Le Capitaine Jean-Luc Picard se raconte à la première personne
Après Aldebaran, Léo nous entraine sur Neptune
UNE SÉRIE CULTE
Star Trek : Autobiographie de Jean-Luc Picard par David A. Goodman
On peut sans exagérer affirmer que le capitaine Jean-Luc Picard comme l’un des hommes les plus importants de son époque. Explorateur et diplomate, ses exploits notamment à bord du vaisseau Enterprise (NCC-1701-D) lui valent une place permanente dans l’histoire de la galaxie. Aujourd’hui à la retraite, il a compilé ces mémoires avec l’historien David A. Goodman de Memory Alpha. Dans cet univers, il est l’un des membres les plus admirés de l’histoire de Starfleet. Sa vie et sa carrière extraordinaires sont une lecture fascinante. Cours martiales, amours éconduites, capture et torture aux mains des Cardassiens, assimilation par les Borgs et tant d’autres rencontres rendent inoubliable l’histoire de Jean-Luc Picard. Les extraits de sa correspondance privée et de son journal de capitaine apportent à la narration de Picard une profondeur supplémentaire. Une section en couleurs de huit pages rappelle certains moments-clés de sa carrière et de ses relations (Ynnis).
DU CÔTE DES BD
On connait les séries Aldébaran, Bételguese, Antarès, space-opera signées depuis 30 ans par le seul Léo. Voici maintenant Neptune, où l’on retrouve certains personnages de la saga, confrontés à une énigme : un énorme astronef, véritable « vaisseau-monde » apparu en orbite autour de Neptune. Alors qu’une équipe exploratoire a pu y pénétrer, elle n’y trouve que des cadavres humains. D’où viennent-il ? Il faut à Manon, qui vient de la saga Aldéraban, retourner sur cette planète et se confronter à une énorme Mantrisse qu’elle seule peur approcher pour commencer à percer me mystère. Certes un peu avare en action – il ne s’agit ici, manifestement, qu’une mise en place à de nouvelles aventures, ce premier tome permet en tout cas de constater que l’auteur n’a rien perdu de sa passion pour l’espace (Dargaud)
L' Ogre Lion, Volume 1, par Bruno Bessadi
Dans un monde où herbivores et carnivores cohabitent avec une certaine défiance, un lion guerrier à la mémoire effacée, Kgosi Bombataa Begazi, qu’on s’obstine à prendre pour un lynx, erre loin de son royaume. Hanté par le souvenir de ses enfants, il lui suffit de mourir de mort violente pour se réincarner aussitôt sous la forme d’un redoutable démon sanguinaire en forme de chèvre géante, Bahkam Tyholi , qui n’a qu’une phrase en bouche : « Mort à tous les carnivores ! » Accompagné d’un jeune caprin espiègle, Wilt, poursuivi par des prêtres guerriers et les séides d’un roi sournois, il se lance dans un périple vers le sud pour retrouver son royaume dans une une suite d’aventures mouvementées, où l’aide d’une farouche mais minuscule souris qui se croit bretteuse de grande classe sera précieuse Les bandes animalières pèchent souvent par leur ingénuité. Rien de tel ici, où les massacres se succèdent, Bahkam Tyholi, armé de ses deux sabres, ne faisant que trancher des têtes et couper des corps en deux. Ceci dans des planches somptueuses où le dessin de Bruno Bessadi (Zorn & Dirna, Bad Ass…), qui possède les qualités de détails et de mise en page d’un Calvo, déploie des pages magnifiques aux couleurs éclatantes. Pour les enfants ? Peut-être, mais les adultes y retrouveront plus que leur compte (Drakoo).
Immonde, par Elizabeth Holleville.
Morterre est une petite ville industrielle terne et isolée, habitée majoritairement par les employés de l’Agemma, une entreprise d’extraction de minerais radioactifs. Jonas et Camille, deux adolescents de 17 ans, vivent depuis toujours dans cet endroit qu’ils rêvent de quitter. En attendant, ils patientent en regardant des nanards horrifiques surannés. Absorbés par leur propre passivité, ils ne prêtent pas attention à l’étrange disparition d’un employé de l’Agemma. Dans le même temps, une nouvelle élève, Nour, débarque de Paris. Elle pousse Jonas et Camille à explorer la ville et ses alentours. Au cours d’une excursion nocturne, ils découvrent ensemble un homme au visage défiguré par de terribles excroissances. Cet homme, c’est l’employé disparu de l’Agemma. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi reste-t-il caché ? Est-ce que l’Agemma est impliquée ?
Pour sa nouvelle bande dessinée, Elizabeth Holleville nous plonge dans une œuvre marquée par son affection pour Black Hole de Charles Burns, E.T. de Spielberg ou The Thing de John Carpenter, à l’occasion d’un thriller fantastique, parfois horrifique, qui passe de la pollution, au chantage à l’emploi en passant par la découverte adolescente de la sexualité. À noter que Timothée Le Boucher réalisera un fan art spécialement pour l'album (Glénat).
