déjà pour beaucoup. Fruit d’une collaboration de cinq réalisateurs, ce film est une joyeuse trouvaille dotée de belles qualités d’autodérision. Tout n’y est qu’excessivité, absurdité et irrévérence, avec des acteurs qui maîtrisent la comédie d’horreur outrancière et parodique, dans laquelle les luttes les plus solennelles sont souvent les plus vaines. Là encore beaucoup de sang pour beaucoup de rires, tout autant que dans Mal de ojo, réalisé par le Mexicain Isaac Ezban, grand habitué du BIFFF et cette année membre du Jury International aux côtés de Roxane Mesquida (découverte dans Sheïtan, puis dans Sennentuntschi) et Karim Ouelhaj (Megalomaniac). Dans cette merveille de suspense et de mystère, une jeune fille introvertie fait face à sa grand-mère, une sorcière sadique et tortionnaire. Tous les codes de l’horreur sont adroitement exploités ici : une héroïne seule à tout comprendre mais que l’on prend bien sûr pour une folle, une maison austère isolée au milieu d’une forêt, des parents qui y laissent seules leurs deux filles exposées à tous les dangers, des légendes occultes et des cérémonies rituelles où le sang est fétichisé, des évasions, des rébellions, des luttes, et bien sûr des échecs, car toujours le Mal persiste et triomphe.
Brandon Cronenberg a suscité des avis mitigés avec son Infinity Pool, mais remporta le Corbeau d’Argent en compétition internationale. Il a eu le talent d’offrir l’un des rôles principaux à Mia Goth (déjà stupéfiante dans Nymphomaniac puis dans la trilogie X, Pearl, MaXXXine) mais a aussi eu la mauvaise idée de croiser trop de genres, sous-genres et registres cinématographiques. Il en résulte un film assez suffisant et superficiel. Toutefois si l’on a un amour secret pour les déferlements de violences physiques et psychiques, pour le fétichisme, la perversité et les rapports sadomasochistes, c’est le film à voir, bien que cette violence soit hélas un peu trop gratuite, un peu trop au service du style. Le très attendu Lost & Found (Objectos), de Jorge Dorado (Mindscape, Teresa) avec Alvaro Morte (révélé pour son rôle du Profesor de La Casa de Papel) et l’envoûtante María Eugenia Suárez, confirme la maîtrise du thriller policier par les Espagnols. Une enquête très sombre, menée par un employé aux objets trouvés, le conduit à découvrir un puissant réseau de proxénétisme dans une grande ville espagnole. Un rythme narratif très soigné, des scènes d’amour aussi intenses que des scènes d’action. Une recette 100% espagnole qui puise dans les codes du cinéma de genre pour atteindre une telle authenticité dramatique, cela est peu commun.
En bref, que l’on veuille se faire maquiller ou costumer, ou que l’on préfère les expositions de tableaux gothiques, ou simplement les films version grand écran, grosses enceintes et public enflammé, le BIFFF a la bonne formule. Sa programmation substantielle et variée, qui donne un état des lieux du cinéma de genre mondial, suscite un réel engouement. Car ce festival, c’est aussi celui du public, dont l’inépuisable énergie peut offrir le meilleur accueil et la plus folle ambiance même au film le plus médiocre.
Basile PERNET
FIMS EN VOD
UFO SWEDEN ****
Suède. 2022. Réal.: Victor Danell. (Wild Bunch)
En 1996, Denise, une ado quelque peu instable et rebelle, est témoin de phénomènes aussi étranges qu’inexpliqués. Comprenant que l’obsession de son père, décédé huit ans plus tôt, pour les ovnis n’était pas si farfelue que ça, elle décide de rejoindre les membres de l’association UFO qui enquêtent sur ces évènements surnaturels. Ils vont, ensemble, se retrouver embarqués dans une aventure hautement périlleuse…
Le cinéma nordique nous offre régulièrement des œuvres réjouissantes, à même de combler les amateurs de Fantastique. UFO Sweden en apporte une nouvelle fois la preuve. Réalisée par Victor Danell dont c’est le deuxième long-métrage, cette production suédoise est un excellent divertissement tout public, riche en action et en rebondissements. Le réalisateur, en effet, démarre son récit pied au plancher et, après une séquence pré-générique, se déroulant en 1988, nous entraîne dans les pas de Denise, jeune héroïne, placée en famille d’accueil depuis la mort de son père, et qui est rapidement témoin de phénomènes surprenants (ampoules qui éclatent sans raison, feux de circulation défaillants...). En quelques minutes, le tableau est planté et le spectateur est plongé au cœur de l’intrigue. Mettant en scène des personnages attachants, l’histoire, qui mêle objets volants non identifiés, phénomènes mystérieux et secrets d’Etat, évoque par moment les films de Steven Spielberg et les productions familiales des années 80, une influence que semble d’ailleurs assumer le réalisateur. Car si le suspense est bel et bien au rendez-vous, Danell n’en oublie pas pour autant l’émotion comme en témoigne cette scène où Denise, encore enfant, aide son père à déchiffrer des données météorologiques avant qu’il ne disparaisse dans les montagnes. Servi par des effets spéciaux tout à fait convaincants mais aussi par une interprétation solide et inspirée dominée par la jeune comédienne Inez Dahl Torhaug, UFO Sweden est un film de SF spectaculaire et haletant qui rivalise sans aucun problème avec les meilleures productions américaines.
Erwan BARGAIN