D'abord "Predator" et ensuite, "Alien", Disney aligne ses monstres dans la guerre du streaming
Nazis contre communistes contre zombies dans l'Espagne de la guerre civile
NEWS
ALIEN : Le point sur la série en cours avec Noah Hawley en showrunner
L'un des grands paris télévisés pour 2023 sera la série se déroulant dans l'univers d’Alien,qui aura Noah Hawley (Fargo, Legion) comme showrunner et que la chaine FX présentera en avant-première aux États-Unis (la série nous parviendra ensuite via Disney +). John Landgraf, responsable de FX, a confirmé que le feuilleton se déroulera sur Terre à une certaine époque, avant que Ripley et la société Weyland-Yutani n'y apparaissent. "L'univers d’Alien a toujours été dominé par de grandes entreprises et dans les films, la firme Weyland-Yutani a été très importante. Dans la série, il y aura des références à tout cela, mais l’histoire se déroulera sur le territoire d'une autre société" rappelle John Landgraf.
La série comptera entre 8 et 10 épisodes : "C'est un énorme exercice qu’a entrepris Noah Hawley avec le soutien de Scott Free. Nous parlons ici de concevoir et de construire des décors, et ce monde créé par nos soins est énorme. En fait, nous avançons à un bon rythme et je suis optimiste quant au lancement du show en 2023".
De son côté, Noah Hawley a précisé voici quelques mois que "ce n'est pas une histoire sur Ripley. C'est l'un des grands personnages de tous les temps, je pense que son histoire a été parfaitement racontée et je ne veux pas jouer avec elle. De plus, notre récit se déroule sur Terre. Dans les films de la série Alien, ces créatures sont toujours piégées : dans un vaisseau spatial, dans une prison... Alors j'ai pensé qu'il serait intéressant d'agrandir un peu le concept en posant la question : et si vous ne pouviez pas contenir les xénomorphes ?".
Le showrunner a également confirmé que "c'est toujours un rêve pour moi de m’occuper de cette franchise et de suivre la trace de ces films incroyables de Ridley Scott, James Cameron et David Fincher. Ce sont de grands monster movies, mais ils ne sont pas que ça. Il s'agit de l'humanité prise entre un passé où sévissaient des parasites et son avenir face à l'intelligence artificielle. Les uns comme les autres essayant de nous tuer. Ici, vous avez des êtres humains qui ne peuvent ni avancer ni reculer. C'est donc quelque chose que je trouve vraiment intéressant".
FILMS EN VOD
PREY ****
2022. USA. Réal.: Dan Trachtenberg. (Disney+)
Dans les grandes plaines américaines, au début du XVIIIe siècle, la jeune Naru ne vit que dans l’espoir d’être reconnue comme étant une véritable chasseuse par ses pairs. Hélas, malgré ses efforts et son talent, elle ne parvient pas à se montrer à la hauteur de ses ambitions. Ainsi, alors qu’elle traque un puma avec son frère et d’autres guerriers, elle évite la mort de justesse. Mais ce n’est pas le plus grave : elle est persuadée que dans la forêt rôde quelque chose de plus dangereux que le félin ou un grizzly. Et si elle ne rencontre que l’incrédulité de sa tribu, lorsque son intuition va s’avérer, sa vie ne va plus tenir qu’à un fil…
Pour renouveler la formule de la franchise Predator, dont le film original a marqué les esprits des spectateurs il y a 35 ans, Dan Trachtenberg a fait le choix très judicieux de revenir aux origines de la chasse, avec le premier Predator arrivant sur notre planète. Plus de deux siècles séparant les deux intrigues, il imagine un monstre plus "brut", doté d’une technologie moins avancée – et néanmoins mortel – et découvrant le bestiaire qui lui est offert. Si Elpidia Carrillo incarnait une courageuse Mexicaine, c’est ici une Américaine native, originaire du Nouveau-Mexique, Amber Midthunder ("Legion"), qui est au centre de l’aventure. Le film illustre ainsi le triste sort réservé aux premiers Américains, menacés par les colons (en l’occurrence, des Français trafiquant des peaux) et leur rapport respectueux à la Nature. Cependant, Prey ne parvient pas vraiment à réinventer l’opus original, citant l’une des phrases cultes ("s’il saigne, il peut mourir), s’appuyant sur les mêmes astuces pour survivre face au Predator, et faisant même un clin d’œil à Predator 2. On ne peut en revanche rien critiquer concernant la réalisation de Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane, qui déjà offrait une très bonne variation sur un film réussi), Prey ne souffrant d’aucun temps mort et proposant des personnages principaux attachants et évoluant au cours de leur terrifiant périple. Le Predator, incarné par Dane DeLiegro (ancien basketteur dont c’est le premier long-métrage), se révèle très impressionnant, tout en puissance et férocité. Lorsque le générique final défile, on ne peut que reconnaître que, sans se hisser à la hauteur du film culte de John McTiernan, cette préquelle s’impose comme le meilleur chapitre de la franchise et ne déçoit pas.
