"La Nonne 2": on lui donnerait le Box Office sans confession
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BOX-OFFICE
La Nonne 2 réitère sa troisième semaine au sommet et s’avère déjà le film d'horreur le plus rentable de l'année.
Le dernier opus de l'univers cinématographique The Conjuring continue de faire le bonheur de New Line Cinema. Pour la troisième semaine consécutive, La nonne 2 est en tête du box-office américain, engrangeant 8,4 millions de dollars supplémentaires au cours d'un week-end très faible au box-office aux États-Unis.
Le film a ainsi déjà récolté 69,2 millions de dollars aux États-Unis et un total de 204 millions de dollars dans le monde. Un chiffre qui fait de ce titre le film d'horreur le plus rentable de l'année, dépassant les 188 millions gagnés par Insidious : The Red Door ou les 168 millions gagnés par Scream VI.
Mystère à Venise est tombé à la troisième place du box-office du week-end, engrangeant 6,3 millions de dollars supplémentaires, contre 71,5 millions de dollars déjà dans le monde. Étant donné que le film n'est sorti en salles que depuis 2 semaines et qu'il dispose d'un budget de 60 millions d'euros, il finira par être un produit rentable pour le studio.
FILMS EN VOD
TRAQUÉE ***
(No One Will Save You). USA. 2023. Réal. et scén.: Brian Duffield. (Disney+).
Brynn, une jeune femme créative mais solitaire car rejetée par la communauté, vit seule dans la maison de son enfance. Une nuit, elle est tirée de son sommeil par des bruits étranges et se rend compte que des aliens ont pénétré dans sa demeure. Elle va, dès lors, être harcelée par ces créatures qui la conduiront à affronter son passé…
Scénariste, entre autres, d’Underwater et de l’excellent Love and Monsters, Brian Duffield passe derrière la caméra pour mettre en boîte, avec Traquée, son deuxième long métrage. Ainsi après Spontaneous, comédie horrifique efficace et enlevée, le réalisateur s’attaque au film d’invasion extraterrestre et signe une œuvre tendue et haletante qui n’est pas sans évoquer Signes, l’un des chefs-d’œuvre de Shyamalan. En mêlant SF et Home Invasion movie, le tout saupoudré d’une dose de drame intime, Duffield semble en effet avoir trouvé la bonne formule. Il entame ainsi son récit de fort belle manière et ne tarde pas à plonger son héroïne au cœur de l’action, les aliens dévoilant assez rapidement leur présence. Et si leur apparence physique est relativement classique, leurs mouvements et leurs postures, quant à eux, glacent le sang et contribuent au sentiment d’effroi que distille l’histoire. Une histoire qui, par moment, lorgne ouvertement vers The Bodysnatchers, autre classique du genre auquel se réfère le cinéaste. À cela s’ajoute le passé tourmenté de Brynn, personnage principale dont on comprend peu à peu les fêlures et qui est remarquablement interprétée par Kaitlyn Dever (la série «Justified»). Cette dernière est de toutes les scènes et, avec force et conviction, porte littéralement le film sur ses épaules. Et ce, avec un rôle quasi-muet, les dialogues étant ici réduits à leur minimum. Porté par un design sonore particulièrement soigné, des effets visuels très convaincants (les assaut des extraterrestres sont vraiment angoissants) et un dénouement rendant hommage aux productions des 50’s, Traquée s’impose, à l’arrivée, comme une excellente série B sous tension qui confirme l’incontestable talent de son auteur.
Erwan BARGAIN
IN A STRANGER’S HOUSE **
Irlande.2018. Réal. et scén.: Richard Waters. (Shadowz)
En novembre 2017, une caméra vidéo est retrouvée dans un centre de recyclage. La carte mémoire qu’elle contient appartient à Richard, un youtubeur qui tentait de faire décoller sa chaine, et qui venait d’obtenir, pour une semaine, un boulot de gardien de maison. Mais à la vue du film qu’il a laissé, son travail ne s’est visiblement pas déroulé comme prévu…
Un énième found footage qui revisite le thème de la maison hantée. Ainsi pourrait-on appréhender In a The Stranger’s House, un métrage au budget rachitique, produit, écrit, réalisé, monté et interprété par Richard Waters, un jeune cinéaste irlandais. Ce dernier a ainsi imaginé cette histoire à dormir debout où un pauvre bougre est témoin de phénomènes aussi étranges que terrifiants dans une demeure qui n’est pas la sienne. Le sujet, évidemment, n’a rien de révolutionnaire et se révèle même assez basique. Un sentiment confirmé par la première partir du récit durant laquelle il ne se passe quasiment rien, le héros se contentant de déambuler dans la maison en essayant de comprendre ce qui s’y trame. Et, avouons-le, peu de choses, durant cette première partie, nous sont donnés à voir, le réalisateur jouant sur le hors-champ, le son et la peur que peut susciter l’obscurité. Parallèlement, le protagoniste principal se confie, face caméra, et partage avec ses followers, ses doutes, ses interrogations et ses peurs. Un procédé qui fait partie intégrante de la recette des documenteurs mais qui repose ici, et fort heureusement, sur une interprétation de qualité, Richard Waters se montrant réellement convaincant dans le rôle. Les trente dernières minutes du film sont, pour leur part, plus réussies, le cinéaste parvenant à tirer parti de son décor labyrinthique (qui n’est autre que sa propre maison familiale) et à distiller l’effroi par petites touches. Reste que l’ensemble, quoique bien exécuté, a un air de déjà vu qui refroidira probablement de nombreux amateurs du genre.
