Edgar Rice Burroughs et John Carter reprennent sur service sur Mars la Rouge.
Comic Box revient en kiosques
Ne manquez pas la nouvelle campagne de soutien à l'Ecran Fantastique
LE RETOUR D’EDGAR RICE BURROUGHS
Du créateur de son immortel Tarzan, on aurait tort d’oublier aventures de John Carter de Mars, qui au départ avait sa préférence, et compte onze ouvrages entre 1912 (Princess of Mars) et 1948 (LLana de Gathol). John Carter est un gentleman sudiste qui, après avoir participé à la guerre de Sécession, se lance dans la prospection d'or. Traqué par les Apaches, il se réfugie dans une caverne, où il a une vision — mais en est-ce vraiment une ? – où il se voit aspiré par la planète Mars, Barsoom, comme l’appellent ses habitants, où Carter est d'abord fait prisonnier par les Martiens verts (géants verts de 2,50m, qui possèdent quatre bras, des défenses faciales de phacochères et qui naissent dans des œufs), tombe amoureux d'une autre prisonnière, la Martienne rouge Dejah Thoris, qui appartient à une espèce semblable aux humains. La suite, servie par la poésie et l’inventivité exceptionnelle de Burroughs, qui décrit notre voisine solaire avec sa géographie de plaines stériles et de canyons vertigineux, ses cités croulantes, sa zoologie et, les deux principales espèces qui se partagent la domination de la planète, forme un western à nul autre pareil qui servira de modèle à beaucoup. Un film de 2012, John Carter, signé Andrew Stanton, malheureusement boudé par le public comme par la critique, offre une image fidèle de la saga, mais il a fallu attendre cette année, en France s’entend, pour voir arriver une version bd avec le premier tome de La Princesse de Mars, par David Morvan à l’adaptation et Francesco Biagini pour des dessins tumultueux, le graphiste s’en donnant à cœur joie pour croquer ses martiens verts en foules envahissant les planches, ainsi de cette double page ou Carter tombe au beau milieu d’une couvée grouillante. On regrettera seulement que la princesse Dejah, sagement colletée, ait un peu trop l’air de Louise Brook dans un film de 1925… Burroughs ne s’en est pas tenu là, avec pas moins de quatre autres séries, dont celle de Caspak, monde perdu situé au pôle (3 romans en 1918), dont le premier Caspak, monde oublié, voit sa version bd publiée en même temps, avec Éric Corbeyran pour un scénario ayant du mal à coller avec le texte évidemment daté de l’auteur, et Gabor au dessin un peu pâlot malgré ce que tente de nous croire une couverture trompeuse. Les deux volumes bénéficient d’une postface de Patrice Louinet qui, accompagnée de couvertures d’époque, restitue de contexte de leur publication originelle. Si on a compris que l’un est nettement meilleur que l’autre, on ne peut que se réjouir de cette résurrection imagée d’un grand de la littérature populaire (Glénat).
LE PALMARÈS DES UTOPIALES 2023
La 24e édition des Utopiales de Nantes, a fermé ses portes ce dimanche 5 novembre. 140.000 visiteurs au total, 120 conférences, 10 expositions, plus d'une centaine d'intervenants se sont croisés lors de l'événement majeur de la sf en France. De nombreuses distinctions sont venues célébrer les littératures de l'imaginairajeure et ceux et celles qui les font, citons le Prix extraordinaire à Chantal Montellier, le Prix Utopiales à la novella Rossignol d'Audrey Pleynet (France, éd. Le Bélial'), le Prix Utopiales Jeunesse à Clones de la nation, Tome 1 : Marie #3 de Maiwenn Alix (France, éd. Mnémos, enfin le Prix Utopiales BD pour Astra Nova de Lisa Blumen (France, éd. L'employé du moi). Bravo à tou.te.s et à l’année prochaine !
UNE NOUVELLE VISION DE LA SCIENCE-FICTION
Ce ne sont pas les livres sur la science-fiction qui manquent, et c’est tant mieux. Ce qui caractérise Science-fiction – voyage aux frontières de l’imaginaire, outre qu’il est signé d’un auteur britannique, Glyn Morgan, adoubé par Roland Lehoucq qui en signe la préface, est qu’il a à cœur de mettre en parallèles les œuvres, tant cinématographiques que littéraires, avec les faits scientifiques et technologiques qui les inspirent ou les accompagnent, ceci étant particulièrement mis en relief dans les chapitres Des machines et des hommes avec l’IA, ou Voyager dans l’espace avec ce qu’on sait des trous noirs, ainsi qu’une magnifique photo de l’énigmatique Oumuamua, mais présents aussi dans les trois autres compartiments de l’ouvrage : Langues et communication, Aliens et aliénation, De l’angoisse à l’espoir, qui note : « Les meilleurs œuvres de science-fiction nous contraignent à réfléchir à ce qu’il nous faudrait faire face à un avenir incertain et menaçant ». Traduit excellement par Charles Frankel, le livre échappe à ce qui nous afflige trop souvent avec ce genre d’ouvrage : des titres anglais traduits mot-à-mot dans l’ignorance totale de leur transcription française, en même temps qu’il nous appâte et nous frustre en faisant mention d’œuvres nous restant inconnues – le jeu vidéo Mass Effect avec ses gigantesques vaisseaux doués d’intelligence, ou Un voyage dans la lune, mystérieux film égyptien de 1957, exemples parmi bien d’autres. Enfin, nombre d’illustrations, notamment des affiches originales nous sont pareillement inconnues, toutes raisons rendant indispensable ce bel album de 255 pages (Dunod).
