Soyez forts, il n'y en aura pas pour tout le monde
ROBERT CARGILL ET SES ROBOTS
Nous avions lu il y a trois ans avec un grand intérêt, de Robert C. Cargill, son premier roman Un océan de rouille, qui se déroule sur la Terre dévastée aux mains des robots qui se sont révoltés et n’ont pas laissé un seul survivant. Mais que s’est-il passé au juste ? La réponse (partielle) est à lire dans Jour zéro, une préquelle où, comme dans son récit précédent, l’auteur se met à la première personne dans la carcasse d’un robot, ici Hopi, un nounoubot, à savoir un domestique mécanique dédié à la garde du petit Ezra, huit ans, pour qui il est tout, et réciproquement. L’histoire se met en route alors que Hopi, qui se présente extérieurement comme un tigre en peluche, découvre au grenier la boîte dans laquelle il a été livré, ce qui lui fait comprendre que, Ezra devenu grand, il pourrait bien regagner son carton et être éteint. Ce n’est pourtant pas le ressentiment qui accompagne cette prise de conscience, mais l’attachement absolu à son petit protégé, avec qui il va fuir alors que ses parents ont été massacrés, car alentour la révolte des robots gagne, Hopi étant devenu une sorte de traitre à son espèce. Si la première partie du livre, pleine de tendresse avec ces rapports partagés, est à son meilleur, l’auteur devient plus routinier par la suite, avec ces batailles à coups de lance-plasma entre robots révoltés, les « Masques Rouges » et les derniers humains tués les uns après les autres, ou entre robots encore fidèles à leurs maîtres et les révolutionnaires. Par son ton, cette préquelle semble plus axée sur la jeunesse, d’où une certaine insatisfaction par rapport à un premier opus nettement plus acéré, et laisse espérer un troisième volume intermédiaire où l’on apprendrait ce que sont devenus ces deux personnages attachants (Albin Michel – “Imaginaire”)
WES ANDERSON ET ROAL DAHL
Cette année, Wes Anderson revient au Festival de Venise avec une autre histoire de Dahl, The Wonderful Story of Henry Sugar. Le film raconte l’histoire d’un homme riche (interprété par Benedict Cumberbatch) qui rencontre un gourou mystique (Ben Kingsley) capable de voir sans ses yeux. Le premier imagine alors gagner gros au jeu, en développant ce pouvoir. Ce court métrage de 39 minutes sortira au cinéma le 20 septembre et sera disponible sur Netflix le 27 septembre. Lors de la conférence de presse à Venise, on a demandé à Anderson ce qu’il pensait de la décision de l’éditeur britannique Penguin Books d’engager des sensitive readers pour supprimer des passages de l’œuvre de Dahl jugés «politiquement incorrects ».
En effet, en février, Puffin Books, une filiale de Penguin Books, a annoncé avoir modifié les livres de Dahl pour refléter un langage plus inclusif. La maison avait donc revu en profondeur quelques-uns de ces grands classiques pour enfants : des mots en rapport avec le poids, la santé mentale, la violence, le genre et l'origine ethnique étaient supprimés ou changés. « Vous savez, je suis sans doute le moins bien placé pour en parler. Si vous me demandez : “Est-ce que Renoir devrait pouvoir retoucher une de ses peintures et la modifier ?”, je dirais “Non. C’est fait. Quelqu’un l’a acheté. Elle est dans un musée”. Je ne veux même pas que l’artiste modifie son œuvre. Je comprends la raison derrière tout ça, mais pour moi, une œuvre, une fois terminée, reste telle quelle. Et surtout, une personne qui n’est pas l’auteur ne devrait pas en modifier les ouvrages. Il est mort ! »
UN STEAM PUNK QUI NE MANQUE PAS D’AIR
Ou si, justement car, à cette époque où seuls 10 pour cent de la population mondiale a survécu, respirer à l’air libre est devenu mortel. La raison ? « Nous connaissons tous l’origine de notre mal : ces petites météorites qui se sont désagrégées dans l’atmosphère et ont frappé les régions gelées du nord. Ces sols gelés depuis des millions d’années renferment d’immenses quantités de bactérie en sommeil. C’est l’une d’entre elle qui a rendu l’air irrespirable… » D’où l’obligation pour tout un chacun de porter un masque et une réserve d’air, bien entendu limitée par un gouvernement totalitaire, selon la règle bien connue selon laquelle un cataclysme suscite inévitablement une réponse dystopique. Et, tout aussi inévitablement une réaction, sous la forme d’un Réseau commettant des attentats, dont la base est cachée quelque-part sous l’océan et qu’un agent du gouvernement parvient à infiltrer, se faisant passer pour un fugitif… Inscrivant leur récit dans des années 30 figées mais dotées de la technologie mécanique habituelle au steam punk (vaisseaux aériens géants multimoteurs, effrayants robots policiers…), le scénariste Philippe Pelaez a su trousser un récit de 64 planches vivant et original, où l’influence des Gentlemen extraordinaires est certes sensible, mais que le dessin très précis aux couleurs somptueuses de Francis Porcel, exalte. De quoi attendre le tome 2 et dernier avec impatience, afin de savoir comment va se dénouer une intrigue qui nous laisse en suspens (Grand Angle).
