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LE MONSTRE DES MERS ***
(The Sea Beast) USA. 2022. Réal.: Chris Williams. (Netflix)
Dans un royaume lointain, la société prospère sur les ressources maritimes, et doit combattre de terribles créatures marines responsables du naufrage de nombreux navires. Leur seul espoir réside dans la communauté des chasseurs qui partent pour d’interminables missions en mer afin de traquer ces monstres gigantesques qui écument les océans et qu’une guerre longue de plusieurs siècles oppose aux humains. Le capitaine Crow est un véritable héros, son tableau de chasse, réuni avec l’aide de son équipage, au premier rang desquels figure son second Jacob Holland, impressionne la population et alimente les contes et légendes. C’est ce qui convainc la jeune Maisie de rejoindre cette équipe hors du commun en embarquant en secret dans le navire parti tuer le plus dangereux monstre des mers…
À la croisée de Moby Dick et de Dragon, le dernier film de Chris Williams, coauteur de Volt et Vaiana, et coréalisateur de ce dernier et des Nouveaux Héros, impressionne immédiatement par sa maestria visuelle. L’entrée en matière, digne d’un monster movie d’épouvante, plonge tout de suite dans cet univers périlleux et plein d’aventures. Las, le scénario a, par la suite, toutes les peines du monde à surprendre, révélant gentiment son sous-texte écologique en droite ligne des longs-métrages de Miyazaki, où les démons des forêts se défendent plus du danger que représente l’humanité qu’il ne menacent réellement cette dernière. Heureusement, le savoir-faire du cinéaste éclate à chaque plan, alternant les séquences d’anthologie – à l’image de l’affrontement de deux monstres digne d’un kaiju eiga –, les moments d’émotion autour du concept de filiation, les scènes humoristiques et les clins d’œil au cinéma d’horreur. Sans être un véritable chef-d’œuvre, Le Monstre des mers a tout d’un grand film familial, fait avec passion et sens du rythme, et s’impose comme l’une des plus évidentes réussites de Netflix, réduisant toujours plus la différence de qualité entre films sortis en salles et productions formatées pour le service de SVOD.
AV : THE HUNT ***
Turquie. 2020. Réal.: Emre Akay. (Netflix)
Parce qu’elle a eu l’audace de vouloir quitter le mari que lui a imposé son père pour vivre heureuse avec l’homme qu’elle aime, Ayse se retrouve poursuivie par un gang bien décidé à lui faire retrouver le "droit chemin". Après avoir fait abattre l’amant par un policier, ils se lancent à la chasse à la femme adultère, qui n’a bientôt d’autre solution que de ne compter que sur elle-même, perdue en pleine forêt, quatre hommes et un molosse à ses trousses. Personne n’a en effet osé braver le danger et s’opposer à la tradition fortement ancrée dans un pays où patriarcat et machisme balaient toute velléité d’égalité des droits entre hommes et femmes. Emre Akay nous plonge immédiatement dans l’horreur de la situation d’Ayse, qui fait écho au traitement que subissent nombre de Turques, dont le meurtre n’émeut guère les forces de police, qui n’y voient qu’une façon de ne pas être déshonoré lorsque l’éducation n’a pas su garder les femmes à la place qui leur est réservée. Il signe un thriller haletant, porté par une actrice principale bien décidée à ne pas se laisser détruire par une société qu’elle refuse, surtout après connu une certaine liberté après un séjour en Allemagne avec son frère. Il ne bénéficie pas du budget suffisant pour en faire un survival sanglant – la plupart des morts se trouvent hors-champ –, mais sait installer un réel climat d’angoisse et de suspense. On le sent, ici, aborder le cinéma de genre n’est pas la motivation première du scénario, mais bien l’envie de lancer un cri d’alarme amer sur une situation qui perdure malgré les années et le développement des mentalités dans les pays d’Europe dont les portes refusent de s’ouvrir à cette contrée qui paraît reculer dans le même temps. Une image appuyée du président dans les premières minutes du film souligne bien le rôle déterminant des autorités dans la perpétuation de traditions qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui.
CRYSTAL EYES **
(Mirada de cristal) Argentine. 2017. Réal. et scén.: Ezequiel Endelman, Leandro Montejano. (FreaksOn)
Dans le Buenos Aires des années 80, Alexis Carpenter est le top model le plus en vue du pays, permettant au magazine de mode Attila de connaître un succès phénoménal. Mais Alexis est aussi un être détestable, méprisant et hautain, et lors d’un défilé, à la suite d’un accident qu’elle a participé à provoquer, elle meurt dans les flammes. Un an plus tard, il est décidé de proposer un événement pour lui rendre hommage. C’est alors qu’un mannequin de plastique semblant doté d’une vie propre commence à tuer les participants un par un…
Qu’il s’agisse du nom du mannequin, de celui de la patronne du magazine (Lucia L’ucello, pour L’ucello dalle piume di cristallo, bien sûr), les livres sur Alfred Hitchcock rangés dans un tiroir, la présence d’un oiseau de cristal dans le décor de la dernière scène, la musique électronique, les mises à mort à l’aide d’armes blanches ou l’éclairage aux couleurs vives, tout pointe vers Dario Argento, crie son admiration pour le réalisateur-culte. Mais si cette passion peut justifier l’envie de faire un film, elle ne suffit pas à lui donner totalement corps. Le jeu d’acteur plus qu’approximatif, certains décors étalant leur artificialité ou le suspense plus que léger concourent à faire de ce Cristal Eyes un film terriblement kitsch et beaucoup trop référentiel. Mais c’est sans doute là qu’il faut chercher le plaisir qu’il a à nous offrir.
