Le réalisateur de Winnie The Pooh : Blood and Honey reçoit des menaces de mort pour son film !
Les fans du personnage n'ont pas salué le slasher qui sortira prochainement aux USA et dont les protagonistes sont les personnages créés par AA Milne, tombés dans le domaine public le 1er janvier. Bien que Winnie et ses amis soient adorables, il semble que certains de leurs fans ne le soient pas autant, le réalisateur ayant reçu des menaces de mort. L'actrice Danielle Ronald a commenté : "La vérité est que je pensais que le film attirerait un peu l'attention, mais jamais de la manière dont il l'a fait. Il a été dans tous les journaux et magazines du monde entier. Je pensais que c'était un peu fou, je ne m'attendais pas à quelque chose comme ça. C'est un peu délirant, c'est Winnie l'ourson qui court partout en tuant des gens !". La comédienne a ajouté que "le réalisateur et le producteur ont reçu de nombreux e-mails leur disant qu'ils vont mourir ! Il y a des gens qui disent que le film est une abomination et qu'il ruine leurs rêves, leur enfance et que personne ne doit le voir». Dans Winnie The Pooh : Blood and Honey, les jours d'aventure et de bonheur prennent fin lorsque Christopher Robin quitte sa maison et son ours bien-aimé Winnie l'ourson pour l'université. Alors que le temps passe et que Winnie et Porcinet, son fidèle compagnon d'aventure, voient que Christopher ne revient pas, ils commencent à se sentir abandonnés et furieux, ce qui les rend fous. Sa soif de sang et de vengeance va bientôt faire des ravages. Les acteurs Craig David Dowsett (The Area 51 Incident, The House That Zombies Built) et Chris Cordell (The Curse of Humpty Dumpty, HP Lovecraft's Monster Portal) se chargent respectivement de mettre le masque et de donner vie aux mythiques Winnie et Piglet. Tous deux avaient déjà travaillé avec le réalisateur Rhys Frake-Waterfield (Firenado, Rise of the Loch Ness).
FILMS EN VOD
JUNG_E ***
Corée du Sud. 2023. Réal. et scén.: Yeon Sang-Ho (Netflix).
Dans un univers postapocalyptique, la guerre civile fait rage depuis que la Terre a subi de plein fouet le dérèglement climatique. Vivant dans des arches placées en orbite dans le ciel, les humains tentent de s’organiser. Une chercheuse travaillant pour la société Kronoid, spécialisée dans l’intelligence artificielle, a ainsi cloné le cerveau de sa propre mère, une célèbre mercenaire faisant l’admiration de ses pairs, dans l’espoir de mettre au point une arme susceptible de rétablir la paix…
Révélé avec Dernier train pour Busan, Yeon Sang-Ho est de retour avec un film de SF à la fois spectaculaire et sensible. Le cinéaste sud-coréen signe en effet avec Jung_E, une œuvre qui mêle avec brio action et émotion et qui, sans s’imposer comme un futur classique du genre, mérite largement le détour. Il faut dire que l’auteur de Peninsula possède un indéniable talent de metteur en scène, surtout quand il s’agit, sous couvert de film de genre, de disséquer les relations humaines et en particulier les liens qui unissent des parents à leurs enfants. Le métrage débute sur les chapeaux de roue avec des scènes de combats efficaces qui laissent entrevoir un divertissement axé les cascades et la pyrotechnie. Puis, le récit prend une tournure plus dramatique, davantage intimiste en se penchant sur le personnage de Yoon Seo Hyun, dont le visage figé, cachant tout sentiment, laisse deviner la psychologie. Certaines scènes où elle se retrouve face à sa mère, qui a le même âge qu’elle, sont assez troublantes et permettent au cinéaste d’aborder une nouvelle fois le thème de la filiation, récurrent dans ses films. Dans une société déshumanisée (les décors froids et verticaux en sont l’illustration), le lien unissant une mère à son enfant semble ainsi être la seule lueur d’espoir, ainsi que le révèle le dénouement. Le métrage est, en outre, hautement politique et tire à boulet rouge sur les effets néfastes du capitalisme qui creuse les inégalités entre les riches et les pauvres, comme en témoigne l’accès au clonage. Si certains personnages sont un peu excessifs (à l’image du directeur de Kronoid) et que les effets visuels sont parfois de qualité variable, Jung_E s’impose néanmoins à l’arrivée comme un très bon film de SF, aussi intelligent que divertissant.
