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JOHN CARPENTER SUR TOUTES SES COUTURES
Bien que communément désigné comme «maître de l’horreur», John Carpenter, comme il le déclare, fait des films politiques, ainsi de They Live, «répondant aux bouleversements des années Reagan », précisant : «Il est irresponsable de faire des films qui ne reflètent en rien notre existence, qui se bornent à être des divertissements imaginaires remplis d’effet spéciaux». Voilà ce que tiennent à préciser, au départ d’un travail universitaire ardu, lourd de 345 pages, Mélanie Boisseau, avec le concours de Gaspard Delon, Quentin Mazel, Thomas Pillard et une dizaine d’autres collaborateurs. Qui explorent le réalisateur sur toutes ses faces, notamment l’influence de la littérature de genre – Poe, Lovecraft, King, ceci étant particulièrement visible dans The Fog mais aussi, comme le souligne Gilles Menegalgo dans son chapitre « La trilogie apocalyptique lovecraftienne », The Thing, Prince of Darkness et In the Mouth of Madness, trois films qui reviennent le plus souvent dans les exposés, dont on peut supposer qu’ils sont les préférés des auteurs, ce qui est aussi notre avis. Bien d’autres thèmes familiers à l’auteur, comme l’enfermement (The Thing toujours) sont développés au sujet d’un réalisateur qui reste aussi celui qui, avec Halloween, a profondément transformé le film d’horreur, léguant au slasher le personnage du tueur psychotique masqué, et qui mérite pleinement, par la cohérence de son œuvre, le qualificateur d’auteur, dans le sens défini par les Cahiers du cinéma qui, paradoxalement, et à l’égale du frère ennemi Positif, l’ont toujours défendu, comme le rappelle un ouvrage d’ores et déjà de référence (Presses universitaires de Bordeaux).
UNE ANIMATION EN IMAGES FIXES
Laurel, jeune homme mélancolique, perd la femme qu’il aime. Noyée. Un suicide ? Inconsolable, il veut la rejoindre et s’enfonce à son tour dans la mer. Pour émerger dans une contrés brumeuse et désolée où il ne tarde pas à rejoindre une ville étrange, avec ses bâtiment 1900 survolés par des dirigeables géants, ses sous-sols aux inquiétants rouages rouillés, et ces hommes en noir qui le poursuivent en ne lui offrant que deux alternatives : le bagne à vie ou la guillotine. Et cette apparition vaporeuse, est-ce bien celle qu’il a cru perdre ? Cette histoire onirique aux apparences toujours trompeuses, écrite par Benjamin Legrand et Pascal Chind, voit ses 168 pages imprimées sur le papier par Vincent Balzano en touche légères, aquarellées, baignant dans des gris teintés de beige, de jaune soufre, de verdâtre atténué, qui rendent à merveille cette ambiance de songe éveillé où l’on ne cesse de se perdre dans les labyrinthes de l’esprit. Bunkerville aurait dû être un film d’animation, avant que ses auteurs ne se résolvent à en tirer une bande dessinée où l’on se fond à tel point que l’on croit effectivement voir ses images bouger sur l’écran ne notre imaginaire, jolie réussite qui nous rappelle Piotr Kamler ou Raoul Servais (Ankama).
EN CHINE, L’IA FAIT DES SIENNES
En Chine, un professeur de journalisme a reçu le deuxième prix dans un concours d'écriture de science-fiction. Sauf que ce n'est pas sa création propre qui fut présentée, mais celle d'une IA à qui il n'a fait que donner quelques indications Chen Yang, professeur de journalisme et de communication à l'Université Tsinghua de Pékin est l'auteur de ce récit, Le pays des souvenirs. Aux confins du métavers, se trouve le « Pays des souvenirs », un royaume interdit créées par des robots humanoïdes amnésiques et des IA ayant perdu la mémoire peuple ce domaine où les humains sont bannis. Tout intrus, qu’il soit humain ou artificiel, verra ses souvenirs effacés et sera à jamais piégé dans son étreinte interdite… L'exercice semble avoir convaincu, puisque la nouvelle a gagné le deuxième prix du concours de science-fiction organisé par la Jiangsu Science Writers Association. L’un des membres du jury a déclaré avoir reconnu le travail d'un cerveau non-humain et a d'emblée écarté ce récit qui n’était pas conforme aux règles du concours et, selon ses termes, « manquait d’émotion » Fu Ruchu, éditrice chinoise, reconnait que le récit présenté par Shen Yang et son IA est bien construit et n'est pas dénué de logique, ajoutant toutefois : « le rapport au langage dans cette nouvelle est très pauvre, il se pourrait qu'il s'appauvrisse encore plus avec le temps ». À suivre ? Nous n’en doutons pas un seul instant.
