De Scream 5 à la trilogie Fear Street, le slasher se lâche pour l'été.
Et au cinéma, Cruella version punk nous séduit alors que Shyamalan nous endort sur sa plage.
NEWS
UN CRI D’UN QUART DE SIÈCLE
Scream sera de retour dans les cinémas américains pour son 25e anniversaire.
En janvier prochain, Scream 5, le nouvel opus tant attendu de la franchise, réalisé par Matt Bettinelli Olpin et Tyler Gillett, à l’origine de Wedding Night, sortira dans le monde entier. L’original racontait comment une adolescente et son petit ami sont sauvagement assassinés par un passionné de films d’horreur psychopathe dans la petite ville de Woodsboro. La jeune Sydney Prescott et ses copains sont sur le point de devenir ses prochaines victimes. Concernant le nouveau film, ses réalisateurs ont déclaré "qu’il fallait faire un film indépendant. Il peut être divertissant en soi, mais il doit aussi exister dans une franchise qui perdure depuis 25 ans. Cependant, le scénario devait être accessible à tous. Dans le film, il y a beaucoup de petits moments et de détails qui se rapportent aux quatre précédents, donc il y a une sorte de casse-tête si vous avez vu ces derniers. Mais dans le cas contraire, vous pourrez toujours profiter du film intrinsèquement".
LA MALADIE EN FAMILLE
Une jeune fille se découvre un appétit insatiable lié à la sombre histoire de ses ancêtres.
Présenté en avant-première cette année au festival FantAsia de Montréal, Hellbender a été coréalisé par John Adams, Toby Poser Izzy et leur fille Zelda Adams, qui tient également le rôle principal du film, celui d’Izzy, âgée de 16 ans, qui souffre d’une maladie rare l’ayant isolée au sommet d’une montagne avec sa mère (Toby Poser) toute sa vie durant. Alors qu’Izzy commence à remettre en question sa maladie, elle repousse son confinement et se lie d’amitié secrètement avec Amber (Lulu Adams), une autre fille vivant sur la montagne, mais son nouveau bonheur déraille après avoir mangé un ver dans le cadre d’un jeu juvénile, éprouvant une faim insatiable et violente qui s’éveille en elle. Pour comprendre sa faim, Izzy doit apprendre les sombres secrets du passé de sa famille et l’ancien pouvoir de sa lignée.
SORTIE SALLES
CRUELLA ***
U.S.A. 2021. Réal.: Craig Gillepsie.
Les «Disney live» se suivent… et ne se ressemblent pas forcément ! Quelques mois donc après la déception Mulan, qui à l’instar d’Aladdin peinait à se détacher de son modèle animé, la terrible Cruella a débarqué sur les écrans fin juin. Sur le papier, l’entreprise pouvait laisser sceptique tant la première adaptation en prise de vue réelle des 101 Dalmatiens, en 1996, avec Glenn Close n’est guère mémorable. Cette fois, c’est au tour d’Emma Stone de se fondre dans la peau de Madame Devil, lors d’un film qui revient sur sa bascule maléfique. L’action se situe donc à Londres dans les années 1970, où Cruella qui se nomme en réalité Estella travaille dans le milieu de la mode tout en multipliant les petites escroqueries en compagnie de deux truands… Son parcours la mène à rencontrer une baronne qui a la main mise sur la haute couture. Le début d’un affrontement qui laissera forcément des traces…
Le résultat est explosif. Le blockbuster s’impose en effet comme un «Joker au féminin» porté par l’interprétation de la star oscarisée pour La la land et d’Emma Thompson, en patronne impitoyable. La réalisation de Craig Gillespie est toute aussi inspirée. Dans la veine de Moi, Tonya, son biopic autour de la tricherie de la patineuse Tonya Harding, il s’intéresse à nouveau à une outsider prête à tout pour être sur le devant de la scène. Filmée avec panache, la proposition bercée par une atmosphère punk-rock détonante (la B.O, où l’on retrouve The Doors, Blondie, Supertramp, The Rolling stone et The Clash) fait souffler un vent de folie sur le parcours de cette anti-héroïne de tempérament. L’humour est également au rendez-vous grâce à la présence des acolytes de Cruella : Jasper et Horace (Joel Fry et surtout Paul Walter Hauser sont impayables), et le rendu visuel, baroque à souhait fait mouche. D’où une œuvre sombre – chose assez rare chez Disney -, qui trouve sa propre identité sans dénaturer l’esprit du dessin animé de 1961. Une excellente surprise.
