BOX OFFICE
Scream détrône Spider-Man à la première place du box-office américain !
Très bon début pour le nouvel opus de la saga créé par Wes Craven et Kevin Williamson, qui récolte quelque 30 millions de dollars au cours de ses trois premiers jours, un chiffre impressionnant ! Ce montant pourrait atteindre 35 millions de dollars demain, puisqu'il s'agit d'un jour férié aux États-Unis et donc le week-end durera un jour de plus que d'habitude. Ainsi, le retour de Ghostface sur grand écran a évincé Spider-Man: No Way Home de la première place, détenue depuis sa sortie il y a un mois (la nouvelle aventure du personnage de Marvel compte déjà 698 millions de dollars outre-Atlantique et un total de 1 625 millions dans le monde). Le nouveau Scream, qui n'a coûté que 25 millions de dollars, fait le bonheur de Paramount Pictures, ouvrant les portes à d'éventuels nouveaux volets de la franchise.
NEWS
TERROR MADE IN SPAIN
Alors qu’au printemps sortira le nouveau film fantastique du réalisateur ibérique Pacos Plaza, LA ABUELA, présenté à la fin du mois à Gérardmer, un documentaire sur le genre va être distribué en Espagne ces jours-ci après avoir fait le tour des festivals.
L’acteur et scénariste espagnol Víctor Matellano a réalisé Mi adorado Monster, un documentaire traitant du film fantastique ibérique et de plusieurs acteurs célèbres, qui ont une importance vitale dans le développement du genre. Le documentaire, distribué le 21 janvier chez nos voisins, raconte l'histoire un peu particulière qui commence en 1995, lorsque Manuel Tallafé (Balada triste, Les Sorcières de Zugarramurdi) acteur et scénariste bien connu en Espagne pour avoir tourné souvent avec Alex de la Iglesia et le populaire acteur du genre Santiago Segura (Les sorcières de Zugarramurdi, Beyond Re-Animator) tournent ensemble Le jour de la bête d’Alex de La Iglesia, et participent parallèlement à un projet initialement intitulé El hombre lobo contra los templarios, qui deviendra plus tard Los resucitados. Un film maudit qui mettra vingt-deux ans à sortir et pris en charge par un réalisateur Arturo de Bobadilla qui prétend être pourchassé par un monstre. Victor Matellano explore l'histoire d'Arturo Bobadilla dans sa lutte pour faire avancer Los resuscitados. Le réalisateur le fait sur un ton comique et entouré de visages importants du cinéma fantastique et d'horreur espagnol, dont Javier Botet, Santiago Segura ou Alex de la Iglesia.
La bande-annonce de Moon Knight, la nouvelle série que Disney + présentera bientôt en avant-première sur sa plateforme.
Pendant que le public savoure The Book of Boba Fett, les responsables de Disney+ travaillent déjà avec une machinerie à plein régime pour leurs prochaines sorties, parmi lesquelles Moon Knight, dans laquelle Oscar Isaac joue ce justicier complexe qui souffre d'un trouble dissociatif de l'identité. Les multiples personnalités qui vivent en lui sont entraînées dans une guerre mortelle entre les dieux qui se déroule dans l'Egypte moderne et ancienne.
Ethan Hawke, Gaspard Ulliel et May Calamawy complètent le casting de cette série qui comptera au total 8 épisodes dans sa première saison, qui sera diffusée le 30 mars et est réalisée par Mohamed Diab.
FILMS SORTIS
SCREAM ***
USA. 2022. Réal.: Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillet.
Une question préalable doit être posée au sujet de ce nouveau Scream, qui débarque 11 ans après le 4 et 25 après le premier opus : serait-il réservé aux nostalgiques qui ont vu les Wes Craven et y retrouveraient des figures familières, ou aux jeunes spectateurs qui vont découvrir une manière emblématique de construire l’horreur pure ? Si l’on se réfère à la séquence d’ouverture – la jeune Tara reçoit un coup de téléphone anonyme, d’abord amical, puis menaçant, son correspondant lui proposant des questions sur des films d’horreurs auxquelles elle doit répondre, sinon sa meilleure amie sera tuée – laquelle réduplique à l’exact le départ de l’opus 1, on serait tenté de dire : les deux. Retrouvailles amusées pour les connaisseurs, découverte pour les néophytes, le cours du film ne cessant de revenir sur l’œuvre passée (ici nommée Stab), avec le traditionnel avertissement à ne pas descendre seule dans une cave sans lumière, ou cette séquence voyant une future victime regarder un Scream à la télévision, sans se douter que la même scène se joue pour de vrai dans son dos, un humour référentiel qui va jusqu’à faire dire à un protagoniste : «Les séries, à partir du cinquième film, ça devient mauvais». Ce qui n’est surtout pas le cas de cette résurrection qui se permet, pour les connaisseurs, de faire revenir Sidney Prescott, Gale Weathers et le shérif Dewey Riley, et pour tous de trousser une série de meurtres opérés dans la grande tradition par le nouveau Ghosface, où l’on note une séance de douche (masculine) au suspense qui pourtant ne tourne pas à la manière hitchcockienne. Film de fans qui n’est pas destiné qu’aux fans, ce reboot donne une fraîcheur nouvelle à un genre qu’on aurait pu croire usé jusqu’à la corde.
Jean-Pierre ANDREVON
À SORTIR EN SALLES
THE POWER ****
G-B 2021. Réal.: Corinna Faith.
SORTIE : 16 FEVRIER 2022
Dans le Londres des années 70, alors en pleine crise politique et énergétique, une jeune infirmière obtient un poste de nuit dans un vieil hôpital de l'Est End. Au cours d'une coupure de courant, au milieu des brimades de ses collègues, la nouvelle arrivante devient la proie d'une force invisible aux intentions aussi obscures que les sombres couloirs qu'elle arpente…
Il faut saluer ce premier long-métrage signé par Corinna Faith, situant son intrigue dans un contexte historique authentique et dans la droite lignée d'une épouvante actuelle fortement engagée. Dans cette histoire de fantômes oppressante, jouant habilement sur la peur universelle du noir, on retrouve toute la finesse propre à des films tels que Les Innocents ou L'Échine du Diable, où l'esprit est moins un danger pour son héroïne que le révélateur de sa force intérieure et d'un passé bouleversant, qui la hante ici au sens le plus strict du terme. Filmé avec intelligence, par une équipe presque entièrement féminine, The Power est bien davantage qu'une simple ode à la peur du noir. Les ténèbres sont ici à la fois le reflet de l'obscurantisme d'une époque et un voile libérateur que l'on traverse pour affronter la véritable nuit, celle d'une omerta patriarcale entourant les violences faites aux femmes et aux enfants dans les milieux institutionnalisés – ici, un hôpital où les protagonistes semblent errer comme dans un labyrinthe dans lequel rôdent des monstres, parfois tout à fait humains, peinant à retrouver leur chemin en portant à bout de bras de massives lanternes comme un poids de culpabilité. Des motifs et thématiques ouvertement gothiques dans cette oeuvre intimiste, pertinente et profondément féministe, servie par une photographie aussi riche que sinistre et une bande-son tour à tour atonale et synthétique, rehaussant avec sensibilité tout le malaise inhérent à son propos et ses personnages à fleur de peau.
ARNOLD PETIT