UMMA**
Une mère possessive
USA. 2022. Réal. et scén.: Iris K. Shim. Prod.: Zainab Azizi, Sam Raimi. Mus.: Roque Baños. Photo : Matt Flannery. Mont.: Louis Cioffi, Kevin Greutert. 1h23. Avec : Sandra Oh, Fivel Stewart, Dermot Mulroney, Odeya Rush, MeeWha Alana Lee. (Univers Ciné, Amazon, Apple TV, Google Play, Microsoft, YouTube, Rakuten TV)
Amanda vit seule avec sa fille adolescente, Chris, dans la campagne américaine, loin de sa Corée natale, où elle produit du miel coupée de toute technologie. Lorsqu’un oncle arrive chez elle pour lui remettre les cendres de sa mère décédée au pays, tous les traumatismes de son enfance remontent à la surface. En effet, sa mère abusive avait l’habitude de l’enfermer dans un placard et de la torturer avec de l’électricité… Mais bientôt, l’esprit maléfique de la matriarche s’échappe de l’urne et revient tourmenter le rejeton qui l’a abandonnée depuis si longtemps.
Produit par Sam Raimi, ce film de fantôme a toutes les peines du monde à provoquer le début d’un frisson, et prend les atours d’un drame familial où l’héritage du passé est lourd à porter pour la nouvelle génération qui ne rêve que d’émancipation, et où le parent, craignant de se comporter comme sa mère, emprunte malheureusement le même chemin. Sandra Oh et Dermot Mulroney s’avèrent comme toujours attachants, mais il manque une intrigue plus tendue, et surtout plus originale, pour faire du premier long-métrage de fiction d’Iris K. Shim autre chose qu’un essai non transformé.
