Grosse fête pour la sortie du nouveau "Métal Hurlant", ce jour-même !
Un jeu immersif à découvrir pour les 40 ans de XIII
ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI !
Dans le cadre de sa thématique "Ceci n'est pas un rêve" et à l'occasion de la sortie du numéro 10 de Métal Hurlant (dont nous parlerons samedi prochain), Ground Control ouvre grand ses portes à Métal Hurlant ! En plus de l'exposition présente jusqu'au 24 mars, l'équipe du magazine vous accueille le 24 février pour un après-midi riche en animations. Avec au programme :
14h30-16h30 : Projection de “L’émission a déjà commencé” et rencontre avec Bertrand Mandico
16h30-17h30 : Séance de dédicaces avec les dessinateurs.trices de Métal Hurlant
17h30-18h30 : Discussion illustrée en live par Masha Moran: dans les imaginaires de Métal Hurlant
19h00-19h30 : Battle de dessin en live entre Elene Usdin et Elie Huault
19h45-20h15 : Blind Test dessiné par Richard Guérineau ( XIII Mystery, Seul le silence).
Rendez-vous donc au Ground control - 81 Rue du Charolais - 75012 Paris
TOUT SUR JEAN SOLÉ
Vous ne savez plus de qui il s’agit ? Mais si, bien sûr : l’auteur (entre autres) des Animaleries et de Superdupont, ce super-héros à la française, en Marcel et béret, où il succéda à Alexis. Si l’on se perd un peu-beaucoup dans l’œuvre de ce graphiste né en 1948 de parents espagnols ayant fui le franquisme et qui accéda à la presse bd en intégrant en 1972 Pilote, qu’il ne quitta jamais, même s’il avouera être plus à l’aise dans Fluide Glacial, c’est que notre homme, qui se réclame d’Uderzo et de Franquin, a touché à tout : outre la bd (citons encore Les Mésaventures inachevées du plombier maudit), de très nombreuses couvertures, des pochettes de disques, affiches de films (Les vécés étaient fermés de l’intérieur), illustrations, expos. Solé est capable de tout aborder, avec une justesse de trait, un art de la composition et de la couleur, un don pour la caricature comme pour le cadavre exquis qui en fait un artiste complet, son seul tort, si l’on peut dire, est qu’il ne s’est jamais attaché à un personnage récurrent qui l’aurait caractérisé ad vitam auprès des fans, préférant sauter du coq à l’âne et autres animaux. Pour plus de renseignements sur lui, une seule adresse: Jean Solé, le dessin en obsession, magnifique album-étude de 280 pages concocté par l’indispensable Richard Comballot, dont la spécialité est l’interview, celle de l’artiste couvrant ici plus de 200 pages, sans doute la plus longue que le maître d’œuvre ait réalisées. De très nombreuses illustrations rendent compte du talent de l’homme, comme cette couverture Art nouveau de Rock & Folk ou celle, hyperréaliste, d’un Fluide glacial « 100% Q ». Et n’oublions pas le valeureux éditeur, qui possède à son catalogue une palanquée d’ouvrages tout aussi remarquables, portant aussi bien sur le professeur Nimbus que Wallace Wood, les filles Sixties du Terrain vague qu’Alberto Breccia : P.L.G (morin100@aol.com)
ON DOIT SE MÉFIER DES ANIMAUX TROUVÉS !
C’est la question auquel répond de manière ambiguë Oh, Lenny, album d’Aurélien Maury, qu’on aurait juré avoir été conçu par une femme, tant son héroïne, June, jeune mariée de la classe moyenne, est décrite avec justesse.
Employée dans une animalerie dont elle conteste les méthodes, elle doit déménager pour suivre son époux qui a trouvé un nouveau travail, dans une de ces horribles cités américaines où tout se ressemble. Et c’est au cours d’une balade en dehors de la ville qu’elle découvre dans un tunnel une étrange créature blanchâtre qui ne ressemble à rien, sauf à un sac poubelle muni de quatre petits tentacules et d’une grande bouche. Elle l’adopte et, contre l’avis de son mari, décide de la garder, jusqu’à s’enfuir avec elle sans se rendre compte qu’elle se détruit peu à peu car Lenny… Maury, dans un très épais volume de 328 pages dessinées de manière aussi classique que stylisée soutenu par de douces couleurs Pastel, sait avec merveille allier la vie quotidienne d’une femme-enfant scrutée dans les moindres détails et la montée progressive du fantastique, porté par le thème de la possession et du vampirisme s’appuyant sur des cauchemars éprouvants. Au point que, commencé sur un mode presque enfantin, l’album impose un malaise grandissant, qui va en particulier toucher les amis des bêtes (dont je suis) avec la question : est-il bien raisonnable d’accueillir un animal perdu ? En tout cas, sous ses airs faussement anodins, voilà une réussite exemplaire (Tanibis).
