LA CAMPAGNE PARTICIPATIVE JOUE LES PROLONGATIONS PENDANT LES FÊTES.
https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/l-ecran-fantastique-tous-nos-projets-fantastiques
FILMS SORTIS
VIOLENT NIGHT ***
USA. 2022. Réal.: Tommy Virkola.
Jason et Linda, couple au bord de la rupture, se rendent avec leur petite fille de sept ans, Trudy, dans la luxueuse et surprotégée demeure de Gertrude Lighstone, la mère acariâtre et multimillionnaire de Jason, pour y passer le soir de Noël. Mais la fête est très rapidement perturbée par une bande de six malfrats aux ordres de celui qui se fait appeler Scrooge et qui, après s’être débarrassée des gardiens, sont bien décidés à mettre la main sur les six-cent millions de dollars que la matriarche garde dans son coffre, en usant s’il le faut de la torture. Seulement une fois la malle au trésor ouverte, elle se révèle vide. Scroodge, l’omniprésent John Leguizamo en méchant entre en fureur, d’autant que Trudy a réussi à s’échapper pour se réfugier au grenier. Et qu’elle a appelé au secours le Père Noël grâce à un vieux talkie-walkie. Comme le bonhomme en rouge entend tout, il arrive ! Bien sûr, il n’est pas tout à fait à l’image de ce que voudrait la tradition, c’est un bonhomme mal fagoté, qu’on a vu en introduction boire plus que de raison, grommeler que ce sera son dernier hiver, injurier les rennes de son attelage qui font des crottes partout et vomir en plein ciel, alors que son chariot s’envole vers l’orbe de la Lune dans un plan digne de Spielberg (ou de Méliès). Mais une fois qu’il s’est rendu compte de la situation, la suite est facile à deviner : ça va barder, comme dirait Lemmy Caution. Partant d’un postulat qu’on va dire casse-gueule au possible, Tommy Virkola, excellent artisan capable de se sortir de n’importe quel projet (Dead Snow, Hansel &Gretel : Witch Hynters, Seven Sisters), transforme en série B de luxe ce qui aurait pu sombrer dans le n’importe quoi. D’abord grâce à quelques figures vigoureusement dessinées, ainsi de la maîtresse de maison (Beverly d’Angelo), tirée à quatre épingles mais au langage de charretier et sachant manier du pistolet quand il faut, mais surtout David Harbour (Hellboy, «Stranger Things») en Père Noël à la carrure d’ours, qui passe les deux-tiers du film à se colleter à mains nues (enfin… il peut aussi s’aider d’une machette et d’une masse) avec une bonne vingtaine de crapules surarmées qu’il étend pour le compte dans une efflorescence continue de sang, ce qui intègre le métrage dans le gore le plus brut, et pas du tout dans les «films pour enfants» comme on aurait pu croire. Certes, sa personnalité comme ses pouvoirs ne sont pas clairement définies – il peut être blessé et saigner, mourir mais ressusciter, et à l’occasion se transformer en une tornade de flammes – mais comme la morale est sauve (aucun décès dans la famille et l’argent a été retrouvé), on en accepte les incohérences mineures en ayant passé deux petites heures réjouissantes.
Jean-Pierre ANDREVON
FUMER FAIT TOUSSER •
France, 2022). Réal., scén. phot. & mont.: Quentin Dupieux
Un gamin voit dans une clairière cinq personnages en costume de super-héros – modèles les Powers Rangers – affronter une sorte de tortue ninja qui finit par éclater, répandant sang et viscères à cent mètres à la ronde. Ces héros sont les membres de Tabac Force, dont le chef précise que, contrairement à ce que leur nom peut faire penser, ils sont contre la cigarette. Cette entrée en matière bouclée, le chef, un hideux rat bavant (voix d’Alain Chabat) met le groupe en congé pour leur donner le temps de se reconstituer. Voilà donc Benzène (Gilles Lellouche), Méthanol (Vincent Lacoste), Nicotine (Anaïs Demoustier), Mercure (Jean-Pascal Zadi) et Amoniaque (Oulaya Amamra) en forêt autour d’un feu de camp, l’un d’eux demandant que chacun raconte une «histoire à faire flipper». Ce qui va alors donner lieu à une poignée de sketches, exemple deux couples de vacanciers se massacrant entre eux parce qu’une des femmes s’est coiffé d’un «Mask» (savourons la référence), avant qu’une terrible nouvelle ne leur tombe dessus : le Grand Méchant Lézardin (Benoît Poelvoorde) va détruire la Terre dans quelques minutes…
L’un des points forts de ce qu’il faut bien appeler un film, rappelons-le acclamé par l’ensemble de la critique, serait son «casting quatre étoiles», accordé à des acteurs et actrices certes sympathiques mais qui n’ont strictement rien à faire, lâchés dans un métrage sans queue ni tête, dont aucune péripétie, aucune répartie de dialogue ne peut arracher le moindre sourire (le rédacteur de ces lignes parle pour lui). Et quant à la signification de l’ensemble – ne parlons même pas de message – il est encore à chercher. Quentin Dupieux, qui n’a pas toujours été mauvais (cf. Rubber, son troisième long), a déclaré vouloir signer une comédie «capable de divertir un public abattu par le présent». Abattu par sa dernière œuvre en serait une définition plus juste.
