AU ROYAUME DES MANGAS
Dragon Ball - Le super livre - Tome 1 : L'histoire et l'univers
Akira Toriyama
Ce guide officiel de plus de 350 pages, Bible des fans de Dragon Ball est composé de deux grandes parties : dans le guide de l’histoire, on y retrouve une présentation de chaque tome, des personnages principaux et secondaires ainsi qu’une rétrospective des plus grands combats et de chaque technique utilisée. Le guide du monde, quant à lui, met l’accent sur les lieux, les ethnies, ainsi que les véhicules et les accessoires propres à Dragon Ball. Cette édition augmentée propose également des dossiers exclusifs qui présentent les nouveaux lieux et personnages issus des séries plus récentes : Dragon Ball Super, Nekomajin Z, etc. Une interview d’Akira Toriyama complète la connaissance de cet univers qui a conquis le monde entier (Glénat).
LE RETOUR D’ENKI BILAL
Bug, livre 3
Ce troisième volet du grand récit SF d’Enki Bilal nous replonge dans le grand Bug planétaire qui a rendu impossible l’accès aux données numériques, l’hypermnésique Kameron Obb étant alors la proie de toutes les convoitises. Traqué à travers le monde par des instances gouvernementales autant que par des groupuscules contestataires, il réussit à communiquer avec sa fille, elle-même kidnappée par de mystérieux ravisseurs... Mais quelle est la véritable nature du Bug? Est-ce seulement une catastrophe technologique ou bien la conséquence d’une véritable attaque contre l’Humanité́ ?
Dans ce troisième épisode, Enki Bilal se régale dans la mise en scène de nombreuses femmes puissantes, avec une suite de rebondissements et de séquences spectaculaires ponctué de réflexions satiriques aussi inattendues que réjouissantes... Sans négliger le style aussi précis que vaporeux de ce maître de la BD française à nul autres pareil, et dont les planches originales, chacune un véritable tableau, se vendent aussi cher qu’un
DE VIEILLES CONNAISSANCES
On retrouve toujours le même plaisir les aventures de Blake et Mortimer, créées voici 75 ans par Edgar P. Jacobs, et poursuivies avec un talent égal par différents continuateur. Avec Le Dernier Espadon, 28ème tome déjà, ici aux mains de Jean van Hamme au scénario (qui avait déjà écrit le premier « post-Jacobs », L’Affaire Mortimer) et les dessins de Teun Berserik et Peter van Dongen, c’est d’un flashback qu’il s’agit, puisque l’histoire remonte à 1948, faisant l’impasse sur les aventures intermédiaires, en nous permettant de retrouver, après la victoire sur Basam-Dandu, les fameux Espadons, que des militants de l’IRA aidés par des nazis échappés à l’épuration veulent s’approprier pour atomiser le palais de Buckingham et toute la cour. Plus violent que d’ordinaire, avec des dessins (et couleurs) si précis qu’on croirait retrouver E-P J, un délice teinté de nostalgie (Blake et Mortimer).
AUTRES BD
THE KONG CREW, tome 2 : Hudson Mégalodon
Éric Hérenguel
Il aura fallu attendre deux bonnes années depuis la sortie du premier volume de The Kong Crew, avant d’en voir ce mois-ci la suite, qu’Hérenguel scénarise, dessine et colorise avec toujours autant de punch et d’invention. Se souvient-on que dans le premier album, situé en 1933, King-Kong n’était pas abattu et demeurait en maître dans un Manhattan à moitié englouti où tous les dinosaures de Skull Island s’étaient donné rendez-vous ? Si le King est cette fois peu présent, sauf deux pages où il se débarrasse d’un serpent géant, on retrouve bien les vieux biplans assaillis par un vol de reptiles volants, un parachutiste tombant droit dans la gueule d’un mégaladon et, dix ans plus tard, une équipe de rangers s’efforçant de le retrouver, mais ayant fort affaire avec les raptors chassant en meute comme avec ces infaillibles archères que sont les Amazones ayant colonisé les lieux. Et où est passé le teckel de Jill ? 72 pages où l’on se replonge avec délice dans cette uchronie fantaisiste à l’ancienne, magnifiquement dessinée (on croit voir un film en images fixes !) qui rappelle les Chroniques de l’ère xénozoïques, une référence amplement méritée (Ankama).
Enfin, pour les afficionados d’Heroic Fantasy, trois albums d’un coup, qu’on trouve au catalogue de la maison qui s’en est fait une spécialité : Soleil. Feuilletons d’abord Ulrog de la Forge, où le susnommé doit prouver qu’il est le meilleur forgeron des terres d’Arran. Mais pour cela, il a besoin de l’aide d’une combattant exceptionnel… Il s’agit, tenez-vous bien, du 21ème album de la série Nains (écrite par Nicolas Jarry) consacrée aux Petits Hommes. Rien de nouveau sous le soleil ? Certes, mais le dessin vigoureux de Pierre-Denix Goux, qui ne lésine pas sur la caricature des trognes, emporte l’adhésion, soutenu par les couleurs de Julia Pinchuk qui reste dans des camaïeux brun-orangé pour mieux faire ressentir l’étouffoir des forges en action. Toujours situé sur les terres d’Arran, Lardeur est le 15ème album de la série Orcs & Gobelins (Olivier Péru, Mayi au dessin), où le morceau de bravoure est un combat homérique contre une pieuvre géante qui n’a rien à voir avec celle d’Ed Wood. Enfin Yoni, qui n’est que le 6ème volume de Mages, où l’on retrouve Nicolas Jarry au scénario avec Lorusso au dessin est à recommander à qui aimes les combats de gladiateurs, ici des golems d’acier – à qui saura fabriquer le meilleur (Soleil).
