NEWS
Les demandes sont élevées pour une suite de "Black Phone" !
Le réalisateur Scott Derrickson a confirmé que "beaucoup de conversations" sont en cours concernant une suite potentielle au récit surnaturel d'enlèvement d'enfant " sorti en juin dernier. Outre de très bonnes critiques, le film ayant pour vedette Ethan Hawke s'est avéré être un énorme succès au box-office pour Blumhouse et Universal Pictures – représentant environ dix fois son budget annoncé de 16 à 18 millions de dollars. Le réalisateur de "Sinister" et "Doctor Strange" a ainsi déclaré : «Il y a déjà beaucoup de pression mise dessus. Le film a coûté 18 millions de dollars, et il rapportera probablement entre 160 et 170 millions de dollars dans le monde. Alors ils en veulent un autre». Derrickson avait co-écrit le film avec C. Robert Cargill basé sur la nouvelle primée de Joe Hill.
SÉRIES TV
"Wreck", le slasher de la BBC avec un psychopathe déguisé en canard !
Le 26 août, l'épisode pilote de la série "Wreck", bientôt présentée sur le réseau britannique BBC Three, sera projeté en avant première au Fright Fest de Londres .
A mi-chemin entre slasher et comédie jeunesse, "Wreck", créée par Ryan J. Brown, raconte l'histoire de Jamie, un jeune homme de 19 ans qui s'infiltre dans l'équipage d'un bateau de croisière, le Sacramentum, pour découvrir ce qu'il est advenu de sa sœur disparue. Elle travaillait à bord du même navire lors d'une tournée précédente et a disparu au milieu du voyage. Pour cet équipage sous-payé et surchargé de travail, la vie sous les ponts peut être une odyssée de fête et d'excès... et ils ignorent donc les meurtres sanguinaires qui se déroulent à bord. Jamie est obligé de devenir détective et de découvrir la sinistre vérité...
FILMS EN SALLES
DE L’AUTRE CÔTÉ DU CIEL **
(Eiga Entotsumachi no Puperu). Japon. 2020. Réal.: Yusuke Hirota.
Lubuicchi est un petit ramoneur qui ne sait faire qu’une chose : ramoner les mille-et-une cheminées qui continuellement crachent vers le ciel leurs noires fumées, enfermant la ville dans un sarcophage de suie. Au point que les étoiles, on ne sait même plus ce que c’est, jusqu’à en avoir oublié le nom. Et puis voilà que de ce ciel bouché un minuscule météore brillant tombe sur la ville. Y a-t-il un rapport ? Lubuicchi va rencontrer un curieux personnage fait d’un amoncellement de détritus, au visage assemblé avec deux écrous pour les yeux, un manche de parapluie pour le nez, des entonnoirs pour les oreilles et deux seaux coulissants pour la bouche : Monsieur Poubelle. Qui, de plus, sent affreusement mauvais, avec pour résultat qu’il est rejeté par les citadins et le petit ramoneur en même temps. Mais de cette rencontre va naître un projet fou : percer la couche de fumée afin de savoir si, oui ou non, les étoiles existent bel et bien.
Tiré du roman illustré Poupelle et la ville sans ciel d’Akihiro Nishimo, ce premier long-métrage d’animation de Yusuke Hiroda, s’il se réclame au premier chef de Miyazaki, sait s’en écarter par une esthétique d’une beauté trompeuse avec cette ville aux tours d’habitation gigantesque, aux artères brillamment éclairées, qui n’appartient à aucun pays en particulier mais les représente tous dans la métaphore d’une peste planétaire : la pollution, et son matelas de crasse qui ferme toute perspective, donc tout espoir. Avec ses conséquences : le père de Lubuicchi a disparu, sa mère, malade, est en chaise roulante. Et ses causes : la dictature de «son altesse», protégée par ses milliers de gardiens en blanc immaculé, et qu’il n’est pas difficile d’identifier au capitalisme. Destiné priori aux jeunes enfants, ce film aux claires visées écologiques et, comme on l’a compris, bourré de bonnes intentions, souffre néanmoins de deux choses : une construction en récit dans le récit qui brouille inutilement les pistes, et une fin naïvement positive, certes très poétique avec ce vieux rafiot enlevé par un ballon jusqu’à la croûte nuageuse qu’il crève pour libérer la splendeur étoilée du ciel, mais qui laisse sur sa faim. Si l’on est bien sûr en accord avec cette phrase portant la philosophie de l’ensemble : «Ne regarde pas tes pieds mais lèves yeux vers le ciel», on pourra néanmoins être plus sensible au message qu’à la manière plutôt pesante de le faire passer.
ESTHER 2 : LES ORIGINES ***
(Orphan : First Kill) USA. 2022. Réal.: William Brent Bell.