UN JEU IMMERSIF POUR LES 40 ANS DE « XIII »
Depuis 1984, le célèbre héros amnésique de bd XIII est plongé dans une quête pour retrouver sa mémoire. Ce thriller géopolitique imaginé par Jean Van Hamme et illustré par William Vance, puis depuis 2010 par Yves Sente au scénario et Iouri Jigounov au dessin, devait originellement tenir en 5 tomes. Elle en compte aujourd'hui, avec un 29e en préparation pour octobre 2024. Pour célébrer ses 40 ans, les éditions Dargaud, en collaboration avec Pangar Studio, dévoilent un « visual novel » immersif, une nouvelle aventure dans l'univers vidéoludique pour fêter le quarantième anniversaire du personnage. Il s'agit d'un visual novel, soit un roman vidéoludique. Une forme de fiction numérique interactive, très populaire au Japon, dans laquelle le joueur choisira parmi différentes options, suivant un scénario pré-établi, sa progression dans la partie.
L'aventure dure environ 40 minutes, durant lesquelles les fans devront faire les meilleurs choix pour XIII et résoudre des énigmes en sollicitant leur culture générale. Les joueurs qui parviendront à bout de tous les nœuds de l'histoire pourront s'inscrire à un tirage au sort qui aura lieu le 13 novembre 2024 : à la clé, la possibilité de remporter un original de William Vance, une collection complète des tomes 1 à 29 de XIII, une sérigraphie signée de Iouri Jigounov et bien d'autres lots encore. Enfin, la trilogie Jones, autre série dérivée centrée sur le Major Jones, scénarisée par Yann et illustrée par Olivier TaDuc, aura le droit à un deuxième tome en juin 2024. Le personnage avait déjà fait l'objet d'un volume de XIII Mystery, dans lequel était explorée son enfance dans les années 60. Cette fois, ce sont ses débuts dans l'armée américaine qui sont abordés.
UN ROMAN DE SF FÉMININ AU XVIIe SIÈCLE
Si ce qu’on appelle « les grandes dames de l'Imaginaire » sont bien connues, à commencer par Mary Shelley et son classique Frankenstein puis, bien tard, dans les années 1960 et 70, Ursula K. Le Guin, Joanna Russ, Margaret Atwood ou Octavia E. Butler, il existe, au XVIIe siècle, une pionnière : la peu connue Margaret Cavendish, nommée parfois Mad Marge – Marge la Folle – par ses détracteurs qui lui reprochaient de sortir du silence que sa condition féminine lui imposait, est l’autrice de The Blazing World (Le Monde glorieux), premier roman de science-fiction écrit par une femme. Que raconte le roman ? Une femme est emmenée au pôle Nord et découvre un étrange royaume orné de bijoux dont elle devient l’impératrice suprême. Dans ce monde inconnu, elle entreprend des discussions philosophiques avec les habitants, qu'ils soient humains, animaux et insectes. La seconde moitié du livre réalise une astuce méta-fictionnelle où l'autrice (dans le rôle de la duchesse de Newcastle) entre elle-même dans l’histoire pour devenir la scribe et proche de l’impératrice. Pour le youtubeur Great Books Prof, nous avons à faire ici à une utilisation pionnière du concept des multivers. Le Monde glorieux a été publie en France par les éditions José Corti en 1999. À redécouvrir.
UN NOUVEAU GENRE : LA ROMANTASY !
Les Éditions Michel Lafon nous annoncent la sortie ce 15 février d’un roman très attendu : Les Épreuves de la Reine Soleil, premier tome de la série Les Artefacts d'Ouranos de Nisha J. Tuli. Cette publication marque l’avènement d'un nouveau genre littéraire en France : la Romantasy, genre littéraire qui mêle deux genres très populaires : la romance et la fantasy. Comme son nom l'indique (fusion entre "romance" et "fantasy"), la romantasy intègre des éléments de récits d'amour dans des mondes fantastiques ou des univers magiques. Ce genre offre une riche toile de fond pour des histoires où les thèmes de la romance se déroulent dans des cadres imaginaires, souvent peuplés de créatures magiques, de quêtes épiques et de conflits surnaturels. Notons également, cette année, l’ouverture d’une librairie spécialisée dans le genre à Toulouse
Jean-Pierre Andrevon
EN TERRE D’AMÉRIQUE SOUS LE SOLEIL
Auteur sudiste américain dont chaque roman fait mouche (on pense notamment à Une pluie sans fin, Nulle part sur la terre et Blackwood), Michael Farris Smith signe avec Sauver cette terre une nouvelle œuvre de premier ordre alliant souffle romanesque et portrait intimiste d’une famille en voie de recomposition, sur fond d’ouragans apocalyptiques dévastant la Louisiane et le Mississipi. Balançant entre ces deux États désertés par leurs habitants, l’intrigue met en scène une jeune maman et son fiston en cavale, poursuivis par les affidés d’une secte religieuse de la pire engeance dirigée par une grande prêtresse aux allures de sorcière de légende. Tentant par tous les moyens de récupérer un trousseau de clés donnant accès à un lieu réputé maudit, cette dernière n’a de cesse de parvenir à ses fins en semant au besoin les cadavres sur sa route dans une ambiance de fin du monde. Par l’entremise de cet habile MacGuffin en forme de boite de Pandore, l’auteur dépeint avec brio la déréliction d’une population totalement démunie face au dérèglement climatique ravageant désormais bayous et terres agricoles tout comme la relation tendue entre un père et sa fille renouant au cœur de l’adversité la plus tragique qui soit. Sachant admirablement faire de la nature un personnage à part entière de son récit d’anticipation, Michael Farris Smith s’y entend pour nous emballer du début à la fin de cette balade sanglante à la prose aussi lumineuse que touchante (Gallmeister).
Sébastien Socias