L'écran fantastique du week-end
Des romans, une nouvelle revue, une série qui est très attendue, une bd vraiment pas comme les autres.
ROMANS
Le Monde enfin, récit fragmenté d’une fin du monde étagée de décennie en décennie causée par une pandémie (sic), est considéré en général comme le meilleur livre de notre collaborateur Jean-Pierre Andrevon. Issu sur d’une première nouvelle publiée en 1975 dans le recueil collectif Utopie 75 (sous le label de la collection «Ailleurs et demain»), le thème avait grossi d’année en année par l’adjonction de nombreuses nouvelles traitant du sujet, pour être finalement publié au Fleuve Noir en 2006, l’ouvrage recueillant à cette occasion le prix Julia Verlanger. Et voilà que 15 ans plus tard il renait, augmenté de 4 nouvelles supplémentaires, cette fois aux éditions Actusf, pour un version cette fois définitive, agrémenté d’une très belle couverture : Un vieil homme parcourt à cheval la France, vidée de ses habitants comme la totalité de la planète, à la suite d'une pandémie foudroyante quarante-cinq ans plus tôt. Sur son chemin, il traverse des villes envahies par la végétation et peuplées par des animaux sauvages, ainsi que quelques communautés de survivants octogénaires. Au crépuscule de sa vie, égrenant ses souvenirs, il veut une dernière fois voir la mer. Dans ce monde désert, quelques destins se croisent : une femme cherche désespérément à mettre un enfant au monde, l'équipage de la première expédition avortée vers une autre étoile atterrit en catastrophe. Mais l'existence de ces survivants n'est peut-être pas due au hasard : quel est ce météore bleu vif que les rescapés aperçoivent parfois dans le ciel ? Un espoir venu d'ailleurs ou le dernier signe de l'apocalypse ?
La SF se porte bien, si l’on en juge par les maisons d’édition qui ajoutent à leur catalogue une collection du genre. Leha, par exemple, met cette semaine sur le marché deux gros romans de jeunes auteurs : Philippe Tessier qui, avec Polaris, point Nemo, visite la Terre 600 dans le futur où, suite à la pollution, la civilisation s’est réfugiée sous les océans, où s’étendent de gigantesques cités ; et Chloé Lume qui, avec Ceux qu’on oublie, est plus intimiste avec cette dystopie où un garçon, et une fille vont tenter d’échapper à une ville dont on ne peut en principe pas sortir.
Nicolas Liau, lui, n’est pas spécialement un « jeune auteur », puisque plusieurs de ses contes territoriaux, berrichons entre autres, ont été remarqués par rien moins que Claude Seignolles. Il nous revient aujourd’hui avec un recueil de 14 nouvelles, L’Ange de la mélancolie, où il met en scène d’inquiétantes figures, un accordeur de cœurs, un scruteur de ciel, un garde forestier dont il vaut mieux ne pas croiser la route (Flatland).
Ces titres n’empêchent les « grosses maisons » et leurs collections de prestiges de continuer à sortir à jets continus des best-seller en devenir. Ainsi des 450 pages de La Troisième griffe de Dieu, d’Adam-Troy Castro, un space-opera épique (Albin Michel et sa collection «Imaginaire») ; des 550 pages du Club Aegolius de Laurent Owen, un mystère à la Conan Doyle situé dans le Londres victorien de 1892 (Actes Sud et sa collection «Exofiction») ; et encore les 440 pages de L’Hiver du Monde, où A. G. Riddle, auteur de la série Atlantis, où le futur ne périt par sécheresse mais par le retour d’une nouvelle ère glaciaire (Bragelonne).
LE RETOUR DE FANTASK
La célèbre revue Fantask revient sous forme de mook dédié aux «cultures pop autrement». Une des particularités de Fantask est d’avoir des numéros monothématiques dont le premier questionne notre fascination pour le Mal. Le cinéma est mis à l’honneur avec une interview-réunion de Jodie Foster et d’Anthony Hopkins qui célèbrent les 30 ans du Silence des agneaux, mais aussi avec Tahar Rahim, qui revient entre autres dans le rôle d’un serial-killer. La littérature n’est pas en reste avec la présence de Maxime Chattam, de Jeff Lindsay le père de Dexter, de Nicolas d’Estienne d’Orves ou d’Alexandre Kauffmann. Sont aussi présents le théologien Jean-François Colisimo, le sémiologue Français Jost, le sociologue Vincenzo Susca, et tant d’autres.
SÉRIES TV
C’est le 15 juillet que sera diffusée aux USA sur FX la dixième saison de American Horror Story. Parallèlement sera proposé le spinoff de la série, intitulé tout simplement American Horrror Stories, à raison d’un épisode chaque jeudi (cette première saison en comportant 7). Le spin-off tant attendu d'AHS racontera une histoire d'horreur complète différente dans chaque épisode. Figurent au casting Kevin McHale, Dyllon Burnside, Nico Greetham et Charles Melton, tous vétérans des productions de Ryan Murphy, aux côtés d’acteurs bien connus de la franchise qui feront des apparitions.
BANDES DESSINÉES
Le livre le plus curieux de la semaine concerne néanmoins le cinéma, ou plutôt un rêve de cinéma. Sait-on qu’en1939, Salvador Dali, qui alors avait approché Hollywood et s’était pris d’une grande amitié pour Harpo Marx, eut l’idée d’un scénario surréaliste pour un nouveau film de la M.G.M. avec les Marx Brothers ? Le film hélas ne vit jamais le jour, suite à la mort prématurée d’Irving Thalberg, qui soutenait l’idée. Grâce à la découverte fortuite de ce projet par Josh Frank, puis son obstination à en retrouver les sources – dont le scénario complet, écrit de la main de Dali et dont le centre Pompidou avait conservé la copie –, voilà Femme surréaliste, non le métrage bien sûr dont a été gardé le titre originel, mais son adaptation en bande dessinée par Tim Heidecker au scénario et Manuela Pertefa, dans un riche album de 220 pages très documenté, au sujet duquel on peut tout de même regretter un graphisme qui, s’il tente de reconstituer les décors voulus par Dali, aurait mérité un peu plus d’efforts quant au rythme et à la ressemblances des personnages (Nouveau monde).