L’ENFER COMME SI ON Y ÉTAIT
Elisabeth Stuart, ne princesse d’Écosse du XVIIè siècle, se réincarne en 2019 à la Nouvelle-Orléans dans le corps d’une guerrière qui, sachant un peu trop bien manier son grand sabre, est très vite accusée de meurtre et pourchassée par la police. Mais elle reçoit d’aide (involontaire) d’un certain Eddie, ou Chiken Man, pseudo sorcier vaudou dont elle interrompt (involontairement) le spectacle de divination (truqué). Les voilà tous deux en fuite, le problème supplémentaire étant que, si on lui cherche noise de manière un peu trop insistante, Liz de son petit nom se transforme en diablesse à peau bleue, super-pouvoirs et ailes de chauve-souris compris. Si l’on a intérêt à ne pas trop chercher la logique dans l’embrouillamini qu’est Winter Queen, album de 144 pages écrit et dessiné par l’Espagnol par Fernando Dagnino, on se réjouira des quatre planches nous plongeant dans un Enfer tel qu’on ne l’imaginait au Moyen-âge, puis gravé par Gustave Doré. Comment tout cela se terminera-t-il ? Pas si mal, nonobstant une langue arrachée. Mais on n’a rien sans rien, n’est-ce pas ? (Glénat).
UN JOE TOUT EN MÉTAL
Vietnam, années 60. Une petite section de huit G. I. en patrouille dans les bois tombe dans une embuscade. Tous sont tués, sauf le soldat Noir Davis, sauvé in extremis par une apparition en uniforme, mais dont le visage et les mains métalliques dénoncent un robot humanoïde qui extermine les « Viets ». Rapatrié et soigné, Davis tente de raconter ce qu’il a vu, mais bien entendu on ne le croit pas. Alors que va-t-il faire une fois de retour au pays ? Créer, sous le nom de Morrie « Gadoue » Davis, un comic satirique où il raconte les aventures de (G. I.) Joe la Ferraille, avec un succès considérable, et ceci 50 ans durant. Et voilà qu’aujourd’hui, alors que Davis, vieux et fatigué, vient de prendre sa retraite dans une petite maison isolée du Midwest au grand désespoir de ses fans, on frappe à sa porte et qui se présente ? « Ils m’ont dit que je t’avais inventé. Mais tu es là… » Car il s’agit bien de son Joe revenu ou ressuscité, ce qui ne va lui attirer que des ennuis, car un étrange et dangereux trio traque le robot. The Unnamed : Junkyard Joe, créé par Geoff Johns et dessiné par Gary Frank, avec son intrigue à tiroir et son imaginaire surgi du réel mêle sur 176 pages vie quotidienne dans une Amérique peu aimable et espionnage High tech avec une parfaire réussite, porté par un graphisme exceptionnel, d’un réalisme filmique s’agissant des séquences de guerre. La dernière planche indique : Fin… pour l’instant. On en prend acte (Urban Comics).
LE FESTIVAL DREAM NATION À VILLEPINTE
Les 15 et 16 septembre prochains, les planètes s’aligneront pour fêter les 10 ans du festival Dream Nation . S’étendant cette année sur les vastes espaces extérieurs du Parc des Expositions Paris Nord à Villepinte, c’est un monde extraordinaire qui s’érigera le temps de deux nuits autour de l’amour des musiques électroniques. Dans un espace de plus de 45 000m², les 3 scènes qui accueilleront les plus grands noms de la scène électronique : cette année, ce sont les projections et mapping des références du VJing FEMUR, Rabbit Killerz et The Hybrid Project qui illumineront les colossales structures d’écrans LED des scènes. Pour ce show visuel, ils seront accompagnés d’un lightshow et de lasers hypnotiques, ainsi qu’un show pyrotechnique. Autour de ces scènes monumentales, déambuleront tout au long de ces 2 sessions nocturnes les créatures fantastiques qui résident dans ce monde parallèle : performers échassiers, mystérieux guerriers, nymphes célestes, ou étranges marchands de paillettes rendront visite aux festivaliers sur les différents espaces du festival. Rendez-vous les VENDREDI 15 & SAMEDI 16 SEPTEMBRE 2023 au Parc des Expositions Paris Nord Villepinte.
Toute information : Lisa DIXNEUF, Chargée de relation médias
lisa.dixneuf@aktiv.fr ou 07 87 95 57 89
JEAN-PIERRE ANDREVON