Cédric Coppola
OLD *
(U.S.A.) 2021. Réal.: M. Night Shyamalan
Un couple en instance de séparation, Guy et Priscilia, accompagnés de leurs deux enfants, Trent, 6 ans, et Maddox, 11, arrivent dans un luxueux hôtel de bord d’océan situé dans une quelconque île du Pacifique. Le propriétaire les aiguille immédiatement vers une plage réservée où ils pourront goûter un toute tranquillité d’un panorama magnifique. Ils sont peu à peu rejoints par d’autre couples, un médecin quelque peu surexcité, Charles, sa jeune femme et leur fille Kara, une danseuse victime de fréquentes crises d’épilepsie et son mari infirmier. Les choses commencent à se gâter avec la découverte du cadavre d’une jeune femme flottant au fil de l’eau, puis la constatation que nos vacanciers ne peuvent plus communiquer avec l’hôtel ni sortir de l’anse cernée par des falaises abruptes. Enfin la révélation, qui aiguillera le reste du film, que Trent et Maddox ont brutalement vieilli d’une dizaine d’années, devenant des ados, ce qui ne semble pas perturber outre mesure leur mère ni les autres vacanciers qui, comme dans une vieille série B de jadis, saisissent immédiatement le pourquoi du comment : tous vont vieillir d’un an par heure, le phénomène étant causé par une particularité des rochers qui les entourent. À partir de cette révélation, le récit, qui avait bien commencé avec cette réunion en vase clos de plein air d’individus qui tous présentent une bizarrerie ou ont quelque chose à cacher, va commencer à dérailler, Shyamalan ayant du mal à faire coïncider de manière logique le vieillissement parallèle de chacun. Certaines séquences laissent perplexe avec l’impression qu’elles ne sont là que pour meubler, ainsi de la tumeur à l’aine de Priscia, qui passe de la taille d’une balle de golfe à celle d’un melon en quelques secondes, la malheureuse étant opérée au canif, après quoi la plaie se referme et on n’en parle plus.
Cependant, plus que le thème du métrage, certes intrigant mais devant tout au récit graphique suisse qui en est à la base, c’est la manière dont Shyamalan le met en scène qui plombe tout l’intérêt qu’il pouvait avoir, en suivant des personnages dont aucun n’est sympathique et auxquels on ne peut guère s’attacher, interprétés par des acteurs en roue libre, Gael Garcia Bernal compris, qui peinent à débiter des dialogues soit trop explicatifs, soit d’une affligeante banalité, son système de filmer systématiquement les visages en très gros plan achevant d’agacer le spectateur plus conciliant. La résolution du mystère, qui fait basculer le fantastique dans la science-fiction, est trop artificiel, trop flou aussi pour ne pas être considéré comme une facilité, et sans doute aurait-il mieux valu en rester à un mystère inexpliqué, comme le fut celui du Pique-nique à Hanging Rock.
Jean-Pierre Andrevon
FILMS EN VOD
FEAR STREET – PARTIE 1 : 1994 ***
(Fear Street : 1994) USA. 2021. Réal.: Leigh Janiak. (Netflix)
La petite ville de Shadyside dans l’Ohio vit dans l’ombre de son opulente voisine Sunnyval et subit depuis le XVIIe siècle l’influence d’une sorcière, Sarah Fier, ayant juré de se venger après avoir été pendue. Alors que trente ans se sont écoulés sans le moindre crime de sang dans la ville, un massacre a lieu dans un centre commercial, annonçant le retour des heures sombres. Cinq lycéens se retrouvent alors sans le vouloir au cœur de la malédiction, poursuivis par les tueurs des décennies précédentes.