Jean-Pierre ANDREVON
FILMS SORTIS
LE MENU **
(The Menu) USA. 2022. Réal.: Marc Mylod.
Douze invités triés sur le volet sont conviés à un repas très spécial – déjà par le prix : 1250 $ par personne - par un chef de renom, Slovik, dont l’établissement se trouve sur l’île isolée de Hawthorne. Dès leur arrivée, les convives, où l’on trouve deux couples de critiques culinaires et un jeune homme, Tyler, qu’accompagne une fille apparemment récupérée au dernier moment, Margot, sont surpris par la rigueur méticuleuse avec lequel le service est fait, cuisiniers et serveurs obéissant au doigt à et l’œil au maître des lieux qui claque dans ses mains et s’entend répondre, comme chez les marines, par un «Oui chef !» hurlé à l’unisson à la moindre de ses injonctions. On n’est pas loin, ici, d’un ordre nazi, que Ralph Fiennes, qui semble ne s’être jamais dépêtré de son rôle d’officier SS dans La Liste de Schindler, orchestre avec un gravité qui peut prêter à sourire quand on l’entend soliloquer interminablement sur sa cuisine, qui ne se mange pas mais se déguste. Si l’on s’amuse à suivre la préparation de plats exotiques que l’on ne goûterait pour rien au monde, le film, dont le suspense tient à la question : que va-t-il se passer ensuite ? laisse rapidement voir sa vacuité. Est-on dans une sorte de Shaw-bis où Slovik n’aurait invité que des gens dont il veut se venger ? Rien ne l’indique, sinon la présence des critiques culinaires, dont un des couples vient pour la onzième fois. Quel est exactement le rôle de Tyler et Margot, dont on soupçonne cette dernière d’être une policière infiltrée pour mettre à jour les louches trafiques du chef ? Encore une fausse piste. Quant à l’ébauche d’une chasse à l’homme style comte Zaroff, elle tourne rapidement court, laissant le film, à la fin allusive, baigner dans le flou, le réalisateur n’ayant su choisir entre le polar et le fantastique, l’horreur (un index coupé, une cervelle sautée) et sa parodie, pour en reste à une série B de luxe, où certes on ne s’ennuie pas mais qui promettait bien plus qu’elle n’a su donner.
Jean-Pierre ANDREVON
À SORTIR EN SALLES
SALOUM ****
Sénégal. 2021. Réal. et scén.: Jean Luc Herbulot.
SORTIE : 26 JANVIER 2023.
