"Halloween Ends", Jamie Lee raccroche son fusil
"Hellraiser", le retour de Pinhead, la fascination en moins
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FILMS SORTIS
HALLOWEEN ENDS ***
USA. 2022. Réal.: David Gordon Green.
Pour cette fin attendue, le film de David Gordon Greene se déroule quatre ans exactement après le précédent du même réalisateur, où l’on avait laissé Michael Meyers dans un brasier qui aurait dû l’anéantir mais dont on savait bien qu’il en avait réchappé. Laurie Strode qui, elle aussi, se doute que le monstre est toujours vivant, s’est mise à l’écriture de ses mémoires, vivant avec sa petite fille Allyson dont la mère a été assassiné par le monstre dans l’épisode antérieur. L’adresse de cette conclusion est d’égarer le spectateur dès son ouverture avec une fausse piste qui est en même temps un clin d’œil au tout premier opus puisqu’on y voit un jeune homme, Corey Cunningham, faire le baby-sitter pour le gamin d’une famille en sortie nocturne. Mais que s’est-il passé ? Lorsque les parents regagnent leur domicile, c’est pour voir leur fils tomber du second étage sous les yeux éperdus de Corey et s’écraser au sol. Encore un drame en vase clos dont la victime est un enfant, ce qui nous permet de retrouver un peu plus tard le jeune homme, dont l’innocence a été reconnue, mais qui reste sous le coup de la suspicion de l’ensemble des habitants d’Haddonfield, particulièrement d’une bande de quatre ados qui le harcèlent jusqu’à ce que…
Si The Shape n’apparait que tardivement (il vivait caché depuis quatre ans dans un tunnel désaffecté, ce qui dénote tout de même une certaine paresse scénaristique), c’est pour reporter notre attention sur Corey, que le monstre épargne lors d’une confrontation de hasard, et qui devient son complice, voire son double dans une sorte de transfert – la contamination du Mal – qui est le vrai sujet de cette mouture. Dans le rôle, le Canadien Rohan Campbell, jusque-là abonné aux séries TV est parfait, ambigu à souhait, tiraillé qu’il est entre deux tendances contraires, d’autant qu’il a engagé une liaison avec Allysson, ce que sa grand-mère ne voit pas d’un très bon œil, ayant flairé sa personnalité cachée. Moins violent que le précédent, à part la rencontre finale dont nous ne dirons rien, le film sait s’attarder sur la vie quotidienne dans la petite ville, réussissant, par ses angles de prise de vue, un montage cut, une musique pour une fois efficace sans débordement, à imposer une ambiance de menace imprécise alors que la plupart des habitants ne se doutent de rien, le défaut du métrage, déjà perceptible dans le précédent, est qu’ils sont peu caractérisés, à part Will Patton qu’on retrouve en agent Hawkins mais dont la présence est purement anecdotique. Quant au monstre, il demeure une silhouette de second plan au masque noirci par l’incendie qu’il a traversé et qui, arraché, dévoile un visage de vieillard alors que, si l’on compte bien, Michael Meyers ne doit être âgé que d’une cinquantaine d’années. Au total, une porte de sortie honorable.
Jean-Pierre ANDREVON
FILMS EN VOD
WEREWOLF BY NIGHT ***
USA. 2022. Réal.: Michael Giacchino. (Disney+)
Alors que leur chef, Ulysses Bloodstone est mort, les membres d’une équipe de sanglants chasseurs de monstres sont réunis à l’initiative de sa veuve pour déterminer qui sera son digne successeur, gardien de la Pierre de sang, un artefact surnaturel accordant une puissance inouïe à son détenteur. Parmi les combattants se trouve la fille du patriarche, Elsa Bloodstone, devenue étrangère à sa propre famille et notamment sa belle-mère, Verussa. Tous vont devoir pourchasser un monstre dans un labyrinthe où ont été cachées des armes, et celui qui parviendra à le vaincre, quitte à tuer ses adversaires, deviendra le nouveau chef. Très vite, Elsa se lie à Jack Russell, venu pour aider le monstre qui est en réalité son ami Ted, alias Man-Thing…
Ce téléfilm de moins d’une heure est un vrai plaisir visuel, reprenant l’esthétique des serials des années 30/40, avec un bel effet noir et blanc (également pratique pour atténuer la violence visuelle assez élevée pour une production Marvel) et une musique héritée de cet Âge d’or. Derrière la caméra, Michael Giacchino, surtout connu pour ses belles bandes originales (Ratatouille, La-Haut, Rogue One, Coco, Spider-Man : No Way Home, The Batman…) signe son premier moyen-métrage et se révèle à la hauteur de la tâche. On pourra se montrer un peu moins convaincu par le scénario assez linéaire qui s’apparente à un prétexte à montrer des créatures, et introduit de nouveaux personnages dans la galerie des personnages passés des pages à l’écran. Devant la caméra, Laura Donnelly (Dread) incarne une chasseuse qui ne s’en laisse pas compter par les hommes qui l’entoure, bien épaulée par la présence pleine de charme et de naïveté de Gabriel Garcia Bernal, dans la peau de Jack Russell. Voilà un programme Marvel original, trouvant un bel équilibre entre action, comédie, horreur et esprit familial.
