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L’ALBUM DE LA SEMAINE
On se souvient peut-être que, le 3 nombre 1957, l’Union soviétique lançait son second Spoutnik, avec à son bord une petite chienne, Laïka, qui ne donna plus signe de vie après cinq heures de vol orbital. Laïka était une chienne trouvée, ramassée dans la rue par Yelena Nostrovic, astrophysienne russe qui s’occupa d’elle jusqu’à la dernière minute et, lorsque Laïka fut déclarée morte, la jeune femme pressentit qu’il n'en était rien et qu’en réalité il s’était « passé quelque chose ». Mais quoi ? Et quand, en 1959, les Américains lancèrent leur propre satellite habité, lui avec un couple de singes, Able et Baker, le même phénomène mystérieux ne s’était-il pas reproduit ? C’est ce que Yelena va tenter de percer, ce qui lui prendra toute une vie, jusqu’à son heure dernière, en 2024, où elle connaîtra la vérité. Mais quelle est-elle ? Ne serait-elle « ailleurs » ? C’est cette recherche, qui se double de flashes où l’on retrouve les trois animaux sacrifiés, réunis dans un environnement incompréhensible mais pouvant communiquer entre eux que, dans Primordial, album de 176 pages, le scénariste Jeff Lemire et le graphiste Andrea Sorrentino, tous deux de l’écurie DC, se sont attachés à rendre crédible, mêlant de manière astucieuse fiction et réalité documentaire. Car où et quand sommes-nous, en fait ? En en 1961, c’est Nixon, et non pas Kennedy, qui a été élu à la présidence des États-Unis et, après un grand bond en avant, quand nous nous retrouvons en 2024, c’est en République soviétique de Suède, qui stagne dans la pauvreté et la tyrannie. Cette uchronie, qui semble inspirée, pour son arrière-plan cosmique restant jusqu’à la fin flouté, à la fois de 2001 et des X-Files, est porté par le dessin très varié de Sorrentino, qui use à la fois d’images brutes, qui pourraient être de mauvaises photocopies de pages de journaux pour les séquences terrestres, et d’une mise en page éclatée, aux limites de l’abstraction, quand il s’agit de l’environnement spatial où Laïka ne cesse de chercher « chemin maison ». Aussi passionnant qu’original dans son propos (Urban).
STEPHEN KING EN IMAGES
Apparu brusquement en Australie, un phénomène inexplicable s’étend à une vitesse fulgurante à travers la planète, ne touchant que les femmes, qu’une sorte de cocon semblable à des fils d’araignée enveloppe durant leur sommeil. Et si l'on tente de les réveiller, elles se transforment en furies meurtrières. Nommé Aurora, ce mal a pourtant épargné Evie, une femme mystérieuse à Dooling, petite ville des Appalaches. Un médecin et deux flics vont se mettre sur sa piste, alors que le monde se désorganise, en proie à la fureur des hommes qui se vengent sur les endormies, et que des sections d’éradicateurs sont même créées pour les brûler vives. Publié originellement en 2017 et signé Stephen King, qui l’a écrit à quatre mains avec Owen, son troisième et plus jeune fils, Sleeping Beauty renoue avec les récits d’horreur de ses débuts. Aujourd’hui adapté en bd par Rio Youers avec des dessins très chocs d’Alison Sampson (couleurs de TrionaTree Farrell), ce premier tome, pour qui n’a pas lu le roman, laisse espérer une suite rapide tant le suspense est prenant et le mystère s’épaississant – car que viennent faire ici ces animaux bavards, un tigre, un renard, qui se montrent fugitivement entre les pages ? (Le Livre de poche).
UN PEU DE LECTURE
• On connait le talent délicat, vigoureux aussi d’Estelle Faye, autrice notamment du cycle de Bohen. Aussi à l’aise dans le fantastique qu’en sf, elle est présente ce moi-ci avec Un Reflet de Lune, suite de Un Éclat de givre, qui nous plonge dans un Paris noyé devenu, un siècle après l’Apocalypse, un marais lacustre où son héros Chet, va avoir fort affaire avec les doubles de lui-même qui apparaissent pour lui faire porter le chapeau de leurs forfaits. On ne parle pas souvent (pas assez) de femmes autrices ici, voilà une occasion de nous rattraper (FolioSF).
• Il existe neuf mondes, reliés par Yggdrasil, le frêne géant dont le sommet frôle les cieux. Odin, le dieu des dieux règne sur ces terres avec ses fils le valeureux Odin et son rusé frère Loki. Connait-on cette saga nordique ? Neil Gaiman, que l’on ne présente plus, s’en est emparée pour la raconter à sa manière dans La Mythologie Viking, débordant même sur un futur qu’il voit inquiétant : «Je vais vous raconter comment tout prendra fin. Ce sont des jours sombres dont je vais vous parler…» Ces mots ne donnent-ils pas envie de se précipiter dans la lecture ? (Pocket).
