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DES ZOMBIES PARTOUT !
Qu’est-ce qu’un zombie ? Cette créature improbable qu’on pourrait croire créée tout spécialement pour le cinéma, mais qui a fleuri aux Antilles, plus spécialement en Haïti, selon lequel un sorcier pourrait ranimer un mort et le tenir en esclavage. Mais la véritable naissance du zombie tel qu’on le caractérise aujourd’hui est bel et bien cinématographique, remontant à l’année 1968 et au film de George A. Romero La Nuit des morts-vivants qui en fixe le corpus immuable : pourriture sur pied, démarche lente et chaotique, mangeur de chair humaine, chaque mordu contaminé devenant à son tour un zombie, vulnérable seulement par explosion du cerveau, etc. Si l’étude de Claude Gaillard et Guillaume Le Disez titré tout simplement Zombies nous raconte par le détail ce qui précède, tout en ayant le culot de commencer leur ouvrage en s’interrogeant « sur la nécessité de son existence et le bien-fondé de sa démarche», vu le grand nombre d’opus préexistant, c’est qu’ils ont sans doute oublié que leur pavé compte 352 pages, ce qui leur permet de citer et de décortiquer plus de films du genre que nulle part ailleurs. Car qui connaît Curse of the Cannibal Confereates (Tony Malanovski, 1982), une production de Lloyd Kaufman reconnaissant qu’il s’agit du pire film qu’il ait jamais produit ? Ou Zombies Ass Toilet of the Dead (Noburu Iguchin 2012), qu’on trouve, photo à l’appui au chapitre “Sexe, Zombie & Rock’n’Roll » qui nous prouve que nudité peut très bien aller avec chair pourrissante tandis que, plus sérieusement, est étudié la psychologie du zombie par une docte psychopracticienne invitée. Rien n'échappe à nos deux auteurs qui concluent que, si les zombies nous effraient tant, c’est qu’il nous ramène «à une condition de proie, de gibier, de produit alimentaire de première nécessité » de même que « la dimension épidémique du zombie renvoie aux grandes épidémies qui ravagèrent l’Europe au Moyen Âge ». Comme il faudrait tout citer, envoyons les zombiephiles à ce pavé où l’on aurait garde de ne pas citer les centaines d’illustrations, dont la reproduction de nombre d’affiches originale, comme celle Zombie Campus (Ron Link, 1987), où il nous est précisé que “Les étudiants de la fac Ettinger sont tous de bons vivants… Demain, ils seront tous morts-vivants”. On aura compris que cette somme, qui ne manque pas d’humour par son texte, est à classer au rayon des indispensables (Vents d’Ouest).
LE NOVELLISTE 07 : APRÈS LA FIN
L’excellent mook Le Novelliste présente son numéro 7, titré Après la fin et ainsi présenté : « Imaginer, anticiper, se représenter ce qu’il peut bien y avoir après est un des ressorts fondamentaux de l’être humain, dont l’appétit de découverte se nourrit autant de curiosité que d’imagination. Mais comment envisager l’après de ce qui, a priori, est une fin ? Les réponses n’ont jamais manqué en littérature, qu’il s’agisse d’explorer l’au-delà de la vie, des sociétés, ou des relations humaines… » Qu’on se rassure, nulle religiosité excessive ne vient perturber les quelques 26 textes serrés dans les 300 pages en petits caractères que compte le volume, où l’on trouve aussi bien nouvelles et novelette qu’articles de fond. Au titre des premières citons Didier Lesafre avec Horizon, long récit assez sternbergien sur une fin du monde, L’île de Nina Allan qui y revisite la Covid, ou Les Passagers, premier texte publié de Laurent Pheulpin qui nous entraîne à bord d’un B 24 lâchant ses bombes sur Berlin en 1943. Au second, un article exhumé de 1927 signé H. G. Wells, L’au-delà, y croire… où l’auteur de La Guerre des mondes règle ses comptes avec les croyances en la résurrection de son confrère Conan Doyle. Enfin, pour la nostalgie, le portfolio Inventaire après déménagement, signé Fay Ballard, fille de, qui matérialise les souvenirs de son père par de délicats dessins d’après nature. Au total un sommaire aussi original que passionnant, dédié Philippe Curval qui, le thème de l’ouvrage en étant garant, en prendra connaissance derrière notre épaule (Flatland).
LOVECRAFT EN IMAGES
C’est La Quête onirique de Kadath, une aventure de Randolf Carter, l’Indiana Jones de Lovecrat qui est, après bien d’autres récits, mis en image sous le titre générique de Kadath l’inconnue, par deux graphistes, Guillermo Sana et Jacques Salomon, d’après une adaptation de Florentin Florez, tous trois Espagnols, dans un album de 224 pages dont chaque chapitre est introduit par une planche hommage au Little Nemo de Winsor McCay… Pourquoi ? Parce que c’est en rêve Carter s’est lancé sur la trace du repère du Kadath en compagnie de son inséparable chat noir appartenant au peuple des chats d’Ulthar. Tantôt son périple est agréable (on le voit fougueusement embrasser un sultan barbu… qui n’est qu’une sutane grimée, on a eu peur), tantôt il se heurtes à des monstres tous plus effrayants les uns que les autres, comme les énormes bêtes lunaires, les Zoogs, gnomes aux gros yeux, les ghasts arachniformes, sans oublier les goules au corps en décomposition. Si le dessin reste assez sommaire, il est assez efficace, surtout avec les pleines pages bourrées d’action, pour qu’on y trouve ce qu’on était venu chercher (Black River).