Yann LEBECQUE
OLD PEOPLE ***
Allemagne. 2022. Réal. et Scén.: Andy Fetscher. (Netflix)
Ella rentre dans sa ville natale avec ses enfants, afin de prendre part au mariage de sa sœur. L’endroit a bien changé depuis son départ : les jeunes ont quitté la région en abandonnant les personnes âgées à leur triste sort. Un soir d’orage, les pensionnaires d’une maison de retraite touchée par la foudre vont commencer à développer un comportement violent et agressif. Ils attaquent sauvagement les soignants avant de s’enfuir de l’établissement et de semer le chaos dans la petite bourgade…
Un film d’horreur mettant en scène une horde de vieilles personnes prises de démence meurtrière. Ainsi pourrait-on, en quelque sorte, résumer Old People, mis en boîte par Andy Fetscher, réalisateur d’origine allemande qui, après Urban Explorer – Le sous-sol de l’horreur, en 2011, renoue avec la veine horrifique. Et il faut avouer que le cinéaste s’en sort plutôt bien et nous offre une série B sanglante et efficace, évoquant par moments The Crazies, de Romero. Fetscher plante rapidement le décor et instaure une atmosphère étrange et malsaine, à l’image de cette visite à la maison de retraite dont l’onirisme morbide rappelle certaines séquences de L’Exorciste, La Suite, de William Peter Blatty. À partir du moment où les personnes âgées s’en prennent au personnel de la maison de retraite, le récit s’emballe et aucun des personnages ne semble à l’abri de cette horde sauvage. En résulte quelques scènes particulièrement brutales comme celle où les deux jeunes mariés sont massacrés dans la maison en bois. Le fait que les assaillants tentent également de faire du mal aux enfants est troublant et ajoute à l’horreur de la situation. Servis par une interprétation de qualité, les différents protagonistes révèlent peu à peu leur personnalité, accentuant la tension psychologique de l’histoire. Une histoire qui, parallèlement, aborde de front le thème de la vieillesse et la manière dont la société traite ses aînés. En résulte une production efficace qui remplit sans mal le cahier des charges.
Erwan BARGAIN
HELLRAISER ***
USA. 2022. Réal.: David Brucker. (Hulu)
L’intrigue débute par la mise à mort d’un prostitué par un sadique amateur d’occultisme, Roland Voight. Ce-dernier ouvre ainsi un portail dimensionnel puis requiert une audience auprès de Leviathan. Six ans plus tard, Riley, une ancienne droguée, et son petit ami, Trevor, découvrent, lors d’un cambriolage, le célèbre cube-puzzle capable d’invoquer les Cénobites. Le couple, accompagné de quelques amis, investit ensuite la demeure abandonnée de Voight et affronte la force maléfique qui y règne…
L’idée d’un reboot d’Hellraiser remonte à une quinzaine d’années. À l’époque, les Français Alexandre Bustillo et Julien Maury, dont Barker a apprécié À l’intérieur, semblent favoris. À la suite d’un désaccord avec la production, qui les pousse vers le torture porn à la Saw, le duo quitte le navire. Pascal Laugier (Martyrs) refuse lui-aussi de transformer la franchise en un banal slasher. Clive Barker reprend alors les choses en mains. En 2013, après une rencontre avec Bob Weinstein, l’écrivain se montre confiant. Nouvelle déconvenue. Patrick Lussier (Meurtres à la saint Valentin) rédige un scénario plus axé sur l’aventure tandis que Paul Gerrard envisage une préquelle. Échecs. Après le naufrage d’un crossover avec Halloween, Miramax garde les droits de la série en diffusant deux petits budgets : Hellraiser Revelations et Hellraiser Judgement. Cependant, la récente trilogie Halloween confirme le potentiel commercial des franchises emblématiques de l’horreur. David Bruckner, réalisateur à haut potentiel révélé par Le Rituel et La proie d’une ombre, se charge de ramener Pinhead sur le devant de la scène.
Nantie d’un budget correct, cette nouvelle version se distingue de l’original par une esthétique soignée, un visuel flirtant avec le gothique et une photographie impeccable. Beaucoup plus policé que le film de Barker, dont les moyens restreints trahissaient le côté théâtral, Hellraiser version 2022 orchestre une poignée de séquences de belle tenue capables de ravir les fans. Cependant, l’ensemble souffre de bémols préjudiciables, en particulier une durée excessive (deux heures !) pour une intrigue aussi rudimentaire. En tentant d’épaissir les péripéties, Bruckner alourdit inutilement le récit et il faut patienter 70 minutes pour voir débarquer Pinhead, cette fois campé par une femme. Si la mise en scène fonctionne agréablement, la direction d’acteurs manque toutefois de mordant : les personnages paraissent stéréotypés et leurs souffrances laissent le spectateur indifférent. Le côté sexuel, lubrique et sadomasochiste des Cénobites s’efface lui-aussi. Le film parait ainsi édulcoré, beaucoup moins transgressif et offensant que l’original ou le très sanglant Hellraiser 2 : les écorchés. À boire et à manger dans cette relecture pas déplaisante mais un peu trop propre pour totalement convaincre les amateurs de l’œuvre de Barker.
Frédéric PIZZOFERRATO