Erwan BARGAIN
LA MERVEILLEUSE HISTOIRE DE HENRY SUGAR *****
(The Wonderful Story of Henry Sugar). Royaume-Uni/USA. 2023. Réal.: Wes Anderson. (Netflix).
Accroc au jeu, Henry Sugar est un homme riche et oisif qui se soucie peu de ses semblables. Un jour, il dérobe, dans une bibliothèque, un vieux livre écrit par Imhrat Khan, un maître yogi indien. Il découvre dans l’ouvrage une méthode permettant de voir sans l’aide des yeux. Pendant plusieurs années, il va ainsi s’entraîner afin d’acquérir ce pouvoir qu’il souhaite mettre à profit pour gagner dans les casinos du monde entier…
Après Fantastic Mr. Fox, sorti en 2009, Wes Anderson renoue avec l’œuvre de Roald Dahl et signe La Merveilleuse Histoire de Henry Sugar, un moyen-métrage produit par Netflix et qui a été présenté en avant-première à la dernière Mostra de Venise. Et le résultat est des plus réjouissants. Les spectateurs adeptes de l’univers singulier de l’auteur de The Grand Budapest Hotel ne seront pas déçus et retrouveront tout ce qui fait le charme de son cinéma. Le film s’ouvre sur Roald Dahl (campé par Ralph Fiennes) qui introduit l’histoire avant que les personnages n’entrent en scène dans des décors colorés qui coulissent et se superposent. Cette approche très théâtrale fait immédiatement son effet, d’autant que le texte de l’écrivain est ici déclamé par les comédiens, presque à la virgule près. Ce procédé narratif pourra certes déstabiliser une partie du public, mais il contribue, parallèlement, à l’originalité du métrage qui est un enchantement visuel de tous les instants. Porté par une réalisation très graphique (cf. la jungle qui évoque fortement les peintures du Douanier Rousseau), le film déroule son intrigue avec un enthousiasme communicatif et réussit à donner corps au merveilleux sans perdre de vue la morale de l’histoire. Le tout est servi par une distribution quatre étoiles qui, outre Ralph Fiennes, réunit Benedict Cumberbatch, Ben Kingsley ou encore Dev Patel, qui interprètent tous différents protagonistes et qui semblent s’en donner à cœur joie. Drôle, intelligent, inventif et brillant, ce moyen métrage est un petit chef-d’œuvre à découvrir de toute urgence.
À noter : trois autres courts métrages (Le Cygne, Le chien de Claude et venin) d’une quinzaine de minutes chacun, et tous réalisés par Wes Anderson, complètent cette fabuleuse collection consacrée, par Netflix, à Roald Dahl.
Erwan BARGAIN
NOWHERE
Un survival sur fond de crise migratoire***
Espagne. 2023. Réal.: Albert Pintó. Scén.: Indiana Lista, Ernest Riera, Seanne Winslow, Teresa de Rosendo. Prod.: Miguel Ruz. Photo : Unax Mendia. Mus.: Frank Montasell et Lucas Peire. Mont.: Miguel Burgos. 1h49. : Avec : Anna Castillo, Tamar Novas, Tony Corvillo, Irina Bravo. (Netflix).
Dans une Europe dystopique sous le joug d’états dictatoriaux, Mia et son mari tentent de quitter illégalement l’Espagne dans l’espoir de rejoindre un pays libre et prospère et embarquent à bord de conteneurs. Malheureusement, les autorités interceptent le chargement et massacrent froidement tous les migrants sauf Mia qui, enceinte, se retrouve à dériver en pleine mer, prisonnière de sa cage en métal… Connu notamment pour avoir mis en scène des épisodes de la série TV «Sky Rojo», Albert Pintó nous offre avec Nowhere, un survival maritime tendu et efficace qui aborde de front le thème des crises migratoires. En situant l’action dans une Europe imaginaire en proie à un pouvoir tyrannique et violent, la co-scénariste Indiana Lista, à l’origine de l’histoire, s’empare à bras le corps d’un sujet d’actualité et entraîne le spectateur dans un suspense haletant et claustrophobique. Difficile, en effet, de ne pas retenir son souffle face au calvaire vécu par l’héroïne, qui animée par son instinct maternel, met tout en œuvre pour sauver sa vie et celle de son enfant. La réalisation au cordeau d’Albert Pintó est pour beaucoup dans la réussite du film. Le cinéaste parvient en effet à générer une tension palpable et à distiller un réel sentiment d’angoisse. La situation à laquelle est confronté Mia est cauchemardesque et le spectateur ne peut que compatir au sort qui est le sien. Alors certes, le metteur en scène n’hésite pas à jouer sur la corde sensible et sa volonté d’émouvoir le public est parfois un peu forcée. Mais l’ensemble s’avère sacrément palpitant. D’autant que dans la peau de l’héroïne, Anna Castillo livre une prestation époustouflante et porte littéralement le film sur ses épaules. Certains spectateurs reprocheront au métrage quelques invraisemblances et un petit côté MacGyver, mais au final, Nowhere s’impose comme un très bon divertissement, intense et suffoquant, qui tient en haleine durant près d’1h45.
Erwan BARGAIN