RETOURS VERS LE FUTUR
Les anthologies rétrospectives fleurissent : voici deux plongées dans la SF et le fantastique du début du XXe siècle, l’une côté allemand, l’autre côté français.
La Fiancée du Diable – Nouvelles fantastiques allemandes
Jean-Jacques Pollet
La littérature allemande a toujours offert une place de choix aux "fantastiqueurs", dignes héritiers d'Hoffmann et admirateurs de Poe. D’où quatorze nouvelles fascinantes qui sondent les peurs et invitent le lecteur au plus mystérieux des voyages réunis ici au travers de textes exemplaires qui disent tous, dans le respect des règles du genre, la même obsession de la mort, de l'Eros et de l'Art. En vedettes : Gustav Meyrink, IsoldenKurz, Georg von der Gablelentz, Karl Hans STROBL, Karl Heinz Ewers, Alexander Moritz Frey, Oskar A. H. Schmitz, SCHMITZ ou Kurt Münzner, des noms qui seront des découvertes pour beaucoup.
Le fantastique est ici comme la dernière pièce de l'esthétisme décadent, au temps où l'on pouvait encore, croyait-on, se fiancer avec le diable rien que pour l'amour de l'art, se damner au nom de la Beauté.Mais avec la Grande Guerre, c'est l'Histoire elle-même qui, bientôt, va s'acoquiner avec le démon pour livrer une littérature fantastique qui change de sens, où les esthètes pervers cèdent la place à des marionnettes inquiètes autant de la folie des hommes que de l'ironie du sort... (Okno).
Maîtres du vertige - Six récits de l’âge d’or
Serge Lehman
La SF française, même si le terme n'existe pas encore ici, connaît son premier âge d’or de 1918 à 1935. Le genre est identifié dès la fin du XIXe grâce aux succès de Verne et Wells. Les Anglais l’appellent « scientific romance », les Français « roman scientifique » ou « merveilleux-scientifique » selon Maurice Renard. Porté par un élan fondateur jusqu’au déclenchement de la Grande Guerre, le genre se relance après et entre alors dans une période faste où les thèmes classiques sont déployés et raffinés à l’extrême : entités mystérieuses, savants fous, fins du monde, quatrième dimension... 2500 œuvres négligées pour la plupart. Six d’entre elles ( signées Pierre Mille, Jacques Spitz, J-H Rosny aîné, Jean Ray, Renée Duan, Claude Farrère) sont rassemblées ici, précédées d’une longue introduction de Serge Lehman (pas moins de 114 pages !) qui revient en détail sur la naissance de cette SF française des origines. Rappelons que Lehman, romancier et nouvelliste (la trilogie F.A.U.S.T.), scénariste pour le cinéma (Immortel d’Enki Bilal) et la bande-dessinée (La Brigade chimérique, L’homme gribouillé), il est aussi l’auteur de plusieurs études et anthologies consacrées au « merveilleux-scientifique », cette science-fiction française des origines dont le souvenir s’est perdu après la seconde guerre mondiale et qu’il est temps de redécouvrir (L’Arbres vengeur).
ENCORE UN PEU DE LECTURE
Les éditions J’ai lu continuent à un rythme accéléré de rééditer les classiques de la SF… En vedette cette semaine, Starship Troopers, ce fameux roman du controversé Robert Heinlein qui, on s’en souvient, était dédié, à sa sortie en 1959 « au sergent Arthur George Smith, soldat, citoyen, savant – et à tous les sergent qui, de tout temps, ont œuvré pour faire de jeunes garçons des hommes », ce qui avait semé le trouble, à sa publication en France, chez les dignes lecteurs 68tards. Outre que cette nouvelle édition est retraduite d’après le texte originel d’Heinlein, une utile préface d’Ugo Bellagamba et Éric Picholle remet les choses à leur place, rappelant que la pensée de l’auteur était bien plus nuancée qu’on croit généralement. Et puis, d’un simple point de vue littéraire, voilà un space-opera qu’il est difficile de lâcher avant la dernière ligne et rappellera le superbe film de Paul Verhoeven. Ajoutons le 4ème et dernier tome des Nouvelles intégrales de Jack Vance, ce fabuleux conteur disparu en 2013, et regroupant ici, sur 700 pages, 13 longs textes, dont le court roman Les Maîtres des dragons. À lire par petits bout, mais indispensable (J’ai Lu).
JEAN-PIERRE ANDREVON