S’inspirant des slashers des années 90 et notamment du fleuron du genre que reste Scream à travers son premier tueur déguisé en squelette d’Halloween, le visage caché par un masque en forme de crâne, Fear Street 1994 nous replonge dans l’ambiance de cette époque à travers les décors, costumes et musiques, et s’avère une parfaite madeleine de Proust. En adaptant à l’écran les écrits de R.L. Stine (Chair de poule), la réalisatrice Leigh Janiak (Honeymoon) signe un bon film d’horreur pour adolescents, souffrant certes d’une entrée en matière un peu longue, mais sachant s’appuyer sur des personnages intéressants. La dernière partie du métrage s’avère de plus très sanglante, avec d’efficaces effets spéciaux et quelques morts originales. Cependant, ce film n’en est pas vraiment un, puisqu’il se termine sur une chute appelant à enchaîner directement avec la suite qui nous enverra en 1978…
FEAR STREET – PARTIE 2 : 1978***
(Fear Street :1978) USA. 2021. Réal.: Leigh Janiak. (Netflix)
On retrouve dans ce deuxième volet les survivants là où on les avait laissés, en compagnie de celle qui a réussi à échapper à la malédiction de la sorcière depuis le massacre du camp de vacances de 1978. Après avoir refusé de leur venir en aide, elle accepte de leur raconter les événements sanglants qui se déroulèrent là-bas. Et quels événements !
On se retrouve plongé dans un slasher des plus classique, inspiré directement par Vendredi 13 et autres films de l’époque, costume et musique en prime, avec, il faut le souligner, des effets spéciaux dignes du XXIe siècle et des mises à mort extrêmement spectaculaires. On s’étonne du fait de voir autant d’enfants mourir, un tabou qui n’est en rien respecté avec ce film ! Le suspense fonctionne de bout en bout, et même si le secret de sorcière est révélé de façon un peu trop évidente – il aurait été difficile de mener une enquête complexe alors qu’un tueur armé d’une hache expédie ad patres tous ceux qui se mettent sur sa route ! –, mais permet d’étoffer la mythologie de cet univers. Si tous les ingrédients d’un bon slasher son réunis, on ne peut s’empêcher de regretter malgré tout le manque d’originalité de l’ensemble, avec une fin de nouveau ouverte sur l’ultime volet, qui nous fera vivre les derniers instants de la sorcière Sarah Fier.
FEAR STREET – PARTIE 3 : 1966***
(Fear Street : 1966) USA. 2021. Réal.: Leigh Janiak. (Netflix)
Alors que Deena pensait en avoir fini avec Sarah Fier, elle se retrouve plongée en 1666, dans la peau de la sorcière, et découvre le secret de cette femme. De "retour" en 1994, elle devra alors tout tenter pour mettre un terme à la malédiction qui pèse depuis trois siècles sur Shadyside…
Le troisième et dernier volet de Fear Street conclut ce qui s’apparente à une saga comme on n’en avait jamais vue auparavant, trilogie sortie sur nos petits écrans (mais à l’origine destinée aux salles de cinéma) en l’espace de deux semaines, et qui ne perd rien de sa superbe d’un film à l’autre. Certes, l’effet de surprise n’est plus là, mais le scénario réserve son lot de révélations et permet à l’ensemble de justifier sa longueur conséquente. Moins sanglant que les deux précédents, il ne lorgne pas pour autant vers le surnaturel et la possession, mais plonge au contraire au cœur de l’horreur qui réside parfois au sein de certaines personnes prêtes à tout pour dominer les autres. Le ton s’apparente plus ici à une comédie adolescente des années 80 comme les Goonies, où l’on ne se prend guère au sérieux et où la vie des héros n’est plus réellement mise en danger. La conclusion s’avère donc plus légère que les deux premiers volets, et que la première partie de ce film dans l’univers très dur des colons du XVIIe siècle. Cette superficialité peut sembler dommage – il y avait l’occasion d’aborder beaucoup de sujets plus en profondeur –, mais correspond malgré tout au public visé, celui des jeunes adultes, qui devraient ainsi passer près de deux heures des plus divertissantes.
Yann Lebecque