Feuilletez Tarantino !
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RETOUR SUR LA COLLECTION GORE
Se souvient-on de la collection qui porte ce nom, publiée par le Fleuve Noir pendant cinq ans, d’avril 1985 à juillet1990 et compta 118 numéros, du 1 avec « La Nuit des morts-vivants » de John Russo, à l’ultime, « « Les démons d’Abidjan de Richard D. Nolane. Qu’y trouvait-on ? Ainsi que le note Francis Didelot, maître d’œuvre de l’ouvrage un «…prolongement sanglant et “mal élevé” de la fameuse collection Angoisse ». Donc des romans brassant tous les genres, du polar à la SF de l’exotique au contemporain, pourvu que chaque volume intègre son lot de sang et de tripes. Se partageant entre auteurs anglo-saxons (au début surtout : Richard Laymon, Shaun Huston, Hershell Gordon Lewis) et francophones, parmi les meilleurs, comme Joël Houssin, G.-J. Arnaud, Pierre Pelot, Daniel Walther, souvent sous pseudonyme – car qui est Nécrorian, hein ? Créée au départ par Daniel Riche, la collection s’ornait à ses débuts de magnifiques couvertures de Topor, lesquelles, effrayant les libraires, furent remplacées par des illustrations plus réalistes encore de Dugévoy. C’est cette aventure que nous conte par le menu Francis Didelot, qui avait déjà publié il y a une dizaine d’années un premier volume, et qui a remis le fer au chaud avec ce nouveau pavé, Gore, dissection d’une collection, avec un nouveau format (18x25), une nouvelle couverture (avec vernis 3D et rabats), une nouvelle maquette, 60 pages supplémentaires (à savoir 458 au total), des entretiens inédits (Shaun Hutson) et autres surprises… L’essentiel de l’ouvrage est dédié à tous les auteurs et leur œuvre précisément étudiée, nombre de portraits étant accompagné d’une interview, sans oublier les collections ayant précédé Gore, et celles qui ont suivi, comme Le Gore des Alpes ou Karnage, dont nous rendons compte régulièrement ici. Un must, qui doit se trouver dans toutes les bibliothèques, et qui on ajoutera le recueil Nos plus beaux effets gore, 23 nouvelles inédites écrites spécialement en hommage à la collection, parfois par les survivants de ceux qui y ont participé (Éditions Faute de frappe).
Commandes sur le site des Éditions Faute de frappe :
https://www.editionsfautedefrappe.fr/
DANS L’ENFER DES RÉSEAUX SOCIAUX
Ils sont omniprésents. Pratiquement incontournables et désormais familiers. Limite prosaïques, bien que maintenant quelque aura dickienne, instruments de contrôle collectif ou vecteurs d'émancipation individuelle, suivant ce qui arrange ou rassure l'usager. Si vous lisez ces quelques lignes, il y a de fortes chances (pour user d'un euphémisme) que vous le deviez aux réseaux sociaux. Les moins de vingt ans ont toujours baigné dedans, les Z ont grandi avec, les X et Y se sont vite adaptés et même le gros des OK boomers n'est plus à la traîne. D'une interface l'autre, ils vous ont permis de trouver le partenaire d'une nuit, ou d'une vie ; le job d'un jour, plutôt qu'une succursale d'ultime demeure (les profils de personnes décédées, qu'ils soient en friche virtuelle ou marbrifiés façon "en mémoire de", ne cessent de croître en nombre) ; et bien sûr, d'échanger avec des quidams, ou faire des rencontres ayant successivement trouvé ancrage dans la vie réelle. Les éviter, y aller de sa furtivité, relève-t-il d'une forme de résistance, ou de snobisme numérique ? On trouve toute cela et bien d’autres choses encore dans Réseaux sociaux et numériques dans le futur, une anthologie dirigée par Bruno Pochesci et regroupant 21 nouvelles par les meilleurs, 370 pages, disponible sur papier ou en numérique (Arkuiris)
EN ATTENDANT LA CENTIÈME CONVENTION DE SCIENCE-FICTION !
La cinquantième Convention nationale française de science-fiction se tiendra du 17 au 20 août 2023, sur le site minier de Wallers-Arenberg, dans les Hauts-de-France. S’il sera temps d’en reparler plus tard, il faut signaler dès maintenant qu’à cette occasion, la revue Galaxies, marraine de la manifestation, lance un appel à contributions dans le but de publier un livre-souvenir, sous la forme d’un texte de fiction (ou non), d’une illustration, d’une photographie, ou même d’un QR code renvoyant vers un enregistrement vocal, musical ou une vidéo. Les contributions doivent être accompagnées d’une photographie et d’une mini biographie de l’auteur.ice, avec la mention éventuelle du pseudonyme. Le thème est simple : cette convention est la cinquantième depuis la création de ces réunions annuelle en 1974, par Jean-Pierre Fontana ; il s’agit donc de se projeter 50 ans plus loin, pour la centième édition, en 2074. La tonalité pourra être optimiste ou pessimiste, humoristique ou dramatique, interrogative ou affirmative, tout est possible ! L'appel est ouvert à tous.tes, participant.e.s ou non. Les participant.e.s à la convention recevront une édition imprimée de ce livre-souvenir. Il sera possible également d’y souscrire ou de l’acquérir dans la limite du stock disponible. Date limite de rendu : 15 mai 2023, à l’adresse de Galaxies : galaxiessf@gmail.com, Titre du Message : APPEL CONVENTION + le nom.
https: //conventionducinquantenaire. yolasite.
