"Don't worry Darling" nous met les nerfs en pelote
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NEWS
FEU VERT POUR CLOVERFIELD 2 !
C’est Babak Anvari (Under the Shadow, Wounds, I Came By) qui va se charger de Cloverfield 2, toujours produit par Bad Robot pour Paramount, dont le scénariste britannique Joe Barton (iBoy, The Ritual, Giri/Haji) écrit actuellement le script. Contrairement au premier, ce ne sera apparemment pas un found-footage. Le réalisateur du premier volet, Matt Reeves, n’a pas été impliqué dans ce projet, en raison de son emploi du temps chargé. Un Cloverfield 2 avait été été évoqué par les producteurs depuis la sortie de l'original, en 2008. Beaucoup de discussions et de nombreuses idées ont été lancées au fil des ans, aboutissant finalement à la production et à la sortie de deux films dérivés se déroulant dans "l'univers Cloverfield". Le premier étant 10 Cloverfield Lane (2016), devenu un succès au box-office et salué par la critique, suivi de The Cloverfield Project (2018), créé sur Netflix avec des critiques principalement négatives. On avait initialement annoncé, en janvier 2021, que ce serait une séquelle. Cependant, des rapports récents indiquent maintenant qu'on ne sait pas s'il s'agit d'une suite directe ou simplement d'un autre film se déroulant dans le même univers.
FILMS SORTIS
DON’T WORRY DARLING ****
USA. 2022. Réal.: Olivia Wilde.
La Californie solaire, années 50. Ils sont trois couples de battants, habitant dans trois bungalows blancs côte à côte. Les maris, qui travaillent tous pour un mystérieux projet Victory, dont on se doute qu’il vise à une prise en main dystopique de la société, partent le matin en rang dans leurs voitures rutilantes après de fougueux baisers à leur moitié. Qui restent maison, bien sûr. Car que leur demande-t-on ? De bons petits plats, un intérieur bien tenu, de la discrétion, mais aussi des enfants. Avec les mots d’ordre serinés par Frank, le patron : «Le Chaos est l’ennemi du progrès. De la maîtrise naît la beauté. De la symétrie naît l’ordre».
Le film d’Olivia Wilde se recentre sur un des couples, les Chambers, Jack et Alice, montrant celle-ci, le mari au travail, frotter de la cuisine à la salle de bain, s’affairer au repas, tranchant méthodiquement citrons, tomates et concombres, surveillant la cuisson du rôti. Bien sûr, la conscience va peu à peu l’envahir, sinon il n’y aurait pas de film. Ses premiers soupçons viennent de la conduite de Margaret, la seule Noire du lieu, ce qui n’est évidemment pas un hasard, laquelle finira par se trancher la gorge sous ses yeux, ce que ses proches, par la suite, nieront en bloc, l’accusant de paranoïa. Comme en s’en doute, ça se terminera très mal pour Alice, ce qui est déjà trop en dire concernant un thriller qui n’a pas de mal à vous mettre les nerfs en pelote.
Filmé dans un technicolor éclatant très années 50, costumes et décors à l’appui, le récit, ponctué par les inserts noir et blanc des ballets géométriques de Busby Berkeley soulignant l’ordre qui doit régner, est portée par la souveraine Florence Pugh (Black Widow) en blonde soumise puis révoltée, le rôle du patron de Victory étant tenu par un Chris Pine à contre-emploi qu’il faut entendre, hystérique, haranguer ses troupes lors d’une soirée huppée : «À qui appartient le monde ? – À nous !». Certaines séquences, en particulier celle où Alice bord de sa décapotable, fuit sur une plaine qui semble infinie, poursuivie par une horde de voitures remplies de sbires en rouge impressionnent par leur efficacité. Certes, si l’on se souvient des Femmes de Stepford, déjà une variation sur une société fermée pratiquant le décervelage, on pourra reprocher au back-ground d’être un peu trop allusif (qu’est exactement la société Victory ?), mais cette coupe de l’envers du rêve américain sait frapper là où il faut.
Jean-Pierre ANDREVON
VOD
SHARK BAY **
(Shark Bait). G-B. 2022. Réal.: James Nunn. (Amazon)
Lors des festivités du Spring Break, au Mexique, cinq étudiants américains quelque peu écervelés décident de voler deux jets ski afin d’aller s’amuser en mer. Mais l’escapade tourne au cauchemar quand les engins entrent en collision, blessant gravement l’un des membres du groupe. Égarés au beau milieu de l’océan, ils vont, en outre, être la proie d’un grand requin bien décidé à les dévorer un par un…
Spécialiste du film d’action (Eliminators, One Shot), James Nunn s’attaque aujourd’hui au film de requin, genre ô combien balisé et surexploité qui a engendré quelques chefs-d’œuvre mais aussi et surtout une ribambelle de productions toutes plus indigestes les unes que les autres. Shark Bay n’appartient à aucune de ces deux catégories et se révèle être une série B sans surprise et cousue de fil blanc qui se contente de respecter les figures de style, avec application et une certaine efficacité par moments. À l’image des vingt premières minutes plutôt réussies et qui plantent bien le décor et les personnages. Des personnages, et c’est là l’un des points faibles du film, qui sont stéréotypés à outrance et qui ne font pas preuve, dans leurs agissements, d’une intelligence débordante. Passé cette première partie, le métrage perd en rythme et présente quelques longueurs que viennent heureusement troubler les attaques du squale, dont certaines sont très convaincantes. Évidemment, tous les étudiants vont y passer hormis l’héroïne, plus sensible et mature que ses amis. Un dénouement que l’on devine dès les premières minutes de projection et qui accentue le sentiment de déjà-vu émanant de cette bande à réserver aux seuls amateurs de Sharksploitation.
