GOLDORAK REVIENT !
De Goldorak, il nous restait quelques images. La guerre entre les forces de Véga et Goldorak terminée, les larmes aux yeux, Alcor, Actarus et Phénicia se faisaient leurs adieux, dans les airs. Chacun dans leurs vaisseaux, Alcor retournant sur Terre, Actarus et Phénicia, sur Euphor. Goldorak y apparaissait, enfin apaisé.
L'album de Dorison et Bajram, avec au dessin Cossu, Sentenac plus Guillo aux couleur prend racine quelques années plus tard. Alcor, Vénusia, Procyon, Rigel et Mizar se sont faits une autre vie, plus terrienne. Vénusia va devenir chirurgienne. Alcor est un trader immensément riche. Ce sont des Terriens avec des problèmes de terriens. Mais la menace revient. Une explosion sur le mont Fuji, un vaisseau noir qui débarque sur Tokyo et qui détruit tout sur son passage, pas de doute, ils sont revenus. Mais le Japon est bien seul cette fois. Pas de Goldorak pour protéger la population de la menace. Le Général Yros d'Arkhen tient un discours très clair aux dirigeants nippons. Il veut un archipel pour les survivants de la planète Stykadès. Et cet asile, c'est le Japon qui le leur fournira, dans son intégralité.
Ainsi commence la version française de Goldorak en 168 pages de BD. On comprend très vite que ce Goldorak là, ne sera pas un ultime épisode. C'est une histoire à part entière, et le postulat de départ de Xavier Dorison, le premier scénariste. "Il fallait retrouver un certain nombre d'émotions, chevaleresques, généreuses. Et il fallait apporter un regard spécifique. Goldorak a grandi. Sa force, sa puissance n'agissent plus forcément pour écraser l'ennemi mais pour lui permettre d'aller vers lui et lui parler." Là est toute la magie de cet album. Chacun des protagonistes va mettre les pendules à l'heure. Procyon explique à Vénusia qu'elle n'est pas seule. Tout le monde est parti de son côté. Alcor regrette le Goldorak de l'époque, si combattif. Il regrette aussi qu'il n'ait pas pensé à eux, quand il est revenu secrètement sur Terre. C'était nécessaire selon Xavier Dorison. "Quand vous êtes dans une croisade, vous mettez tout de côté. Et quand tout s'arrête, c'est là que les questions se posent. Les amours déçus etc... Et nous ça nous intéressait de traiter ça." (Kana).
COMICS : UN CHEF-D’ŒUVRE RETROUVÉ
AMERICAN FLAGG !
Howard Chaykin
2031, une série de catastrophes (frappes nucléaires, émeutes de la faim) a forcé le gouvernement des États-Unis, allié aux vestiges de l’Union Soviétique, à se réfugier sur Mars, où s’est formé un nouveau système politique, le Plex. Sur Terre, les grandes métropoles américaines, dont Chicago, se sont réorganisés autour de centres commerciaux géants qui délivrent pour un peuple décérébré des programmes TV minables et des messages subliminaux tout en se faisant la guerre entre eux. Une force de police, les Plexus Rangers, tente de maintenir l’ordre, dirigé par une ancienne star de la télé, Reuben Flagg dont le rôle va peu à peu bouleverser cette société déliquescente. Créé en 1983 par le caricaturiste Howard Chaykin, American Flagg ! fait partie de ces bandes qui, sous la présidence de Ronald Reagan, ont révolutionné les comics américains, à l’égal des Watchmen d’Alan Moore ou du Dark Knight Returns de Frank Miller. Auteur complet sur la série, Howard Chaklyn (Star Wars,The Shadow, Wolverine), dans un mixte de roman noir et de western qui n’est pas sans faire parfois penser à Judge Dredd nous donne avant tout une féroce satire politique des USA de l’époque. De manière assez incompréhensible la série était restée jusqu’à aujourd’hui totalement inédite en France. De quoi se précipiter sur un album épais de 456 planches reprenant les 12 premiers épisodes, présentés par des pointures comme Jim Lee ou Warren Ellis (Urban Comics – “Cult”).
CHEZ UN GRAND
IDEM’S
Philippe Curval
Est-il utile de présenter L’auteur à nos lecteurs ? Ce serait faire injure à ce maître de la SF française, qui débuta en 1954 dans les premiers numéros de Fiction et qui, aujourd’hui âgé de 92 ans, est devenu le doyen toujours en activité des écrivains français du genre. La preuve, il nous donne aujourd’hui un roman-feuilleton composé d’enquêtes menées par deux personnages dans une même enveloppe. Ciryl et Ælita, à la suite du terrible drame qui les a éloignés, sont en effet parvenus à fusionner en un seul corps. Un cerveau double, qui leur confère une extrême vivacité d’esprit. À la manière du Dr Jekyll et d’un Mr Hyde, ils peuvent agir sous une forme féminine ou masculine selon les circonstances. Afin d’accomplir un projet dont on ne connaîtra la nature qu’à la fin du roman, ils ont créé une agence tout à fait exceptionnelle pour résoudre moult affaires mystérieuses. Enquêtes qu’ils font payer à prix d’or.