En 2003, une petite bande de mercenaires rodée aux opérations délicates est chargée d’extraire de Guinée-Bissau, un baron de la drogue. La mission ne se déroule pas vraiment comme prévu et le petit groupe est contraint de se réfugier au Sénégal, dans la région de Saloum, réputée pour être habitée par des esprits…
Inutile d’y aller par quatre chemins : Saloum est une véritable surprise. Inaugurant le «Southern», nouveau sous-genre cinématographique mêlant les codes du western et la culture africaine, ce film, réalisé par Jean Luc Herbulot, cinéaste franco-congolais remarqué avec Dealer, son premier long-métrage, se révèle en effet diablement réjouissant à plus d’un titre. L’histoire mettant en scène des mercenaires débute comme un film d’aventures avant de glisser peu à peu, et avec brio, vers le surnaturel. Une fois les «héros» arrivés dans la petite communauté, le récit se teinte ainsi d’une étrangeté quasi mystique qui s’avère réellement envoûtante. S’appuyant sur les croyances et mythes de l’Afrique, Herbulot embarque ses personnages (et par là même le spectateur) dans un voyage dont la destination leur est inconnue. Connaissant parfaitement ses classiques, le réalisateur s’amuse avec les codes des différents genres auxquels il se réfère et cet amour du cinéma populaire transparaît à chaque instant. Porté par une magnifique photographie et témoignant d’un sens indéniable du cadre, l’auteur nous gratifie d’une mise en scène particulièrement esthétique qui, sur certaines séquences (cf.: les prises de vue sur le delta de Sine Saloum) possède une dimension picturale. Les paysages et grands espaces du Sénégal sont parfaitement exploités et mis en valeur et contribuent grandement à l’originalité du film. D’autant que le récit aborde également le contexte géopolitique du continent africain et ne ferme pas les yeux sur les conflits armés qui le ronge. Le dénouement, magnifique et plein de sens, est d’ailleurs là pour en témoigner. Autres points forts : l’interprétation qui, dominée par Yann Gael, est excellente tout comme la B.O., aux consonnances tribales, qui épouse à merveille un montage à la fois alerte et fluide. En additionnant toutes ces qualités, Saloum s’impose comme une œuvre exaltante destinée, n’en doutons pas, à devenir culte auprès d’un bon nombre de fantasticophiles.
Erwan BARGAIN
FILMS EN VOD
MATRIARCH **
(Disney+).
Atteinte d’une mystérieuse maladie après avoir survécu à une overdose, Laura, une jeune femme à la vie professionnelle bien remplie, accepte, sur invitation de sa mère, de retourner dans la maison familiale afin de se reposer. Une fois sur place, elle va être obligée d’affronter ses propres démons…
Étrange film que ce Matriarch. Réalisée par Ben Steiner dont c’est le premier long-métrage, cette production, inégale, laissera en effet un sentiment mitigé à de nombreux spectateurs. Il faut dire que le rythme du récit est assez lent et que, durant les quarante premières minutes, il ne se passe pas grand-chose, Steiner préférant planter l’ambiance et nous présenter son personnage principal plutôt que de distiller angoisse et suspense. Un choix discutable d’autant que le sujet du film se prêtait à une narration plus dynamique. Heureusement, dans sa deuxième partie, quand l’héroïne revient dans la maison familiale, l’histoire emprunte un autre chemin. Le comportement troublant des voisins mais aussi et surtout celui de la mère de la jeune femme offrent un regain d’intérêt au récit, le cinéaste parvenant, au fil des révélations, à créer une certaine tension jusqu’au dénouement, bien amené. Est-ce cependant suffisant pour faire de Matriarch un bon film d’épouvante ? La réponse est non, car si la réalisation est appliquée, la volonté de Steiner (également auteur du script) de multiplier les sous-intrigues nuit, de temps à autres, au métrage. Quant aux réactions de Laura face aux évènements qu’elle vit, elles paraissent le plus souvent peu crédibles à tel point qu’on peine à se sentir réellement concerné. Voilà donc une œuvre bancale qui, sans être déshonorante, tombera rapidement dans l’oubli.
Erwan BARGAIN
HORROR IN THE HIGH DESERT *
USA. 2021. Réal. et scén.: Dutch Marich. (Shadowz)
En juillet 2017, Gary Hinge, un jeune homme passionné de Nature et de plein air, disparaît lors d’une excursion dans le désert du Nevada. Quelques années plus tard, un documentaire est réalisé sur cette étrange affaire qui défraya la chronique…Il s’en passe des choses effrayantes dans le désert du Nevada. Comme en témoigne Horror in The High Desert, «documenteur» réalisé par Dutch Marich (auteur des dispensables Infernum et Reaptown) qui tente de terrifier le spectateur en mettant en scène la prétendue disparition d’un survivaliste en pleine Nature sauvage. Tous les ingrédients nécessaires à ce type de production sont ici utilisés : témoignages, face caméra, de proches et de personnes ayant suivi l’affaire, images d’archives, scènes de reconstitution…Rien ne manque pour nous faire croire à cette histoire, pas même la séquence tournée caméra à l’épaule et de nuit. Si l’ensemble est plutôt bien exécuté et bénéficie d’une interprétation crédible, le film n’en demeure pas moins d’un ennui mortel, l’enquête, bavarde et répétitive, n’avançant que très lentement jusqu’à un dénouement convenu et sans surprise.
Erwan BARGAIN