La cuisine des Aliens, délices au suc gastrique !
Et la vie du créateur de Blake et Mortimer en bande dessinée.
LIVRES
À TABLE !
Il est plutôt rare que la science- fiction se mêle de nourriture (le futur se conjuguant plutôt à coups de petites pilules). Alien, le livre de recettes officiel, de Chris-Rachel Oseland vient combler ce manque, avec les recettes de 50 plats «inspirés par la célèbre saga cinématographique», riche en repas, à la différence près que ce sont pas les humains qui mangent, puisque ce sont eux qui sont mangés. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’ouvrage dont il est question ici, 144 pages couleur présentant, sur une double page, pas moins de 5O recettes très précisément décrites avec tous les ingrédient nécessaires, est un véritable livre de cuisine. Où l’on peut choisir les œufs de xénomorphes à l’avocat, les cordons-bleus facehugger sur pelure de pommes de terre, le chestburster lové sur lui-même en pastilla végétarienne ou encore le roulé aux mains d’Alien… La salive vous vient en bouche ? À vos fourneaux ! (Ynnis).
DAN SIMMONS ET LE MAL
L’Échiquier du mal (Carrion Confort, 1989) fait partie des chefs-d’œuvre de Dan Simmons, dont on sait qu’il est aussi à l’aise dans la SF (Hypérion) que dans l’épouvante (Terreur) . Le roman démarre de façon spectaculaire dans le camp de concentration de Chelmno en 1942, où le jeune Saul Laski tente de survivre, avant que l’on ne se retrouve en 1980 en Caroline du Sud où trois vieillards innocents en apparence prennent le thé tout en comptant des points désignant les prochaines personnes à mourir. Dont un certain John Lennon. Ces vieillards possèdent le Talent, pouvoir qui leur permet de manipuler à volonté n’importe quel être humain et le pousser au meurtre, ce dont se délectent ces vampires psychiques qui sont la cause de la persistance du Mal sur Terre. Saul, qui a échappé à la mort et s’est lancé sur la trace de l’Oberst qui fut son bourreau, va-t-il aussi retrouver leur trace ? Encore un roman inclassable (science-fiction ou fantastique ?) où Simmons se coltine avec une autre de ses préoccupations, la Morale – made in USA bien sûr. À l’origine publié chez nous (Denoël) en 4 volumes vue son épaisseur, L’Échiquier du mal , salué par Stephen King comme « l’un des trois plus grands romans d’horreur du XXe siècle», nous revient aujourd’hui en un seul pavé de 1190 pages et une préface de Bernard Minier. À ne pas manquer, en prenant son temps (Pocket).
L’OURS SORT DE SA TANIÈRE
Les éditions de l’Ours, «maisonnette d’édition à Puéchabon» nous annoncent deux nouvelles parutions en cette fin de mois :
Argile, par Philip Caza, qui nous entraîne dans une truculente sortie hors zone de confort philosophico/argilo/sensuelle .
Philippe Caza est auteur de bande dessinée, illustrateur et écrivain.
http://www.bdebookcaza.com
Format : 10,4 x 14,5 cm • 24 pages
Et Faire recherche en voisinant de Pascal Nicolas-Le-Strat, qui, lui, nous fait "simplement" rencontrer ses nouveaux voisins après son installation dans un nouveau campus universitaire de la Plaine Saint-Denis, une jolie promenade, parfaitement équilibrée entre sociologie et poétique rencontre des autres, voyage d’étude aux confins de la modernité des aménagement urbains et sociaux de la Plaine Saint-Denis. Depuis le nouveau Campus Condorcet où il a ses quartiers de recherche il part à la rencontre de ses voisins d’un monde condamné à un devenir-contemporain, mécaniciens et ferrailleurs de rue, cuisinier·es et, également, des dernières entreprises implantées dans des locaux voués à une démolition prochaine. Une promenade entre sociologie et poésie qui nous entraîne aux côtés des spectres du monde ouvrier, encore bien présents.
Format 17 x 22,5 cm • 104 pages • illustrations photographiques couleur.
Rappelons que pour se procurer ses très originaux et succulents micro-livres, en vente uniquement par correspondance, il faut d’adresser directement à l’éditeur :
Ours éditions • Yves KOSKAS
2 chemin de la Crouzille
34150 Puéchabon
protonmail.com@replies.sendingservice.net
UN KARNAGE DE PLUS
Goanna Massacre, de Thierry Poncet, se déroule en plein bush australien, où une armée de goannas (de gros varans) belliqueux s’attaque à la population de Jara Creek et sème la terreur. Quelle est l'origine de cette sanglante malédiction ? Les habitants de cette bourgade isolée sont-ils aussi innocents qu'ils aimeraient le faire croire ? Voilà un très bref résumé de cette nouvelle parution de la collection Karnage, qu’il faut toujours de près quand on aime ça (le gore). Ici, Thierry Poncet nous livre un roman nerveux dans lequel l'humour grinçant le dispute à un suspense rondement mené. Alors pourquoi s’en passer ? Surtout que la couverture est superbe.
