"House of the Dragon" dans un ouvrage de grand luxe
Alain Schlockoff en direct sur Facebook le 13 Décembre à 18h00
Rejoignez la campagne dès ce weekend et participer au Live Stream le 13 Décembre
HOUSE OF THE DRAGON
Gina McIntyre
Le gigantesque escalier du donjon rouge, l’ancien trône de fer hérissé d’épées, l’impressionnant palais à colonnades de Fossedragon à Port-Réal, les arènes à la romaine où s’affrontent les 200 chevaliers des Sept couronnes, dont la lutte sans merci entre Daemon et Christon, la charge des soldats du Gaveur-de-Crabes contre ceux du Serpent de mer et la page jonchée de cadavres, où trouve-t-on cela ? Dans la série House of Dragons bien sûr, qui succéda à Game of Thrones bien que préquelle se déroulant 200 ans avant, et voyant les partisans d'Aegon s'opposent à ceux de sa demi-sœur Rhaenyra pour le trône de Viserys I, leur défunt père. Une épopée flamboyante ayant demandé sept scénaristes pour en venir à bout, « …George R. R. Martin très impliqué au début de la phase de création ayant estimé qu’il connaissait l’histoire et la direction prise s’était mis en retrait mais faisant le point dans les moments importants ». C’est ce tournage aussi épique que l’histoire filmée qui fait l’objet d’un magnifique album de 250 pages grands format où priment les illustrations, aussi bien, comme on l’a vu, photogrammes des différents épisodes que pages consacrés aux costumes, armes scrutées jusqu’à la garde des épée, et bien sûr les dragons, créés par Constantine Serkeris et Kirill Barybin, Syrax, dont Syrax, la monture de la princesse Rhaenys et qui, présentés sous toutes leurs faces, occupent 20 pages à eux seuls. Au total, un éblouissement pour les yeux (Huginn & Muginn).
TSUI HARK, LA THÉORIE DU CHAOS
Arnaud Lanuque
Tsui Hark, ce réalisateur hong-kongais, dont on connait Histoires de fantômes chinois et qui compte plus de 60 autres films, n’avait encore jamais eu en France d’ouvrage analysant une carrière des plus fastueuses. C’est maintenant chose faite avec une somme de près de 580 pages, due à un spécialiste du cinéma asiatique qui collabora à l’Écran et qui, vivant à Hong Kong depuis 20 ans, a pu rencontrer et interviewer le réalisateur et nombre de ses collaborateurs, ce qui enrichit d’autant plus la connaissance d’une œuvre protéiforme, qui débuta avec la télé où, revenant des États-Unis en 1976, le jeune Tsui Hark peut intégrer la chaîne TVB et participer à de nombreuses séries populaire avant de passer, en 1979, à son premier long de cinéma, Butterfly Murders, que le réalisateur décrit ainsi : « j’ai voulu créer une sorte de monde étrange teinté de science-fiction même si c’est situé dans le passé ». Après trois films indépendants dans le cadre de ce qu’on a pu appeler la nouvelle vague chinoise, Tsui Hark se range dans la société Golden Harvest pour y tourner notamment Zu, les guerriers de la montagne magique, désireux de faire un vrai « Wu Xian Pian », ou film de chevalier errant, l’équivalent de nos films de cape et d’épée », adaptant une série de nouvelles des années 30 et pour lequel, note Lanuque « les acteurs ont du mal à s’adapter à son style de réalisation bouillonnant », ce qui caractérisera Hark pour l’ensemble de sa carrière et justifie le titre du livre, qu’il n’est pas question de suivre chapitre après chapitre, y renvoyant les lecteur, qui lira dans «Le Système s’emballe : conflit d’ego et productions à rallonge », que notre fougueux réalisateur va multiplier les séries et les suites : 3 Syndicat du crime, 3 Histoires de fantômes chinois, 6 Il était une fois en Chine (considérés comme le sommet de sa carrière) pour en finir, très provisoirement, avec ses Detective Dee, d’après un personnage réel du XVIIIè siècle, trois films dont le dernier, La Légende des Rois célestes, en 2018. Un ouvrage aussi impressionnant par son érudition que passionnant par ce qu’il révèle d’un réalisateur hors normes (Omaké Books).