TOTEM ***
Belgique. 2021. Réal.: Fred De Loof. (Shadowz)
Buffle, un ancien scout, n'a toujours pas fait le deuil de son ami disparu il y a vingt ans. En plus de cela, il est constamment hanté par un rat géant. Sa psychologue lui conseille donc de reformer sa bande en organisant un camp. Mais cette thérapie de groupe va vite virer au cauchemar lorsque nos presque quadragénaires vont découvrir, dans l’endroit qui leur sert de toilettes, un passage temporel...
Une comédie horrifique et trash en provenance de Belgique. Ainsi pourrait-on présenter Totem, premier long-métrage de l’acteur/réalisateur Fred De Loof. Et ce dernier, autant l’avouer, n’y va pas avec le dos de la cuillère, nous offrant une bande délirante et décomplexée, à l’humour régressif assumé et qui ne recule devant aucune outrance. Le film démarre ainsi sur les chapeaux de roue avec la présentation du héros, Buffle (campé par De Loof), qui, en mauvaise posture, voit un rat géant lui remettre du papier toilette. Cette introduction donne le ton de cette série B totalement déjantée qui mêle allégrement les genres avec un plaisir communicatif. Ici pas de place pour la réflexion (même si les thèmes de la culpabilité et de la bêtise humaine servent en quelque sorte de ressorts narratifs), le but de l’auteur est clairement affiché : divertir les amateurs de délires cinématographiques. Et il y parvient sans souci en enchainant des scènes toutes plus excessives les unes que les autres. Faire de toilettes installées en pleine nature une faille temporelle, il fallait y penser et surtout assumer l’humour qu’une telle idée engendre. Et De Loof assume totalement comme en témoigne les humiliations que subissent Ludovic puis Buffle, sur lesquels les autres membres de la bande s’acharnent. Certains passages sont ainsi désopilants à l’image où les membres du groupe font face pour la première fois aux adolescents qu’ils étaient 21 ans auparavant ou encore cette séquence où Buffle tente de faire du bouche-à-bouche à la tête de Sylvie fraichement décapitée. Quant au gore, il est lui aussi bien présent, le réalisateur nous gratifiant de coups de hache dans le crâne, de castration et d’empalement, le tout servi par des effets spéciaux convaincants. Autant d’atouts qui font de Totem un film réjouissant qui comblera à coup sûr les adeptes de mauvais goût et d’objets filmiques difficilement identifiables.
Erwan BARGAIN
HARVEY HANTE LE THÉÂTRE DU ROND POINT
Pièce à succès de la romancière Mary Chase (1907-1981) qui triompha à Broadway dans les années 40, récompensée par le prix Pulitzer avant d’être transposée sur grand écran en 1950 par Henry Koster avec James Stewart dans le rôle de Edwood P. Dowd, vieux garçon prétendant avoir pour meilleur ami un invisible lapin blanc de près de deux mètres d’envergure prénommé Harvey qui donne donc son titre au spectacle, ‘’Harvey’’ débarque à Paris sur la scène du théâtre du Rond-Point après une tournée en province ayant valu à Jacques Gamblin de remporter un Molière du meilleur comédien amplement mérité. Jouant de son corps dégingandé comme de sa présence drolatique pour nous embarquer dans l’univers poétique de ce personnage de doux-dingue que sa sœur tente de faire interner dans un asile d’aliénés à ses dépens, point de départ d’une série de saynètes de plus en plus délirantes à mesure que le chimérique Harvey s’impose à l’esprit de tous, Jacques Gamblin ravit l’assistance par son humanité lunaire proche de celle d’un Stan Laurel ou d’un Robert Dhéry. Qu’importe dans le fond si Harvey existe seulement dans sa tête et si ce pooka (créature du folklore celte) n’est qu’un prétexte à semer la zizanie dans le microcosme qu’il fréquente, ce qui compte ici avant tout c’est qu’il incarne par son hypothétique présence surréaliste une part de candeur enfantine dont Ed Wood ne s’est jamais départi et qui finit par déteindre sur toute la troupe. Pour un vrai bon moment de théâtre divertissant durant lequel on en viendrait à entrevoir la patte de l’inapparent Harvey au détour d’un coin du décor !
Sébastien SOCIAS
Harvey de Mary Chase, mis en scène de Laurent Pelly, avec notamment Jacques Gamblin, Christine Brüchner, Pierre Aussedat, Agathe L’Huillier. Jusqu’au 8 octobre 2022 au Théâtre du Rond-Point, salle Renaud-Barrault, 2bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8ème. Du mardi au samedi à 20h30, matinée le 8 octobre et le dimanche à 15h00. Places de 14 à 40 euros.