HARLEM AU FUTUR
Curtiss élève des pigeons sur le toit de la 112è rue, dite « Pigeon City ». Nous sommes en 2066 et l’on se rend vite compte que Curtiss est Noir, que son quartier est un ghetto où la population vit dans la misère et le confinement, nourrie par des robots et surveillée jour et nuit les caméras d’un invisible Big Brother. Pas étonnant que la révolte éclate, que les immeubles voisins s’embrasent et que la police intervienne en aspergeant d’un gaz au volutes jaunâtres qui ne fait heureusement qu’endormir les manifestants. On comprend mieux la teneur de cette longue nouvelle, publiée en novembre 1972 dans Analog SF, lorsque l’on sait que son auteur, Noir, visait les conditions de vie dans le Harlem de son époque, qui vécut dans la décennie précédente de très violents mouvements populaires : « Ce que les Noirs ne peuvent oublier, c’est l’ampleur de l’implication de la société blanche dans les ghettos. Ce sont des institutions blanches qui les ont créés, ce sont des institutions blanches qui en maintiennent l’existence et c’est la société blanche qui les tolère ». Ceci posé, qui est Jesse Miller, à qui l’on doit Le Soulèvement des pigeons ? De cet auteur, présent ici pour la première fois en France et dont on ne connait que trois autres textes publiés entre 1974 et 1979 aux USA, ne nous est parvenu que cette brève notice de 1979 : « Je suis Noir, j’ai 29 ans, j’ai une femme bonne et douce qui s’appelle Jean et je suis en train de perdre lentement la vue ». Outre le fait qu’il fut militaire, puis taxi, et qu’il alimenta son site web jusqu’à l’orée des années 2000, plus rien, malgré les efforts faits par son éditeur français pour en retrouver la trace. Auteur secret, auteur mystère donc, dont il faudra se contenter du présent texte, à vrai dire très allusif, et plus à considérer comme un document que comme une magistrale pièce littéraire, mais dont on est redevable au travail d’exhumation de son éditeur, La Passager clandestin, pour sa précieuse collection “Dischroniques”.
J. R. R. TOLKIEN REVISITÉ
Pas de doute, le seigneur des anneaux est un des auteur plus édités et réédités depuis quelques années. Alors qui n’aurait pas encore visité cet incontournable, signalons la publication de deux volumes, l’un consacré au Hobbit, le second aux textes dispersés du Silmarillion, tous deux bénéficiant d’une nouvelle traduction due à Daniel Lauzon qui, dans le second tome, établi et préfacé par Christopher Tolkien, le fils de l’auteur, consacre plus de 80 pages à un index des noms propres avec des notes sur leur prononciation. Définitif ! (Pocket).
COMIC BOX À NOUVEAU EN KIOSQUE
Comic Box –« Au cœur des cultures comics » – est le premier magazine professionnel français consacré aux COMICS et à ses univers dérivés. Créé en 1998, il a été présent dans les kiosques, en mensuel, jusqu'à l'été 2001. Le magazine a passé son centième numéro au printemps 2016 pour s'arrêter début 2017. C'est sous le format mook, de plus en plus couru, qu'il revient aujourd’hui sur 216 pages, consacrées, sous le titre générique de « Traces du futur », aux cataclysmes et catastrophes, dans les comics évidemment, Marvel et DC en vedettes, à travers 28 dossiers réunis par Xavier Fournier mais traduits de l’anglo-saxon. On entre dans le vif du sujet avec « Destination danger », qui rappelle que la fin du monde, ou d’un monde, date de l’explosion de la planète Krypton, thème que la montée de la guerre froide ne fera qu’amplifier, par exemple avec The Atomic War (1946) où Captain Marvel survole Chicago détruite par une bombe nucléaire – une bande scénarisée par Otto Binder. Robots déchaînés ou machines de guerre ne sont pas en reste, dans un ensemble comprenant nombre d’interviews, où ne manquent ni Frank Miller ni le plus jeune Gary Frank (Shazam), les anciens n’étant pas oublié avec un retour sur Jack Kirby et une de ses bandes oubliée : Kamandi (« The Last Boy on Earth »), décrit comme « un garçon en short parcourant une Terre dévastée ». Si l’on ajoute un hommage à John Romita, décédé cette année ou la carrière prolifique du scénariste Geoff Johns, ce mook, d’une rare intensité, se remarque aussi par ses nombreuses et superbes illustrations, souvent pleine page, parmi lesquelles il faut citer Carlos Pacheco, lui disparu en 2022 ou Mark Brooks ( les X-Men) et ses planches grouillantes de centaines de personnages. Un must à garder précieusement dans ses rayonnages (Huginn & Muninn).
QUIMPER À L’HEURE DE LA SF
Cette année a lieu la troisième édition du festival Finistellaire organisé par la 29e Dimension à Quimper. L’association La 29e Dimension met en avant le travail des auteurs SFFF de la région Bretagne et d’ailleurs. Une trentaine d’entre eux seront présents avec leurs ouvrages et leur stylo, prêts à présenter et dédicacer leur production ! On pourra aussi venir écouter un certain nombre d’entre eux lors de l’une des huit tables rondes et conférences-débats organisées pour l’occasion. À noter par ailleurs une exposition SF présentée par l’artiste-menuisier-d’un-autre-monde Rémy Toularastel (par ailleurs auteur de l’émission « Vous reprendre-bien un peu de science-fiction » sur radio-évasion ), une animation « sabre-laser » avec Escrime Quimper Cornouaille et un parcours-jeu autour du patrimoine filmographique SF… Ouvert vendredi 10 novembre de 14H à 18H et samedi 11 novembre de 10H à 18H au centre commercial La Galerie, 163 route de Bénodet à Quimper.
Plus d’infos sur
https://www.la29emedimension.fr/
JEAN-PIERRE ANDREVON