"Dark Harvest", la bonne surprise d'Halloween sur Prime
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NEWS
MONSTRES INVISIBLES
La séquelle d’un classique de l’horreur
La suite de It Follows de 2014 est en préparation, le réalisateur du premier volet, David Robert Mitchell, faisant équipe avec Maika Monroe pour cette séquelle intitulée They Follow. Monroe revient dans le rôle de Jay Height du premier film qui implique une malédiction surnaturelle transmise par contact sexuel. La victime sera poursuivie par une entité qu'elle seule peut voir et pouvant prendre l'apparence de n'importe quelle personne. L’entité ne se déplace qu'au pas, mais sait toujours où se trouve la victime et s'en approchera sans relâche jusqu'à l'attraper et la tuer avant de poursuivre la personne précédente qui l'a transmise. La seule façon d’éloigner la mort est de transmettre la malédiction à quelqu’un d’autre qui deviendra le prochain sur la liste. Réalisé avec un budget de seulement 1,3 million de dollars, le film a rapporté 23,3 millions de dollars dans le monde et a suscité des critiques élogieuses. Les détails de l'histoire de la suite sont secrets, bien qu'il ait été annoncé que le film suivrait Jay renversant la situation et traquant la source de l'entité. Le tournage devrait avoir lieu au début de l'année prochaine, l’œuvre étant produite par Mitchell, Jake Weiner, Chris Bender, David Kaplan, Erik Rommesmo, Rebecca Green et Laura Smith.
MINCE DE PLANÈTE !
Un thriller de SF franco-belge
Adèle Exarchopoulos est la vedette de Planète B, le thriller dystopique féminin d'Aude Léa Rapin avec Souheila Yacoub. Exarchopoulos incarne un activiste qui disparaît mystérieusement après qu'une révolte tourne à la violence. Après avoir reçu une balle dans l'œil par un flash-ball, elle perd connaissance et se réveille dans un monde inconnu, alias la planète B. Laquelle est décrite comme la première prison virtuelle où les prisonniers sont détenus sous la forme d'un avatar d'eux-mêmes. Tourné en français et en anglais, Planète B est coproduit par Eve Robin des Films du Bal.
DEMAIN L’APOCALYPSE
Une mère de famille défend ses enfants dans un monde de cauchemar
Thriller post-apocalyptique produit par la firme parisienne WTFilms, Surviv
re de Frédéric Jardin (le fils de Pascal Jardin et le frère d’Alexandre), met en vedette l'actrice belge Emilie Dequenne et Andreas Pietschmann. L'histoire suit une famille, Julia et son mari bien-aimé qui célèbrent l’anniversaire de leurs fils, dont le bateau chavire au milieu de l'océan lors d'une violente tempête puis se réveille dans une terre désertique. Notre planète a en effet subi une tragique inversion de polarité, drainant l’eau des océans. Après la mort de son mari, Julia doit sauver ses enfants dans un monde où des créatures affamées venues des abysses sont à la recherche de chair fraîche !
FILMS EN VOD
DARK HARVEST ***
USA. 2023. Réal.: David Slade. (Prime Vidéo).
Dans les années 60, une petite ville américaine est le théâtre, les soirs d’Halloween, d’une malédiction. Une terrifiante créature, nommée Jack Dents-de-Scie, vient affronter les garçons de la bourgade dans une traque aussi haletante que mortelle. Son but : rejoindre l’église avant minuit. Les jeunes hommes ont pour rôle de l’en empêcher au péril de leur vie…
Produit par la MGM avant son rachat par Amazon, Dark Harvest a aussitôt rejoint le catalogue d’exclusivités de la plateforme. Ce qui ne remet nullement en cause ses qualités. Réalisé par David Slade, à qui l’on doit notamment les excellents Hard Candy et 30 jours de nuit, ainsi que des épisodes de la série «Black Mirror», ce métrage nous entraîne dans une histoire qui, si elle n’a rien d’originale (on pense notamment à Jeepers Creepers), s’impose comme une série B tout à fait digne d’intérêt. Prenant pour cadre une petite bourgade des États-Unis dans les années 60, le récit ne met pas longtemps à se mettre en place et démarre tambour battant en plantant la situation dès les premières minutes. Puis le réalisateur fixe rapidement les enjeux et notamment la relation de rivalité entre les deux frères. Cette manière de scruter les faiblesses d’une cellule familiale, et plus généralement d’une communauté sous l’emprise de la peur et des croyances est ainsi l’un des points forts du film. La mise en scène à la fois nerveuse et maîtrisée de Slade s’accorde parfaitement au sujet, le réalisateur parvenant à susciter quelques beaux moments de suspense (cf. les séquences dans les champs de maïs ou encore quand les garçons de la région sont enfermés et privés de nourriture quelques jours avant la chasse) sans que cela n’altère pour autant l’épaisseur psychologique des protagonistes principaux. Quant au monstre, Jack Dents-de-Scie, avec sa tête de citrouille et sa démarche dégingandée, il fait son petit effet et séduira de nombreux fantasticophiles. Ajoutez à cela une dénonciation, en filigrane, du virilisme, du sexisme et du racisme qui gangrènent nos sociétés, et vous obtenez une production solide et efficace, au dénouement surprenant.