Erwan BARGAIN
IN MEMORIAM
EUGENIO MARTIN (1925-2023)
Né en 1925 et décédé le 23 janvier 2023, Eugenio Martin Marquez fut un prolifique réalisateur espagnol. Il œuvre surtout dans le western, le thriller et l'horreur, son chef d'oeuvre restant Terreur dans le Shanghai Express.
Enfant de la Guerre civile, Martin s'intéresse à la poésie (il publie un recueil) puis au cinéma. Il dirige de nombreux courts-métrages avant son premier long, Despedida de soltero, enchainé avec Les corsaires de Caraïbes et Le tueur à la rose rouge. Ce-dernier, en 1962, préfigure le giallo par son scénario retors, la présence de Jean Sorel et sa triple nationalité (Italie, Espagne et Allemagne). Cette modeste production suit Eric, un quidam (Sorel) travaillant pour un hypnotiseur de cabaret, Han, et secrètement amoureux de sa fiancée. Un soir, le désargenté Chris dérobe la recette de Han et l'assomme. Mais ensuite Eric le tabasse à mort avant d'appeler à l'aide, reportant les soupçons sur Chris. Ce-dernier, aidé de sa sœur, tente de retrouver le véritable meurtrier. Le tueur à la rose rouge s'inspire de Psychose et ménage quelques moments de suspense éprouvant. L'héroïne se retrouve ainsi coincée sous une scène de théâtre qui menace de l'écraser. Le récit introduit en outre un mannequin de ventriloque qui pousse le meurtrier à la folie. Eugenio Martin livre une mise en scène de bonne tenue avec quelques coquetteries visuelles effectives et des plans recherchés. Un beau noir et blanc et une interprétation de qualité transforme Le tueur à la rose rouge en une réussite du proto-giallo.
En 1966 on note l'excellent western Les Tueurs de l'Ouest, petit classique avec Tomas Milian. Cinq ans plus tard, le cinéaste rassemble une distribution de prestige (Lee Van Cleef, James Mason, Gina Lollobrigida, Simon Andreu et Gianni Garko) dans un autre western Les 4 mercenaires d'El Paso, écrit par Philip Yordan (Le Cid) alors sur la liste noire pour activités antiaméricaines. La même année, Eugenio Martin revient au giallo avec Meurtre dans la piscine animé par l'ex-star hollywoodienne Carroll Baker. Entre les thrillers d'Umberto Lenzo et Soupçons d'Alfred Hitchcok, le film s'intéresse à un quadragénaire dont la troisième épouse vient de périr dans un accident. La police trouve la série suspecte mais le témoignage d'une femme de chambre l'innocente. Quelques jours plus tard, le veuf tombe amoureux de sa voisine et l'épouse. Ce scénario prévisible (y compris dans ses rebondissements) avance sur un rythme assoupi mais Martin mène adroitement sa barque jusqu'au troisième acte riche en révélations successives. Pas toujours crédible, ce classique "murder mystery", bien interprété et bercé par une bande originale du talentueux Piero Umiliani, témoigne du métier de Martin.
Mais son meilleur film reste Terreur dans le Shanghai Express, mené tambour battant, dans lequel Christopher Lee, Peter Cushing et Telly Savalas se retrouvent à bord du transsibérien aux prises avec un monstre sanguinaire. Tourné pour 300 000 dollars avec une atmosphère et un humour british rappelant la Hammer, le métrage s'apparente à une rencontre entre le whodunit à la "Crime dans l'Orient Express" et l'horreur dans le style de La Chose d'un autre monde. L'idée de base revient au producteur Bernard Gordon, associé à Philip Yordan qui souhaitaient utiliser un train racheté à la superproduction Nicholas et Alexandra. Eugenio Martin affirma : "Le producteur m'a proposé d'écrire un script pour utiliser ce décor. Yordan avait acheté les droits de nombreuses nouvelles pour les adapter en film et de tout cela a découlé Terreur dans le Shanghai Express". Belle réussite pour cette série B combinant avec bonheur énigme policière, aventure, science-fiction, horreur et film-catastrophe. Martin livre encore de nombreux films, dont deux récits d'épouvante (Una vela para el diablo en 1973 et Sobrenatural en 1981) puis revient à la télévision avant de prendre sa retraite en 1996, après une dernière comédie, La sel de la vida.
Frédéric PIZZOFERRATO