LE GRAND ŒUVRE D’ANNE McCAFFREY
Doit-on rappeler ici qu’Anne McCaffrey a publié plus de 80 ouvrages et que son œuvre la plus connue, la plus conséquente, le cycle de La Ballade d
e Pern, débuté en 1968 par Le Vol du Dragon (Dragonflight), compte 18 romans ? Sur la planète Pern, une jeune femme, Lessa est recrutée pour établir un lien télépathique avec une reine dragon nouvellement éclose, devenant un chevalier-dragon, et leader de la communauté du Weyr. Car un danger récurrent menace, les Fils, qui ne sont plus tombés depuis quatre cents révolutions et dont une pluie de poussières noires annonce le retour et les dévastations qu’ils provoquent. Mais Lessa, qui a découvert le moyen de se déplacer dans le temps, envoie une portée de jeunes dragons dans le passé, afin de les faire arriver à maturité et fournir des renforts pour le combat qui s’annonce… Les personnages et les conflits vont se multiplier dans les ouvrages qui suivent, ainsi de cette Intégrale V, où l’on trouve Le Dragon blanc, Tous les Weyers de Pern et Les ciels de Pern. Il ne manque qu’un sixième et dernier volume à paraître pour que l’intégrale de ce qu’on peut appeler une fantasy galactique soit disponible (Pocket).
RETOUR À LA MAISON USHER
Si l’album est signé Jean Dufaux pour le scénario et James Calderon au dessin, il est nécessaire d’ajouter à ce générique, un certain Edgar Allan Poe, et sa nouvelle la plus célèbre, que tout le monde a lu (non ?) et qui a été multi-adaptée, en bd comme au cinéma. Alors qu’y ajouter ? Pour Dufaux, une longue introduction où un joueur professionnel, Damon Price, doit fuir Baltimore à bord d’une diligence fantôme venue tout droit du Nosferatu de Murnau pour enfin se réfugier dans la maison Usher tenu par son oncle Roderick, le récit à partir de là retournant plus ou moins à son créateur, lequel apparaît régulièrement pour soliloquer sur la liberté à accorder à un personnage de fiction. Pourquoi pas ? Mais on retiendra surtout, dans cet album au plus grand format que d’ordinaire le travail du graphiste espagnol Calderon qui, en 54 planches ombreuses à souhait, a su récréer l’ambiance d’un XIXè siècle maléfique à souhait. Bonne idée : l’ouvrage intègre la nouvelle selon la traduction de Baudelaire. Ici est la merveille (Delcourt).
Jean-Pierre Andrevon
25 ANS D’URBEX EN FRANCE
Ô lieux abandonnés, avez-vous donc une âme ? C’est à cette question que répond positivement et depuis plusieurs années Thimothy Hannem, l’auteur-explorateur de Glauque-Land, 25 ans d’urbex en France, invitation à la baguenaude dans des lieux abandonnés aussi divers que des friches industrielles ou des demeures de maître. Des usines Renault de l’ile Seguin aux bâtiments en ruine des Grands Moulins de Paris, c’est en filigrane tout un pan d’Histoire que l’ouvrage passe en revue, celui des Trente Glorieuses révolues et de la transformation des banlieues ouvrières en tristes cités dortoirs. Domaine au beau milieu des bois se faisant « ruine elfique qu’on pourrait croire sortie de chez Tolkien » comme l’évoque Timothy Hannem à propos des arcades délabrées du Château Chocolat ou Manoir du Chat mort égrenant à ciel ouvert son passé fantasque (l’endroit fut un hôpital de guerre en 14-18 puis une Kommandantur avant de devenir un centre de formation pour hôtesses de l’air), tout invite ici à l’onirisme vagabond au fil de ces insolites rencontres architecturales. On peut apprécier en ces endroits fascinants la poétique réminiscence d’un passé révolu, qu’il s’agisse en forme d’inventaire à la Prévert de la prison de Loos, de l’énigmatique Studio Skywalker, du zoo des Coatis, en passant par une maternelle, une forge, un lavoir, un fort ou une ferme sans oublier un vaisseau fantôme, un cimetière, un hôtel, des thermes, une station Vertigo fascinante à souhait et un bien-nommé asile du temps perdu. Sous les gravats, le rêve ; tel aurait pu être l’autre sous-titre de cette ode à l’Urbex hexagonal aux textes comme aux photographies grandement évocateurs (Albin Michel).
Sébastien Socias