Cuisinez comme dans les chefs d'oeuvre du studio Ghibli
"Spawn" revient de l'enfer avec la réédition des aventures dessinées par Todd McFarlane en personne.
À TABLE !
Avec La Cuisine dans Ghibli – Le Recettes du studio légendaire, Thibaud Villanova nous livre 35 recettes inspirées par les plus grands chefs-d’œuvre de la firme où s’illustre Miyzaki, où les scènes liées aux repas y ont une importance toute particulière : de la la tourte poisson-potiron et le gâteau au chocolat de Kiki la petite sorcière, les hambagu de Pompoko, les bentos de Satsuki dans Mon Voisin Totoro, la tartine extra crémeuse de Arrietty, le banquet maudit et les nikuman du Voyage de Chihiro, le shabu-shabu de la famille Yamada, les ramen de Ponyo, le saumon à la toscane de Porco Rosso, etc, autant de recettes précidément décrite et illustrées de photos qui vous mettent l’eau à la bouche, à partager en famille ou avec des amis..
Chef cuisinier et expert en pop culture, Thibaud Villanova créé depuis 2014 des recettes de cuisine inspirées par les plus grandes références du cinéma, des séries télévisées, du manga, de la littérature fantastique ou encore du jeu vidéo. Avec Gastronogeek, il a déjà édité plus de 16 ouvrages de cuisine vendus à 500 000 exemplaires en France. Une référence ! (Hachette).
LE GRAND LIVRE DE MAMORU HOSODA
Considéré comme le digne successeur de Hayao Miyazaki, Mamoru Hosoda est le nouveau maître du cinéma d’animation japonais. Cofondateur du Studio Chizu, l'un des plus importants du Japon, titulaire de nombreuses récompenses à travers le monde, ce réalisateur d’exception méritait une étude qui soit en même temps un hommage : voilà qui est fait dans un album au format 31 x 26, épais de 272 pages, Comprenant des interviews exclusives, des centaines d’images inédites (croquis préparatoires, storyboards, peintures d'arrière-plan, dont de somptueuses doubles-pages sur des décors, comme le manoir du clan Jinnouchi dans Summer Wars, etc.), rendant compte, à travers une iconographie exceptionnelle, des coulisses de la création de chacun des 8 films du réalisateur, qu’on a découvert avec La Traversée du Temps (2006), Summer Wars (2009), Les Enfants Loups (2012), Le Garçon et la Bête (2015), Mirai, ma petite sœur (2008) et Belle (2020), sans oublier Le Château ambulant, repris par Miyazaki mais qu’il aurait dû réaliser. Dû à Charles Solomon, critique d'animation et historien, auteur notamment de La Belle et la Bête, l'histoire éternelle d'un chef-d’œuvre, Les princesses Disney, histoires et destinées des plus grandes héroïnes et de Dans les coulisses de Disney : La Reine des Neiges, l’ouvrage ne mérite que deux qualificatifs : magnifique, indispensable ! (Huginn&Muninn).
LE RETOUR DE SPAWN
Al Simmons, militaire d’élite tué par ses supérieurs, revient sur Terre après avoir passé un marché avec le démon Malebolgia, qui lui a promis qu’il pourrait retrouver sa femme Wanda, laquelle, entre-temps, s’est remariée. Mais il y a un prix à payer : transformé en invulnérable mercenaire du nom de Spawn, il doit fournir au démon, qui le surveille sous l’apparence du sadique Violator, le maximum d’âmes promises aux Enfers. Mais, plutôt que des innocents, Spawn va traquer les pires malfaiteurs hantant les ruelles de New-York, tueurs, violeurs mafieux et leurs cyborgs géants… On aura reconnu ici le comic créé en 1992 pas Todd McFarlane, qui fête donc cette année son trentième anniversaire et n’a pas fini de nous rendre visite, son auteur déclarant : « Je me suis juré de poursuivre cette aventure jusqu’à ma mort », même si aujourd’hui il semble plus préoccupé par la gestion de sa société de figurines McFarlane Toys et son studio de cinéma et TV. N’empêche que, cadeau d’anniversaire à ses fans, voilà que nous arrive un fabuleux recueil regroupant les 15 premiers fascicules de Spawn, intégralement dessinés par McFarlane, avec parfois l’apport de scénaristes de pointure tels que Alan Moore, Frank Miller ou Neil Gaiman. Publiés à l’origine par sa société Image Comics, créée à son départ de Marvel où il s’était fait la main sur Spider-Man et Hulk, ces 416 pages, qui comprennent de nombreux suppléments en noir et blanc où McFarlane explique les différentes phases de son travail ainsi que ses tous premiers croquis de jeunesse, nous proposent une succession ébouriffante d’actions où le justiciers affrontent des créatures de toutes sortes, dont les fameux cyborgs servant d’hommes main aux ponte de la mafia, dans un éclaboussement permanent de violence et de sang. Occasion de nous remettre dans les yeux la puissance et la virtuosité sans limite d’un dessinateur que rien ne semble devoir arrêter, capable de passer d’un gros plan de trogne grimaçante tenant toute une page à une mise en scène éclatée tout en restant parfaitement lisible, intégrant souvent une abondance de textes qui ne nuit en rien à clarté de la séquence illustrée. Quant au personnage lui-même, tueur sans pitié pour la bonne cause, ressuscité ravagé par le fait qu’il ne peut apercevoir sa bien-aimée que de loin, et ne retrouvant un semblant d’humanité qu’en la compagnie des déshérités et des clodos, c’est une figure qui ressemble à aucune autre dans le monde des comics. Fascinant (Delcourt).