TOUT SUR LA PRINCESSE MONONOKÉ
La Princesse Mononoké est-il le meilleur long métrage de Hayao Miyazaki ? Beaucoup le pensent, et en tout cas son plus adulte, son plus complexe, en ce que le conflit entre la nature et la culture, qui reste le fondement de son œuvre, est traité ici sans aucun manichéisme… Mais comment l’idée de base en est-elle venue au maître de l’animation japonaise ? C’est ce que Laura Montero Plata, organisatrice de la Semana de Ciné Japonès Actual de Madrid étudie dans le fort complet Sur la piste de Princesse Monoke, 288 pages très illustrées qui s’ouvre sur l’équipe de création du film, et se prolonge sur “la Naissance du projet”, pour se poursuivre sur les Influences, son insertion dans la culture japonaise, un portrait de chaque personnage, les difficultés de la production et enfin une galerie des produits dérivés. Nous apprenons ainsi que l’idée originale remonte à 1980 et une série d’aquarelles accompagnée d’un court texte titrée Mononoke Hime, simple adaptation de « La Belle et la Bête » que Miyazaka enrichira bien plus tard en introduisant les dieux-loups des montagnes et les “producteurs de fer”, ouvriers qui en général n’apparaissent jamais dans les récits de fantasy. Un livre qui réjouira les passionnés et fait suite, dans la même collection, à Voyage avec Chihiro, tout aussi indispensable (Ynnis – “Ma Petite Bibliothèque Ghibli ”).
LE RETOUR DE L’HOMME TOMBÉ DU CIEL
Tout fantasticophile (d’un certain âge) a vu et se souvient de la fascination provoqué par le film de Nicolas Roeg L’Homme venu d’ailleurs, diffusé chez nous le 6 juillet 1977, et où c’est surtout l’interprétation de David Bowie en E.T. tombé sur Terre qui attira entretint l’attention, par son physique littéralement d’ «ailleurs». On se souvient peut-être moins du roman originel, The Man who Fell the Earth (1963), premier et excellent roman de Walter Tewis (L’Arnaqueur), que “Présence du futur” traduisit en 1973 sous le titre L’homme tombé du ciel. C’est une adaptation BD tenant à la fois du roman et du film que nous livrent aujourd’hui Dan Watters pour le scénario et Dev Pramanik au dessin, avec des couleurs de Jordi Easculin Llorach et, il est bon de le signaler, une traduction de Michel Pagel, que nous connaissons comme écrivain de sf comme de fantastique, donc un connaisseur, qui a composé un petit dossier récapitulatif en fin de volume. Certes, il était difficile pour les auteurs de condenser en 98 pages la richesse de l’œuvre original, même si Watters n’oublie rien d’essentiel, notamment la façon dont le capitalisme US exploite le naufragé du cosmos, à qui Pramanik restitue le physique de Bovie pour un dessin réaliste très évocateur (Steinkis – “Phileas”)
LE CINÉMA A SA CONTRE-HISTOIRE
Se rappelle-t-on qui fut Francis Lacassin (1931 – 2008) ? Infatigable chercheur et amateur de ce qu’on appelait les “cutures populaires”, il se passionnait pour la science-fiction germinative (ses anthologies, comme celle de Gustave Le Rouge ou Maurice Leblanc), la bande dessinée (son très complet « La Légende Tarzan » en 2000) et bien entendu le cinéma, où il se fit un devoir de réhabiliter ce que la critique et l’historicité classiques ignoraient, et ne se limitait pas à ce qu’on appelle la “série B ” – ainsi de la redécouverte d’Alice Guy ou des westerns camarguais de Joël Hamman. Ainsi publia-t-il en 1972 un ouvrage qui fit date : « Pour une contre-histoire du cinéma ». Même si le terme peut être remis en question aujourd’hui, où nombre ses découvertes ont été réintégrés dans le cursus historique, Lacassin n’avait jamais abandonné ses recherches, jusqu’à élaborer un second tome de sa “contre-histoire” dont seul un décès brutal empêcha l’achèvement. Et c’est grâce au travail patient, sur le manuscrit d’époque, d’Éric Le Roy, chercheur au CNC, et Nicolas Tixier, de la cinémathèque de Grenoble, qu’un texte de 250 page a pu être exhumé et rassemblé, bourré de découvertes, où l’on appréciera particulièrement le cahier de photos début de siècle de ces inconnu.e.s que furent Zigomar, qui se battit contre Nick Carter, du jeune premier Jean Angelo, de la troublante France Dhélia (La Sultane de l’amour) ou encore la sculpturale Musidora. Avant, bien entendu, de se plonger morceau par morceau dans un puzzle passionnant (Rouge profond – “Débords”).
JEAN-PIERRE ANDREVON