PATRICE LECONTE VS TINTIN
« Quand j’étais enfant, Tintin était comme mon grand frère. Plus tard, à l’adolescence, je me suis considéré comme son jumeau (même si ma vie était nettement moins aventureuse que la sienne). Et puis, les années passant, il est spontanément devenu mo cadet, lui qui a la chance de ne pas vieillir. Toujours est-il qu’il ne m’a jamais quitté ». C’est Patrick Leconte qui se livre ainsi, ce qui n’est pas étonnant, si l’on veut bien se souvenir qu’avant d’être le réalisateur qu’on connait, il donna, dans les années (19)70 de succulentes histoires dessinées en noir et blanc dans Pilote. Avec Tintin de A à Z, mignon petit album de 130 pages, il revient sur ce qui l’a séduit ou intrigué dans les aventures de son héros. De A comme Adballah («Moi qui étais un enfant sage, je n’aurais pas aimé être le père d’Abdallah, mais j’aurais adoré être Abdallah ! ») à Z comme Zorrino, un des rares autres enfants à apparaître dans les albums. Leconte s’interroge sur les jurons du capitaine Haddock – que peut être un bachi-bouzouk ? Réponse : un mercenaire à cheval de l’armée ottomane. Mais un ophicléide ? De même qu’il reste perplexe quant au fait que le patronyme des jumeaux Dupondt ont une orthographe différente. Bref on s’amuse bien, nostalgie en prime, dans ce livre comme il se doit abondamment illustré (Casterman).
UN TIGRE À NE PAS RENCONTRER
Est-il besoin d’avoir lu le premier tome de Féroce, Taïga de sang, publié en 2021 et dont nous avons bien sûr parlé, pour apprécier le second volume de la série, Carnage ? Rappelons tout de même que nous sommes en pleine Taïga sibérienne russe, non loin des frontières avec la Chine. Un tigre des neiges, blessé par un braconnier, va chercher à se venger en attaquant tout bipède qu’il trouve sur son chemin, à savoir les membres de la mafia sino-russe qui exploite sans mesure la forêt, les agents du Centre Tigre de l’Amur et deux écologistes britanniques dont les méchants veulent se débarrasser. Dans une ambiance qui rappelle les récits du grande Nord de Jack London ou de James Oliver Curwood, le scénariste Gregorioi Muro Harriet se déchaîne dans ce dernier tome, qui mérite bien son titre, laissant peu de survivants avec une confrontation de tous les instants entre humains et animaux (car une tigresse se met de la partie) et humains entre eux, que le dessinateur Alex Macho, avec une aisance sans pareille dans le réalisme expressionniste, griffe dans des pages hallucinées, soutenu par les couleurs d’Ekaitz Elizondo. Ce « du sang dans la neige » n’oublie pas le message écologique, avec une dernière séquence enfin humaniste où deux petits tigrons orphelins… Donc à lire d’urgence : cet album est un chef-d’œuvre du genre (Glénat).
LA FAUCHEUSE NE DÉSARME PAS
En MidAmérique, au milieu du troisième millénaire, l’« Âge de la Mortalité » s’est achevé plus de deux siècles auparavant grâce aux «nanites», qui permettent à tout un chacun de prolonger à l’infini la vie de ses organes, et même de rajeunir périodiquement. Dans ce monde parfait régi par le Thunderhead, réseau digital mondial qui sait tout et voit tout, a été créé, pour lutter contre l’explosion de la population, la communauté assermentée des Faucheurs, destiné à “glaner” des individus au hasard, à raison de 260 personnes par an et par faucheur, soit cinq millions d’individus de par le monde. On rencontre cette dystopie dans les trois gros volumes de La Faucheuse, que Neal Shusterman, une des grandes révélations de la dernière décennie, nous a livrés ces dernières années. En avait-il terminé ? Non car voilà qu’avec La Faucheuse, histoires secrètes, l’auteur y revient en 13 nouvelles écrits en partie avec des co-auteurs comme Michael H. Payne, avec des épisodes cachés, le plus souvent sur un ton ironique surprenant, ainsi dans Il ne faudrait jamais travailler avec des animaux, où les chiens ont plus que leur importance. Le dernier texte, où une faucheuse se réveille dans un vaisseau spatial après un voyage de 200 ans en cryogénie pour aborder, avec 30 000 autres sélectionnés, un monde vierge où l’on n’aura plus besoin de glaner, laisse tout de même entrevoir que l’aventure est bel et bien terminée… ( Robert Laffont –“R”)
ORIGANIME, LES HÉROS SHÔNEN
Pour les passionnés, est maintenant disponible tout sur l’origine des grands héros de manga et d’anime. Avec la possibilité de reproduire les combats épiques entre Goku et Freezer, de protéger notre bureau du Grand Strataguerre avec Goldorak ou d’intégrer l’équipage de One Piece ! À travers des schémas simplement expliqués, on apprend à réaliser 15 origamis tirés des univers de Dragon Ball, L’Attaque des Titans, Assassination Classroom, Fairy Tail, Demon Slayer ou encore My Hero Academia ! Le tout dans un livre de 128 + 64 pages couleurs, comprenant 15 modèles inédits de difficulté croissante, 48 feuilles d’origami détachables, la présentation des personnages (Ynnis)
JAMIE LEE CURTISS SE LANCE DANS LA BD !