MALNAZIDOS ***
Espagne. 2020. Réal.: Alberto de Toro, Javier Ruiz Caldera. (Netflix)
Durant la Seconde Guerre mondiale, dans l’Espagne dominée par Franco, Jan, un capitaine de l’armée régulière, est condamné à mort pour outrage à la cour martiale. Sa peine est commuée en mission-suicide, et il est chargé d’apporter un message urgent dans une région où les affrontements avec la résistance espagnole font rage. Durant son périple, il tombe aux mains d’une faction d’anarchistes et de communistes qui le font prisonnier avant de découvrir que leur camp a été décimé, ne laissant sur place qu’une poignée de morts-vivants. En effet, en avance sur les soviétiques, les nazis sont parvenus à mettre au point un produit transformant les morts en zombies. Et ce n’est qu’une question de temps avant que le Mal se répande sur le reste de l’Europe et du monde. Les survivants n’ont d’autre choix que de mettre leurs différends idéologiques de côté pour tenter de trouver une improbable solution…
On connait Javier Ruiz Caldera pour l’amusant Superlópez en 2018 et s’associe à Alberto de Toro, jusqu’alors monteur (notamment sur Superlópez, mais aussi sur Reclus) pour doper le film de guerre avec une bonne dose d’horreur zombie. Le cocktail est connu pour son efficacité, mais comme souvent, le résultat souffre du manque de moyens : à l’écran, l’action manque d’ampleur et la guerre mondiale ressemble plus à un affrontement de gangsters façon western-spaghetti, et le gore est à la traîne, ce qui ne pardonne pas dans ce sous-genre friand en effets sanglants. En dehors de quelques maquillages réussis, les trucages sont la plupart du temps numériques, et l’on ne verra aucune image dérangeante de dévoration. Ces petites déceptions mises à part, il faut reconnaître à Malnazidos sa passion contagieuse, et son efficace recours au second degré. La troupe de soldats de seconde zone s’avère attachante avec ses profils très (stéréo)typés et immédiatement reconnaissables. Les deux personnages principaux font le reste, et l’on est ravi de retrouver la gracieuse Aura Garrido (cachée derrière l’impressionnant maquillage de femme-poisson dans Cold Skin de Xavier Gens). Un très bon divertissement.
LUCK **
USA. 2022. Réal.: Peggy Holmes. (Apple TV+)
Sam a 18 ans et doit quitter l’orphelinat où elle a grandi sans jamais trouver de famille d’accueil. Elle est surtout malheureuse de ne plus voir la petite Hazel qu’elle adore. Son quotidien, fait d’une succession de malchances, change le jour où elle croise un chat noir qui laisse derrière lui une pièce porte-bonheur. Hélas, elle l’égare alors qu’elle voulait la donner à Hazel pour l’aider à trouver une famille, et décide de suivre le chat. Elle arrive ainsi dans un monde merveilleux : celui de la chance.
Entre Monstres et Cie, Vice Versa et Soul, Luck, imaginé par Kiel Murray (Raya et le dernier dragon) et produit par John Lasseter (désormais chez Skydance) nous plonge dans un monde imaginaire centré sur le concept de chance et de malchance, où des lutins élaborent des moments parfaits quand des gobelins travaillent à nous compliquer l’existence. Mais si l’idée est intéressante, et offre quelques gags très réussis, le scénario peine à convaincre durant une heure quarante-cinq, et finit par nous inonder de bons sentiments au point d’en devenir indigeste. La réalisatrice, à laquelle on doit quelques longs-métrages DTV chez Disney, fait du bon travail et livre une œuvre techniquement aboutie, mais qui ne se distingue pas du tout-venant de la production 3D actuelle et ne permet pas à Apple de livrer la pépite promise.
ULTRASOUND **
2021. USA. Réal.: Rob Schroeder. (Shadowz)
Suite à une panne sur la route, Glen trouve refuge dans la maison d’un couple étrange, Art et Cindy, qui l’accueille pour la nuit. Mais après ces heures, sa vie semble prendre un chemin bizarre et illogique. Il finit dans une clinique, paralysé sur un fauteuil roulant, et doit rejouer les moments vécus avec Cindy. De son côté, Art semble proche d’un politicien en campagne ayant des problèmes de couple…
Ultrasound est adapté d’une bande dessinée, et s’amuse avec les jeux de l’esprit, nous plongeant au cœur d’une expérience qui pourrait intéresser l’armée, et avoir des applications civiles, si tant est qu’elle tombe entre de bonnes mains ! Hélas, si le concept est intéressant, sa mise en image pose problème, à commencer par un scénario qui soulève de nombreuses questions sans toujours leur apporter de réponses. De plus, le manque de moyen sied mal au fond de science-fiction, qui mériterait des décors et des accessoires plus crédibles, le tout prenant les atours d’un huis clos horrifique qu’il n’est jamais. Totalement déroutant et inabouti, le film n’a guère que son concept à faire valoir, malheureusement.
Yann LEBECQUE