Erwan BARGAIN
SÉRIE TV
YARATILAN : LA CRÉATURE (sur Netflix)
Si les Frankenstein s’étaient faits rares depuis ou 5 ans, cette fin d’année nous propose enfin une nouvelle version, venant elle de Turquie, avec Yaratilan : La créature, mini-série TV en huit épisodes d’une cinquantaine de minutes chacun, et réalisée par Çağan Irmak.
Nous sommes à la fin du XIXe siècle, le jeune Ziya, fils d’un médecin de province, part pour Istanbul afin d’y étudier à son tour la médecine pour, une fois établi, épouser enfin la jeune fille dont il est amoureux, Asiye. Mais tout va mal pour lui dès son arrivée dans la capitale ottomane, où il se fait voler sa maigre fortune par un passeur et, de par sa conception moderniste et quelque peu ésotérique de la médecine, il entre en conflit avec ses professeurs, jusqu’à démissionner. Heureusement, il a été recueilli par un brave homme qui l’héberge contre de menus travaux et, surtout, il fait la connaissance d’Ihsan, «le professeur», un marginal quelque peu bizarre lui-même en conflit avec la science officielle, qui finit par accepter Ziya comme assistant pour les travaux qu’il poursuit en secret dans son laboratoire isolé. D’autant qu’Ihsan est en possession d’un livre maudit que Ziya avait vainement cherché à se procurer, “Le Livre de la Résurrection”. Et arrive enfin ce qu’on attendait, la tentative de faire revivre un mort que les deux hommes ont déterré, lors d’une séquence au classicisme affirmé depuis le premier James Whale, la nuit d’orage, la foudre capturée. Seulement le déchainement céleste est le plus fort, le laboratoire explose, Ihsan, grièvement brûlé, meurt. Enfin, c’est ce qu’on peut croire, si Ziya, seulement blessé et mettant à profit ses connaissances nouvelles, ne parvenait à le ressusciter, dans une séquence à vrai dire très allusive. Mais le mort-vivant, au visage entièrement brûlé d’un côté, faisant de lui un «double-face» qu’il dissimulera sous un pli de sa cape, est devenu l’ombre de lui-même, incapable de prononcer un mot, et qui s’enfuira en cahotant. Ziya n’a plus qu’à retourner à Istanbul où, pardonné de ses écarts, il va se préparer à épouser Asiye.
La mini-série de Çağan Irmak, dont il est également scénariste, est riche de plusieurs surprises successives, la première étant que ce n’est nullement le jeune Ziya qui est en la vedette ni, surtout, le résurrectionniste, mais bien le professeur Ishan, lequel, révélation supplémentaire, est à la fois le créateur et la créature. Car c’est maintenant lui que l’on va suivre alors que, peu à peu, il retrouvera la raison et la parole, d’abord en étant adopté par un cirque de passage, pour remplacer – car il est maintenant doué d’une force colossale – un briseur de chaînes vieux et malade. C’est à cette occasion que la série nous offre le meilleur d’elle-même, sa partie la plus apaisée, la plus solaire aussi alors que le reste de la série est enfermé dans une pénombre fuligineuse, avec cette très belle séquence où, pour une photo publicitaire, la créature, qui se tient à l’écart, est priée de rejoindre ses frères et sœurs de la troupe, la naine, la femme à barbe, les faux siamois, et qu’on lui fait comprendre que «Nous sommes tous des humains». Bien entendu cette phase heureuse ne durera pas, Ishan devant quitter la troupe qui poursuit sa route, lui-même ne tardant pas à rencontrer une vieille femme aveugle qui a pris sous sa protection une jeune fille enceinte, prête à accoucher, dont la créature, médecin ne l’oublions pas, assure la délivrance, devenant un aimant père d’adoption. Autre bonheur qui lui sera enlevé puisque des hommes poursuivant la pécheresse la retrouvent et la tuent, réactivant le désespoir du paria, que la vieille femme ne parviendra pas à consoler («Qu’importe ton visage, je ne vois que tes larmes».)
Nous retrouvons donc par ce biais l’essence de la philosophie du roman rousseauiste de Mary Shelley : la créature est «née» innocente et pleine de bonté, alors que c’est la confrontation à l’inhumanité des hommes qui la rend mauvaise. La dernière partie de la série voit en effet Ihsan, de retour à Istanbul, enlever Asiye juste avant sa nuit de noces alors que son fiancé s’est absenté pour faire ses ablutions et prières traditionnelles – ce qu’on peut considérer comme une discrète et ironique remise en cause de la religion, si l’on n’oublie pas cette phrase antérieure : «Si les morts-vivants se mettaient à parler, ils diraient qu’il n’y a rien après la mort !».
Il s’agit-là d’une adaptation à la réalisation dynamique et soignée, la vision de différents lieux de la Turquie du XIXe siècle étant convaincante avec ses rues encombrées d’hommes au fez rouge, ces villages délabrés, ce ciel lourd, particulièrement efficace étant l’évocation d’une épidémie de choléra.
Jean-Pierre ANDREVON