Comment George Lucas a gagné la bataille de Star Wars !
Alain Damasio emmène "Les Furtifs" sur scène
La campagne continue, et c'est vraiment des tarifs dingues pour s'abonner !
UN PRIX POUR GEORGE LUCAS
Depuis 1994, Franceinfo sélectionne chaque année dix ouvrages de bandes dessinées avant d'élire son lauréat. Pour le Prix de la BD d'actualité et de reportage de 2024, le jury a choisi un album mettant à l'honneur la vie du père des Jedi et de Dark Vador, George Lucas, Les Guerres de Lucas (éditions Deman). un récit biographique sur le réalisateur et les conditions de création de la saga, coécrit par Laurent Hopman et Renaud Roche Pourquoi ce rappel ? Parce que nous avons été parmi les premiers, ici -même, à en chanter les louanges : « Ce bel album de plus de 200 pages nous fait revivre par le menu la préparation et la réalisation par George Lucas de son premier Star Wars. Un making off bourré de détails (Renaud Roche), sobrement mais finement dessiné en grisés avec de rares aplats couleur (Laurent Hopman), qui donne l’impression que les deux auteurs ont collé aux basques de Lucas pour un document qui n’épargne rien d’un travail au long cours, le tournage proprement dit, démarant le 22 mars 1976, n’arrivant qu’à la page 98 de l’album, soit à sa moitié. On s’amuse des petits à-côté, comme la liaison cachée de Ford et Carrie Fisher durant tout le tournage, ou la haine féroce opposant Anthony Daniels (C3PO) et Kenny Baker (R2-D2), de même qu’on se passionne pour les modifications successives du scénario – le héros étant au départ un vieux général nommé Skykiller. Un album indispensable pour tous les fans... et les autres » Cela devait être rappelé !
GANDAHAR, UN AU-REVOIR
Aucun de nos lecteurs et lectrices ne peut ignorer le magazine trimestriel de ce nom, puisqu’il en arrive à sa dixième année et que, tout au long de ces dix ans, nous l’avons fidélement accompagné ici en en conseillant la lecture, toujours novatrice et passionnante. Créé par notre ami et collaborateur Jean-Pierre Fontana, dirigé par l’infatigable Christine Brignon et parrainé, son titre en faisant foi, par votre serviteur et Philip Caza, le magazine, il n’est qu’à parcourir son sommaire, s’est toujours, selon les mots de Christine, « attaché à redonner de la vision à des auteurs anciens qui le méritaient, tout en offrant leur chance à de nouvelles plumes…». Christine Renard, Jean-Louis Bouquet, Robert F. Young pour les premiers, Bruno Pochesci ou Caza lui-même, passé de la bd à l’écriture sans images pour les seconds. Pourquoi alors en parler au passé ? Parce que, écrit Fontana, « Comme tout aventure, même avec un grand A, se termine un jour, celle-ci, au bout de dix années, parfois exaltantes, toujours passionnantes, ferme son chapitre ». Sans en chercher les causes dont on devine bien qu’elles sont financières, c’est donc avec le numéro 38 que se clôt ce parcours où, sous la très belle couverture de Séverine Pineaux, on trouvera des noms familiers, déjà cités, comme Pocheschi et Caza avec des textes à leur manière pleins d’un humour féroce, ou plus poétique avec Céline Maltère, sans oublier des nom moins connus mais qui ne demandent qu’à l’être. Pour accompagner ce baisser de rideau, Christine Brignon (ou Chris Brignonne) a réuni une quarantaine de dessins en noir et Blancs, certains ayant servi à illustrer des textes de Gandahar. Mais foin de lamentation, les numéros de Gandahar resteront dans les mémoires, de même qu’on pourra encore se les procurer en allant sur sa boutique, ouverte jusqu’en septembre de cette année : http://www.gandahar.net ou, par mail, sur assoganda.chris@gmail.com
FANTASTIQUE WESTERN
Comment doit-on qualifier le « Weird Western » ? Comme les œuvres où se mélangent le western et les genres de l’imaginaire – fantastique, science-fiction, uchronie, fantasy horreur… C’est ce que précise Meddy Ligner en présentant 13 chevauchées dans l’ouest étrange, anthologie réalisée sur le sujet, qu’il fait remonter à Robert H. Howard, le père de Conan, avec une nouvelle de 1931, L’Horreur dans le tertre, mais aussi à Lovecraft et son texte Le Tertre (1940) et son fantôme de squaw sans tête. Pour ce qui est du visuel, on n’a pas oublié la série Les Mystères de l’ouest ni, au cinéma, Mondwest ou le plus récent Cowboys et envahisseurs… Ici, les auteurs se sont pliés à la règle, soit en demeurant dans le cadre classique comme Jean-Pierre Favard avec Règlement de compte à Mystic River et sa double référence, soit en s’en écartant notablement, comme Fabien Clavel avec La Piste du serpent, où c’est un cow-boy venu d’Afrique qui va jouer du six-coups en Europe, ou plus encore Pierre Brulhet qui transpose l’Ouest sur la planète Mars comme bien d’autres avant lui. On ne note dans cette compilation d’inédits qu’une seule femme (on goûte peu le western chez ces dames ?), en l’occurrence Céline Maltère, qu’on voit partout et on ne s’en plaindra pas avec La Veuve de l’Ouest, bien entendu féministe, et une seule traduction, celle d’un texte de 1982 signé Joe Lansdale, La Nuit des poissons, et son contemporain fantasmé. Au total, de quoi s’amuser avec des images plein la tête (La Clef d’Argent).