BANDES DESSINÉES
FRANKENSTEIN HIS WELL AND ALIVE
Après son magnifique Dracula il y a deux ans, Georges Bess revient avec une nouvelle adaptation : Frankenstein. Le seul nom servant de titre à cet album ne laissera bien sûr aucun doute sur son sujet… Mais de quelle manière l’emblématique roman de Mary Shelley, qui a connu tant d’adaptation, et souvent de trahisons, au cinéma comme en BD, sera-t-il cette fois revisité ? Eh bien, de la manière la plus fidèle qui soit, Bess illustrant chapitre par chapitre le texte original de son autrice, en y reproduisant de larges extraits de sa traduction française. D’où un «Frankenstein» le plus fidèle qui soit, que Bess, comme Dracula, traite pareillement en noir et blancs dans une mise en page éclatée en 202 pages, usant de trames de gris pour donner de la profondeur à son dessin léger et précis, qui semble le plus souvent être le fait de croquis à vue, tant le graphiste insiste sur les paysages traversés aussi bien par le monstre en fuite qui découvre la nature avec émerveillement, que par le baron lancé sa poursuite, et qui vont des forêts profondes aux glaciers du Mont Blanc et jusqu’au désert blanc de l’Arctique où se dénoue le drame. Cette très longue balade apporte au récit, loin de l’horreur attendue, une tonalité presque apaisée, accusée par l’apparence de la créature, que Bess traite en géant difforme accablé par sa laideur et hanté par la souffrance causée par le rejet dont il est l’objet. On pourra naturellement comparer cette version aux 40 planches dues à Berni Wrighston pour ses illustrations du roman en 1982 et tardivement arrivées chez nous en 2010. Deux graphistes exceptionnels pour rencontre à égalité de talent ! (Glénat).
DU CÔTÉ DES SPACE-OPERA
L’UCC Dolorès, par Didier Tarquin
Mony, accompagnée de Tuco et Shaël, voyagent en direction de L’œil du Cyclope, au-delà de l’univers connu, là d’où personne n’est jamais revenu. Après des mois d’un périlleux voyage au travers de terribles tempêtes, ils s’échouent sur une planète aussi glaciale qu’hostile. À peine atterrissent-ils en catastrophe qu’ils sont attaqués par une horde de pillards. À bord du Dolorès, seul Tuco est en état d’engager le combat, Mony étant en train d’accoucher ! Après un bref combat, Tuco et Mony sont enchainés et le nouveau-né, encore tout chaud du ventre de sa mère, kidnappé. Parvenus à s’échapper, Mony et Tuco se lancent à la poursuite des voleurs de l’enfant, affrontant le froid et les dangers de cette planète inconnue.
Didier Tarquin rebat ici les cartes de son univers SF aux forts relents de western et de fantastique. Il s’amuse avec une course poursuite enneigée dans laquelle il se renouvelle graphiquement tout en creusant la personnalité de son héroïne.
Didier Tarquin, né en 1967 à Toulon, commence sa carrière chez Soleil en 1990 avec Les Maléfices d’Orient puis la série Röq scénarisée par Béatrice Avossa. Didier Tarquin officie également en tant que scénariste, avec les séries Les Ailes du Phaéton (dessinée par Serge Fino), Krashmonstrers (dessinée par Adrien Floch, Guillaume Bianco et Olivier Dutto) et S.P.E.E.D. Angels (dessinée par Tony Valente). Mais on le connaît surtout pour son association avec Arleston et leur succès Lanfeust de Troy, aujourd’hui culte (Glénat).
CÉLÉBRATION D’EDGAR P. JACOBS
Amateur d’art antique égyptien, collectionneur d’armes en tous genres, chanteur lyrique amoureux de la scène… Avant d’être le créateur de Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs fut un homme d’une grande curiosité, animé par des passions nombreuses qui ont toute sa vie transporté son imagination. Ainsi, à 18 ans, il se rêve davantage en chanteur d’opéra qu’en dessinateur de bande dessinée. Malgré un passage à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, il préfère considérer le dessin comme un gagne-pain et non comme une véritable vocation. Mais la guerre arrive et dans les années 1940, les Allemands exigent que le contenu de la série américaine Flash Gordon soit repris et modifié. La tache revient à Jacobs qui fournit ensuite au journal les planches de sa première série : Le Rayon U. Plus tard, il rencontre Hergé, l'assiste sur Tintin et finit par créer les aventures de deux héros anglais appelés à devenir des incontournables du genre : le colonel Francis Blake et le professeur Philip Mortimer. La bande dessinée est devenue son art et son métier, mais l'histoire de Jacobs ne s’arrête pas là...
À l'occasion de l'anniversaire de la première publication des aventures de Blake et Mortimer dans le journal Tintin il y a 75 ans, est publié la biographie de l’un des plus grands auteurs du Neuvième Art. François Rivière, qui s’est longuement entretenu avec le maitre de son vivant, y raconte l'artiste au travers de nombreuses et fascinantes anecdotes qui ont constitué la vie de l’auteur belge. Philippe Wurm, l'un des héritiers évidents et revendiqués de la ligne Jacobs, met en scène cette fascinante destinée « à la manière de ».
L'ouvrage se déclinera en deux éditions : Jacobs - Le rêveur d'apocalypses propose la bande dessinée complète en couleurs complétée d'un appareil critique succinct détaillant « l'homme Jacobs ». Jacobs - Le rêveur d'apocalypse - édition spéciale est l'édition luxe du même ouvrage, en noir et blanc, enrichie d'un appareil critique très dense (photographies, cartes postales, documents d'époque, notes, essais...) sur les coulisses de la création de l'œuvre de Jacobs et les recherches effectuées par Wurm et Rivière.
À l’occasion de la sortie de l’étude de François Rivière et Philippe Wurm, Edgar P. Jacobs, le rêveur d’apocalypse (éditions Glénat), on pourra rencontrer les auteur le vendredi 10 décembre de 15 h. à 20 h. à la librairie La Parenthèse à Nancy, 19 cours des arts.
JEAN-PIERRE ANDREVON