Un énième projet pour l’actrice, productrice et réalisatrice américaine Jamie Lee Curtis : son premier roman graphique, Mother Nature. L’ouvrage s'inscrit dans le genre de l'éco-horreur et arrivera chez nous en librairie le 18 juillet 2023, en version originale. Ce roman graphique de 176 pages est l'adaptation du film produit par Comet Pictures et Blumhouse, que l'actrice doit elle-même réaliser aux côtés du scénariste et réalisateur Russell Goldman. L'album est publié par Titan Comics et coécrit par ce même duo avec Karl Stevens au dessin. Sujet : Nova Terrell qui, après avoir vu son père mourir dans des circonstances mystérieuses sur l'un des projets expérimentaux d'extraction de pétrole de Cobalt Corporation, a grandi en méprisant l'entreprise. Apparemment bienveillante, la ville de Catch Creek au Nouveau-Mexique, compte sur elle pour ses emplois et sa prospérité. La rebelle Nova mène une campagne de sabotage et de vandalisme contre le géant pétrolier. Jusqu'à ce qu'une nuit, elle fasse accidentellement une découverte terrifiante sur la véritable nature du projet Mother Nature et l'entité vengeresse longtemps endormie qu'il a réveillée et qui menace de les détruire tous.
L’autrice précise : « J'ai pensé à cette histoire pour la première fois quand j'avais 19 ans. J'ai toujours été consciente de la relation très déséquilibrée entre les humains et la nature, et même si j'étais jeune, j'ai toujours su que, inévitablement, la nature gagnerait. »
LES « AMAZONIES SPATIALES » SONT LANCÉES !
Le monde a plus que jamais besoin de nouveaux imaginaires collectifs. Construisons-les ensemble ! Amazonies Spatiales est une résidence d’écriture qui a vocation à produire des récits prospectifs à l’intersection de la littérature et des sciences, avec une gouvernance propre à l’univers Web3. Car il est plus que jamais temps de renouveler l’imaginaire spatial hérité de la science-fiction des années 50. Parce que les récits futuristes ne peuvent plus seulement être faits de conquêtes, d’exploitations ou de planète B. Parce que repenser l’espace peut nous aider à garder les pieds sur Terre. Parce qu’il nous semble essentiel de réconcilier le présent avec de nouveaux futurs désirables, de les rêver si fort qu’ils en deviennent atteignables.nEt surtout parce que la seule façon d’y parvenir, c’est d’y travailler ensemble..
Pour cela, trois équipes vont travailler ensemble, dès aujourd’hui :
• 15 auteur·rice·s de tous horizons pour écrire ces récits • 50 expert·e·s pour inspirer et conseiller les auteur·rice·s
• une communauté ouverte pour contribuer et faire vivre le projet Tous les textes produits lors de la résidence feront l’objet d’un livre publié aux Éditions Bragelonne en 2024. Pendant les 4 mois de la résidence, de fin mars jusqu’à fin juillet, nous demandons aux expert.e.s de se rendre disponible au minimum une fois par mois pour échanger avec l’auteurice que nous lui aurons associé. Les 3, 4 et 5 avril, journées de résidence pour les auteurices : ateliers et rencontres avec certain.e.s expert.e.s. En septembre 2023, un événement de lecture des récits composés dans le cadre de la résidence aura lieu. En 2024, il sera tiré de ce travail une édition des récits des auteurices, chez Bragelonne.
Tout contact : amazonies-spatiales@matrice.io
JEAN-PIERRE ANDREVON