COMICS : UN COMBAT DE GÉANTS
L’un ne se remet pas de la mort de sa femme, l’autre de celle de ses parents. L’un vient des enfers, le second fait tout pour ne pas y tomber. Ici Spawn, créé en 1992 par Todd McFarlan après sa rupture avec Marvel pour créer, notamment avec Jim Lee, Image Comics, là Batman dont la naissance remonte aux années 30 chez DC. Mais pourquoi ces deux sombres héros ne se rencontreraient-ils pas ? Ce qui a lieu en 1994 à l’initiative de McFarlane pour un Crossover où il confie le scénario à Frank Miller, gardant le dessin avec le concours de Klaus Janson pour Spawn/Batman, qui fait l’objet d’un premier album survolté où les deux encapés doivent combattre le terrible Croatan sans pour autant cesser de se taper dessus, l’édition nous livrant la version couleur
et son rendu noir et blanc. Même proposition pour un second tome de même titre, qui ajoute la version crayonnée, le dessin étant cette fois dû à Gregg Capulo, qui vaut bien son maître, lequel s’est réservé un scénario des plus sombres où méchant est cette fois le Hibou. Mais le Bat est décidément adepte des alliances contre-nature puisque c’est avec le joker que, dans Batman & Joker, Deadly Duo, il combat une horde de morts-vivants ayant enlevé le commissaire Gordon et faisant passer leurs crimes pour ceux du Joker. Marc Silvestri, au scénario et au dessin, d’une finesse comme d’un virtuosité remarquables (avec Arif Pirianto aux couleurs) ordonne ici une saga des plus sombre où Harley Quinn apporte sa touche au charme venimeux. Au total, trois albums additionnant 552 pages à ne rater sous aucun prétexte. Quand on aime ça (Urban Comics).
UN MOYEN ÂGE DE FANTASY
Guillaume et sa sœur Hélis ne croient pas à la mort de leur père, qui semble leur parler par-delà la tombe. Aussi partent-ils chacun de leur côté à sa recherche, fuyant leur mère en passe de se remarier avec le seigneur Brifant, qui n’est peut-être pas étranger à ce décès. Protégé par le chevalier-brigand Brabançon, Guillaume va vivre moultes aventures, dont une traversée périlleuse de la mer de sable… Publiée à l’origine en trois volumes, Messire Guillaume, fantaisie médiévale écrite par de Bonneval intéressera particulièrement les fantasticophiles dans sa partie centrale où Guillaume, s’envolant à dos de griffon, échappera de peu à un gigantesque vers des sables digne de Dune et à un lion géant que vaincra une chèvre magique, sans oublier une horde de « grosses têtes » ni un très inquiétant chat noir, où le dessin ligne claire stylisée de Bonhomme est portée par les couleurs magnifiques de Walter, qui use volontiers de d’aplats monochromes, violacés pour les nuits, orangés pour les intérieurs à la bougie ou les forêts automnales. Ce bel album de 168 pages comprend aussi un long entretien avec les deux auteurs qui y développent leurs sources d’inspirations (Dupuis).