• Le Nigérien-londonien Tade Thompson, qui avait fait un gros effet avec sa trilogie futuriste et nigérienne inaugurée par Rosewater, nous avait surpris en changeant complétement de genre et de style avec une autre trilogie, celle de Molly Southborne, plus courte et versant dans le fantastique : il s’agit de la confession de la Molly du titre, qui va de meurtre en meurtre sur des doubles d’elle-même puisque, hémophile, son sang va engendrer d’éphémères mais vindicatives créatures à son exacte ressemblance dont elle doit de débarrasser. Troisième tome, L’Héritage, qui est publié aujourd’hui, nous révèle ce qu’il en deviendra finalement de son moi multiple (Le Bélial’ – Une heure lumière).
DES HISTOIRES DU CINÉMA
Non, ce n’est pas l’Histoire du cinéma, avec un grand H, à laquelle nous convient Elsa Gambin et Alexis Thébaudeau, dans les deux volumes titrés Histoires incroyables du cinéma, mais à revoir diverses anecdotes concernant la fabrication et la carrière des grands films qui l’on ponctuée. En commençant par Le Voyage dans la Lune de Méliès, enchaîné sur Intolérance de Griffith, que suit Metropolis de Lang – ceci pour montrer que les genres que nous défendons sont très représentés dans ce panorama qui compte une trentaine d’œuvre. L’originalité de la tentative est d’illustrer chaque film par une courte bd de trois pages par de nombreux dessinateurs et donc de qualité inégale. On pourra aussi noter quelques raccourcis (la carrière de Griffith ne s’est pas terminée avec Intolérance) ou inexactitudes : la rencontre de Méliès à la boutique de la gare Montparnasse n’est pas due à Langlois et Franju mais à Léon Druhol, directeur de Ciné Journal. Mais on s’amuse bien quand même (Petit à petit).
DUNE EN IMAGES FIXES
Après un premier volume, voici le second tome (sur trois au total) de l’adaptation de «Dune», le roman initial de Frank Herbert, dû au scénario par Brian Herbert, fils de l’auteur et Kevin J. Anderson, Muad’ Dib. On y retrouve Paul Atréide et sa mère, dame Jessica, bloqué dans le désert d’Arrakis, après que la maison des Atréides a été détruite par l’armée des Harkonnen. Les deux fugitifs doivent rejoindre le peuple libre des Fremen, ou périr… Dessiné sur 176 pages par Raoul Allén et Patricia Martin de manière très classique mais joliment coloré en camaïeux rouge-rose ou bleu nuit selon que l’action se déroule dans les cavernes des Fremen ou à l’air libre, l’album, outre le surgissement impressionnant d’un ver des sables, nous fait assister sur huit pages au célèbre duel au couteau, devant le baron Harkonnen, entre Feyd et le gladiateur, ce qui rappellera à beaucoup de film de David Lynch (Huginn & Muninn).
UN SALON DU LIVRE ET DE LA BD
Le 36e Salon du Livre et de la BD de Creil (à 30 mn. de Paris)se déroulera du vendredi 18 au dimanche 20 de ce mois. Parainé par l’auteur de polars Tonino Benacquista, le salon accueillera aussi Daniel Goossens, Frédéric Vitoux en invité d’honneur ainsi que la street-artiste Miss Tic et 120 autres exposants ; Notxons enfin une soirée de lancement le 15, avec la projection de Théorème, de Pierre-Paolo Pasolini.
Contact : La Ville aux Livres, La Faiencerie, allée Nelson, 60100 Creil.
Tel. : 06 03 57 94 15, ou sylviane.leonetti@mairie-creil.fr
JEUNES ÉCRIVAINS, À VOS PLUMES !
Le Prix du jeune Écrivain récompense chaque année 12 nouvelles écrites par des auteurs et autrices de 16 à 26 ans, jamais publiés. Ouvert à tous les francophones, le concours a pour but d’encourager les jeunes à écrire et ainsi révéler de nouveaux talents de la littérature romanesque de langue française. Les inscriptions à la 30 e édition du prix sont ouvertes depuis le 2 novembre.
Les douze lauréats ou lauréates seront publiés dans un recueil aux éditions Buchet-Chastel. Invité à Muret à l’occasion d’une semaine littéraire, les jeunes talents seront parrainés par des écrivains confirmés et bénéficieront d’une formation en atelier d’écriture. Une centaine de candidat arrivés jusqu’en demi-finale recevront une fiche de lecture personnalisée. Depuis 1984, 400 lauréats et lauréates ont été révélés. Parmi les auteurs et autrices découverts, on compte Marie Darrieussecq, Michel Bonnefoy, Jean-Baptiste Del Amo entre autres.
La clôture des inscriptions aura lieu le 2 février 2023. Pour s’inscrire, rendez-vous sur la plateforme wiin, accessible depuis le site internet suivant :
https://pje.wiin.io/fr/applications/concours-de-nouvelles-2023-39e-prix-du-jeune-ecrivain
Contact : Juliette Lefèvre, Association du Prix du Jeune Écrivain, 18 rue Louge 31600 Muret. Tel : 05 62 23 20 00
JEAN-PIERRE ANDREVON