FANTASY : LE RÉEL ET L’IMAGINAIRE
Ici l’histoire restée mystérieuse de la bête du Gévaudan, ce loup (en était-ce vraiment un ?) qui entre 1764 et 1767, sema la terreur dans ce territoire auvergnat, faisant plus de cent victimes, essentiellement des enfants et des jeunes filles, retrouvés atrocement démembrée… Qui a vu l’excellent film de Christophe Gans Le Pacte des loups peut aussitôt l’oublier, l’album Les Griffes du Gévaudan – il s’agit ici du tome 1, le 2 suivra – signé de Sylvain Runberg au scénario et Jean-Charles Poupard au dessin, se basant le plus exactement possible sur les faits tel qu’on les connait, Louis XV, en mal de popularité après les revers de la guerre de Trente ans envoyant François Antoine, son porte-arquebuse, se débarrasser de la « malbête ». Commenté off par son fils, les 55 pages de ce premier volume, très documenté, très documentaire par son style graphique, rend compte non seulement des battues inefficaces, mais aussi des conflits entre les différents groupes de chasse, de l’hostilité de la population de cette terre anciennement protestante envers les envoyés du roi, sans oublier l’influence de l’église qui voit dans les méfaits du monstre une punition divine. Passionnant, et donc, selon la tradition, à suivre, pour connaître quelle conclusion y apporte Runberg (Glénat).
Tout autre est le second et dernier tome de The EX People, qu’on peut lire sans problème en ignorant le premier où, en Terre Sainte en 1271, sept étranges pèlerins vont chercher à Jérusalem la potion magique qui leur rendra leur forme première car, suite à divers incidents, ils ont été transformés, en ce que montre la couverture ici reproduite : l’écuyer blaise en chevalier inexistant ne pouvant retirer son masque de fer, le belliqueux Von Berthold en nain, la sorcière Gertrude, brûlée vive sur le bûcher en créature perpétuellement enflammée, Felideus, la chat écrasé par un boulet en image à deux dimensions, plus un blanc cheval acariâtre, Pervenche et ses magnifique yeux bleus qui, trahie et violée, est devenu une infaillible archère capable d’atteindre une puce sur l’échine d’un chien, enfin le perroquet Giovanni. Dieu va-t-il les exaucer ? On le saura avec la conclusion de cet album aussi drôle que poétique, où le dessin brut, faussement naïf d’Alexander Utkin fait merveille, avec ses couleurs violentes (voir la grande bataille centrale entre croisée et sarrazins), pour illustrer le scénario légendaire de Stephen Desberg (GrandAngle).
DE LA SF CHEZ HÉLOÏSE D’ORMESSON
Les éditions Héloïse d’Ormesson, qui s’efforcent chaque nouvelle rentrée de révéler les futures voix qui comptent, publient en cette rentrée, pour la première fois, un texte de science-fiction. Ce saut dans l’inconnu passera par, là encore, un jeune primo-romancier, Martin Lichtenberg. « J’ai toujours aimé la littérature de marge et la science-fiction en particulier », nous assure Héloïse d’Ormesson, et de rappeler, pour achever de nous convaincre : « Au fil des années, toujours dans des collections généralistes, avec la complicité de Marion Mazauric (chez Flammarion) ou de Gilles Dumay (chez Denoël), j’ai édité William Gibson, Ray Bradbury ou Philip K. Dick. Avec un premier texte, La Roche, la maison a en effet opté pour « une fiction désenclavée, qui navigue entre les styles et les thématiques (historique, aventure, noire, sociale) ». Ce manuscrit « nous a littéralement happées », continue l’éditrice : « Cette plongée dans cette île désolée, peuplée par une population qui rêve d’ailleurs est captivante, saisissante. Toujours dans cette perspective de décloisonnement, les éditions Héloïse d’Ormesson publieront en février 2024 un thriller cette fois, « redoutablement efficace », signé Jérémie Claes, L’Horloger. À suivre, en souhaitant bienvenues de circonstance à cette nouvelle partenaire.
HARRY POTTER EN CINÉ-CONCERT À PARIS
La Fée Sauvage présente le septième volet de la série Harry Potter en ciné-concert- les 19, 20 et 21 janvier 2024, au Palais des Congrès à Paris, avec, pour la première fois en France, Harry Potter et les Reliques de la Mort (1ère Partie) en concert ! Les fans pourront revivre le septième volet de la saga Harry Potter avec l'Orchestre Symphonique du Val d'Europe, qui interprétera en direct sur scène les musiques d’Alexandre Desplat en synchronisation avec le film projeté en version française sur écran géant ! Dans cet épisode, Harry, Ron et Hermione entreprennent de retrouver et de détruire le secret du pouvoir de Voldemort : les Horcruxes. En fuite, les trois amis doivent plus que jamais compter les uns sur les autres mais des forces obscures menacent de les séparer. Lauréat de l'International Film Music Critics Award (IFMCA), du World Soundtrack Award et du Satellite Award de la meilleure musique originale, le compositeur primé aux Oscars Alexandre Desplat (The Grand Budapest Hotel, The King’s Speech, Philomena) a créé une partition subtile pleinement accordée aux aventures de Harry et de ses amis alors que la guerre des sorciers tant redoutée commence…
JEAN-PIERRE ANDREVON