ALAIN DAMASIO EN RELIEF ET EN MUSIQUE
On connait, d’Alain Damasio, son dernier roman, Les Furtifs, élu « Meilleur roman de l’année 2019 par le magazine LIRE et que l’auteur présentait ainsi : « Le XXIe siècle sera ouvert sur le réchauffement climatique, la sixième extinction des espèces, l’épuisement des ressources fossiles. Il aura été celui de l’anthropocène et des écocides. Il bascule, au mitan, sur l’émergence d’une espèce que la science n’avait jusqu’ici pas été capable de déceler : les furtifs ». Et connait-on la compagnie Roland furieux, créée en 1996 par Laëtitia Pitz qui, en compagnie pour la musique du clarinettiste Xavier Charles, s’est pris de passion pour ce récit « empuissantant », au point d’en faire une adaptation, L’Oratorio furtif, présenté ici et là (demandez le programme !) avec sur scéne 9 musiciens et 4 acteurs. Le texte intégral de cet Oratorio nous arrive aujourd’hui dans un très beau livret livret co-signé par Laëtitia Pitz et Benoît Di Marco, comprenant des portées de musique et des dessins évoquant la mise en scène (La Volte). On peut aussi télécharger l’album sur alamse.bandcamp.com/yum. L’auteur n’est est pas resté là puisque vient aussi de paraître Vallée du silicium, où parti « en immersion » en Californie, dans cette vallée du silicium, à la fois impressionnante de créativité et terrifiante par son impact démesuré sur nos vie, il s’interroge sur le métavers, la généralisation de l’IA ou l’empire naissant des voitures autonomes pour en dégager une lecture politique de l’époque. Passionnant (Seuil – Villa Albertine).
PIERRE PEVEL ET SA GUEULE DE CUIR
Après les scénarios des Artilleuses et de Paris des merveilles, et leurs années 1900 de fantaisie, ce malicieux conteur qu’est Pierre Pevel recule jusqu’au règne de Louis XIII pour donner dans le « cape et épée » avec l’album Gueule de cuir. Si Dumas et ses mousquetaires ne sont pas au rendez-vous, ils sont remplacés avantageusement par un certain Jean-Philippe Baptiste Gagnère, dit l’Épéiste, lequel vend ses talents de fine lame à «ceux qui n’en ont ni le talent ni le courage ». Et s’il finit néanmoins par succomber à un coup d’épée donné par traitrise, c’est pour renaître aussitôt dans la personnalité masquée de Gueule de cuir, afin de combattre le Roi des Tombes, qui appartient au Zodiaque du Diable et veut étendre sa domination démoniaque sur Paris. Si l’on devra attendre le tome suivant pour en savoir plus au sujet de ce héros XVIIe préfigurant une mixte de Spawn et de Batman, on se plongera avec fascination dans les planches magnifiques où Stéphane Créty a su recréer un Paris ombreux dont il ne reste plus guère de traces, avec son dessin aussi délicat que réaliste soutenu par les couleurs somptueuses de Jérôme Maffre (Drakoo).
Jean-Pierre Andrevon
BIENVENUE DANS LE MONDE DE WAYWARD PINES
Blake Crouch
Premier volet d’une trilogie ayant déjà fait l’objet d’une adaptation en 2015 sous la forme d’une série télévisée avec Matt Dillon et Carla Gugino en vedette, Wayward Pines Épisode 1 : Révélation entraine le lecteur à la suite d’un limier du FBI plongé au cœur d’un mystère qui le dépasse dans le périmètre inquiétant de la petite localité donnant son titre à l’ouvrage. Dans une traduction de Jacques Mailhos, le roman relate la quête de vérité de l’agent fédéral Ethan Burke lancé sur la piste de deux de ses collègues disparus aux abords de cette bourgade de l’Ohio sur un mode narratif qui aurait tout du polar s’il ne s’agissait bel et bien d’un récit fantastique. Car à la suite d’un accident de voiture le laissant quelque peu amnésique, Burke s’aperçoit rapidement que quelque chose ne tourne pas rond dans cet endroit trop tranquille. Entre l’hostilité manifeste du shérif du cru, le comportement équivoque de drôles d’autochtones, l’impossibilité chronique de joindre ses proches comme sa hiérarchie et le sentiment d’être comme pris au piège de ce lieu aux allures de Triangle des Bermudes rural, notre héros tombe de Charybde en Scylla jusqu’à ce que l’auteur du récent Upgrade paru chez le même bon éditeur nous révèle le pot aux roses. Ou à tout le moins une partie de l’énigme, puisque les deux volumes suivants, dont on trouvera bientôt le compte-rendu dans ces News, nous permettent d’ores et déjà d’en apprendre davantage sur les dessous de cette palpitante saga SF truffée de rebondissements inattendus (Gallmeister).
Sébastien Socias