Si l’on a vu Esther (Orphan), film de Jaume Collet-Serra sorti en 2009, on sait immédiatement qui est cette fillette ayant l’air d’avoir une dizaine d’années, alors qu’atteinte d’une maladie rare qui l’empêche de grandir, elle est en réalité âgée de 31 ans. On sait aussi, puisqu’on la découvre pensionnaire depuis quatre ans dans un institut spécialisé d’Estonie, qu’elle s’est rendue coupable de plusieurs crimes horribles. Et la voilà qui parvient à s’échapper, au prix de deux meurtres supplémentaires. Présenté comme une préquelle, Esther 2, sous-titré Les Origines, ne les dévoile pourtant guère car on ne sait toujours pas quelle a été l’enfance d’Esther ni quel lien peut exister entre sa maladie et les pulsions meurtrières qui la pousse périodiquement à commettre ces assassinats pathologiques. Avec l’adoption par un couple américain, Tricia et Allen Albright, qui ont perdu leur fille et veulent ainsi la remplacer, le film de William Brent Bell, dont la spécialité est depuis ses débuts (Devil Inside) le cadre familial et les enfants maudits (The Boy, Separation), pourrait laisser croire qu’il s’agit d’une revisitation banale du thème du ver dans le fruit. Or pas du tout. Car Tricia connait parfaitement le danger que représente sa fille de substitution et, passé un bref temps d’essai d’acclimatation, voyant qu’il n’y a rien à faire, elle n’aura de cesse de s’en débarrasser (poison, révolver), avec l’aide de son fils Gunnar, tête brûlée et fin escrimeur. Ce qui n’ira pas sans mal. Filmé de manière insidieuse, la plupart des plans baignant dans une pâle lumière vaporeuse, le métrage exploite parfaitement, et de manière toujours surprenante, les brefs et non moins paroxystiques montée de violences rendues d’autant plus effrayantes qu’elles sont le fait de ce qui, à l’image, paraît être une gamine – occasion de louer la prestation d’Isabelle Fuhrman, qui tenait déjà, alors âgée de douze ans, le rôle dans le premier opus, et le reprend ici à vingt-trois ans mais au même âge apparent, sans autre effet spécial que des astuces de cadrage pour les plans larges, son sourire innocent faisant le reste. Si cette version ne bouleverse pas le genre et n’échappe pas à certains clichés (l’incendie final), elle vaut par ce qu’elle représente d’une vie de famille où la haine et le meurtre sont les seuls liens. La véritable horreur est bien là.
Jean-Pierre ANDREVON
FILMS EN VOD
OFFSEASON ***
USA. 2021. Réal. et scén.: Mickey Keating. (Univers Ciné, Amazon, Apple TV, YouTube, Google Play, Microsoft)
Alors qu’elle vient de perdre sa mère, Marie doit retourner sur l’île où cette dernière est inhumée car sa sépulture a été vandalisée. Lorsque qu’elle doit franchir le pont qui relie ce bout de terre au continent, elle apprend qu’il s’agit du dernier jour de la saison et qu’elle n’a que quelques heures avant que la structure soit relevée et l’île coupée du monde jusqu’au printemps. Sur place, elle découvre que les cauchemars inexplicables que lui racontait sa mère ont une source démoniaque qui pourrait bien lui faire perdre la raison, si ce n’est la vie…
Mickey Keating est une valeur sure du cinéma d’horreur indépendant américain puisqu’on lui doit plusieurs longs-métrages, notamment Pod, efficace huis clos paranoïaque, Darling, film d’épouvante claustrophobique en noir et blanc, Carnage Park, très éprouvant survival ultraviolent et Psychopaths, délire gore autour de tueurs en série, autant d’œuvres dont nous vous avons parlé dans ces colonnes. Offseason renoue avec ses premières amours, basant la terreur sur l’atmosphère et l’isolement, réduisant autant que possible les effets spéciaux pour en augmenter l’intensité. Jocelin Donahue (The House of the Demon, Insidious 2, Doctor Sleep) porte le long-métrage sur ses frêles épaules et nous rend Marie attachante alors qu’elle s’enfonce peu à peu dans un cauchemar aussi mortel qu’inextricable. Le mystère n’est révélé que peu à peu, le film, organisé en chapitres entrecoupés de flashbacks, expliquant l’origine de la malédiction terrible qui pèse sur l’île. La photographie très réussie apporte beaucoup de cachet à l’ensemble, le directeur photo Mac Fisken suivant le réalisateur depuis son premier film, Ritual, en 2003, et sachant capter l’atmosphère moite et glauque de ce paysage qui semble construit autour d’un cimetière abandonné. On apprécie la présence à l’écran de Joe Swanberg, acteur et réalisateur habitué au cinéma d’horreur indépendant (You’re Next, V/H/S, XX) et de Richard Brake, autre figure du genre (Halloween II, 31, Mandy, 3 From Hell). L’œuvre la plus aboutie de son auteur.
OFFICE INVASION *
Afrique du Sud. 2022. Réal.: Gareth Crocker, Fred Wolmarans (Netflix)
Trois collègues d’une entreprise sud-africaine gérant la seule source de zulcanoïde de la Terre – un métal liquide aux propriétés incroyables – voient leur quotidien chamboulé à la suite d’un changement de direction. Entre brimades et coupes franches, leur vie devient un enfer, et c’est sans compter la nature particulière des repreneurs et leur but secret… Comédie de SF à l’humour scabreux, Office Invasion n’a que peu d’atouts à faire valoir, le scénario s’avérant abracadabrant du début à la fin, et les effets spéciaux accompagnant la "surprise" en toute fin de métrage étant d’un goût douteux. On s’ennuie terriblement devant ce qui aurait pu être une amusante critique du management des grandes entreprises ou des pratiques répréhensibles de ceux qui ont tout et veulent plus, mais au final, il faut se contenter d’une pochade lourdingue et bien creuse.
YANN LEBECQUE