TINTIN A 77 ANS
En 2023, le journal Tintin, fête ses 77 ans. C’est en effet en 1946, sous l’impulsion d’Hergé et de Raymond Leblanc, que paraît le premier numéro de 12 pages, tiré à 60.000 exemplaires. Le succès est immédiat: dans ses versions belges ou française, l’hebdomadaire passera à 68 pages, tiré chaque semaine à 600.000 exemplaires ! Pendant plus de quarante ans, jusqu’en 1988, le journal de Tintin est bien celui de « tous les jeunes, de 7 à 77 ans ». C’est donc un anniversaire symbolique qu’ont voulu célébrer les éditions du Lombard en réunissant des autrices et auteurs d’aujourd’hui dans un numéro spécial du Journal de Tintin. Près de 400 pages d’hommages, d’histoires inédites pour témoigner de l’importance de ces personnages mythiques à travers lesquels s’est écrite l’histoire du 9e art. La Cité de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême en a tiré 77 planches qui seront présentées dans une exposition, mises en regard avec des exemplaires originaux et d’époque du journal, et témoignant à la fois de la diversité des histoires et des personnages d’origine, mais aussi de la créativité et de l’invention des artistes de bande dessinée du XXIe siècle. On y trouvera par exemple Blake et Mortimer par Lewis Trodheim,, Jugurtha par Franck Biancarelli, Bob et Bobette par Clara Lodewick et tant d’autres… Le tout à la Cité de la BD, Musée de la bande dessinée à Angoulême du 12 décembre 2023 au 12 mai 2024.
TOUS LES MONSTRES DE BENJAMIN LACOMBE
La Galerie Daniel Maghen accueille, du 14 décembre 2023 au 13 janvier 2024, une exposition intitulée Freaks, réalisée par l'illustrateur Benjamin Lacombe.. Dans Freaks, Benjamin Lacombe nous invite à découvrir sa collection d'êtres étranges et captivants, incluant des Monstres, Sirènes, Femmes Samurai et autres Sorcières, révélés à travers une scénographie fascinante.
L'exposition présente une centaine d'illustrations et esquisses tirées des ouvrages les plus récents de Benjamin Lacombe, tels que Histoires de Femmes Samurai, Sorcières, L’Enfance des Méchants, des Vilaines & des Affreux, La Petite Sirène. Pour cette exposition, l'artiste a également créé des sculptures uniques en collaboration avec le sculpteur Julien Martinez.
Vernissage le jeudi 14 décembre à 18hen présence de Benjamin Lacombe, qui dédicacera ses derniers ouvrages à la galerie Daniel Maghen (36 rue du Louvres, paris 1er) les samedi 16 décembre, mercredi 20 décembre, et samedi 13 janvier.
Jean-Pierre Andrevon
NOTRE DAME DE PARIS
Georges Bess
Après avoir déjà investi chez Glénat l’univers de Bram Stoker et de Mary Shelley dans un Dracula puis un Frankenstein d’anthologie, Georges Bess nous livre avec cette transposition en bande dessinée du chef d’œuvre de Victor Hugo un Notre Dame de Paris hallucinant de beauté et de noirceur mêlés. Fort de cette finesse de trait qui lui est propre et d’un sens du cadrage et de la composition unique, jouant sur les contrastes du noir et blanc comme jamais, en attirant le regard du lecteur au propre comme au figuré sur les zones d’ombre de personnages mythiques à la popularité universelle, le père du ‘’Lama Blanc’’ atteint des sommets d’onirisme poétique. Volontiers cauchemardesque, sa caractérisation physique de Quasimodo – mélange composite de la figure de gargouille de Charles Laughton dans la version hollywoodienne de 1939 de William Dieterle et du visage grimé d’un Anthony Quinn épris de Gina Lollobrigida devant la caméra de Jean Delannoy dix-sept ans plus tard – glace d’effroi autant qu’elle nous bouleverse. Les envolées lyriques du bossu de Notre-Dame voltigeant de cloche en cloche l’âme gorgée de bonheur comme les spectaculaires scènes de foule lancées à l’assaut de cette citadelle cultuelle imprenable impriment durablement notre imaginaire tandis que la beauté gitane d’Esmeralda irradie certaines planches sous le regard inquiétant de l’affreux Frollo. De la Cour des Miracles au parvis du monument le plus célèbre de la capitale avant l’avènement de la Tour Eiffel le long du même sillon de la Seine, chaque page nous plonge en plein Moyen Âge inquisitorial sublimé par la langue raffinée d’Hugo. Quand l’art se met au service de l’art, comment l’émotion ne serait-elle pas au rendez-vous de cette ode à l’immortelle légende lutécienne ? (Glénat).
Sébastien Socias