Être bouffé par un parasite, un zombie ou...un lion...
Netflix engage le réalisateur du "Dernier Train pour Busan"
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Netflix prépare une nouvelle adaptation du manga «Parasyte» confié au réalisateur du Dernier train pour Busan.
L’oeuvre d'Hitoshi Iwaaki sera transformée en un film en prises de vues réelles pour la plate-forme. Après avoir proposé voici quelques mois sur Netflix une adaptation du webtoon «Hellbound», le réalisateur Yeon Sang-ho s’attaque donc à celle du magnifique manga créé par Hitoshi Iwaaki sous la forme d’un film en deux parties qui sera diffusé en 2014. Izumi Shinichi, 16 ans, vit avec sa mère et son père dans un quartier calme de Tokyo. Une nuit, des extraterrestres ressemblant à des vers appelés Parasytes envahissent la Terre, prenant le contrôle du cerveau des hôtes humains en entrant par leurs oreilles ou leur nez. Un parasite tente de ramper dans l'oreille de Shinichi pendant qu'il dort, mais échoue car il porte des écouteurs, et entre dans son corps en s'enfouissant dans son bras à la place, prenant le contrôle de sa main droite et s'appelle Migi. Parce que Shinichi a pu empêcher Migi de voyager plus loin dans son cerveau, les deux êtres conservent leur intellect et leur personnalité séparés. Alors que le duo rencontre d'autres parasites, ils capitalisent sur leur situation étrange et forment progressivement un lien fort, travaillant ensemble pour survivre. Cela leur donne un avantage dans la lutte contre d'autres parasites, qui attaquent fréquemment le couple en réalisant que le cerveau humain de Shinichi est toujours intact. Shinichi se sent obligé de combattre d'autres parasites, qui dévorent les humains comme nourriture, tout en faisant appel à l'aide de Migi. Rappelons que le manga avait déjà fait précédemment l’objet d’un long-métrage en prises de vues réelles en 2014, dirigé par Takashi Yamazaki, Kiseijuu, suivi l’année d’après par une série télévisée, «Parasite : La Maxime».
Dans Zombie Town, un film fantastique transforme une ville entière en zombies. Il reviendra à deux adolescents de sauver la population !
Dan Aykroyd et Chevy Chase ont rejoint le casting de Zombie Town basé sur le roman de l’auteur de "Goosebumps" et "Fear Street", R.L. Stine. Le livre voit une ville tranquille bouleversée lorsque Mike, douze ans, et son amie, Karen, regardent un film d'horreur intitulé Zombie Town et voient de manière inattendue les personnages principaux surgir de l'écran et les chasser à travers le cinéma. Henry Czerny (Mission : Impossible) et les vétérans de la série TV "The Kids in the Hall", Scott Thompson et Bruce McCulloch, figurent également dans ce film actuellement en tournage en Ontario sous la direction de l'animateur canadien Peter Lepeniotis (Gare aux Gnomes). Zombie Town sera présenté dans les salles américaines avant d'être diffusé sur Hulu puis sur ABC Australia en 2023.
FILMS À L’AFFICHE
VESPER CHRONICLES (France/Lituanie/Belgique, 2022) *
Réal. : Kristina Buozyte & Bruno Samper.
Attention : spoilers !
Dans un futur indéterminé, la Terre est devenue stérile. Les survivants sont divisés en deux castes : les dirigeants, enfermés dans leurs Citadelles et bénéficiant d’une technologie de pointe, et les parias, dispersés dans les bois, qui ne doivent leur subsistance qu’aux graines parcimonieusement délivrées par les Citadelles. On y suit la jeune Vesper, vivant dans une cabane isolée en compagnie d’un père immobilisé et muet ne pouvant s’exprimer que par l’interface d’un drone, sphère dont une des faces porte de dessin enfantin d’un visage. C’est aux cours d’une de ses déambulations que Vesper recueille une autre jeune fille dont le vaisseau s’est crashé, Camélia, une androïde en fuite dont la particularité, vite découverte par Vesper, sauvageonne qui révèle ainsi bio-ingéniériste de haut niveau, est de porter dans son ADN la faculté de reproduire les graines à l’infini, et ainsi donner aux parias leur indépendance alimentaire. La dernière séquence voit Vesper, grimpée au sommet d’une tour, jeter au vent quelques-unes de ces graines miraculeuses qui s’éparpillent comme de gracieux oiseau. Ceci précisé, une question se pose : doit-on classer le film au rang des minuscules n’importe quoi, ou seulement en accuser un scénario qui tiendrait sur l’envers d’un timbre-poste ? Certes, cette histoire de graines qui ne peuvent être utilisées qu’une saison renvoie aux malversations bien actuelles des lobbies de l’agro-alimentaire qui tiennent ainsi sous leur coupe le monde agricole… Mais en faire un film de renaissance post-apo aurait demandé une finalité ici totalement absente : pourquoi les Citadelles agissent-elles ainsi envers un peuple qui ne présente pour elles aucun danger et qu’elles n’ont aucune raison d’assujettir ainsi, d’autant qu’on ne sait rien de la vie de leurs habitants, étant donné qu’elles ne sont présentes que sous forme de champignons bulbeux vus de loin et de périodiques engins aériens traversant le ciel.