RÉHABILIATION D’UN SCÉNARISTE
On se souvient certainement du sort réservé aux deux créateurs de Superman, Joe Shuster et Jerry Siegel, qui durent abandonner leurs droits au profit de la firme qui éditait bande, DC Comics, et vécurent quasi dans la misère jusqu’en 1976 où leur paternité sur le personnage de comics le plus célèbre au monde leur soit enfin reconnu… et ce grâce, notamment, à un certain Todd McFa
rlane. La même mésaventure est arrivée à Bill Finger, co‑créateur de Batman, généralement attribué au seul Bob Kane qui, après quelques années, s’était contenté de gérer l’image d’un héros scénarisé et dessiné par d’autres. Quant à Bill Finger, resté dans l’ombre de Kane, il mourut en 1974, à l’âge de 59 ans, dans un total dénuement. C’est cette misérable destinée qui nous est racontée dans l’album Bill Finger - dans l’ombre du mythe, texte de Julian Voloj, dessins de Erez Zadok, roman graphique tiré de l’enquête de Marc Tyler Nobleman, qui préface l’œuvre et auteur de l'ouvrage Bill the Boy Wonder : The Secret Co‑Creator of Batman. L’album, fort de 130 pages très joliment dessinées avec une grande fidélité aux époques traversées et rehaussée de délicates couleur pastel, mêle en montage parallèle trois récits : l’histoire du co‑créateur de Batman, l’aventure éditoriale qui donna naissance au personnage et où Kane est justement remis à sa place d’homme d’affaires avisé, et l’enquête de Nobleman, qui qui a joué un rôle déterminant dans l’établissement du crédit comme co‑créateur à Bill Finger… mais en 2015 et à titre posthume en 2015. Passionnant, se lit comme un polar assez désespérant (Urban Graphic).
L’OURS SORT DE SA TANIÈRE
Avec Madeleine, Jérémy Bouquin nous plonge dans le Berry profond d'octobre 1917, la vie n'y est pas vraiment facile et si, de surcroit, on y accumule les différences c'est la survie qui devient problématique... Auto-éduqué à grands coups de néo-polar, de « hard boiled ». Bercé par l’ambiance polar avec des auteurs comme Ellroy, Hammet, J.P. Manchette, la SF cyberpunk de Gibson et les comic books d’Alan Moore, Miller, Warren Ellis, Jérémy Bouquin trouve donc naturel de se consacrer à la description très subjective de cette vie de tous les jours qui tourne en vrille. Encore une de ces nouvelles surprenantes éditées sous forme de feuille de journal à découper afin de se confectionner un opuscule de 22 pages à mettre dans sa poche. Et il n’en coute qu’ 1, 50 €.
Contact : Ours éditions • Yves KOSKAS
2 chemin de la Crouzille
34150 Puéchabon
Ours.editions=protonmail.com@replies.sendingservice.net
EN MÉMOIRE D’YVES ET ADA RÉMY
Pour qui ne connaîtrait ce couple d’auteurs, rappelons brièvement qu’Yves, né 1936 et malheureusement décédé il y a peu, et Ada (1939) se sont rencontrés en préparant le concours d'entrée de l’IDHEC, Rémy étant par la suite versé au service cinématographique des armées, Ada devenant monteuse. À partir de 1976, tous deux deviennent à plein temps réalisateur de films pour des organismes aussi diverses que l’Aérospatiale ou Total, Scan Dutche, réalisant des films de montages sur les reporters de guerre à partir de 1914, cumulant les prix. Parallèlement, le couple s’essaye à l’écriture, ce qui se traduit en 1968 par la publication de de leur roman le plus célèbre Les soldats de la mer. Le Prophète et le vizir, initialement publié en 2012, est réédité ce mois. Il s’agit d’un conte orientalisant à la tonalité fantastique composé d’une novella : L’Ensemenceur, suivie d’une nouvelle : Les Huit Enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun, liées par une prophétie et mettant en scène un pêcheur d’huîtres au don de voyance et un Vizie dont la volonté de défier la destinée. Occasion de retrouver ces paysages de villes à la Chirico entourées des déserts d’Yves Tanguy, ces sociétés où Borgès côtoie Buzzati, moulées dans une préciosité d’écriture qui n’appartient qu’à eux : Yves et Ada Rémy, à l’œuvre plus que rare (cinq ouvrages au total) ont, dans la littérature fantastique, une place à part qu’il serait dommage d’ignorer (Pocket).
JEAN-PIERRE ANDREVON