UN PEU DE LECTURE
Les Veilleurs de Glargh de John Lang
À Glargh, là où les murs sont protégés par de fiers soldats en armure, l’unité Furets fait tache. Considérée comme une équipe incompétente, la petite troupe se voit cependant confier une enquête suite à un double homicide. C’est peut-être le moment pour eux de briller. Mais entre un soldat qui aurait mieux fait de devenir charcutier, un médecin qui jacasse comme il respire, un Nain (Un Nain !) et une nouvelle recrue qui pratique la magie sans qu’on sache pour quoi faire, cela s’annonce ardu. Pourquoi leur demander à eux de résoudre une affaire aussi importante ? Et si leur seul but était d’échouer ? En tout cas, la guerre est aux portes, les démons se réveillent, et il est temps d’agir ! Suite de la saga culte, Le Donjon de Naheulbkeuk, déclinée en BD (plus de 2,5 millions d’exemplaires), en livres (plus de 300 000 ex.), en jeu vidéo et bientôt, en série TV (J’ai Lu).
Les Variation Volodine, parAntoine Volodine et Denis Frajerman
Livre-objet unique en son genre, les Variations Volodine sertissent les poèmes en prose d’Antoine Volodine de compositions musicales signées Denis Frajerman. Les deux artistes, liés depuis plus de vingt ans par une même passion de la langue et du son, s’accompagnent l’un l’autre magistralement. La plume tour à tour prophétique, incantatoire de l’écrivain d’un côté, les ensorcellements mélodiques du musicien-voyageur de l’autre, tout cela met en valeur l’univers post-exotique au sein d’un écrin poétique.
Ce coffret comporte six albums réalisés par Denis Frajerman, ainsi que des poèmes en prose inédits d’Antoine Volodine. L’ensemble est un labyrinthe dans lequel on erre, tous les sens ouverts à l’euphorie, envoûté par les voix dont parfois celle de l’écrivain lui-même. Une excellente entrée en matière pour les personnes n'ayant pas lu les textes de l’un des plus grands écrivains français vivants et pour les amateurs qui n’auront pas eu la chance d’assister aux performances Frajerman/Volodine (La Volte).
FEMMES ET SORCIÈRES
C’est sous le titre Actrices-sorcières que Thomas Stélandre nous donne à lire le destin tant personnel que professionnel d’une poignée d’actrices qui se firent essentiellement connaître pour un rôle de… sorcière. À commencer par Margaret Hamilton qui, nous raconte l’auteur, fut « un coup de tonnerre, une éruption », quand elle apparait à la minute 27 d’un film culte entre tous, Le Magicien d’Oz de Victor Flemming en 1939, dont on n’oublie pas la réplique fameuse : « Je t’aurai, ma jolie, et ton petit chien aussi ». Mais ce genre de rôle ne porte-t-il pas sa malédiction ? Le visage et les mains enduits d’une peinture à base de cuivre, l’actrice est brûlée au troisième degré, ce qui lui devra plusieurs semaines d’hôpital. Moins grave est sans doute le sort de Sheryl Lynn Lee, engagée en avril 1990 par David Lynch pour le pilote de Twin Peaks où, dans le rôle de Laura Palmer, morte, elle dut rester des heures, pour une seule scène, allongée dans la neige, sans bouger. « Une éponge », se souviendra-t-elle. Bien d’autres actrices, bien d’autres anecdotes tragi-comiques sont à trouver dans ce livre érudit, où l’on revoit en mémoire Asia Argento, Béatrice Dalle Rose McGowan, Tilda Swinton souffrant pour le Septième Art. Mais ne manquerait-il pas une certaine Barbara Steele ? Pour un second volume, peut-être… (Capricci).
UNE DISPARITION
Dimitri, de son vrai nom Guy Mouminoux, nous a quittés le 11 janvier 2022 à l’âge de 94 ans. Né en 1927, il commence à dessiner dès son plus jeune âge. Son enfance est d'ailleurs marquée par la recherche incessante du papier qu'il noircit avec assiduité.
Il débute après la guerre dans la revue Nous les jeunes et signe quelques strips dans le magazine Cœurs vaillants. Il travaille avec de nombreuses maisons d'éditions pour lesquelles il réalise illustrations, affiches, publicités et quelques planches. En 1970, il crée dans Formule 1 la série Prémolaire et, la même année, dans Tintin, la série Rififi. Pour cette dernière série, il obtiendra le Prix Saint-Michel du meilleur dessin satirique en 1974. Il accède à la reconnaissance à la fin des années 1970, lorsqu'il crée la série Le Goulag, s'adressant à un public plus adulte avec le personnage d’Eugène Krampon, dont nous suivrons pendant des années les aventures loufoques mais non dénuées de réalité dans la patrie de Joseph Staline. Il rafle encore une fois le Prix Saint-Michel pour le Tome 1 en 1978. Aux éditions Glénat, il publie Haute Mer en 1993 dans la collection Caractère ainsi que plusieurs albums marquants entre 1990 et 2003, dont L'hymne à la forêt, Meurtrier, Sous le pavillon du Tsar, Le Convoi , mais aussi des récits de guerre comme Kamikazes. Il est parti, son humour féroce reste…