Le métrage est d’autre part tissé de situations et séquences certes frappantes, ou alors seulement intrigantes, mais qui donnent néanmoins l’impression d’un bout-à-bout d’idées éparses qui sent le remplissage. Qu’est-il arrivé au père de Vesper ? On ne sait pas. D’où sort ce blob nervuré qui envahit brièvement la cabane et se dissipe rapidement en fumée qu’il ne faut pas respirer ? On l’ignore. Quels sont ces insectes aussi véloces et meurtriers que des balles qui transpercent les deux soldats, eux-mêmes semblant sortir de La Guerre des étoiles avec leur caparaçonnage de chasseur de primes et leur lourde respiration à la Dark Vador ? Ce qui pose beaucoup de questions quand même, issues d’un film pesant, à la photographie perpétuellement terne et boueuse qui évoque The Road mais seulement pour le faire regretter, et pourrait être un lointain cousin de Zardoz d’où aurait été extrait tout back-ground installant une société crédible. Qu’en reste-il alors ? Une esthétique assumée de la déglingue (la tour de Babel en fragments bois empilé des parias) et une certaine poésie. On devra s’en contenter.
JEAN-PIERRE ANDREVON
TROIS MILLE ANS À T’ATTENDRE
***
(The Three Thousand Years of Longing). Australie/USA. 2022. Réal. : George Miller.
Alors qu’elle se trouve à Istanbul pour une conférence sur les mythes, la narratologue Alithea Binnie, célibataire, la cinquantaine fébrile, achète dans le souk de la ville un flacon antique qui, dès qu’elle l’ouvre de retour dans son hôtel, libère un djinn lui proposant, comme il en est de la légende, trois vœux à l’exception de l’immortalité, qui n’est pas de son ressort. Ce simple détail est significatif de ce que propose George Miller, suivant en cela la nouvelle de A. S. Byatt : introduire le mythe dans la réalité, et en quelque sorte le détruire. Ainsi, le djinn, ramené en Angleterre par Alithea, est fort surpris par toutes les inventions du monde contemporain, qui le stupéfient et qu’il admire, en même temps qu’il est capable de percevoir la houle des pensées de la foule qui se presse dans son environnement. Le film est fondé dans sa plus grande partie sur la confrontation entre ces deux êtres dissemblables, qui se déroule d’abord dans un hôtel à Istanbul, où l’héroïne passe une journée, puis dans l’appartement de celle-ci à Londres. Laquelle mettra longtemps à demander la réalisation d’un premier vœu, caractéristique de l’aspect fleur bleue d’un film il faut bien l’avouer bavard, et au propos philosophique qu’on a parfois du mal à démêler, à part qu’il prône la tolérance. L’humour ne manque pas, témoin cette séquence où la conférencière doit franchir les portiques de sécurité de l’aéroport, la substantifique essence matérielle du djinn dissimulée dans une salière. Quant au récit dans le récit, à savoir ce que raconte le djinn de ses aventures antérieures, distribuées à coups de flashbacks, il aère agréablement un dialogue qui menacerait de fatiguer, le meilleur étant celui de la cour de la reine de Saba, la «beauté incarnée» malgré ses jambes aussi poilues que la crinière d’un cheval. Des évocations qu’on pourra au choix trouver très kitsch, voire carrément laides avec leur débauche de couleurs criardes. Reste enfin l’interprétation, hors de tout reproche, Idris Elba incarnant un djinn sensible et plein d’interrogations, que sa nature pyrotechnique enrobe littéralement de fumée issue de son épiderme, tandis que Tilda Swinton et son casque de cheveux orange donne une fois de plus la preuve de son talent transformiste.
Jean-Pierre ANDREVON
BEAST ****
USA. 2022. Réal.: Baltasar Kormákur
Le docteur Nate Daniels et ses deux filles, Méré et Norah, arrivent en Afrique du Sud, dans un parc national géré par son vieil ami Martin Battles, pour se resourcer et tenter de renouer avec les deux gamines, qui se sont écartées de lui après la séparation d’avec leur mère, décédée peu après d’un cancer. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’un groupe de braconniers vient de massacrer une famille de lion et que le mâle survivant, blessé, a décidé de se venger sur tout humain passant à portée de ses griffes et de ses crocs, ce qu’il commence à faire sur les habitants d’un village, avant d’attaquer le véhicule où ont pris place Martin, Nate et ses deux filles. Tout le reste du film se fonde sur la fuite de ces quatre personnes que la Bête ne lâche pas, surgissant à l’improviste au moment où on ne l’attendait pas et semblant invulnérable, avec tous les incidents attendus : le véhicule qui tombe en panne, la radio qui ne répond pas, les blessures que subissent la plupart des participants et menacent leur survie, dans une tension qui ne se dément jamais. La grande aventure africaine comme on pouvait en tourner dans les années 50 ? Le temps a passé et il en va dans le métrage de l’Islandais Baltamar Komakur comme des Indiens dans les westerns d’aujourd’hui : la bête est devenue une victime des hommes, ces braconniers qui la chassent pour ses crocs et ses os, et si elle se révolte, c’est qu’on l’a poussé à le faire, alors qu’est bien montré le fait que quand on laisse les animaux en paix ils peuvent être familiers et amicaux, ainsi de cette séquence magnifique où Martin se fait câliner, certes un peu brutalement, par deux lions de la réserve devenus semblables à des gros chats. Tourné sur place, dans des paysages magnifiques, avec comme on s’en doute un animal en images de synthèse plus crédible que nature, volontairement traité en «diablo» comme l’appellent les habitants du coin, voilà un film qui tranche plus qu’agréablement sur les redites continuelles à propos des méchants requins, les rapports conflictuels puis, le danger étant là, plus soudés et apaisés entre Nate, et ses deux filles y apportant un élément humain jamais redondant qu’Idris Elba porte sur ses larges épaules. Belle réussite.
Jean-Pierre ANDREVON