L’agence REPONSATOU est équipée d’un matériel technologique de pointe qui leur permet de s’attaquer à des problèmes souvent fantastiques : l’existence d’un jardin cannibale dans une petite commune de province – les étranges rapports entre un confiseur et son robot – l’apparition en Indonésie d’un virus dont l’activité ne ressemble à rien de connu – un ténébreux procès en Uruguay où les mirages de la réalité sont sans cesse remis en cause – une caméra au pouvoir étonnant qui les fera voyager dans le temps et rencontrer un extraterrestre très excitant – l’expérience d’un exalté qui veut revivre la carrière d’Errol Flynn – un abominable trafic de migrants noyés, etc. Durant un séjour dans leur villa sur la côte mexicaine, Ciryl et Ælita voient leur fusion cesser. C’est grâce à cette séparation corporelle qu’ils vont se retrouver charnellement et enfin réaliser leur fabuleux projet (La Volte).
UNE CINÉMATHÈQUE POUR TOUS
Certes, chacun a ses dix films préférés. Ou les cents. Mais les mille ? À défaut (de mémoire), voilà qui va nous inspirer :
LES 1000 FILMS CULTES DE L’HISTOIRE DU CINÉMA
par Jean Serroy
Voilà un ouvrage qu’on va dire costaud, épais de 360 pages, bien évidemment richement illustré et qui, composé par un universitaire et critique d’expérience et préfacé par Thierry Frémaux, nous propose de revenir sur les 1000 films culte ayant marqué les quelques 120 années qui se sont écoulées depuis la naissance du 7e art, tous genres, tous pays et toutes époques confondues. Un nomenclature présentée décennie après décennie, la sélection étant fondée sur des données objectives comme le classement annuel des entrées, en France comme à l’international, en n’ignorant pas les prix récoltés dans les grands festivals, ou encore la notoriété émanant des critiques. Il va de soi que nos lecteurs iront en priorité sur les films ressortissant des genres que nous défendons (Avatar, qui « inaugure le space-opera de l’âge hyper-hight-tech »), le réalisateur le plus cité étant Stanley Kubrick, mais chacun retrouvera ici, en brassant les pages, ses émotions et ses admirations, sans oublier un hommage particulier à Quentin Tarantino, le mot de la fin étant donné à Jean-Luc Godard (Glénat).
LA SF SE DISSIPE !
SEXE & SEXUALITÉ DANS LE FUTUR & AILLEURS
Anthologies
Il n’est pas l’habitude dans ses pages de célébrer celui ou ceux qui les font, pourtant l’occasion nous est donnée aujourd’hui de surseoir à cette modestie, avec la parution en deux volumes d’une anthologie composée par notre collaborateur Jean-Pierre Fontana, qui ratissé très large dans le monde de la SF pour réunir pas moins de 38 nouvelles, presque toutes inédites, concernant une thématique qui fut jadis sulfureuse mais ne l’est plus depuis longtemps : le sexe en SF, en deux volumes. Comme l’écrit le maître d’œuvre : « l’un qui concerne les relations avec des créatures non humaines (“Autres mondes”), l’autre qui explore l’évolution de la sexualité humaine dans l’avenir“ (“Autres mœurs”) » Préfaçant l’un des volumes, Joëlle Wintrebert, dont on trouve un texte dans l’autre, conclut : « Peut-on jouir sans entraves ? Le lecteur trouvera ici des réflexions stimulantes et des réponses insoupçonnées. Certes, à ne pas toujours mettre en pratique ». En tout cas, à travers les élucubrations d’auteurs connus (votre serviteur en fait partie) comme Lino Aldani, Bruno Pochesci, Christine Renard et d’autres moins, et sous les magnifiques couvertures de Caza, un bon petit plaisir pour les longues soirées d’hiver qui commencent (Arkuiris).
ENCORE UN PEU DE LECTURE
• On ne présente plus Ken Liu, cet auteur né en Chine en 1976 et émigré aux États-Unis, où il commença par traduire certains de ses compatriotes en SF, avant de se lancer dans une œuvre gigantesque et très personnelle, qu’il nomme “silkpunk fantasy”. En fait partie la saga La Dynastie dent de lion, dont voilà réédité en poche le second volume, Le Goût de la victoire qui, selon l’auteur, s’est construite « à la manière d’un Tolkien, en lui insufflant une esthétique inspirée de l’Asie de l’Est qui embrasse, prolonge et défie la fantaisie supposée avoir des origines médiévales européennes » (Pocket).
• Au Québec, en été 1873, des enfants découvrent une grotte où se terre une créature qui veut simplement jouer avec eux. Jusqu’à ce que l’un d’eux ne respecte plus les règles du jeu. Signé par l’auteur canadien J-F Dubeau, Le dieu caché est un thriller surnaturel que l’on n’a pas hésité à comparer aux meilleurs Stephen King (Bragelonne – “Terreur”).
• Le Dévoreur d’âmes est le livre II de la série Éclats d’Étoile, signé par Neal Shusterman, auteur de la fameuse trilogie La Faucheuse, où l’on retrouve les jeunes protagonistes du premier volume qui, touchés par les éclats d’étoile”, ont vu leur capacités mentales et physiques exploser. Mais pourront-ils résister au Dévoreur d’âmes, cet esprit ancien qui jadis s’appelait Prométhée ? (Robert Laffont).