INCANTATION **
Taiwan. 2022. Réal.: Kevin Ko. (Netflix)
Trois amis, animateurs d’une chaîne YouTube dédiée aux phénomènes surnaturels, se rendent à la campagne pour visiter un tunnel hanté, au sein d’une secte aux pratiques étranges. Mais les choses se passent très mal, et Ruo-nan se retrouve maudite et hospitalisée en psychiatrie. Quelques années plus tard, alors qu’elle est a priori rétablie, elle tente de récupérer les droits de garde de sa fille, mais ce qu’ils ont libéré la suit encore et menace à présent l’enfant de six ans…
Le scénario d’Incantation ne fait pas preuve d’originalité, avec son esprit maléfique que les pratiques religieuses ne peuvent contenir, et qui se renforce à mesure que le film avance, jusqu’à devenir mortellement dangereux pour l’héroïne infortunée qui paie le prix de son inconséquence. Car on ne joue pas avec les forces démoniaques, bien sûr. Tout cela pourrait donner lieu à une petite production horrifique diablement efficace, d’autant plus que les acteurs s’avèrent talentueux, et savent transmettre leur angoisse et leurs doutes à travers leurs regards affolés. Mais le film de Kevin Ko souffre du choix discutable d’avoir adopté le style du found-footage qui, en l’occurrence, ne fonctionne jamais ni ne parvient à se justifier. Qui filmerait ainsi sa vie à travers diverses caméras pendant plusieurs années ? Qui plus est, le recours à des champs-contrechamps casse le principe de simplicité imposé par le procédé, et finit par confiner à l’amateurisme, là où des plans travaillés auraient montré le talent du réalisateur. Le montage suivant deux chronologies différentes tente de complexifier une trame linéaire, mais ne fait que rendre l’ensemble illisible.
Yann LEBECQUE
NEWS
SOIF DE SANG
Tourner un film de vampires dans une vieille maison abandonnée aurait dû fonctionner comme un rêve. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu. Ils dépassent le budget et le calendrier de tournage. Et puis la pleine lune se lève, et les cauchemars commencent. Le loup-garou résident du manoir fait son apparition, et acteurs et techniciens se retrouvent dans leur propre drame d’horreur alors que le sang commence à couler, le nombre de cadavres allant en augmentant. Tel est le sujet de Wolf Manor, du Britannique Dominic Brunt, également acteur et producteur, dont les débuts dans le soap-opéra avec «Emmerdale Farm» avaient été remarqués en 1972. Il fut par ailleurs le créateur de The Leeds Zombie Film Festival en 2007. Réminiscent du récent Coupez ! de Michael Hazanavicius, Wolf Manor bénéficie des talents de Shaune Harrison, renommé artistes d’effets spéciaux (Star Wars, «Game of Thrones», Avengers : Age of Ultron), qui a créé le loup-garou.
LA TOUR DE TOUS LES DANGERS
Dans le thriller à haute tension (et altitude !) anglo-américain Fall de Scott Mann, produit par James Harris (47 Meters Down 1 & 2, Resident Evil : Bienvenue à Racccoon City) deux meilleures amies (Grace Caroline Currey et Virgina Gardner) pratiquant l’alpinisme et s’imposant des défis, se retrouvent bloquées au sommet d'une tour radio isolée et abandonnée de 600 mètres de haut, se battant pour leur survie. Le cinéaste prépare également le film-catastrophe Tsunami LA où le plus grand tsunami de l'Histoire frappe Los Angeles - la destruction est dévastatrice, mais ce qu'il laisse derrière lui pourrait être encore pire… !
LE SALAIRE DE LA PEUR
Dans The Price We Pay de Ryûhei Kiramura (Midnight Meat Train, Godzilla : Final Wars), après le vol d'un prêteur sur gages qui tourne mal, deux criminels se réfugient dans une ferme isolée pour tenter de calmer la situation, mais se retrouvent face à quelque chose de beaucoup plus menaçant. Fusion du film de braquage et du gore, truffé de clins d’œil à des œuvres telles Massacre à la tronçonneuse, From Dusk Till Dawn et Frontiere(s),The Price We Pay bénéficie d’une belle distribution : Stephen Dorff (Terreur.point.com), Vernon Wells (Thor : God of Thunder) et Emile Hirsch (Freaks).
ENFER SUÉDOIS
Réalisateur suédois pratiquant le fantastique et la SF (The Perfect Weapon, We Hunt Giants, Legend of Dark Rider), dont les oeuvres ont été récompensées dans de nombreux festivals, Titus Paar prépare ? (Question-mark). Ce thriller d’horreur se situe dans une petite ville isolée dans les montagnes, où la population est choquée par un triple homicide de nature extrême, commis par un garçon de 20 ans. Le meurtrier ayant apparemment subi un lavage de cerveau et n'ayant aucun souvenir de l'événement, la police locale pense qu'une secte locale est derrière tout cela. Bernard, un Autrichien de 60 ans sur le point de prendre sa retraite et travaillant avec les autorités en tant que médium, est mis sur l'affaire pour résoudre le mystère du vieux crâne décomposé trouvé dans la voiture des meurtriers. Lequel crâne recèle un sombre secret. Un secret oublié depuis longtemps…